Emmanuel Jaffelin, Eloge de la punition, Plon, 2014 Lu par Aline Beilin
Emmanuel Jaffelin est professeur agrégé de philosophie. Il a notamment publié en 2010 un Eloge de la gentillesse, où il défendait la vertu de la gentillesse, une éthique de la « Gente Dame » et « de Gentilhomme », que l'on gagnerait à opposer au cynisme contemporain. Dans l'Apologie de la punition, publiée en 2014 chez Plon, il entend montrer que la punition dans les démocraties post-modernes souffre d'un déficit de sens. L'ouvrage s'ouvre sur le constat que non seulement les sociétés post-modernes punissent mal, mais de surcroît elles ne parviennent pas à penser la punition. Dans un premier moment, E. Jaffelin démontre que la punition est un impensé pénal. La démocratie refuse l'humiliation qui doit accompagner la punition. L'auteur porte un regard très critique sur le système carcéral français, sur la prison qui isole mais ne permet pas de retisser le lien social brisé par la faute. Il met en cause l'autonomie de la sphère du droit, et choisit d'adosser ce dernier à la sphère de la morale, seule condition de la réconciliation après la faute.
E. Jaffelin aborde dans une deuxième partie la question d'un point de vue plus normatif. Que pourrait et devrait être la punition dans nos sociétés ? L'auteur parle davantage de faute que d'infraction, de fautif que de « coupable » Si le droit échoue à oeuvrer à une société plus juste, c'est qu'il n'atteint pas le coeur de la faute, qui relève toujours de la moralité. La punition doit acheminer le fautif vers la réconciliation, vers le pardon. Là où les partisans du formalisme juridique isolent le droit et la morale, et pensent le droit comme s'auto-suffisant, il faut déplacer la question de la politique vers la morale. Penser la punition implique donc de refuser une approche purement juridique de ses enjeux et de son sens.