INQUIETANTES ETRANGETES

       J'étais dans le cabinet de ma psychologue et je m'apprêtais à lui raconter l'étrange expérience qui m'était arrivée lors de ma classe de neige.

       Moi et ma classe venions d'arriver dans le chalet des Alpes où nous allions séjourner, nous avions choisi nos chambres et nous étions tous enthousiastes à l'idée de débuter cette classe de neige. Comme il faisait beau, le moniteur nous avait proposé d'aller faire une cueillette dans un bois non loin de là. Il avait déterminé les groupes et nous nous étions dirigés vers la forêt. A peine arrivés, le professeur nous avait distribué une carte, une boussole et un panier pour cueillir des champignons. Après quelques instructions, il avait laissé chaque groupe pénétrer dans cette grande et effrayante forêt. Nous avion une heure pour trouver toutes sortes de spécimens et nous étions déterminés. Mon rôle était de porter le panier qui contenait les champignons.

       A un moment, Clément me dit "Margot, tu peux me passer le panier s'il-te-plaît, je dois vérifier quelque chose.". A cet instant précis, je me rendis compte que je n'avais plus le panier. Je revins alors sur mes pas afin de trouver le panier. J'étais déçue et fâchée contre moi-même. Soudain, je me rendis compte que j'étais entourée d'un épais brouillard et je réalisai que je n'avais pris ni ma carte, ni ma boussole. En plus d'avoir froid, je culpabilisais d'avoir perdu mon panier, j'étais fatiguée et je ne savais pas où j'étais. Je me frottai les yeux et quand je les rouvris, je la vis.

       En face  de moi se trouvait une fille qui me ressemblait étrangement. En l'examinant mieux, je vis qu'elle avait les mêmes cheveux roux et bouclés qui lui tombaient sur le visage, les mêmes yeux verts et les mêmes tâches de rousseur, placées aux mêmes endroits que les miennes. Elle était habillée exactement comme moi, mêmes chaussettes, même jeans, même pull et même écharpe. Mon regard descendit jusqu'à sa main droite, elle avait la même blessure faite par mon chat deux semaines plus tôt.

        Soudain, elle me dit :"Alors Margot, tu ne me reconnaît pas?". J'étais sous le choc et morte de peur. Je ne répondis rien. Elle continua: "Je t'intimides? Bah il y a de quoi! ", elle se mit à rire de manière machiavélique, c'était apeurant, frissonnant et odieux à la fois. Puis elle commença à me faire des reproches.

         Elle me reprocha d'être méchante, arrogante, insolente, lâche, égocentrique, égoïste, susceptible, hypocrite, manipulatrice et vulgaire. J'écoutais ces mots avec beaucoup d'attention. Je m'étais déjà reprochée toutes ces choses mais, à cet instant précis, je compris que tout cela n'avait pas de sens. Pourant je souffrais énormément en entendant ces mots. Alors, sans trop savoir pourquoi, je me mis à crier non: "Non, non.....NOOONN !". Je criai de plus en plus forts, yeux fermés. Quand je les rouvris, je me trouvais dans une salle d'hôpital.

       Je mis du temps à le comprendre. Je vis d'abord mes perents et ma soeur, puis le moniteur et enfin le docteur. Cinq minutes après mon réveil, le médecin m'expliqua que je m'étais évanouie en allant chercher le panier et que ma classe m'avait vite retrouvée. Après quelques secondes, je décidai de leur raconter ce qui m'était arrivé et je leur expliquai que tout cela était bel et bien réel. Mais le médecin affirma que ce n'étaient que des hallucinations, ce qui était assez fréquent dans ces cas là. 

       Bien que tout le monde ait choisi la version du docteur, cette mésaventure m'a permis d'avoir plus confiance en moi et de moins me faire de reproches. Aujourd'hui il m'arrive encore d'en faire des cauchemars mais j'essaie de voir le meilleur côté de cette histoire.