Le spiritualisme du XIXe en France : une philosophie pour l’éducation ? Laurence Loeffel (Vrin. Coll. Philosophie de l’éducation. 184 pages) Lu par Damien Auvray
Qu’on ne s’y méprenne pas : le spiritualisme dont il est ici question n’est pas cette philosophie qu’on trouve chez un Bergson ou un Lavelle et qui met en avant l’irréductibilité de la vie spirituelle (psychologique, morale ou métaphysique) à ses conditions matérielles, mais un courant moins connu, essentiellement politique, moral et pédagogique, qui fait de l’émancipation de l’homme intérieur -spirituel donc - la condition de toute réforme politique. Courant méconnu, et qui est pourtant très largement à la source de ce que nous connaissons : le système scolaire laïc tel qu’il s’établit au XIXe siècle ; en effet, contrairement à ce que nous pouvons croire, celui-ci ne fut pas bâti par des penseurs athées, matérialistes, antireligieux, mais par ce courant théiste, spiritualiste, religieux, il est vrai dans un sens très particulier, puisqu’il est aussi un courant libre-penseur, laïc, anticlérical !
C’est cette philosophie paradoxale que l’ouvrage de
Laurence Loeffel nous fait découvrir, dans une synthèse qui nous en expose les
constantes et les différences depuis son origine chez Victor Cousin, qui fonde
les bases de l’enseignement à partir de 1830, jusqu’à son aboutissement chez
Ferdinand Buisson, qui devait tout à la fois inspirer les réformes scolaires
comme directeur de l’enseignement primaire sous Jules Ferry, conseiller Combes
pour la loi de 1905 sur la séparation de l’Église et de l’État, et être
cofondateur de la Ligue des droits de l’Homme !