Mélodie macabre

Lucie s'attardait devant la télévision. Elle se blottit davantage dans sa couette en

vue de cette rude période. Un vent glacial soufflait, accompagnée d'une nuée de

neiges, habillant les arbres des forêts alentours d’un blanc immaculé. La brume

recouvrait le ciel assombri, ce qui ralentissait le déménagement, malgré l’aide

de son frère la veille. Elle avait décidé de se loger dans un coin tranquille, mais

égaré de la Normandie, après s’être fait recruter auprès d’une entreprise.


 

En dépit de cette bonne nouvelle, son sommeil se troublait depuis l’apparition de

crissements irritants semblables à des grincements de dents. Mais d’où

pouvaient provenir ces bruits ? Et avaient-ils un lien avec la disparition des objets

? Elle avait beau les chercher, elle les retrouvaient nulle part. Un de ses bijoux,

qu’elle aimait tant, s’était volatilisé après qu’elle se rendait rendue au salon.

Était-ce le fruit de son imagination? Où se trouvait-il quelqu’un ou quelque chose

coupable de tout ça ? Ses questions restèrent sans réponse. Elle se perdit dans

ses réflexions, l’esprit vagabondant dans ses pensées. Elle songeait à faire part

de tout ça à son frère ou envisageait d’en parler à l'agence immobilière. Mais elle

considéra ça comme une mauvaise idée, de peur d’être pris comme une folle.


 

Brusquement, un lourd fracas la tira de ses pensées. Elle se redressa

précipitamment et se dirigea vers l’escaliers. Elle arriva devant les

dernières marches, en sueur. Elle avait le souffle sacadé, mais respira un grand

coup. Une obscure clarté l’éclaira. Elle vit , près de la porte ouverte du grenier,

un carton poussiéreux renversé sur le passage. Un courant d’air la fit frémisser.

Elle avait les cheveux hérissés et la chair de poule. Des ombres semblaient

s’émaner du grenier, comme si elles étaient assistées étrangement par des sons

imcompréhensibles, dirigeant son regard inquiet vers une pochette bizarre à

l’allure anormale et luisante. La pochette

de disque était une antique relique. Les inscriptions étaient illisibles à l'œil nue.

Le disque, lui, sembla singulier avec sa couleur rouge-sang et funèbre.


 

Elle le saisit à deux mains, l’air perplexe, en se retournant

minutieusement vers la pièce. Cette salle donnait froid dans le dos à la vue

d’affreuses araignées, pendillant dans le noir obscur. Des toiles étaient suspendues au

plafond, telle des guirlandes faites de longs fils de lin. De la poussière siégeait sur

les vieilles penderies. Les meubles étaient si usés qu’ils pouvaient céder à la moindre

tentative. Des sortes de broderies en dentelles fournissaient d’autant plus un

aspect blafard et livide à ce lieu. Elle hésita à entrer, mais après un long

moment, elle pénétra et observa soigneusement le lieu pendant

une durée indéfinie. Un gramophone rouillé se détachait des autres friperies

de par ses motifs excentriques et sa teinte rouge sang, similaire au disque.

Son sang ne fit qu’un tour dès qu’elle s’approcha afin d’y voir plus

clair. Une odeur nauséabonde lui chatouilla le bout des narines. Les motifs

semblaient être faits de sang, sa respiration se bloqua dans sa poitrine, avant

qu’elle se laissa tomber au sol, le visage grave. Du sang, du sang… Était-ce

vraiment du sang ? Peut-être que c'était seulement de la peinture, qui n’était

pas sèche. Après tout, cela pouvait être à cause des anciens propriétaires.

Après s’être longuement rassurée, elle se releva doucement et revint sur ses

pas. La jeune fille posa délicatement le disque à sa place et mit en place le

gramophone. Un grincemment strident retentissa étrangement alors que la

mélodie s'élévait dans les airs. Lucie sursauta de panique, mais se ressaisit.

Le grincement devait venir de la machine. La musique paraissait macabre et

bruyante au fil des minutes. L’ambiance devenait lourde. Puis, soudain,

un ricanement tellement rauque et perçant explosa les chandeliers qui

s'écroulèrent sur elle. Elle n’eut pas le temps de réagir qu’un gros fracas se fit

entendre, puis le silence arriva très vite.


 

Lorsqu’elle se réveilla, elle vit une pièce d’un blanc impeccable. Une odeur de

chlore mélangé à des médicaments se dégageait de la salle. À côté d’elle

plein de machine clignotant dans tous les sens. Elle remarqua son frère qui lui

demanda si elle allait bien. Elle lui répondit que oui. Elle se dépêcha de lui

demander ce qui lui était arrivée. Son frère lui expliqua alors que les voisins

auraient entendus un lourd vacarme provenant de la maison. Ils se seraient

rendus sur le lieu et auraient appelé la police après avoir remarqué que la

porte était ouverte et qu’une ombre se baladait dans la demeure. “Je vois”

dit-elle avant de s’esclaffer sous le regard interrogatif de l’homme. Après

tout, si elle raconterait cette histoire, on la prendrait pour une folle, n’est-ce

pas ?

 

Commentaires

1. Le 10 mars 2022, 11:07 par Liwenn-Anais 4e4

Nous avons trouvé ton histoire très originale, ton texte est tourné sur un scénario peu utilisé: des bijoux qui disparaissent et qui mènent à une présence démoniaque. Le personnage se pose des question sur sa santé mentale. L'histoire donne envie d'être lue.
En revanche, le personnage pense directement au surnaturel sur une situation que l'on pourrait considérer normale: par exemple ses objets introuvables pendant son déménagement pourraient être dans ses cartons.

2. Le 10 mars 2022, 11:08 par Martin Matéo 4e4

Tu as suffisamment décrit visuellement ton récit ce qui permet de ce mettre a la place de tes personnages. La fin énigmatique est très intéressante et l'idée que seul le narrateur connaisse le fin mot l'histoire est très intéressante, tu aurais pu plus amener le surnaturelle plus tôt dans le récit et mettre plus de doute à la fin du texte.

3. Le 10 mars 2022, 18:53 par Ambroise 4ème4

Un récit des plus réjouissant à lire car en effet le récit possède une ambiance fantastique très conforme à la définition de Todorov mais aussi avec un doute installé de la meilleure des façon dès le début avec la phrase "son sommeil se troublait depuis l’apparition de crissements irritants semblables à des grincements de dents" ce qui nous laisse douter entre deux choses est-ce elle qui produit ce son ou est-ce autre chose. Néanmoins le récit manque de petit détail comme une description plus précise de l'intérieur de la maison, mais aussi avec une autre explication rationnelle qui donnerait plus raison à ce qu'il lui est arrivé ce qui je penses nous donnerait encore plus de choix donc de doutes pour réellement savoir ce qu'il s'est passé.

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