André Berkover est un homme issu d'une famille modeste. Lors du début de la Seconde Guerre Mondiale, il vivait dans le 20ème arrondissement de Paris, Porte de Bagnolet, dans un HBM (Habitat Bon Marché) maintenant appelé HLM (Habitat à Loyer Modéré).
Il vivait avec sa mère, son père, un artisan en maroquinerie, sa sœur et son frère, c'est une famille juive.
Il a effectué ses études au Lycée Voltaire à Paris.
Après la défaite de la France contre l'Allemagne, le gouvernement de Vichy est dirigé par le maréchal Pétain, en juin 1940.
Tout Juif dispose d'un tampon sur sa carte d'identité l'indiquant formellement. Ils avaient interdiction de rentrer dans des établissements publics et un couvre feu fut mis en place de 20h à 6h du matin.
Début 1944, son frère part prendre une douche dans un lieu public et se fait directement arrêter et emmener au commissariat place Vendetta dans le 20ème. Il est resté 8 jours au palais de Justice avant d'être emmené au camp de Drancy.
Ayant vu ça, André, son père et sa mère sont partis se réfugier chez sa tante Marie, qui avait été retirée des fichiers de police. Elle habitait à 1km de chez eux, à Bagnolet même. Ils y restèrent jusqu'au 28 juin 1944. Ils furent contraints de retourner chercher quelques affaires à leur domicile, étant partis sans rien. Voulant savoir ce qu'il se passait, André demanda à sa mère d'aller chercher le journal. Elle accepta et ajouta qu'elle en profiterait pour effectuer quelques courses. André se retrouva seul, son père étant parti travailler. Il entendit toquer à la porte. Il partit ouvrir pensant que c'était sa mère qui revenait, mais, en ouvrant il découvrit finalement les S.S, venus pour les chercher. Ils le poussèrent sur une chaise et attendirent le retour de la mère de famille. Elle arriva peu de temps après. Ils les emmenèrent au camp de Drancy se rendant compte qu'ils avaient été dénoncés. En arrivant au camp, il retrouva son frère qui y était déjà depuis deux long mois. Ils n'y resteront que deux jours et feront partie du prochain convoi de déportation. Il faisait parti du convoi n°76, l'avant-dernier à partir de Drancy, le dernier étant le n°77, direction le camp de la mort. Alors qu'ils étaient aux environs de 80 par wagons, entre hommes, femmes, bébés, enfants et malades ; le voyage dura trois jours et demi durant lesquels ils n'ont eu le droit qu'à un seul petit verre d'eau.
Arrivés à Auschwitz, en Pologne, deux quais s'offraient à eux, les S.S les attendaient de chaque côté. Ils disposaient les personnes jugées trop faibles pour travailler d'un côté et les autres de l'autre côté, alignés en rang par 5. Tandis que les morts étaient directement pris et jetés dans les fossés autour des quais.
André n'avait que 14 ans à ce moment-là, or les moins de 16 ans étaient jugés comme trop faibles, n'ayant aucune pièce d'identité sur lui pouvant le prouver, il a réussi à aller du côté des "survivants" plus longtemps, accompagné de son frère alors que sa mère, elle, était de l'autre côté. Par la suite, ils ont été emmenés dans des baraquements qui occupaient pratiquement les 177 hectares d'Auschwitz. Les S.S les faisaient travailler afin de les fatiguer et qu'ils meurent d'ici peu. André, lui, était engagé dans le terrassement des lieux. Il y avait une cloche qui sonnait le matin pour le réveil, à 5h, si une personne avait la mauvaise idée de ne pas se lever, elle était réveillée à coups de matraque. Ils se regroupaient tous afin de prendre leur petit-déjeuner qui était composé d'un café, ou plutôt d'une eau noire dont le goût était indéfinissable et ils avaient le choix entre un petit carré de margarine ou une rondelle de saucisson, une cuillère de confiture ou encore un morceau de pain trop cuit. Ensuite, ils partaient au travail et cela six jours sur sept. Sur le lieu de travail, ils avaient interdiction de parler avec quelqu'un, interdiction de fumer, de s'asseoir sinon ils recevaient 25 coups de tape sur les mains avec une matraque en fer. André en a eu et a exprimé la douleur que ça lui provoquait. Dans le camp d'Auschwitz-Birkenau, il y avait une " infirmerie " si l'on peut dire, car elle ne mettait qu'un peu de pommade, il n'y avait pas de pansements sur les possibles blessures. Il retrouvait son frère tous les soirs après le travail, n’exerçant pas le même que lui.
Le dîner était composé d'1/2 litre de soupe épaisse accompagnée de quelques morceaux de pommes de terre. Ils avaient quartier libre après le souper.
Ils avaient chacun un matricule tatoué en allemand sur le bras, sur le bras gauche pour André, son numéro était le 16572.
Un soir après le souper, André chercha son frère mais en vain, un ami de celui-ci vient lui dire qu'il avait été sélectionné pour être exterminé. En sachant ça, André se dépêcha de le trouver et il lui dit d'aller se cacher dans les latrines (les toilettes), les S.S n'y rentraient pas par peur d'attraper des maladies.
Le 18 janvier 1945, ils sont réveillés normalement mais leur petit-déjeuner est apporté directement dans les baraques, étrange pensa t-il. En fin de matinée, ils sont tous appelés sur la place d'appel et reçoivent une deuxième portion de petit-déjeuner, ce qui n'était jamais arrivé auparavant. En début d'après-midi, ils sont tous mis en rang par 5 et ils sortent du camp. Ils marchent jusqu'à ce que la nuit tombe. Ceux qui marchaient trop lentement étaient fusillés. En début de matinée, ils sont repartis et ont continué de marcher, ils arrivèrent à l'intérieur d'une ville, quelques personnes sortaient de chez elles pour jeter un peu de nourriture. Ils arrivèrent sur une voie ferrée et durent monter dans les wagons qui s'offraient à eux. Les wagons étaient tellement remplis que les S.S en vinrent à avoir du mal à les fermer. Le convoi a démarré et ne s'est pas arrêté jusqu'au lendemain après-midi. Chaque wagon s'arrêtait à un endroit différent. Celui d'André s'arrêta et ils descendirent tous, à 20 mètres plus loin il y avait une forêt, assez large. Ils étaient de nouveau mis en rang par 5 et ont dû avancer, sans savoir où ils allaient. André se trouvait à la fin. Les S.S ont commencé à tirer des balles, ils fusillaient d'abord le devant de la file. Tout le derrière s'est mis à courir en direction de la forêt. Le premier réflexe qu'André a eut a été d'enlever les " sandales " que les Allemands leur avaient fournis, une planche en bois avec juste un bout de tissu de façon à tenir un minimum le pied, mais impossible de courir avec. Il les a donc enlevés et a commencé à courir pieds nus. Après avoir passé la forêt, il a continué à courir sur une route. Il entendait les rafales de balles qui ne s'arrêtaient pas, qui retentissaient au dessus de lui. Au bout de la route, il tomba sur une ferme polonaise. A l'extérieur, il vit une grande boîte, il l'ouvrit, c'était pour les poules, il y en avait dedans d'ailleurs. Il les sortit une par une et se réfugia dedans. Le fermier voyant ses poules dehors s'en rendit compte. Il ouvrit la boîte et découvrit André, il lui fit signe de sortir, ne parlant pas la même langue, André ne bougea pas. Les coups de fusil continuaient mais s'étaient calmés. Le fermier referma la boîte et revint un peu de temps après avec un bol de café et des tartines, il lui tendit mais André refusa, il les posa donc à côté de lui. André finit finalement par sortir et rejoindre le fermier qui l'accueillit chez lui, lui donna à manger et de quoi se réchauffer. Premièrement, André lui donna son pyjama de détenus et lui fit signe de le brûler, ce que l'homme fit en lui donnant des affaires propres à la place. Ayant les pieds en sang à force de courir pieds nus dans les bois l'homme fit ce qu'il peut pour désinfecter. Les Soviétiques vinrent le chercher, ils le ramenèrent à la gare, André prit le train et traversa toute l'Ukraine jusqu'au 4 mai 1945, où il fut accueilli dans un centre de rapatriement.
Le 10 mai 1945, il arriva à Marseille, il pesait 37 kilos, il avait donc pris un peu de poids tournant autour de 30 kilos avant de croiser le chemin du fermier polonais.
Le 11 mais 1945, il retrouve son père et sa sœur, qui eux n'avaient pas été déportés.
Il n'a plus jamais eu de nouvelles de sa mère et de son frère.
Il a effectué plusieurs recherches sur internet mais les résultats prennent du temps à parvenir avec les plus de 70 000 morts français.
Il nous a fait part qu'il n'avait pas la haine des Allemands mais des nazis aujourd'hui.
Il essaie de poursuivre sa vie normalement, il s'est marié en 1953 et a eu un fils et une fille et deux petites filles maintenant âgées de 23 ans.
Il est l'un des derniers déportés encore vivant, il a aujourd'hui 87 ans.