Mélodie macabre
Par V. Gouzien le 10 mars 2022, 10:02 - Mary Shelley - Lien permanent
Lucie s'attardait devant la télévision. Elle se blottit davantage dans sa couette en
vue de cette rude période. Un vent glacial soufflait, accompagnée d'une nuée de
neiges, habillant les arbres des forêts alentours d’un blanc immaculé. La brume
recouvrait le ciel assombri, ce qui ralentissait le déménagement, malgré l’aide
de son frère la veille. Elle avait décidé de se loger dans un coin tranquille, mais
égaré de la Normandie, après s’être fait recruter auprès d’une entreprise.
En dépit de cette bonne nouvelle, son sommeil se troublait depuis l’apparition de
crissements irritants semblables à des grincements de dents. Mais d’où
pouvaient provenir ces bruits ? Et avaient-ils un lien avec la disparition des objets
? Elle avait beau les chercher, elle les retrouvaient nulle part. Un de ses bijoux,
qu’elle aimait tant, s’était volatilisé après qu’elle se rendait rendue au salon.
Était-ce le fruit de son imagination? Où se trouvait-il quelqu’un ou quelque chose
coupable de tout ça ? Ses questions restèrent sans réponse. Elle se perdit dans
ses réflexions, l’esprit vagabondant dans ses pensées. Elle songeait à faire part
de tout ça à son frère ou envisageait d’en parler à l'agence immobilière. Mais elle
considéra ça comme une mauvaise idée, de peur d’être pris comme une folle.
Brusquement, un lourd fracas la tira de ses pensées. Elle se redressa
précipitamment et se dirigea vers l’escaliers. Elle arriva devant les
dernières marches, en sueur. Elle avait le souffle sacadé, mais respira un grand
coup. Une obscure clarté l’éclaira. Elle vit , près de la porte ouverte du grenier,
un carton poussiéreux renversé sur le passage. Un courant d’air la fit frémisser.
Elle avait les cheveux hérissés et la chair de poule. Des ombres semblaient
s’émaner du grenier, comme si elles étaient assistées étrangement par des sons
imcompréhensibles, dirigeant son regard inquiet vers une pochette bizarre à
l’allure anormale et luisante. La pochette
de disque était une antique relique. Les inscriptions étaient illisibles à l'œil nue.
Le disque, lui, sembla singulier avec sa couleur rouge-sang et funèbre.
Elle le saisit à deux mains, l’air perplexe, en se retournant
minutieusement vers la pièce. Cette salle donnait froid dans le dos à la vue
d’affreuses araignées, pendillant dans le noir obscur. Des toiles étaient suspendues au
plafond, telle des guirlandes faites de longs fils de lin. De la poussière siégeait sur
les vieilles penderies. Les meubles étaient si usés qu’ils pouvaient céder à la moindre
tentative. Des sortes de broderies en dentelles fournissaient d’autant plus un
aspect blafard et livide à ce lieu. Elle hésita à entrer, mais après un long
moment, elle pénétra et observa soigneusement le lieu pendant
une durée indéfinie. Un gramophone rouillé se détachait des autres friperies
de par ses motifs excentriques et sa teinte rouge sang, similaire au disque.
Son sang ne fit qu’un tour dès qu’elle s’approcha afin d’y voir plus
clair. Une odeur nauséabonde lui chatouilla le bout des narines. Les motifs
semblaient être faits de sang, sa respiration se bloqua dans sa poitrine, avant
qu’elle se laissa tomber au sol, le visage grave. Du sang, du sang… Était-ce
vraiment du sang ? Peut-être que c'était seulement de la peinture, qui n’était
pas sèche. Après tout, cela pouvait être à cause des anciens propriétaires.
Après s’être longuement rassurée, elle se releva doucement et revint sur ses
pas. La jeune fille posa délicatement le disque à sa place et mit en place le
gramophone. Un grincemment strident retentissa étrangement alors que la
mélodie s'élévait dans les airs. Lucie sursauta de panique, mais se ressaisit.
Le grincement devait venir de la machine. La musique paraissait macabre et
bruyante au fil des minutes. L’ambiance devenait lourde. Puis, soudain,
un ricanement tellement rauque et perçant explosa les chandeliers qui
s'écroulèrent sur elle. Elle n’eut pas le temps de réagir qu’un gros fracas se fit
entendre, puis le silence arriva très vite.
Lorsqu’elle se réveilla, elle vit une pièce d’un blanc impeccable. Une odeur de
chlore mélangé à des médicaments se dégageait de la salle. À côté d’elle
plein de machine clignotant dans tous les sens. Elle remarqua son frère qui lui
demanda si elle allait bien. Elle lui répondit que oui. Elle se dépêcha de lui
demander ce qui lui était arrivée. Son frère lui expliqua alors que les voisins
auraient entendus un lourd vacarme provenant de la maison. Ils se seraient
rendus sur le lieu et auraient appelé la police après avoir remarqué que la
porte était ouverte et qu’une ombre se baladait dans la demeure. “Je vois”
dit-elle avant de s’esclaffer sous le regard interrogatif de l’homme. Après
tout, si elle raconterait cette histoire, on la prendrait pour une folle, n’est-ce
pas ?
Commentaires
Nous avons trouvé ton histoire très originale, ton texte est tourné sur un scénario peu utilisé: des bijoux qui disparaissent et qui mènent à une présence démoniaque. Le personnage se pose des question sur sa santé mentale. L'histoire donne envie d'être lue.
En revanche, le personnage pense directement au surnaturel sur une situation que l'on pourrait considérer normale: par exemple ses objets introuvables pendant son déménagement pourraient être dans ses cartons.
Tu as suffisamment décrit visuellement ton récit ce qui permet de ce mettre a la place de tes personnages. La fin énigmatique est très intéressante et l'idée que seul le narrateur connaisse le fin mot l'histoire est très intéressante, tu aurais pu plus amener le surnaturelle plus tôt dans le récit et mettre plus de doute à la fin du texte.
Un récit des plus réjouissant à lire car en effet le récit possède une ambiance fantastique très conforme à la définition de Todorov mais aussi avec un doute installé de la meilleure des façon dès le début avec la phrase "son sommeil se troublait depuis l’apparition de crissements irritants semblables à des grincements de dents" ce qui nous laisse douter entre deux choses est-ce elle qui produit ce son ou est-ce autre chose. Néanmoins le récit manque de petit détail comme une description plus précise de l'intérieur de la maison, mais aussi avec une autre explication rationnelle qui donnerait plus raison à ce qu'il lui est arrivé ce qui je penses nous donnerait encore plus de choix donc de doutes pour réellement savoir ce qu'il s'est passé.