10 mars 2016

Biographie de Pierre Osowiechi par Lucas, Sid-Ali et Eshwar

Pierre Osowiechi est né le 3 décembre 1937 à Paris.


Son père Chaïm Osowiechi s’engage dans le régiment des volontaires étrangers dès septembre 1939, il est fait prisonnier, parviendra à être libéré et rejoindra sa famille fin 1940.
Parti de Paris dans le taxi du grand-père maternel, le reste de la famille, constitué des grands-parents maternels, Moïse et Fanny Pougatch, d’un oncle, de sa mère et du petit Pierre (2 ans et demi) arrive à Crocq le 16 juin 1940. Accueillis en tant que réfugiés, une petite maison sera mise gratuitement à la disposition de la famille, qui reçoit en plus une allocation aux réfugiés. La famille va y demeurer pendant toute l’occupation, protégée et aidée par tout le village. Les faux papiers sont fournis pour tous par Marie-Thérèse Goumy qui est institutrice et secrétaire de mairie à Crocq. En contrepartie, la grand-mère fait des travaux de couture, les autres membres de la famille aidant aux travaux des champs.
Le père (dont c’est la profession) va remplacer à la boucherie du village le patron, prisonnier en Allemagne. Le refuge israélite de Neuilly, dirigé par Louis Aron aidé de son épouse Yvonne, est évacué à Crocq en août 1939, mais n'est que "toléré" par la population.
Marie-Thérèse Goumy apporte une aide précieuse au refuge qui protège une centaine de filles juives de 5 à 20 ans jusqu'en juillet 1942 date de son déménagement à Chaumont près de Mainsat. Cette maison d'enfant restera ouverte jusqu'à la fin de la guerre et aucun des enfants ne sera déporté.

Un certain nombre de familles juives sont réfugiées à Crocq : elles étaient logées dans trois hôtels. Marie-Thérèse Goumy a pu fournir des faux papiers à certaines de ces familles et elle a empêché l’arrestation de la famille Rappoport.
Marie Lagrollière, ancienne ouvrière d'une pelleterie, personne déjà âgée et de condition modeste est venue chercher le petit Pierre à l'école (il était alors âgé de 6 ans et demi) en juin 1944 alors qu’une colonne de la division allemande qui avait pendu des résistants la veille à Tulle, s’était arrêtée à Crocq, avant d’aller sur le front du débarquement allié en Normandie. Elle a emmené Pierre dans son grenier rejoindre ses grands-parents déjà avertis par Marie-Thérèse Goumy. Ils y sont restés cachés un jour ou deux, jusqu’au départ des Allemands. 

Nous avons rencontré Pierre Osowiechi au cours d'une conférence le jeudi 7 janvier, il nous a raconté son histoire et cela nous a beaucoup touché.
Pierre Osowiechi a eu une enfance difficile parce qu' il est né durant le début de la Seconde  guerre mondiale, son enfance a été chamboulée à cause de sa religion car il est juif.
Si Pierre Osowiechi avait été arrêté par les policiers allemands, il aurait été déporté dans un  camp de concentration ou d'extermination allemand.

Lucas, Sid-Ali et Eshwar

06 mars 2016

Témoignage de Jacques Klajnberg

Jacques Klajnberg est né à Lodz, en Pologne le 2 mars 1928 : ses parents étaient Hersh Klajnberg et Szewa Fogel. Il avait un frère, Marcel, atteint de trisomie.

En 1931, ses parents décident de quitter la Pologne à cause de l'antisémitisme trop présent là-bas. Son père est le premier à franchir la frontière. Il est rejoint par Jacques et sa mère peu après.

En 1934,  Jacques Klajnberg rentre à l'école de la rue Tlemcen (aujourd'hui s'y trouve une plaque en mémoire des enfants déportés). Il avait du mal à l'école car il était malentendant. Il ne possède aucun diplôme. Malgré cela,  Jacques Klajnberg aime beaucoup lire et possède une bibliothèque de 400 livres.

Au début de la guerre, en juillet 1940, apparaissent des lois antisémites qui restreignent les droits des Juifs. Le port de l'étoile devient obligatoire. Jacques Klajnberg la cache alors en feignant de se gratter l'épaule. À l'école il n'a eu aucun problème du fait qu'il est juif.

Peu après leur arrivée en France, Szewa, la mère, a un grave accident d'autobus qui l'oblige à rester à l'hôpital.

Les jours précédents le 16 juillet 1942, une rumeur court : il y aura une rafle le 16. Szewa, n'y croyant pas décide d'aller tout de même rendre visite à Marcel, son fils, placé dans une institution spécialisée. C'est sur le chemin qu'elle se fait arrêter : Jacques et son père n'auront plus jamais de nouvelles. Marcel est laissé sans soins et décède cette même année.

Jacques et son père se sont réfugiés dans leur maison à Ozoir-la-Ferrière au moment des rumeurs. Toujours en 1942, Hersh se fait arrêter. Il a la possibilité de revenir peu de temps après.

Néanmoins, Jacques et son père se retrouvent obligés de se cacher dans un cagibi avec une mère et son fils pour échapper à la Gestapo. Ils doivent sortir la nuit pour trouver de la nourriture.

À la fin de la guerre, à 16ans, Jacques Klajnberg entre dans la Résistance à l'insu de son père. Il participera à la libération d'Ozoir-la-Ferrière.

Aujourd'hui, Jacques Klajnberg partage ce qu'il a vécu en témoignant devant des classes d'élèves.

01 mars 2016

Témoignage de Jacques

L'histoire de la guerre (Seconde Guerre Mondiale) vécue par Jacques Klajnberg.

Jacques est né le 2 mars 1928 à Lódz en Pologne et il vient en France à l'âge de trois ans. Son frère qui était handicapé est placé dans un hôpital de la région parisienne. Il s’appelait Marcel. Les Allemands laissaient à l'abandon tous les handicapés. Cela malheureusement est arrivé à son frère, il mourra à l'âge de 8 ans. Sa maman ne pouvait aller voir Marcel que tous les deux mois, et pas n'importe quel jour, le troisième jeudi du mois. Sa maman a eu un grave accident d'autobus en 1940. Deux ans après les Allemands l’arrêtent lors de la rafle du Vel'd'Hiv. Jacques et son père ont trouvé refuge à Ozoir-la-Ferrière en Seine-et-Marne. Ils vivaient dans une maison de 16m². Une habitante a dénoncé leur maison aux Allemands. Son père a été embarqué. Il l'a suivi en pleurant et tout le monde s'en fichait de lui, sauf un coiffeur qui lui a dit de venir chez lui. Le coiffeur lui a dit "si il y a du pain pour moi, il y en aura aussi pour toi". Quelques jours après qu'il l'ait recueilli, son père, libéré, est venu le chercher. Plus tard, son voisin lui proposa de s'engager dans la Résistance. Il avait 15 ans et demi quand il s'engagea. Pendant la rafle d'Ozoir-la-Ferrière, il était caché avec son papa, une femme et son fils de 8 ans. Ils vivaient dans un réduit de 4 m². Pendant ce temps, il n'avait pas le droit de sortir de jour, seulement la nuit. Un jour, Jacques en avait marre et donc il se mit a crier et à vouloir sortir. Son père le rattrapa et lui bloqua la bouche pour qu'il se taise. Un soir, ils virent un tas de fanes de choux. Ils allèrent demander s’ils pouvaient le prendre. Le fermier ne voulait pas car il en avait besoin pour ses animaux. Après une négociation, ils échangèrent une pièce contre le tas de fanes de choux. Comme son père était pâtissier, il décida de les cuisiner. Après une longue cuisson, son père ouvrit la casserole : il y avait un rat mort dedans. Son père l’enleva, puis il les servit cela l’a beaucoup marqué car personne n’a rien dit. Ils avaient très faim. Jacques a combattu plusieurs fois mais la bataille de la libération d’Ozoir-la-Ferrière l’a beaucoup marqué. Son groupe de résistants a croisé les Américains. Ils sont sortis de la forêt. Il a été les voir avec un mouchoir blanc et les mains en l’air. Après une discussion,  un des Américains a dit à Jacques de monter sur leur char. Puis, cinq chars sont sortis de la forêt. Après avoir repoussé les Allemands, ils passèrent dans la foule qui les accueillirent. Jacques était heureux. Puis, on lui confia une mission : surveiller des Allemands blessés dans l’école d’Ozoir-la-Ferrière. Les Allemands l’appelaient pour qu’il les aide ou pour parler, lui montrer des photos de leurs familles. La guerre était finie.

 

 

                                              

 

09 février 2016

Un déporté parmi d'autres

Toutes ces morts douloureuses,

Toutes ces souffrances inutiles,

Toutes ces vies sacrifiées,

Tout cela à cause d'un même homme.

Il a vécu tout cela, un parmi tant d'autres,

Il a tant souffert, comme les autres,

Il n'a pas été épargné, pas comme tous les autres,

André Berkover, un nom gravé à jamais.

Morgane et Léana

Le témoignage de la Shoah

Les Allemands étaient arrivés

La France envahie

Si vous êtes juif de nationalité

Vous serez obligés de vous cacher

Vivre pendant plusieurs mois dans un cagibi

Sans avoir d'eau ni à manger

Ne pouvant sortir que la nuit

Quand les Américains sont arrivés

Etre en vie et être juif étaient une fierté

Amélie

Poème pour M. Klajnberg

J'ai écouté une histoire

Un homme touché par la vieillesse

Rempli de gloire

Mais aussi de tristesse 

Gardant tout de même de l’espoir

 

Une histoire horrible

Plein de souvenirs

Surtout terribles

Et peu de rires

Que de la tuerie 

 

Maxime

Témoignage de la Shoah

BARBARIE 

Une vie, des vies dévastées
Peine, tristesse et douleur
Pourquoi tout ce malheur infligé
Tout ceci à cause d'un dictateur
Il ne veut que de l'agressivité
Des familles brisées, déchirées
Ils étaient tous affaiblis
Tous ces gens déportés
Ça résonnait de leurs cris
Toutes ces personnes abandonnées, cachées 
 
Laurine 

Témoignage d'André Berkover

André Berkover est l'un des survivants de la Shoah qui, à de nombreuses reprises, a frôlé la mort.

André Berkover est issu d'une famille modeste juive composée de 5 personnes. Sur ces 5 membres seuls sa sœur, son père et lui survivront. Il vivait dans un HBM (habitat bon marché) dans le 20ème arrondissement de Paris.

Son père était artisan maroquinier et travaillait à domicile. Son frère et lui était quant à eux scolarisés au lycée Voltaire. Puis à partir de juin 1940, le gouvernement de Vichy se met en place réduisant de plus en plus les libertés des Juifs. Ils sont d'abord tous recensés ( tampon "JUIF" sur les cartes d'identité), ensuite ils sont interdits dans les lieux publics (cafés, cinéma, etc,.. ), on leur interdit de posséder un vélo ou une radio, et enfin un couvre-feu est instauré de 20h à 6h. Si ils étaient surpris pendant la nuit, ils étaient envoyés au camp de Drancy.

La première arrestation dans sa famille fut celle de son frère aux bains publics début mai 1944. Il restera 8 jours au palais de justice avant d'être transféré à Drancy.

Son père sachant cela décida d'aller se cacher chez une tante (dont le mari avait été déporté en 1942) à un kilomètre de chez eux. Cependant sa mère et lui se rendent à nouveau à leur appartement mais tandis que sa mère s'absente pour faire des courses, il ouvre malencontreusement à des policiers croyant que c'était sa mère de retour. Finalement, sa mère revient et ils sont tous les deux emmenés au camp de Drancy le jour même, c'est à dire le 28 juin 1944 (date de leur arrestation). Il retrouve son frère Guy là-bas mais ne restera que deux jours.

Le 30 juin 1944, il est mené par la police française jusqu'à la gare de Bobigny où les attendent des nazis qui les font monter dans des wagons à bestiaux. Ils étaient près de 80 par wagon, ce qui provoquait une chaleur épouvantable. Son convoi était le n° 76. Personne ne savait où ils se rendaient. Durant le voyage qui dura trois jours, ils ne reçurent qu'un verre d'eau chacun. Deux personnes de son convoi tentèrent de s'échapper. On les fit tous descendre et on les menaça de tous les tuer si ils ne dénonçaient pas ceux qui avaient tenté de fuir. De peur, certains les dénonçèrent. Ils furent tous les deux fusillés après qu'on leur ai demandé de se déshabiller et de courir.

Arrivés à Auschwitz, des SS les firent descendre et leur ordonnèrent d'aller jusqu'au fond du camp (177 hectares ).

Sa mère fut directement gazée, il lui avait juste dit au revoir pensant la retrouver.

On demanda le métier de chacun et les musiciens, tailleurs et médecins furent mis à part. Il frôla la mort en mentant sur son âge pour rester avec son frère car les moins de 16 ans étaient jugés inaptes au travail et donc directement gazés (André Berkover n'avait que 14 ans ). On les mena ensuite à leur baraque où ils étaient environ 200, il n'était pas avec son frère. Les lits mesuraient 60 cm de large et possédaient ce qu'on peut appeler un "oreiller" et une "couette". Le matin, il devait être au garde à vous à 5h. Au début, ils entendaient sans problème mais par la suite ils étaient tellement épuisés qu'ils étaient réveillés à coups de matraque par les kapos (criminels en Allemagne qu'on employait dans les camps aux mêmes fonctions que les SS).

Leur déjeuner était constitué d'une sorte d'eau noîratre au goût infect qu'ils appelaient "café" et de soit d'une rondelle de saucisson, soit d'une cuillère de confiture ou soit d'un carré de margarine. Le dimanche, ils étaient réveillés à 7h au lieu de 5h.

Lorsqu'ils quittaient le camp pour aller travailler, des musiciens jouaient de la musique, de même pour le soir à leur retour vers 18h.

Il travaillait six jours sur sept dans un complexe chimique qui fabriquait du caoutchouc synthétique. Il leur était interdit de s'asseoir, de fumer ou de parler. S'ils étaient surpris, ils recevaient 25 coups de matraque sur les reins. Si les personnes tombaient inconscientes les SS continuaient quand même jusqu'aux 25 coups. Parfois le soir, plusieurs personnes étaient condamnées à la potence sans vraiment savoir la cause de leur pendaison. Le repas servi le soir était une soupe un peu plus consistante, seule chose qui leur tenait un minimum au corps.

L'infirmerie, quand on s'y rendait, leur appliquait une simple pommade sur les plaies sans désinfectant ni pansement. Il rendait visite à son frère qui était à l'hôpital du camp. Il ne fallait jamais rester plus de 8 jours sans travailler au risque d'être jugé inapte au travail et gazé par le biais de la "sélection". On faisait sortir tous les blessés et on décidait en fonction de leur têtes ceux qui étaient tués ou non. André sauva la vie de son frère en lui intimant l'ordre d'aller se cacher dans les latrines (les SS ne s'y rendaient jamais de peur de tomber malade). Le 18 janviers 1945, il fut réveillé à 5h comme d'habitude mais on leur ordonna de rester dans leur baraque.

Puis on les fit sortir et on leur donna un second petit déjeuner. Ayant un pressentiment, il courut saluer son frère encore à l'hôpital. Persuadé de le revoir, il quitta le camp (sans musique) et marcha toute la journée. Les personnes trop lentes étaient aussitôt fusillées. Ils s'arrêtèrent dans une bâtisse, dans un sous-sol, et repartirent au lever du jour. Enfin, ils arrivèrent dans un nouveau camp de concentration et furent embarqués dans des wagons à nouveau par -20°. Curieusement le convoi s'arrêta. On les fit descendre en rang par 5. Soudain, il entendit des coups de feu devant lui. Il se mit à s'enfuir en courant à travers la forêt voyant les balles sifflées et les autres tomber raides autour de lui. Il hésita à faire le mort mais continua à courir, ce qui lui sauva la vie une deuxième fois. (les SS mettaient une balle dans la tempe à tout ceux qui étaient à terre).

Il se réfugia dans une ferme polonaise où le fermier le cacha et le nourrit. Il fut sauvé par les Soviétiques et fut acheminé dans un hôpital où il fut soigné (pieds gelés au second degré). Puis il fut dirigé vers un centre de rapatriement le 4 mai 1945. Enfin il fut rapatrié le 10 mai 1945 à Marseille (il devait peser environ 20/30 kg) où il fut reçu chez une amie d'enfance de sa mère. Il retrouva son père et sa sœur le 11 mai 1945.

Après cette horrible expérience, il fut difficile pour lui de retrouver une vie normale. Néanmoins il réalisa une formation de dessinateur industriel, se maria en 1953 et eut une fille et un fils.

André Berkover, son histoire

André Berkover est un homme issu d'une famille modeste. Lors du début de la Seconde Guerre Mondiale, il vivait dans le 20ème arrondissement de Paris, Porte de Bagnolet, dans un HBM (Habitat Bon Marché) maintenant appelé HLM (Habitat à Loyer Modéré).

Il vivait avec sa mère, son père, un artisan en maroquinerie, sa sœur et son frère, c'est une famille juive.
Il a effectué ses études au Lycée Voltaire à Paris.

Après la défaite de la France contre l'Allemagne, le gouvernement de Vichy est dirigé par le maréchal Pétain, en juin 1940.

Tout Juif dispose d'un tampon sur sa carte d'identité l'indiquant formellement. Ils avaient interdiction de rentrer dans des établissements publics et un couvre feu fut mis en place de 20h à 6h du matin.

Début 1944, son frère part prendre une douche dans un lieu public et se fait directement arrêter et emmener au commissariat place Vendetta dans le 20ème. Il est resté 8 jours au palais de Justice avant d'être emmené au camp de Drancy.

Ayant vu ça, André, son père et sa mère sont partis se réfugier chez sa tante Marie, qui avait été retirée des fichiers de police. Elle habitait à 1km de chez eux, à Bagnolet même. Ils y restèrent jusqu'au 28 juin 1944. Ils furent contraints de retourner chercher quelques affaires à leur domicile, étant partis sans rien.  Voulant savoir ce qu'il se passait, André demanda à sa mère d'aller chercher le journal. Elle accepta et ajouta qu'elle en profiterait pour effectuer quelques courses. André se retrouva seul, son père étant parti travailler. Il entendit toquer à la porte. Il partit ouvrir pensant que c'était sa mère qui revenait, mais, en ouvrant il découvrit finalement les S.S, venus pour les chercher. Ils le poussèrent sur une chaise et attendirent le retour de la mère de famille. Elle arriva peu de temps après. Ils les emmenèrent au camp de Drancy se rendant compte qu'ils avaient été dénoncés. En arrivant au camp, il retrouva son frère qui y était déjà depuis deux long mois. Ils n'y resteront que deux jours et feront partie du prochain convoi de déportation. Il faisait parti du convoi n°76, l'avant-dernier à partir de Drancy, le dernier étant le n°77, direction le camp de la mort. Alors qu'ils étaient aux environs de 80 par wagons, entre hommes, femmes, bébés, enfants et malades ; le voyage dura trois jours et demi durant lesquels ils n'ont eu le droit qu'à un seul petit verre d'eau.

Arrivés à Auschwitz, en Pologne, deux quais s'offraient à eux, les S.S les attendaient de chaque côté. Ils disposaient les personnes jugées trop faibles pour travailler d'un côté et les autres de l'autre côté, alignés en rang par 5. Tandis que les morts étaient directement pris et jetés dans les fossés autour des quais.

André n'avait que 14 ans à ce moment-là, or les moins de 16 ans étaient jugés comme trop faibles, n'ayant aucune pièce d'identité sur lui pouvant le prouver, il a réussi à aller du côté des "survivants" plus longtemps, accompagné de son frère alors que sa mère, elle, était de l'autre côté. Par la suite, ils ont été emmenés dans des baraquements qui occupaient pratiquement les 177 hectares d'Auschwitz. Les S.S les faisaient travailler afin de les fatiguer et qu'ils meurent d'ici peu. André, lui, était engagé dans le terrassement des lieux. Il y avait une cloche qui sonnait le matin pour le réveil, à 5h, si une personne avait la mauvaise idée de ne pas se lever, elle était réveillée à coups de matraque. Ils se regroupaient tous afin de prendre leur petit-déjeuner qui était composé d'un café, ou plutôt d'une eau noire dont le goût était indéfinissable et ils avaient le choix entre un petit carré de margarine ou une rondelle de saucisson, une cuillère de confiture ou encore un morceau de pain trop cuit. Ensuite, ils partaient au travail et cela six jours sur sept. Sur le lieu de travail, ils avaient interdiction de parler avec quelqu'un, interdiction de fumer, de s'asseoir sinon ils recevaient 25 coups de tape sur les mains avec une matraque en fer. André en a eu et a exprimé la douleur que ça lui provoquait. Dans le camp d'Auschwitz-Birkenau, il y avait une " infirmerie " si l'on peut dire, car elle ne mettait qu'un peu de pommade, il n'y avait pas de pansements sur les possibles blessures. Il retrouvait son frère tous les soirs après le travail, n’exerçant pas le même que lui. 

Le dîner était composé d'1/2 litre de soupe épaisse accompagnée de quelques morceaux de pommes de terre. Ils avaient quartier libre après le souper.

Ils avaient chacun un matricule tatoué en allemand sur le bras, sur le bras gauche pour André, son numéro était le 16572.

Un soir après le souper, André chercha son frère mais en vain, un ami de celui-ci vient lui dire qu'il avait été sélectionné pour être exterminé. En sachant ça, André se dépêcha de le trouver et il lui dit d'aller se cacher dans les latrines (les toilettes), les S.S n'y rentraient pas par peur d'attraper des maladies.

Le 18 janvier 1945, ils sont réveillés normalement mais leur petit-déjeuner est apporté directement dans les baraques, étrange pensa t-il. En fin de matinée, ils sont tous appelés sur la place d'appel et reçoivent une deuxième portion de petit-déjeuner, ce qui n'était jamais arrivé auparavant. En début d'après-midi, ils sont tous mis en rang par 5 et ils sortent du camp. Ils marchent jusqu'à ce que la nuit tombe. Ceux qui marchaient trop lentement étaient fusillés. En début de matinée, ils sont repartis et ont continué de marcher, ils arrivèrent à l'intérieur d'une ville, quelques personnes sortaient de chez elles pour jeter un peu de nourriture. Ils arrivèrent sur une voie ferrée et durent monter dans les wagons qui s'offraient à eux. Les wagons étaient tellement remplis que les S.S en vinrent à avoir du mal à les fermer. Le convoi a démarré et ne s'est pas arrêté jusqu'au lendemain après-midi. Chaque wagon s'arrêtait à un endroit différent. Celui d'André s'arrêta et ils descendirent tous, à 20 mètres plus loin il y avait une forêt, assez large. Ils étaient de nouveau mis en rang par 5 et ont dû avancer, sans savoir où ils allaient. André se trouvait à la fin. Les S.S ont commencé à tirer des balles, ils fusillaient d'abord le devant de la file. Tout le derrière s'est mis à courir en direction de la forêt. Le premier réflexe qu'André a eut a été d'enlever les " sandales " que les Allemands leur avaient fournis, une planche en bois avec juste un bout de tissu de façon à tenir un minimum le pied, mais impossible de courir avec. Il les a donc enlevés et a commencé à courir pieds nus. Après avoir passé la forêt, il a continué à courir sur une route. Il entendait les rafales de balles qui ne s'arrêtaient pas, qui retentissaient au dessus de lui. Au bout de la route, il tomba sur une ferme polonaise. A l'extérieur, il vit une grande boîte, il l'ouvrit, c'était pour les poules, il y en avait dedans d'ailleurs. Il les sortit une par une et se réfugia dedans. Le fermier voyant ses poules dehors s'en rendit compte. Il ouvrit la boîte et découvrit André, il lui fit signe de sortir, ne parlant pas la même langue, André ne bougea pas. Les coups de fusil continuaient mais s'étaient calmés. Le fermier referma la boîte et revint un peu de temps après avec un bol de café et des tartines, il lui tendit mais André refusa, il les posa donc à côté de lui. André finit finalement par sortir et rejoindre le fermier qui l'accueillit chez lui, lui donna à manger et de quoi se réchauffer. Premièrement, André lui donna son pyjama de détenus et lui fit signe de le brûler, ce que l'homme fit en lui donnant des affaires propres à la place. Ayant les pieds en sang à force de courir pieds nus dans les bois l'homme fit ce qu'il peut pour désinfecter. Les Soviétiques vinrent le chercher, ils le ramenèrent à la gare, André prit le train et traversa toute l'Ukraine jusqu'au 4 mai 1945, où il fut accueilli dans un centre de rapatriement. 

Le 10 mai 1945, il arriva à Marseille, il pesait 37 kilos, il avait donc pris un peu de poids tournant autour de 30 kilos avant de croiser le chemin du fermier polonais. 

Le 11 mais 1945, il retrouve son père et sa sœur, qui eux n'avaient pas été déportés. 

Il n'a plus jamais eu de nouvelles de sa mère et de son frère. 

Il a effectué plusieurs recherches sur internet mais les résultats prennent du temps à parvenir avec les plus de 70 000 morts français. 

Il nous a fait part qu'il n'avait pas la haine des Allemands mais des nazis aujourd'hui. 

Il essaie de poursuivre sa vie normalement, il s'est marié en 1953 et a eu un fils et une fille et deux petites filles maintenant âgées de 23 ans. 

Il est l'un des derniers déportés encore vivant, il a aujourd'hui 87 ans. 

07 février 2016

Biographie de Jacques Klajnberg

Il s'appelle Jacques.

Il est né en Pologne.

A l'âge de 3 ans, il quitte la Pologne pour venir vivre en France en 1931. Sa famille et lui vont emménager à Paris dans le 20e arrondissement.

 Les Juifs devaient porter une étoile jaune sur leurs vêtements.

A la fin de la guerre, une plaque a été apposée sur le mur de son école où il y a tous les noms des gens qui ont été déportés. 

Son père et lui ont décidé d'aller se réfugier à Ozoir-la-Ferrière mais au moment de partir sa mère dit "non",elle ne pouvait que tous les deux mois voir  le frère de Jacques qui était handicapé. A partir de ce jour, il n'a plus jamais vu sa mère et son frère.

Ils vont s'installer à Ozoir-la-Ferrière où de nombreuses familles vont vivre avec eux. Ils vivent à une quinzaine de personne dans une petite maison. Comme la moitié de la France était sous occupation nazie, Hitler a décidé de procéder au génocide des Juifs.

Quand les nazis ont fait une rafle à Ozoir-la-Ferrière, ils ont arrêté des familles, une fille qu'il connaissait bien a montré aux nazis où il vivait avec son père.

Son père a été arrêté, puis relaché 2 jours après. 

En août 1944, les Americains délivrent Ozoir-la-Ferrière des Allemands. Jacques était membre de la Résistance, et a fait la traduction entre les Americains et le groupe de résistants. 

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