02 février 2016

Témoignage de Jacques Klajnberg

Jaques Klajnberg est né en 1928 en Pologne, à l'âge de 3 ans, sa famille part s'installer en France à Paris dans le 20e arrondissement à cause de leur pauvreté mais aussi de l’antisémitisme.

Petit à petit en Allemagne, la dictature nazie s'installe et peu après s'en suit l'invasion de la France. C'est en 1940, Jacques a alors 11 ans. Lui et sa famille subissent de plein fouet les lois nazies et celles du régime de Vichy leur interdisant notamment de posséder une radio ou encore un vélo, mais aussi d'exercer beaucoup de métiers. En mai 1942, l’étoile jaune est imposée mais cela n'a que peu d’influence, ses amis ne s'en préoccupent pas et ne lui en tiennent pas rigueur.


En juillet 1942, les choses vont s’accélérer, beaucoup prétendent qu'il va y avoir une rafle et Jacques et son père, Henri, décident de partir se réfugier à Ozoir-la-Ferriere, en Seine-et-Marne mais sa mère doit rester car c'est le jour où elle peut aller voir Marcel, le petit frère de Jaques, qui est trisomique. Ils se font alors raflé dans ce qu'on a appelé "la rafle du Vel d'Hiv". Jaques et Henri ne les ont plus jamais revus.
De leur coté, ils se retrouvent avec une quinzaine d'autres personnes juives dans une maison de 4m².
Un an plus tard, en septembre, le père de Jaques se fait dénoncer. Il va être emprisonné provisoirement dans un fort nazi non loin, heureusement l'officier en place va être remplacé par un autrichien qui va le libérer. c'est extrêmement rare qu'un officier nazi libère un prisonier et Henri a eu une chance inouïe.
 
Jaques et Henri ont par la suite été recueillis par un homme qui les a cachés eux ainsi qu'une femme et sa fille, ils ne pouvaient sortir que la nuit pour se nourrir à l'aide de fruits ou de champignons. Ils restèrent cachés une longue période durant laquelle Jacques va devenir résistant et effectuer de petites actions. Les Américains ont libéré Ozoir et les résistants les ont aidé, c'est ainsi que Jacques va alors monter sur un char americain et rentrer comme un héros en libérant la ville.
 
Maintenant Jacques a 88 ans et nous lègue son histoire incroyable et c'est un très grand acte de courage que de nous faire revivre son passé.

Discours hommage à Jean Moulin

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Chère République,

Le 8 juillet 1943, Jean Moulin nous a quitté en grand homme. Le décès de cette figure emblématique nous a tous profondément touchés. C'était une grande personne, il était jovial, confiant, réservé et avait une très forte personnalité.

En juin 1940, il est entré dans la Résistance après avoir refusé de signer un texte en tant que préfet et s'est battu jusqu'à sa mort.

Son rôle dans la Résistance a été indispensable au bon déroulement des actions contre les Allemands.

Il était chargé de coordonner tous les mouvements de la Résistance sous le commandement de Charles de Gaulle. Il eu différentes identités.

Ce brave homme a été préfet d'Eure-et-Loir de février 1939 à novembre 1940, après cette charge politique, il est parti quelques temps rejoindre sa famille à Marseille.

En septembre 1941, il a décidé de quitter Marseille pour le Portugal, il avait pour destination Lisbonne puis Londres, où il a séjourné du 12 septembre au 19 octobre 1941, il a rédigé là-bas un rapport pour le général de Gaulle et est resté du 25 octobre à décembre 1941.

Le 2 Janvier 1942, il s'est fait parachuter dans le sud de la France, il avait pour mission de rallier les mouvements de Résistance et de créer l'Armée secrète.

Après cela, il a fait un deuxième séjour à Londres du 14 février au 20 mars 1943, avec pour but d'obtenir de l'aide pour armer et ravitailler les maquis.

Le Conseil de la Résistance, parlement clandestin, fut créé et Jean Moulin en devint le chef.  Jean Moulin continua son parcours à travers la France afin de trouver, regrouper, rallier, tous les groupes de la Résistance, même minimes. Toutes aides étaient requises.

Au cours d'une de ses missions, cet homme de grande importance est arrêté avec ses compatriotes. Malgré toutes les tortures subies, il n’avoua rien et il mourut avec courage dans le train qui l’emmenait vers l'Allemagne. 

C'est avec une grande fierté que nous déposons au Panthéon les cendres de ce glorieux combattant, qui a grandement aidé le peuple et le pays que nous chérissons et pour qui tant d'hommes se sont battus.

Merci.   

Jacques Klajnberg

Jacques Klajnberg est né le 2 mars 1928 à Lodz en Pologne, de Hersch Klajnberg et Szewa Fogel. Il vient s'installer avec ses parents et son petit frère atteint de trisomie, Marcel, en France en 1931 (à l'âge de 3 ans) fuyant ainsi la crise économique en Pologne.

Il commence sa scolarité dans l'école de la rue Tlemcen ;  malheureusement celui-ci rate ses études à cause de sa mauvaise audition. Malgré tout, il arrive à s'en sortir grâce à la lecture : il avait en sa possession quelques centaines de livres à l'âge de 14 ans.

En 1933, Hitler arrive au pouvoir en Allemagne, s'ensuit la déclaration de guerre de la France et de l'Angleterre contre celle-ci en 1939 suite à l'invasion de la Pologne. La France est occupée et, en 1942, le port de l’étoile devient obligatoire en France. Jacques a alors peur du jugement de ses amis, heureusement cette étoile ne changera rien pour eux. Quand Jacques a reçu l’étoile, il n'a ressenti ni honte ni fierté.

Mais alors que tout allait pour le mieux pour sa famille, la rumeur d'une rafle commence à se répandre. Hersch, son père propose à la famille d'aller se réfugier à Ozoir-la-Ferrière où celui-ci a construit une petite maison. Mais sa mère refusa car celle-ci voulait rester pour voir son fils Marcel qui était interné à Sainte-Geneviève-des-Bois. Suite à ça, elle est arrêtée lors de la " rafle du Vel' d'Hiv " et son frère, laissé à l'abandon, sans soin ni nourriture, meurt.

C'est ainsi qu'il se retrouve avec son père dans la petite maison d’Ozoir-la-Ferrière mais une quinzaine de connaissances d'Hersch demande à être hébergée. Les plus forts doivent dormir dehors. Mais malgré quelques mètres carrés partagés, chacun doit se débrouiller pour se nourrir, ce qui est difficile puisqu'il fallait se procurer des cartes que les Juifs ne pouvaient avoir.

Alors ils allaient demander à des marchands, fermiers, etc..., la nuit tombée. Mais une jeune fille dénonça alors les Juifs. Son père se fit embarquer mais celui-ci supplia Jacques de ne faire aucun bruit, il fut alors épargné. Pourtant, Jacques courut en pleurant après son père, il remarqua les visages et regards inexpressifs des personnes de la petite ville. Il se réfugia chez un coiffeur qui l'hébergea sans le juger. Quelques temps après, son père sera libéré par un agent autrichien mais les quinze autres personnes ont toutes étés déportées.


En septembre 1943, une rafle fut organisée à Ozoir-la-Ferrière, c'est une dame et une jeune fille qui ont réussi à y échapper qui sont allées prévenir Jacques et son père pour qu'ils aient le temps de partir se réfugier dans la forêt.

Leur seul refuge était un abri de jardin appartenant à un homme qui ne pouvait pas les loger chez lui. Cette épreuve sera très dure car la faim, l'ennui seront de plus en plus pressants et les jours seront de plus en plus longs. C'est ce même homme qui proposa à Jacques de rentrer dans la Résistance.

A ses 16ans, Jacques participa à la Résistance à Ozoir-la-Ferrière même si il ne faisait pas de grandes opérations. Mais un jour, à l'approche des Alliés, les résistants décidèrent de reprendre leur ville. l'homme qui les avait hébergé vint alors chercher Jacques mais son père refusa qu'il soit embarqué en courant le risque qu'il lui arrive malheur. Mais Jacques voulait a tout pris libérer la ville alors il se rendit immédiatement à la réunion des résistants.

Les résistants se sont donc battus  contre les Allemands qui savaient pertinemment que, quoiqu'ils fassent, les Américains allaient arriver. C'est alors qu'une horde de tanks est apparue, et Jacques a pu rentrer à Ozoir-la-Ferrière sur l'un deux.

 

26 janvier 2016

Témoignage d'ANDRE BERKOVER

André Berkover est né le 29/07/1929 à Paris, il est âgé aujourd'hui de 86 ans.

Il a fait ses études au lycée Voltaire à Paris.

Son père était un artisan maroquinier à domicile.

Il mèna une vie tranquille avec son père, sa mère, son frère et sa sœur jusqu'en Juin 1940 où les Allemands arrivèrent à Paris.

Le régime de Vichy se met alors en place avec Pétain, chef de l'Etat à l'époque et Laval chef du gouvernement. Des lois antijuives sont instaurées (quasi à l'identique que celles qu'Hitler avait instauré en 1933) :

  • interdiction de faire du vélo

  • interdiction d'aller dans les lieux publics, les squares

  • prendre le dernier wagon des métros

  • couvre feu, ...

Un recensement des Français est organisé, des cartes d'identités avec la mention au tampon rouge « juif » sont établies afin que lors des rafles chacun puisse justifier de son identité.

Des nouvelles cartes d'identités sont établies car le tampon rouge « juif » s'efface et donc désormais le mot « juif » est perforé, ainsi elles deviennent infalsifiables. Les déportés doivent porter une étoile jaune sur leur vêtement.

Début mai 1944, son frère aîné se fait arrêter alors qu'il était aux douches publiques et emmener au camp de Drancy dans la Cité de la Muette.

Le reste de la famille se réfugia chez une tante à Paris (l'oncle a été déporté en 1942).

En juin 1944, André alors âgé de 14 ans et sa mère sont arrêtés et transférés par autobus sous l'autorité de la police française au camp de Drancy. Là, il retrouve son frère. Ils sont déportés le 30 juin 1944 vers le camp d'Auschwitz-Birkenau en Pologne (177 hectares – 487 000 m2). Il s'agit d'un camp de concentration et d'extermination. Une vingtaine d'autobus arrivent au camp de Drancy pour le transport des prisonniers vers la gare de Bobigny. Là, ils sont entassés dans des wagons (80 personnes/wagon). Il y a avec lui 600 hommes et 500 femmes (des enfants y compris). Le convoi part puis s'arrête car deux personnes tentent de s'échapper, elles sont immédiatement abattues. Beaucoup de personnes mourraient durant le voyage (par manque de nourriture, d'hygiène...), leurs vêtements étaient retirés.

Une fois à Auschwitz, les femmes et les hommes sont séparés. Les enfants de -16 ans sont gazés, alors André ment et dit qu'il a 16 ans et ainsi il reste avec son frère. Sa mère sera gazée (chambre à gaz) dès le lendemain de son arrivée. Tous les prisonniers sont tatoués sur le bras et portent un numéro de matricule. D'ailleurs, ils devaient toujours s'identifier auprès des SS en criant leur matricule en allemand.

Ils sont répartis dans des baraquements (200 personnes) et intègrent des kommandos de travail. Ils sont habillés de pyjamas rayés. Les kapos (meurtriers allemands) encadraient les prisonniers. Le réveil se faisait à 5 h du matin au son de la cloche et au garde à vous et s'ils ne se réveillaient pas, les kapos se chargeaient de les réveiller à la manière dure. Ils n'avaient droit qu'à du café (imbuvable) et une rondelle de saucisson. Ensuite, ils étaient alignés par 60 en long et en rang et ils étaient comptés (cela pouvait durer 2 heures). Dehors, la température avoisinait les -10 à -25°C. Les prisonniers étaient toujours sous escorte. Ils travaillaient 6 à 7 jours par semaine ; le dimanche, ils avaient droit à la grasse matinée, levée à 7 h au lieu de 5 h. André et son frère se retrouvaient le soir après leur journée de travail. Certains travaillaient dans les usines, André quant à lui devait ramasser des pierres, porter des sacs de ciment.... Beaucoup de gens mouraient de faim, de froid et de fatigue. Durant leur journée, ils n'avaient pas le droit de parler, de s'asseoir, de fumer... S'ils ne respectaient pas ses règles, ils étaient sanctionnés (25 coups de matraque dans les reins). Parfois, on les pendait sans raison. Un jour, André dut suivre un kapo dans un baraquement ; ce dernier lui demanda de s'asseoir à cheval sur un banc et le nargua avec du pain, il commença à lui faire des attouchements... Quand ils retournaient dans leurs baraquements, c'était la soupe et quartier libre jusqu'à l'extinction des feux. Lorsqu'ils étaient blessés, ils étaient envoyés à l'infirmerie et on soignait leurs plaies avec un peu de pommade. Ils pouvaient y rester de 8 à 15 jours selon l'importance des blessures.

Un jour, André réussit a faire rayer le numéro de matricule de son frère sur une liste que les SS avait établie et sur laquelle étaient inscrits les noms des prisonniers qu'ils allaient fusillés en faisant croire que celui-ci était déjà mort. Son frère se cacha dans les latrines durant cet événement.

Le 18 Janvier 1945, le réveil est habituel mais ils ont droit à une deuxième ration de petit-déjeuner. On les fait mettre en rang par 5. André dit au revoir à son frère qui est à l'hôpital. André ne reverra plus jamais son frère. Commence alors une longue marche « la marche de la mort » dans la neige et le froid (l'eau qu'ils buvaient provenait de la neige). Ceux qui tentaient de s'enfuir étaient aussitôt abattus. Certains parvenaient à se cacher dans des bâtiments mais ils étaient aussitôt retrouvés et fusillés. Durant cette longue marche, le convoi s'arrêta dans une ville en Pologne. Il resta 48 h dans un camp puis ensuite les prisonniers ont été mis dans des wagons pendant une journée. Les SS ont fait descendre les prisonniers en plein milieu d'une forêt de sapin enneigée, les ont fait mettre en rang par 5 et ont commencé à tirer. Beaucoup d'entre eux ont été fusillés, certains faisaient semblant d'être mort mais les SS vérifiaient les corps et tiraient sur tout ce qui bougeait et d'autres réussirent à s'échapper. André fut un de ceux-là. Il parvint jusqu'à une ferme, les pieds en sang et se cacha dans une cage à poule. Il fut aidé et soigné par les fermiers qui lui ont donné des vêtements et l'ont nourri. Il resta 15 jours dans cette ferme. Puis un jour, un camion est venu le chercher et il fut emmené dans un lycée transformé en hôpital : il y passa un mois puis encore un mois dans un autre hôpital. Ensuite, on le transféra en train vers un camp de rapatriement soviétique puis finalement il arriva par bateau à Marseille. Il pesait alors 37 kg. Il fut hébergé par une amie d'enfance de sa mère et apprit que son père et sa sœur étaient vivants. Le 11 mai 1945, son père, sa sœur et André furent enfin réunis.

Pas facile de reprendre le cours d'une vie normale. André fit des études et devint dessinateur. Il s'est marié en 1953, a eu deux enfants (un garçon et une fille).

Sur les 76 000 déportés de France, il y a eu 2 100 survivants.

André nous dit qu'il a de la haine envers les nazis mais pas envers les Allemands. André porte toujours sur son bras son numéro de matricule : 16572.

 

Témoignage d'André BERKOVER

André a eu une vie très difficile. Il vivait avec son père, sa mère, son frère et sa sœur. A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, il a été le seul survivant dans sa famille. 

Avant la guerre André était au lycée Voltaire à Paris. Il habitait dans un HBM (habitation bon marché), il avait une vie tranquille jusqu’à la mise en place des lois contre les Juifs qui consistent notamment à avoir un tampon sur la carte d'identité avec marqué "Juif" dessus. Après les Juifs n'avaient pas le droit de faire du vélo, d'écouter la radio, ou même encore d'aller dans des cafés. Ils ont même eu un couvre feu de 20h à 6h du matin.

Un jour, son frère est allé dans les douches publiques et comme ils n'avaient pas le droit d'aller dans des endroits publics en sortant des douches, il s'est fait arrêter en mai 1944. Du coup pour ne pas avoir d'ennuis sa famille et lui sont allés se réfugier chez sa tante qui habitait pas très loin de chez eux. Comme ils étaient partis très vite, ils n'avaient pas pris toutes leurs affaires, donc sa mère et lui sont retournés chez eux. Sa mère est allée acheter de quoi manger et du coup la milice les a attendu devant leur appartement et les a arrêté le 28 juin 1944.

Ils sont allés pendant deux jours dans le camp de Drancy où ils ont retrouvé son frère. 

Le 30 juin 1944, ils sont partis du camp de Drancy pour aller à la gare de Bobigny. Il y avait 550 femmes, 600 hommes et 162 enfants. Durant le voyage, ils étaient environ 80 par wagons, le voyage à duré 3 jours et demi sans manger ni boire.

Le camp où ils sont allés s'appelle le camp d’Auschwitz-Birkenau qui fait 177 hectares. Ils étaient 200 par baraques avec des lits à trois étages. Arrivés là-bas, les SS faisaient un tri entre les personnes qui étaient en état de travailler et ceux qui n'étaient pas en état. Les personnes qui ne pouvaient pas travailler (femmes, enfants entre 0 et 16 ans, blessés) allaient directement dans les chambres à gaz. Les conditions de vie étaient très dures car durant leur travail si ils parlaient, fumaient ou s'asseyaient, ils recevaient 25 coups de matraque sur les reins.

Chaque matin et chaque soir, ils devaient se ranger par rang de 5, si il manquait quelqu'un les SS recomptaient jusqu'à temps d'avoir le bon nombre de personnes, pendant l'hiver des prisonniers tombaient à terre gelés car ils avaient comme habit un simple pyjama tout fin rayé de noir et de blanc. En été, ils tombaient victimes d'insolation. 

En 1945, les SS ont vidé tous les camps. Les prisonniers du camp d'Auschwitz ont marché pendant très longtemps jusqu'à temps que les SS fusillent tous les prisonniers. A ce moment André a couru pieds nus dans la neige à travers une forêt de sapin. De l'autre côté de la forêt, il y avait une ferme. En la voyant, il alla s'y cacher. Il trouva une grande caisse, il l'ouvrit et vit qu'il y avait des poules, il les fit partir et se cacha dedans. Il entendit les coup de fusils qui s'éloignaient et il entendit des pas venir vers la caisse, à ce moment, il se dit que c'étaient les SS qui arrivaient. Mais en fait, c'était le propriétaire de la ferme. Quand le propriétaire vit l'état d'André, il l’accueillit chez lui et s'occupa de lui pendant 15 jours.

Le 10 mai 1945, André arriva par bateau à Marseille. Puis le 11 mai 1945, il rentra chez lui et retrouva sa sœur et son père. Au total, il y a eu 76 000 déportés en France et seulement 2 500 survivants. 

Quand il était dans les camps, il a eu un tatouage "16572". Maintenant il n'a pas la haine contre les Allemands mais contre le nazisme. Il s'est marié en 1952, il a une fille et un fils avec deux petits enfants. 

Dans le camp, son soutien était son frère et le soir quand il allait voir les autres le plus souvent, ils parlaient de nourriture. Son travail, la journée, consistait à casser des pierres.

Témoignage d'André BERKOVER

André Berkover a été déporté avec sa mère et son frère. C'est le seul des trois qui est revenu.

André Berkover vivait dans une famille de cinq personnes, sa sœur, son frère, sa mère, son père et lui. Ils avaient une petite vie tranquille, son père était artisan maroquinier. La famille vivait dans un HBM (habitat bon marché). André allait au lycée Voltaire, dans le 11e arrondissement de Paris.                                                                                             

Il vivait sous le gouvernement de Vichy, avec le maréchal Pétain à sa tête. Ce dernier utilisait les méthodes du régime nazi, comme le tampon "JUIF" sur les cartes d'identités lors du recensement, les interdictions de rentrer dans les lieux publics, les squares, de posséder un vélo, une radio, l'obligation d'aller dans les derniers wagons...

Un jour de mai 1944, son frère est allé prendre une douche aux bains publics. Deux SS l'attendaient à sa sortie. Il avait sûrement été dénoncé. Le soir, il fut transféré au Palais de Justice. Il y resta huit jours, puis fut transféré à Drancy.

La famille décida d'aller se réfugier chez une tante à Bagnolet, avec un peu d'affaires.

Le 28 juin 1944, André et sa mère ont dû retourner chercher des affaires dans leur appartement. Alors que sa mère était partie faire des courses, deux SS tapèrent à la porte et firent asseoir André sur une chaise. Ils ont attendu que sa mère revienne pour les emmener en camion à Drancy. Sa mère et lui sont restés deux jours à Drancy. 

Le 30 juin 1944, ils furent déportés à Auschwitz-Birkenau, en Pologne. Ils ont voyagé dans des camions à bestiaux, à 85 par wagons, avec une seule fois à boire, pas de nourriture, pas de sanitaires. Le voyage a duré trois jours et demi.

Une fois arrivé au camp, André retrouve son frère. Il y avait deux rangées, une avec les enfants (moins de seize ans), les femmes et les inaptes au travail qui allaient directement mourir dans les chambres à gaz ; l'autre avec les personnes capables de travailler. André avait quatorze ans, mais est allé dans la rangée des plus de seize ans pour être avec son frère.

Au camp, les SS faisaient travailler les prisonniers inutilement, comme porter des briques du train à un mur... Ils étaient 200 par baraques, avec des "lits" à trois étages. Ils avaient peu à boire et peu à manger. Le matin et le soir ils devaient se ranger en file pour l'appel. Les nazis les appelaient par leur numéro de matricule, en allemand. Pour André c'était le "16572". Si les prisonniers avaient le malheur de fumer, de s’asseoir... pendant leur travail, ils recevaient 25 coups de matraque sur les reins ou ils étaient pendus. André n'était pas dans le même kommando de travail que son frère, donc il le voyait le soir.

Le 18 janvier 1945, André a été levé à 5h du matin, ce qui était habituel. Il ne le savait pas mais il allait vivre sa première marche de la mort suite à l'approche de l'Armée Rouge. Il faisait extrêmement froid, entre -15°C et -20°C. André et 10 000 autres déportés commencèrent à marcher dans la forêt en direction de l'Allemagne. Ils étaient pieds nus dans la neige. 

Les SS ont commencé à tirer sur ceux qui ralentissaient le pas car les Soviétiques arrivaient. En entendant les coups de feu, André se mit à courir dans la forêt. Il sentait les balles passer à côté de lui. Il croyait mourir.

André a hésité à faire le mort mais il est allé se réfugier dans un coffre au sein d'une ferme appartenant à une famille polonaise. Il croyait qu'ils allaient le dénoncer, mais au lieu de ça, ils l'ont hébergé pendant 15 jours. Ensuite, ils l'ont remis aux Soviétiques. Ces derniers l'ont fait rapatrier en France, à Marseille, le 10 mai 1945.

Il a retrouvé sa sœur et son père le 11 mai 1945 dans leur appartement.

Désormais, André Berkover a une fille, un fils et des petits enfants. Il s'est marié en 1952. Il n'a pas la haine contre les Allemands mais contre les nazis.

Il fait partie des 2500 survivants sur les 76000 déportés juifs de France.

Anecdote: Un jour quand il travaillait, un kapo lui demanda de le suivre. Le kapo se fit un tartine devant André. Puis le kapo lui tendit la tartine. André l'accepta mais le kapo a commencé à lui faire des attouchements. André a gardé la tartine et il est parti en courant.

19 janvier 2016

Témoignage de Jacques Klajnberg

Les parents de Jacques sont Hersch Klajnberg et Szewa Fogel. Jacques est né le 2 mars 1928 à Lodz en Pologne. Ses parents étant dans la misère, ils décidèrent d'immigrer en France dans le courant de l'année 1931.

Jacques a aussi un petit frère handicapé : Marcel, atteint de trisomie, que l'on nommait alors "les enfants mongoliens". Ceci m'a profondément choqué, je ne savais pas que l'on appelait les enfants trisomiques les "mongoliens", alors que ce terme a aujourd'hui un sens plus péjoratif.

Le père de Jacques est pâtissier, et sa mère est hospitalisée pendant 2 ans environ à cause d'un grave accident d'autobus. Lui va à l'école de la rue Tlemcen, il sera d'ailleurs le premier à apposer une plaque commémorative, avec les noms des enfants déportés ou morts pendant la guerre, sur le mur de l'école après la guerre. Une plaque n'aura pas suffit et il aura fallu en placer une deuxième, mais ce fut la première plaque de tout Paris, sur le mur de l'école Tlemcen.

Jacques ne pouvant pas être avec son père car il travaillait beaucoup et n'était pas souvent à la maison, fut remis à l'assistance publique... Et il dut porter l'étoile juive sur la poitrine comme tous les juifs... En allant à l'école il essayait de cacher l'étoile en faisant mine de se gratter avec son bras droit ( l'étoile étant du côté gauche). En exigeant que tous les Juifs portent cette étoile Hitler pensait distinguer et les humilier pour mieux les ridiculiser ; et bien pour Jacques il aura eu tort car en arrivant à l'école ses copains et copines furent certes intrigués mais pendant 10 secondes seulement, ses amis restèrent ses amis et continuèrent de jouer avec lui comme avec tout autre enfant. D'ailleurs le directeur de l'école dit lui même que : "tous ceux qui daigneront toucher à un seul enfant juif auront affaire à moi".

A Paris, heureusement, il y avait quelques bons policiers pour donner des informations concernant les rafles et aider les gens.

Le 15 juillet 1942, une rumeur fût lancée selon quoi il y aurait une grande rafle le lendemain (16 juillet 1942, rafle du "Vel d'Hiv').

Hersch Klajnberg et son fils décidèrent de se mettre en sécurité dans une petite maison qu'ils avaient construit à Ozoir-la-Ferrière. Mais la mère de Jacques ne voulut pas venir, son fils Marcel était hospitalisé dans un établissement spécialisé à Sainte-Geneviève-des-Bois, elle avait une date précise (tous les 2 mois, le troisième jeudi du mois) pour aller le voir et cela tombait le 16 juillet 1942. Elle fut déportée le 27 juillet après avoir été "raflée" au Vélodrome d'Hiver.

Quant à Marcel, il fut laissé à l'abandon, sans eau ni nourriture dans sa chambre d’hôpital et mourut à l'âge de 8 ans, en décembre 1942.

À Ozoir-la-Ferrière, le père de Jacques fut arrêté par la Gestapo et emmené en prison... Sur le chemin Jacques le suivit en pleurant, et tous les gens qui étaient là, à leur porte en regardant Hersch Klajnberg aux mains des agents, sans bouger, sans faire quoique se soit pour aider Hersch ou le jeune adolescent suivant derrière en pleurant... Seulement un coiffeur, un de leur voisin fit signe à Jacques de venir près de lui et lui dit que cela ne servait à rien de suivre son père si il ne voulait pas se faire arrêter à son tour... Plus tard le père de Jacques fut libéré, le commandant qui l'avait arrêté fut appelé sur le front de l'Est et le remplaçant dit à Hersch "- Pourquoi êtes-vous ici ? - Parce que je suis Juif. - Partez, je ne veut plus entendre parler de vous". C'est un cas extrêmement rare et le père de Jacques a eu beaucoup de chance d'avoir eu affaire à cet officier...

Alors Jacques et son père durent se cacher. Un de leur voisin, un pauvre ouvrier, était résistant sauf qu'il ne pouvait accueillir Jacques, son père, plus une femme et son fils de 8 ans qui s'étaient ralliés à eux. Il leur trouva donc une cachette dans un tout petit abri de jardin chez un vieux fermier où ils ne pouvaient sortir que la nuit.

Ils vécurent là durant un an environ, peut-être plus, peut-être moins... Dans un tout petit abri en taule à quatre... Un jour, un agriculteur d'à côté leur avait cédé des fanes de choux et Hersch les fit macérer durant 5 heures environ dans un seau... Tout le monde avait tellement faim que attendre aussi longtemps fut difficile mais à la fin, ils purent enfin manger les fanes de choux ; il y avait un rat mort dans le seau...

Jacques, à l'âge de 16 ans, fut enrôlé dans la Résistance (F.F.I.) pour libérer Ozoir-la-Ferrière, notamment une de ses grandes batailles fut sur le pont d'Ozoir. Il réussit avec l'aide des Américains à libérer la ville. Plus tard quand Jacques essaiera de retourner à l'appartement de son père à Paris, il était bien décider à reprendre possession des lieux... Quand la porte de l'appartement s'ouvrit, il vit une femme tenant un bébé dans les bras... Toute sa détermination à reprendre l'appartement s'effondra et il dit simplement "Est ce que je peux entrer deux secondes ? J'habitais là avant..." La pièce n'avait pas changé, les meubles pas bougés...

Merci à Jacques pour son récit, son témoignage très émouvant, plein de souvenirs plus touchants les uns que les autres...

Lise.

Jacques Klajnberg, enfant caché et résistant

 

Jacques Klajnberg

Jacques Klajnberg est né le 2 mars 1928 à Lodz en Pologne.

Son père s’appelait Hersch Klajnberg et sa mère, Szewa Fogel. Son père était pâtissier.

Il immigre en France en 1931 avec ses parents, à l’âge de 3 ans.

Jacques a un petit frère qui s’appelle Marcel. C’est un enfant handicapé.

Sous l’Occupation, Marcel est hospitalisé dans un établissement spécialisé où les personnels avaient comme ordre de laisser les handicapés à l’abandon, sans soin ni nourriture.

Marcel mourut à l’âge de 8 ans, en décembre 1942.

Cette même année, les étoiles juives apparaissent (1942).

Jacques, va à l’école de la rue Tlemcen dans le 20ème arrondissement.

Il nous a avoué que le premier jour où il dut porter l'étoile jaune, il avait eu peur de la réaction de ses camarades.

Il nous a dit aussi que tout le trajet jusqu'à l'école, il s’était gratté l’épaule pour cacher son étoile.

Il n’y eut qu’un petit mouvement de foule à son arrivée à l’école pour comprendre pourquoi lui avait une étoile et pas eux.

Mais tout est redevenu normal dès que tout le monde a compris.

Les premiers enfants déportés vinrent de cette école communale.

Une rumeur de rafle arriva à l’oreille de Jacques et de son père : les Juifs de Paris seraient arrêtés les 16 et 17 juillet.

Ils voulurent s’enfuir avec sa mère mais elle refusa de les suivre car à cette époque les familles juives ne pouvaient voir leurs enfants hospitalisés que tous les deux mois, le 3ème jeudi. Elle voulait absolument voir Marcel.

Elle fut finalement arrêtée lors de « la rafle du Vel’d’hiv. » le 16 juillet 1942 et déportée par le convoi n°11 du 27 juillet. Ce jour-là, il y a eu 1000 juifs déportés.

Son père et lui réussirent à se cacher à Ozoir-la-Ferrière en Seine-et-Marne dans la petite maison qu’ils appelaient « leur chambre » et qu’il avait construit avec son père lorsqu’il était petit.

Quelques jours après, ils virent une quinzaine de personnes qu’ils connaissaient arriver de Paris.

A la fin de la guerre, ils apprirent que tous sont morts à l’exception de son père et lui.

Le père de Jacques a bien failli être déporté plusieurs fois.

Un jour, il fut arrêté par des soldats allemands.

Jacques suivit à plusieurs mètres les soldats et son père un bon moment alors que tous les habitants du village regardaient sans rien faire.

Il ne comprit pas pourquoi personne ne l’aida.

Seul un homme s’occupa de lui et le garda quelques temps chez lui.

Au bout de quelques jours, son père rentra et lui expliqua tout : un gradé allemand qui devait faire le transfert lui avait posé une question « Que faites-vous ici ? Pourquoi êtes-vous-là ? » et son père lui avait répondu « Je n’ai rien fait, je suis juste né juif ». Alors, le soldat lui a dit « Partez ! Je ne veux plus entendre parler de vous ».

Son père avait eu de la chance.

Une autre fois, une femme avec son enfant de 8 ans vit débarquer les Allemands et se poster devant les portes des maisons appartenant à des Juifs. Elle courut avec son fils pour prévenir Jacques et son père dans leur « chambre » à l’autre bout du village.

Ils se cachèrent tous les quatre dans la forêt pendant plusieurs jours.

N’ayant pas mangé depuis longtemps, ils sortirent la nuit pour ne pas être vus des Allemands. Ils finirent par trouver des choux, puis un endroit pour vivre et se cacher dans une sorte de cabanon.

A cette époque, Jacques a 15 ans. L’homme qui les héberge dans ce cabanon est dans la Résistance et forme Jacques pendant un an.

Jacques n’en parle pas à son père.

A l’âge de 16 ans, il participe aux combats de la Résistance fin août 1944 pour libérer le village.

Bien sûr, son père ne veut pas que Jacques y aille, mais il ne l’écoute pas. Son père le poursuit sous les tirs ennemis mais ne parvient pas à entrer dans le village, bloqué par les résistants.

Jacques, parlant yiddish, va à la rencontre des soldats alliés. Ce sont les premiers américains. Il entre dans la ville sur le premier tank américain.

Par la suite, Jacques s’occupe des allemands blessés.

Jacques a traversé une période terrible de l’Histoire, il a eu beaucoup de chance de survivre. Il y a eu environ 163 000 enfants déportés durant la guerre ; des enfants qui ne comprenaient pas car ils n’avaient rien fait ; ils étaient juste nés juifs.

L’école de la rue Tlemcen est la première à avoir eu une plaque commémorative en 1997 à la demande de Jacques.

Par la suite, 63 plaques ont suivi dans les autres écoles.

18 janvier 2016

Sortie au Mémorial de la Shoah (Drancy) et à l'AFMA au sein de la Cité de la Muette

Les élèves de 3e3 et 3e6 du collège François Villon étaient en sortie scolaire lundi 18 janvier 2016 à Drancy.

Ils ont visité le matin les espaces du Mémorial de la Shoah évoquant : les persécutions et le génocide dont furent victimes les populations juives les années précédentes et au cours de la Seconde Guerre Mondiale en Europe ; et en particulier l'ouverture, l'organisation et la vie du camp d'internement de Drancy. Puis, ils se sont rendus auprès du wagon de train et du monument en hommage aux déportés, placés à proximité de la Cité de la Muette, avant de mener un travail de recherche pédagogique au sein des espaces du Mémorial et de son centre de documentation.

L'après-midi, les élèves ont pu déjeuner dans les locaux de l'Association Fonds Mémoire Auschwitz (AFMA), installés dans la Cité de la Muette, avant d'assister au témoignage de M. André Berkover, enfant juif arrêté, interné à Drancy avant d'être déporté à Auschwitz-Birkenau. Un échange au travers des questions des élèves au témoin a ensuite suivi.

16 janvier 2016

Réunion d'informations du voyage en Alsace - Collège François Villon

Une réunion d'informations à destination des familles des élèves participants au voyage en Alsace se tiendra le jeudi 21 janvier 2016 à 18h30 en salle audiovisuelle.

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