Sigmund Freud, La féminité, Payot 2016, lu par Juliette Chiche
Par Romain Couderc le 05 décembre 2017, 06:00 - Psychanalyse - Lien permanent
Sigmund Freud, La féminité, Payot 2016 (236 pages).
Quelle est la contribution de la psychanalyse à la cause féministe, qui défend les droits des femmes, et aux études sur le genre, qui discutent l’identité féminine en vue de cette émancipation ? La psychanalyse est-elle avant-gardiste et progressiste, ou sexiste et dualiste ?
L’intérêt de ce judicieux regroupement de textes (quatre de Freud et un de son disciple K. Abraham), finement présentés par la psychologue Pascale Molinier (Professeur de psychologie sociale à l’université Paris 13 Sorbonne Paris Cité, auteur notamment de L’énigme de la femme active : égoïsme, sexe et compassion, Paris, Payot, 2003 et de Qu’est-ce que le care ? Souci des autres, sensibilité, responsabilité, avec S. Laugier et P. Paperman, Paris, Payot, coll. « Petite Bibliothèque Payot », 2009), et nouvellement traduits par Olivier Mannoni, pourrait résider dans la réponse à ces questions. Les découvertes psychanalytiques produisent-elles ou présupposent-elles une psychologie genrée ? Y a-t-il un psychisme masculin et un psychisme féminin déterminés par une physiologie conçue comme sexuée ? Cette sélection de textes du Freud de la maturité, situés ou postérieurs au tournant de l’année 1920 qui ouvre la dernière partie de sa production théorique, rassemble un cas clinique sur l’homosexualité et trois essais sur la féminité (dont une conférence de vulgarisation), et invite ainsi à penser les relations entre sexualité et identité. Est-on homosexuel ? Naît-on femme ? Y a-t-il une identité sexuelle ou féminine qui reposerait sur une base physiologique ?
On sera peut-être surpris de découvrir qu’au début du XXème siècle, Freud mettait déjà en doute l’idée d’un destin sexuel et d’une identité féminine fixés primitivement dans le corps ou l’enfance. L’enfance n’est qu’une préhistoire qui ne préjuge pas de toute l’histoire individuelle, pensée de façon nuancée comme une combinaison d’événements indéterminable à l’avance. Il n’y a ni corps homosexuel induisant un choix d’objet nécessaire, ni corps féminin prescrivant une destinée universelle. On n’a ni le psychisme de son corps (l’histoire doit être prise en compte), ni le genre de son sexe (qui ne peut être seul pris en compte).
Freud s’arrache donc aux mœurs de son temps plus largement qu’on n’a l’habitude de le penser. On est certes déjà familier des thèses remuantes de la psychanalyse, qui se retrouvent dans les textes ici réunis. Freud y réaffirme l’importance de l’enfance (« c’est l’infantile qui règle l’orientation », p. 167), et en particulier de la sexualité infantile. Mais on est moins informé des audaces théoriques à l’encontre des préjugés de son époque qui font de l’homosexualité une déviance condamnable et de la femme le sexe faible. Le premier texte présenté propose une psychogenèse de l’homosexualité, regardée jusqu’à aujourd’hui comme anormale, et les trois suivants une psychogenèse de la féminité, vue encore aujourd’hui comme identité biologique et psychologique. Pour Freud, l’homosexualité est une simple variante possible de l’orientation sexuelle. Pour Freud encore, la fille peut être un garçon comme un autre ; ce qu’on appelle le féminin et le masculin, dans les faits, se neutralisent bien souvent : « Les réactions des individus humains des deux sexes sont il est vrai un agrégat de traits masculins et féminins » (p. 100). « à cette libido, nous ne pouvons pas attribuer un sexe » (p. 176), écrit-il également en 1933. Et encore : « L’expression ‘libido féminine’ manque quand même de toute justification » (ibid.). Tous les êtres sont bisexuels, et tous les enfants sont actifs et passifs. Outre cet aspect moins connu de la pensée du psychanalyste, ce choix de textes montre l’enjeu théorique et thérapeutique de cette histoire exploratoire de l’homosexualité et de la féminité. Freud cherche à identifier des constantes psychologiques, mais aussi les causes des névroses, et met en garde contre les tendances à l’autoaveuglement (parfois tel que « les gens [peuvent] parcourir des éléments aussi grands et aussi significatifs de leur vie amoureuse sans en remarquer grand-chose », p. 76) et contre les dangers du refoulement, à l’occasion par exemple d’un avortement ou de la fin d’une relation amoureuse (un « renoncement si facilement assumé en apparence [peut devenir] la cause de la perturbation sévère », p. 77).
Cependant, le projet même d’une psychogenèse de « la » féminité présuppose la croyance à son identité. Freud semble de plus naturaliser, par le renvoi persistant à des schémas sexués distincts, des différences qui justifient les hiérarchies sociales, au lieu de montrer que ces distinctions sont des constructions. Le psychanalyste donne pourtant toujours le dernier mot aux faits contre la trop grande rigidité des catégories ; mais alors à quoi servent ses théories ? Et comment interpréter ses hésitations ? Elles peuvent être des concessions aux pressions de ses collègues féministes qui voient d’un mauvais œil son élaboration de « la féminité » et la soupçonnent d’être un instrument de pouvoir, ou bien les effets de sa prudence méthodologique. Même s’il est probable, comme le pense Pascale Molinier pour qui « la féminité de Freud » est « une fiction passionnée » (p. 7), que la « théorie freudienne de la féminité [soit] une réponse à l’interpellation féministe » (p. 13), l’autre interprétation n’en est pas moins permise.
L’impression liminaire est sans doute peu favorable à la psychanalyse. Le questionnement du premier texte, « Psychogenèse d’un cas d’homosexualité féminine », paru en mars 1920 dans l’Internationale Zeitschrift für Psychoanalyse (vol. VI, n° 1, pp. 1-24), est au premier abord déroutant, puisque Freud présente ses hypothèses sur la psychogenèse de l’homosexualité à partir d’un cas d’inversion qu’il était chargé de traiter par thérapie psychanalytique ! Le médecin rapporte l’histoire d’une jeune fille, Sidonie Csillag, amoureuse d’une femme du monde de dix ans plus âgée qu’elle, que les parents persuadent, suite à une tentative de suicide, d’avoir recours à la psychanalyse pour modifier son orientation sexuelle. Freud ayant accepté l’entreprise tout en niant la pertinence d’une thérapie de l’inversion en général (pp. 48-49), saisit l’occasion de cette analyse pour tenter d’élucider les processus psychiques qui conduisent à l’émergence d’inclinations pour les personnes de même sexe. L’homosexualité, comme la sexualité, est donc historique et psychique. On ne devient homosexuel ni à partir d’un corps hermaphrodite (« chez les deux sexes la mesure d’hermaphrodisme physique est largement indépendante de celle de l’hermaphrodisme psychique », p. 54), ni à partir de prétendus traits féminins ou masculins. Les qualités perçues comme féminines (pudeur, réserve, tendresse) ou masculines (acuité de l’entendement, froideur de la pensée) sont des stéréotypes rejetés par Freud qui soutient que « ces distinctions sont plus justifiées par les conventions que par la science » (ibid.), le type de l’attitude masculine ou féminine se cristallisant socialement, par mimétisme. Comme le montre l’expérience, un homme pourvu de qualités dites masculines « peut tout de même être inverti pour ce qui concerne l’objet et n’aimer que des hommes au lieu des femmes » (p. 83). Historique et psychique, l’homosexualité se détermine de façon contingente à partir d’événements signifiants, sans que prédomine nécessairement une unique configuration infantile caractéristique : dans le cas de Sidonie, « [n]ous voyons tout de suite que cela aurait pu découler d’autre chose » (p. 78).
L’élucidation psychanalytique de l’homosexualité comme processus psychique donne l’occasion à Freud de formuler plusieurs thèses subtiles. D’un côté, il paraît admettre des cas d’homosexualité innée et acquise – le revirement de l’hétérosexualité à l’homosexualité s’expliquant soit à partir d’événements suivant la puberté (la naissance d’un frère par exemple), soit de façon précoce (une fixation infantile sur la mère associée à des tendances dites masculines dans le cas de la petite fille). Mais de l’autre, il récuse la problématique de l’inné et de l’acquis (p. 83) en alléguant notamment l’entremêlement inévitable des tendances et des événements dans l’ontogenèse : le rejet de l’autre sexe lié au dépit de ne pouvoir satisfaire le désir qui le vise (ici à cause de la naissance du frère) est à relier à ces tendances précoces. Ainsi, les facteurs extérieurs s’adossent à des éléments internes (des prédispositions), et inversement un faisceau de causes ne devient déterminant qu’à partir d’événements déclencheurs. Aucun facteur n’est décisif, car il peut être plus faible qu’un autre facteur allant en sens inverse, de telle sorte qu’il n’y a jamais de trajet homosexuel prévisible, d’étiologie permettant de décrire un mécanisme nécessaire. Ce sont toujours des éléments antérieurs qui rendent possible l’action des facteurs externes, si bien que ces mêmes facteurs, dépendant d’antécédents différents, peuvent produire d’autres réactions, et que les mêmes réactions peuvent provenir d’autres tendances. C’est en ce sens que l’histoire personnelle ne se limite pas au passé infantile, même si elle a toujours à voir avec la configuration familiale initiale. Freud élabore des classifications souples à partir de logiques singulières propres à l’histoire de chacun, auxquelles il accorde toujours la priorité.
Freud entreprend dans les trois textes suivants la psychogenèse de la féminité. La sexualité féminine aurait une histoire, un développement commun compatible avec le devenir singulier de chaque femme. Ce processus n’est pas biologique ou mécanique, mais psychique, c’est-à-dire signifiant, indissociable des représentations mentales attachées aux perceptions corporelles, et perméable aux événements extérieurs. L’histoire individuelle n’est pas réductible à l’histoire sexuelle (anatomique et psychique), qui n’est qu’un point de vue, ou encore un « fragment d’évolution » (p. 133), même si elle l’inclut. Il n’en reste pas moins que Freud est dans une démarche d’identification et de spécification. La femme ne serait pas un individu comme un autre. Est-elle donc un genre à part ? Pourtant Freud ne parle pas de la femme, mais de la féminité, et plus précisément de la sexualité féminine. Son objet (la féminité, die Weiblichkeit) n’épuise pas le sujet (la femme, die Frau ou das Weib) : « en tant qu’individu, la femme peut aussi être une créature humaine d’une autre manière » (p. 182). Qu’il y ait une « nature sexuelle » (génitale et psychique) n’implique pas qu’il existe une unique manière d’être femme, mais seulement une vie psychique commune admettant par ailleurs des variations considérables. Le sexe ne fonde pas le genre. L’essence de la femme n’est pas saturée par sa vie psychique. Il faut savoir gré à Freud de distinguer généralement le féminin (la vie psychique liée à l’anatomie), la féminité (le psychisme féminin universel) et la femme (l’essence, le genre), quoiqu’il ne renonce jamais à ce dernier concept.
Le deuxième texte, « Quelques conséquences psychiques de la différence anatomique entre les sexes », paru à l’automne 1925 dans l’Internationale Zeitschrift für Psychoanalyse (vol. XI, n° 4, pp. 401-410), illustre la subtilité du positionnement du fondateur de la psychanalyse. D’un côté, Freud avance l’hypothèse d’une vie psychique spécifiquement féminine liée à son anatomie particulière. Fille et garçon ne parcourent pas les mêmes stades et ne connaissent pas la même évolution. Trois idées sont développées : une préhistoire distincte, un épanouissement psychique également distinct et l’explication de la divergence par la différence anatomique sexuelle (génitale). Les premières formations psychiques de la vie sexuelle chez l’enfant étant différentes, elles expliqueraient la spécificité de l’évolution ultérieure du caractère, et forceraient à reconnaître qu’il y a une voie normale de développement chez la femme. On comprend que les propositions du médecin aient mis en colère les analystes féminines, car il explique ainsi que le surmoi féminin, son niveau de « normalité morale », ne devient « jamais aussi inexorable, impersonnel et indépendant de ses origines que nous l’exigeons de l’homme » (p. 105). La femme n’a-t-elle pas en outre tendance à moins se soumettre aux grandes nécessités de la vie ? à se laisser plus souvent guider dans ses décisions par des sentiments tendres et hostiles ? Freud semble bien chercher dans la nature la raison d’être de la différence sociale. Il pense donc apparemment que le sexe (l’anatomique et le psychique) fonde le genre (l’essence). Mais d’un autre côté, le texte s’achève par l’affirmation que ces reconstitutions sont de l’ordre de l’idéal-type auquel ne se conforment pas les individus dans les faits. Freud reconnaît que la masculinité et la féminité sont des constructions théoriques en mouvement. Il y a peut-être simplement « des multiples voies dans l’évolution de la vie sexuelle » (p. 106).
Le troisième texte, « à propos de la sexualité féminine », paru à l’automne 1931 dans l’Internationale Zeitschrift für Psychoanalyse (vol. XVII, n° 3, pp. 317-332), développe la thèse en apparence opposée et paradoxale d’une féminité originairement indistincte. Ce qui caractérise le féminin est qu’il commence par ne pas être caractéristique. Le féminin est d’abord masculin – Freud ne va pas jusqu’à l’idée d’une neutralité. Résistant à la commodité des symétries et à la supposition d’un complexe d’électre parallèle au complexe d’Œdipe (p. 116), Freud prétend mettre en évidence un stade masculin de l’évolution féminine, une phase dite préœdipienne, un premier lien fondamental à la mère, antérieur au lien au père qui en recevrait l’héritage, surmonté à l’issue du complexe de castration et de la prétendue découverte de l’infériorité (génitale) de la femme. Quoique primitive et décisive, la virilité féminine trouverait sa vérité dans son anéantissement et la femme sa véritable identité dans l’acceptation dévalorisante de son infériorité ! Freud ne reconduit-il pas alors, comme il se le demande lui-même, les préjugés de son époque ? La psychanalyse ne tient-elle pas un discours naturaliste qui, en croyant trouver les causes de la domination masculine, ne ferait que la justifier ? Pascale Molinier rappelle à juste titre que la perception d’une infériorité anatomique est sociale et non objective. Pourtant Freud ne tranche pas la question de savoir si c’est le psychique (issu de l’anatomique) ou le social qui forge le caractère de la femme, mais seulement celle de leur influence sur la féminité, et non sur la femme.
Comment situer alors la psychanalyse, par rapport à la science et la psychologie, aux combats féministes et aux critiques du genre ? On peut dissocier en effet préjugés sexistes sur l’infériorité de la femme et préjugés dualistes sur le genre de la femme. Freud réfléchit aux apports de la psychanalyse à la science, qui distingue l’anatomie féminine et masculine, et à la psychologie, qui isole des comportements masculin et féminin. Le fondateur de la psychanalyse répond à cette question dans le quatrième texte, « La féminité », cinquième des Nouvelles conférences d’introduction à la psychanalyse (1933). Il y a bien une histoire spécifique de la masculinité et de la féminité, des « particularités psychiques » (p. 177), une vie sexuelle féminine et masculine, sans que les distinctions psychanalytiques recouvrent les différences souvent admises entre le masculin dit actif et le féminin dit passif. La distinction est maintenue, mais les stéréotypes sont rejetés : le masculin n’est pas dans l’activité mais dans l’attachement à la mère, qui devient également une phase essentielle de la féminité. Mais Freud n’en reste pas là. Que nous dit la science sur le féminin et le masculin ? Le psychanalyste réfute les conclusions binaires apparemment déductibles de l’anatomie. Il y a certes des différences sexuelles (génitales), mais aussi de nombreux autres caractères sexuels (physiques) d’influence variable et également répartis chez l’homme et la femme : « certaines parties de l’appareil sexuel masculin se retrouvent aussi sur le corps de la femme… comme si l’individu n’était pas homme ou femme, mais les deux à la fois » (p. 146). La science ne permet peut-être pas de fonder la dualité des sexes. L’individu n’est pas anatomiquement mâle ou femelle, mais un quantum variable de ce qu’on appelle le féminin et le masculin. Que nous dit alors la psychologie sur la féminité et la masculinité ? Elle admet des « qualités de l’âme » (p. 146) et véhicule des préjugés issus de l’observation anatomique et des discours sociaux. Ainsi, « la psychologie ne résoudra pas elle non plus l’énigme de la féminité » (p. 150). Des connaissances superficielles sur la reproduction (la mobilité du spermatozoïde par exemple) peuvent bien suggérer qu’il y a une passivité naturelle caractéristique de la femme. Mais dans cette intuition « il s’agit d’une pure marque de soumission à l’anatomie et à la convention » (p. 147). Il ne faut pas « sous-estimer l’influence des organisations sociales qui poussent elles aussi la femme dans des situations passives » (p. 149). La passivité féminine est donc un préjugé. L’allaitement peut être interprété comme un acte. « La mère est, dans tous les sens du terme, active à l’égard de l’enfant » (p. 148). Mais Freud ne troque-t-il pas un préjugé contre un autre, et même contre une fantasmagorie plus délirante ? Le médecin s’obstine à isoler, quoique de façon inédite, des processus spécifiquement féminins. Il y a une autre identité de la féminité et de la masculinité. C’est la vie psychique qui fait la différence, l’évolution libidinale. Il y a une évolution féminine propre, qui réside dans l’articulation de son complexe de castration et de son complexe d’Œdipe, articulation inversée chez le garçon : chez la petite fille, le sentiment de dévaluation lié à la prétendue infériorité anatomique conduit généralement au rejet de la mère et au désir du père ; chez le petit garçon, la prétendue infériorité anatomique de la fille met un terme au désir de la mère et au rejet du père. La vie sexuelle d’abord indistinctement marquée par le même amour de la mère conduit finalement à la différence entre le féminin, où l’orientation change (passage d’un choix masculin d’objet à un choix féminin d’objet), et le masculin, où l’orientation persiste (choix masculin d’objet). Pour les filles, l’Œdipe est secondaire, c’est la préhistoire qui l’emporte. La fille est d’abord masculine, elle ne devient « passive » qu’ultérieurement.
Freud ne dépasse apparemment les préjugés hiérarchiques et dualistes de son temps que pour mieux les reconduire : l’activité et la passivité ne seraient pas originelles mais dérivées. Quoiqu’il les historicise, le médecin naturalise bien les dominations sociales. Pourtant, le progressisme l’emporte selon nous sur les régressions. Concernant les préjugés sexistes, il y a bien d’un côté un naturalisme freudien. L’infériorité sexuelle conduit à la dévalorisation psychique. De l’autre, il affirme le primat des individus et de leur variété sur les classifications dichotomiques. Concernant les préjugés liés au genre, il conforte d’un côté la dualité tout en la fondant sur une histoire psychique. De l’autre, il insiste sur l’idée que la féminité n’est pas la femme. Le sexuel est un point de vue, qui précède peut-être le genre (P. Molinier, p. 30), mais ne le fonde pas. Ce n’est qu’un aspect d’un tout que les poètes connaissent mieux que les savants (p. 182).
Les lecteurs seront certainement intéressés par ce recueil de textes relativement courts, resserrés autour d’une même thématique, écrits par un auteur critique qui cherche à mettre en évidence des forces psychiques de résistance à ces autres forces sociales que sont les conventions, pour qui enfin le sexuel prime le sexué, sans que féminin signifie jamais femelle, ni féminité éternel féminin.
Juliette Chiche