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03 février 2017

petit secret parisien - - BTSMUC1

Petit Secret Parisien

Un beau soir d’été, après avoir travaillé toute la journée en tant que jardinier aux Tuileries, je souhaitais me détendre en allant déambuler sur les Champs Elysées pour boire un verre. Je me suis donc installé en terrasse afin d’admirer la beauté de l’avenue. Je regardais les autres personnes attentivement en dégustant une délicieuse coupe de champagne. A cet instant je sentis un parfum de  vanille qui attira mon attention, je me retournai et vis une charmante jeune parisienne, qui commanda une bouillabaisse sur la table voisine sa commande si singulière attira mon attention. Je croisai son regard bleu atlantique qui me transperça jusqu’aux chaussures. Je lui proposai une coupe de champagne pour accompagner sa bouillabaisse. Je vis dans son regard l’aigreur du raton laveur, signe de mauvais présage, je sentis le vent tourner et décidai de quitter cette terrasse.  Soudain en entrant dans le métro je vis une jeune demoiselle coincer son sac dans les portes, pris d’un sentiment d’empathie extrême je décidai de l’aider à se sortir de ce mauvais pas. Son regard était admiratif, ma bravoure fut reconnue. Ce fut le coup de foudre, soudain, je sentis un amour profond naissant. Nous nous embrassâmes sans même avoir besoin de parler.

 

perturbation amoureuse - - BTSMUC1

Perturbation Amoureuse

 

 

 

En ce mois de Juillet, Arthur et ses deux amis sont en retard pour prendre l'avion à destination de Santorin en Grèce. 
Ils arrivent dans l'avion juste à temps et s'installent en première classe côte à côte. Pendant le vol, Eva, une jeune femme ne cesse de contempler Arthur depuis la seconde où elle l'a vu.

 

Eva étant frileuse décida de prendre son écharpe dans le porte bagage au-dessus de son siège.

Sans remarquer que le voyant de la ceinture se rallumait, elle se leva, prit son écharpe mais au même moment, une perturbation se ressentit, Eva perdit l'équilibre et se rattrapa au bras d'Arthur. 

Il remarqua la beauté de ses yeux bleus et sentit une douce odeur de vanille ce qui le fit sourire. 

Elle se mit subitement à rire à la vue du pull qu'il avait sur lui à l'effigie d'un raton-laveur mais lui, lui fit instantanément remarquer qu'elle ne portait pas de chaussures et esquissa à son tour un sourire complice. 

 

Tout d'un coup, ils furent surpris d'entendre le commandant de bord les rassurer et en indiquant un détour par l'Atlantique.

Pour détendre l'atmosphère, le commandant de bord les invita, sur le ton de l'humour à manger une Bouillabaisse ce qui les fit rire.

Arthur trouvant Eva inquiète lui prit la main pour la rassurer, elle se sentit en confiance.

 

Arthur souhaitant la revoir, lui proposa d’échanger leurs numéros, elle accepta et lui donna rendez-vous à Emporio.

morsure de raton laveur - - BTSMUC1

AA

MA

Sous le soleil

 

 

Tout a commencé sur une terrasse avec vue sur l’océan. Il mangeait une bouillabaisse au crépuscule, il était au téléphone et se disputait en disant souhaiter rentrer à Paris car le style de vie basque ne lui convenait pas. Il cherchait au plus vite un billet retour vers Paris. Quand tout à coup une femme splendide apparut sur la plage. Elle se dévêtit sous le regard aussi ébahi que brillant de l’homme. Il raccrocha pour admirer son corps de rêve rentrant dans l’eau telle une sirène.

L’instant d’après l’homme l’entendit crier et vit la femme se noyer. Il courut la secourir, dans son élan il enleva ses vêtements et ses chaussures. En voyant l’homme crawler vers elle, elle reprit espoir et il vit à travers son regard que ses yeux scintillaient. Dès l’instant où il l’a prise dans ses bras, il sentit la douceur de sa peau, elle s’agrippa à son cou. Une fois arrivés sur la terre ferme elle lui fit un baiser langoureux et tendre sur la joue. Elle lui expliqua que c’était un raton-laveur qui l’avait mordue sur une ancienne blessure à la jambe où elle avait perdu toute sensibilité. Ils retournèrent tous les deux au restaurant « L’Atlantique » et pour la réchauffer il lui proposa un thé à la vanille, assis côte-à-côte il lui caressa tendrement la main.

l'amour de jeunesse - - BTSMUC1

L’amour de jeunesse

 

Nous sommes en 2007, Carlos est étudiant à la FAC de Marseille. C’est dans ce cadre qu’il voit une nouvelle étudiante arriver.

 

Elle était belle, quand il la voyait marcher le long du trottoir vers la FAC, sur elle le soleil se pose et illumine son visage, un visage d’une déesse qu’il voit au loin.

En même temps, on ne peut que la remarquer, son sourire étincelant, son corps fin comme un mannequin qui défile, des cheveux soyeux.

Carlos est séduit par une telle beauté des îles, quand soudain leurs regards se croisent, c’était comme une évidence.

A chaque seconde que ses yeux se posent sur son corps, il ressent puissamment les battements de son cœur… il a le souffle coupé.

A cet instant, les personnes autour d’eux s’effacent et il sent comme des frissons qui le parcourent de part en part.

Plus la jeune fille se rapproche de Carlos, plus son trouble augmente jusqu’à trembler de tous ses membres.

Le visage de la beauté ressemble  à un mignon raton-laveur et le parfum qu’elle dégage plonge Carlos dans un bain de vanille… il est comme replongé dans la maison de ses grands-parents où sa mamie revisitait la recette de la bouillabaisse.

Grâce à sa démarche élégante et fluide avec ses chaussures transparentes, on pouvait la prendre pour la femme de Poséidon qui traversait l’Atlantique.

 

Perdu dans son regard  ils se bousculent épaule contre épaule, Carlos engage la discussion…

le jeu de l'amour - BTSMUC1

Le jeu de l’amour

               

 

 

Un jour, Benoit un homme ténébreux avec une chevelure et une barbe naissante, s’inscrit pour participer à une émission se déroulant dans un cadre idyllique. De l’autre côté de l’Atlantique Jesta une belle femme brune surprenante, décida, sur un coup de tête, de s’inscrire elle aussi à cette émission. Elle venait de vivre un échec amoureux qui l’a poussée à vouloir changer d’air. Ils sont tous deux sélectionnés pour participer avec 10 autres personnes à la même session.

                Trois mois plus tard le grand jour arrive les aventuriers et les organisateurs se retrouvent à l’aéroport Roissy Charles de Gaulle. Benoit arrive porte B tandis que Jesta franchit la porte A. les aventuriers s’avancent avec conviction, leurs regards se croisent et s’intensifient tout au long de leur échange, en parfaite symbiose, ils ne laissent place à aucune autre diversion. En effet  il ne reste plus qu’eux deux, leurs cœurs battent à l’unisson. Ils se retrouvent face à face, ils se disent bonjour ; Benoit est séduit par sa douce odeur de vanille. Ils commencent à parler de leurs vies, leurs parcours, de leurs passions avec d’autres aventuriers ainsi que des manques que l’émission va procurer. Jesta évoque l’éloignement difficile eu égard à sa collection de chaussures, Benoit  son terrain de foot, un autre aventurier Jérémy son raton-laveur. Il est l’heure de monter dans l’avion.

                *Eclipse*

                15 jours que l’émission a commencé, lors de la répartition des équipes Benoit et Jesta furent séparés, Jesta se retrouve avec Jérémy ce qui provoqua une pointe de jalousie chez Benoit. Jérémy était très fort à la pêche, il leur prépara de bon repas : une bouillabaisse.

                Le dernier jour de l’aventure ils se retrouvent et depuis ce jour ils deviennent inséparables. Le duo d’aventuriers bénéficie de l’amitié et de l’alliance avec Jérémy. Ce binôme arrive main dans la main en finale. Benoit est l’heureux gagnant du jeu et aussi de l’amour de Jesta.

 

coup de foudre au restaurant

GF

KG

 

 

Coup de foudre au restaurant

 

 

Comme tous les soirs, je prenais mon service au restaurant « L’atlantique » à 20h, le temps était agréable, une légère brise soufflait sur les palmiers. Je vis une femme toute de blanc vêtue, cheveux longs qui ne cessait de regarder sa montre d’un air agacé. Puis un homme vint, il portait sur lui un long manteau noir, je croyais, à tort, qu’il était attendu par la dame. Il s’installa et regarda lui aussi sa montre d’un air agacé. Après de longues minutes d’attente inutiles, ils se mirent à discuter sur la place illuminée.

 

Quelque temps plus tard, ils se dirigèrent vers le restaurant. Je les accueillis, puis leur demandais s’ils y venaient ensemble, ils répondirent simultanément qu’ils attendaient chacun une personne mais que cette dernière n’est pas venue. Je les ai accompagnés à leur table, je retournai à mon service, tout en gardant un œil avisé sur ces deux personnes. Leur table était située au fond du restaurant, légèrement à l’écart des autres clients. J’observais qu’un rapprochement se réalisait, du fait de leur position, les yeux dans les yeux, je sentais une étincelle dans leurs regards, ce qui laissait à présager que leur situation avait changé. Je revenais pour prendre leur commande. Mais ils ne surent faire leur choix, je leur ai donc conseillé la bouillabaisse à la vanille qui était notre plat du jour.

 

Je me rendis ensuite en cuisine pour faire suivre la commande, quand je revins dans la salle, je remarquais que les deux personnes étaient entrain de plaisanter, je me rapprochais alors d’elles afin d’en savoir plus, un point commun les unissait, le dessin, et que c’était pour cela qu’ils ont donc décidé de se défier pour voir qui allait reproduire le plus beau raton laveur. La femme prit un air nostalgique et triste et se justifia par la remarque suivante : « cela me fait penser aux toutes premières chaussures que ma grand-mère m’avait offertes à noël ». L’homme, afin de la consoler décida de la prendre dans ses bras. Je décidais donc de les laisser manger seuls. À la fin du repas, ils revinrent vers moi me remerciant pour le service, et quittèrent le restaurant main dans la main.

 

Des années plus tard ils revinrent au restaurant pour m’annoncer qu’ils décidèrent de se marier.

chaussure à la mer

L’AMOUR IMPOSSIBLE

 

            Timothée, le raton-laveur accompagné de son fidèle compagnon Michel le pêcheur, est parti depuis déjà plusieurs semaines pour son tour du monde en bateau

Traversant actuellement l’Atlantique, il ressentit un sentiment de solitude et se rendit compte qu’il n’avait toujours pas trouvé l’âme-sœur.

 

Quand tout à coup, Michel sortit de ses filets quelques vingtaines de poissons mais également Déodara la chaussure.

Lorsque Timothée arriva aux côtés de Michel, ce dernier fut si subjugué par la ligne impeccable de la chaussure, ses lacets parfaitement noués avec un élégant double nœud et une semelle sublime qu'il n’en crut pas ses yeux. Timothée et Déodora se lançaient des regards langoureux.

 

Malgré son odeur de bouillabaisse, Michel vint à la rescousse de Timothée le raton-laveur avec un spray parfumé à la vanille qui rendit l’atmosphère plus propice à ce coup de foudre inattendu. Les deux se sentirent très gênés par la situation mais leurs cœurs finirent par battre l’un pour l’autre.  Michel prit peur face à ce coup de foudre, qui pourrait affecter son amitié fraternelle avec Timothée donc il se rua sur Déodora, l’attrapa, et la jeta par-dessus bord ce qui la renvoya au fond de l’océan et loin de Timothée, son amour impossible.

Lectures - Podcasts 1ère L

La classe de 1ère L du lycée Marie-Curie à Versailles a le plaisir et le privilège de participer avec son professeur de Lettres Mme Martinez et Mesdames Peltier et Brandao, documentalistes, au 6e Prix littéraire des lycéens apprentis et stagiaires de la formation professionnelle en Ile-de-France

Les podcasts que vous pouvez écouter sur ce billet,  sont des extraits lus et choisis par les élèves, des livres qui ont été proposés pour notre département, les Yvelines 

 

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Sarocha, Andgélina, Camille, Luna

 

 

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Emma,Soren,Julie D.,Julie M., Méline, Justine, Marin, Charlotte (dans l'ordre de lecture)

 

 

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Baptiste, Amaury, Lohan, Laura, Lola, Manon, Camille Kenza (dans ordre de lecture)

 

 

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Eva, Inès, Lou, Julie, Gabriel, Théo ( dans l'ordre de lecture)

 

 

introduction musicale: Titre:Alphaphla, Auteur: SousLePont, Source:http://play.dogmazic.net/#albums.php?action=show&album=9016
communication et organisation externe avec les différents partenaires en vue d'organiser le prix littéraire au sein du lycée, enregistrements, photos
Nathalie Peltier, Ana Brandao, documentalistes

02 février 2017

bouillabaisse

Bouillabaisse…

 

Nous sommes en été. Etudiant en BTS MUC, Laurent passe ses vacances sur les bords de sable blanc de la Martinique. Sur un fond de Barry White et un soleil couchant, Laurent se prélasse. C’est de ce cadre que surgit une femme… 

 

Ce fut comme une apparition divine :

Elle était face au soleil, de tel sorte que Laurent aperçu les fines lignes de son corps. Le soleil se reflétait dans ses cheveux ondulés, telle des flammes crépitantes. Sa peau couleur dorée, absorbait les rayons du soleil. Son léger paréo flottait au vent, quand soudain, une bourrasque de vent le détacha de son corps mielleux. Une douce odeur de vanille parvint jusqu’à Laurent tout comme le paréo de la jeune femme. C’est à ce moment précis qu’elle se retourna et qu’elle plongea son regard dans celui de Laurent. Ce dernier resta figé face à la beauté de son visage félin. Ses yeux vert émeraude dégageaient une émotion telle, qu’il en eut le souffle coupé. Il ne distinguait plus le rêve de la réalité, dans l’éblouissement que lui envoyait la beauté de cette femme. On aurait pu la comparer à Aphrodite. D’un mouvement gracieux elle s’avança vers Laurent afin de récupérer son paréo. Ce spectacle était à ses yeux magnifique, la plus belle créature qu’il n’ait jamais vue, telle une Venus sortant de l’Atlantique sur fond de soleil couchant. Un raton-laveur attiré par l’odeur de la jeune femme, s’approcha de Laurent. Il lui prit des mains le paréo de la jeune femme et s’enfuit. Laurent courut après le fuyard, tout comme la jeune demoiselle. Laurent trébucha dans sa course, entrainant la belle inconnue. Ils rirent tous deux de cette péripétie et pour se faire pardonner, il invita la jeune femme au restaurant. Celui-ci était spécialisé dans la bouillabaisse…

Le travail Tanguy - 2e9 Pour quelques épis de blés...

8H55. Mon réveil sonna plus tard que d’habitude. J’étais content car au lieu d’aller à l’école, j’allais aujourd’hui avec la classe au musée. Pour moi, cette sortie était un cadeau venu du ciel. Louper ne serait-ce qu’une heure de cours était pour moi une immense joie. Il faut le dire, avec l’École, nous ne vivions pas le grand amour. Même si le musée n’était pas une grande source d’amusement, je pouvais au moins m’échapper pendant une demi-journée du lycée.

Le rendez-vous était fixé devant le parvis de l’établissement. Les copains m’y attendaient déjà. Une fois le rassemblement terminé, nous montâmes dans le bus. Pendant le trajet, le professeur de français nous rappela le but de la visite. Nous devions, de retour en classe, travailler sur les peintures réalistes.  Cette étude m’enchantait déjà…

Une fois arrivée au musée, la classe s’était scindée en plusieurs groupes.  Je m’étais retrouvé parmi les meilleurs. Ils m’énervaient. Je me sentais très bête à côté d’eux. Soudain, une petite femme est arrivée et s’est présentée. Elle nous expliqua qu’elle était une conférencière du musée et qu’elle allait nous faire la visite de l’exposition consacrée aux peintres réalistes. Ce n’était pas l’image que je m’étais fait d’un guide qui passait ses journées entières à expliquer le résultat de mélanges de couleurs sur une toile. Cette dernière, était très élégante, nous parlait avec des gestes très minutieux et ordonnés. En la regardant, je me suis dit que finalement, j’avais bien fait de me lever pour aller au musée.

Notre groupe se dirigea vers l’exposition, devancé par la guide. Je m’étais mis juste derrière elle. Sa voix était douce. Elle me réconfortait parmi ce monde de culture que je ne connaissais pas. Vinrent les tableaux. Tous ces peintres, Courbet, Millet, Breton, Corot, Fantin- Latour qui représentaient la réalité telle qu’elle était. Ils privilégiaient les classes ouvrières, les petits métiers dont ils faisaient des grands, la vie quotidienne. Nous avions commencé par Un enterrement à Ornans de Gustave Courbet. Je ne comprenais pas la contemplation et l'émerveillement des visiteurs. Pour moi, il n’y en avait pas, c’était un enterrement.

Les tableaux s’enchaînaient. J’avais du mal à suivre. Je ne comprenais pas la signification des couleurs, des perspectives, de l’ombre et de la lumière. Je ne comprenais pas le sens des tableaux, jusqu’à la toile suivante…

Trois femmes, un travail. La conférencière nous a demandé le titre de l’œuvre qui était apparemment très connue. Tout le monde avait le bras levé sauf moi. « Des glaneuses », a répondu une fille à la guide.  C’était exact. Une huile sur toile de Millet, peinte en 1857. Une question trotta dans ma tête. Qui étaient les glaneuses ? J’avais posé cette interrogation discrètement à la guide. Elle m’a souri. Les glaneuses étaient en fait de très pauvres femmes qui, pour vivre, ramassaient les épis oubliés après la moisson. " Un travail forcé, dur et fatigant, avait conclu la conférencière". J’étais très étonné. Elle avait commencé son explication, sans savoir qu’à la première vue de ce tableau, je fus traversé par une intense émotion. Après tout, n’était-ce pas le but des tableaux ? Tous les élèves prenaient des notes, sauf moi, toujours moi. Mon esprit réfléchissait, bourdonnait. Mon corps entier éprouvait de la pitié pour ces femmes. Accomplir ce maudit travail pour quelques épis de blé,alors que, sans travailler, je pouvais au moins toucher le RSA ou demander de l’aide auprès d’associations. Il fallait donc discerner l’emploi dans le travail et le travail tout court. Celui où l’on ne gagne rien ou illégalement. C’était des vastes notions que je me remémorais du programme de sciences sociales. Comme quoi l’École sert dans la vie. Et elle sert aussi pour l’avenir. J’étais persuadé que, maintenant, grâce à cette institution, notre vie serait meilleure. En effet, si je pouvais quand même toucher un peu d’argent, cela ne me suffisait pas pour avoir une vie décente. Toujours plus. Les glaneuses, elles , ne demandaient rien. Elles ramassaient les épis de blé, nécessaires à leur existence. Elles ne pouvaient rien faire de plus. Elles étaient  issues des classes paysannes et n’évoluaient pas dans un autre monde. Elles s’en contentaient. J’éprouvais de la pitié pour ces grandes dames. J’ai eu envie de les aider, de ramasser avec elles ces restes. Toucher la vie, l’espoir… Mais j’avais ressenti surtout le travail. Un mal de dos, des mains abîmées, une peau brûlée, voilà ce qu’il m’aurait fait. C’était un simple assassin. Je pouvais choisir, elles n’avaient pas choisi. La guide ne me parlait plus, mes yeux parlaient pour elle.

Trois gestes, elles faisaient trois gestes. Une répétition, une obsession. Se baisser, ramasser, se relever.  C’était leur travail, une infinité de trois mouvements. Comme j’aurais voulu les accompagner dans cette besogne, l’effectuer, prendre cette tâche ingrate pour les soulager, les récompenser. Mais ce n’était qu’un tableau. Certes,mais pour moi, un tableau vivant. Au dernier plan de ce dernier, se trouvaient des moissonneurs. Un travail rémunéré cette fois-ci, fait dans la joie et dans le bonheur. Le bonheur au travail, était-il possible pour les glaneuses ? La lumière blanche du fond du tableau contrastait avec l'obscurité du premier plan. Les femmes dans l'ombre. Ce pénible travail s'accentuait donc. Les champs de blé dorés, fraîchement coupés; la terre assombrie par la silhouette des glaneuses. Cette ligne entre la peine et la joie du monde paysan m'exaspérait. C'était un supplice, le tableau fut un supplice. J'avais changé, le tableau m'avait changé.

La visite était terminée. Le professeur qui passait de groupe en groupe m'a réveillé. Réveillé d'un rêve ou d'un cauchemar, je ne sais pas. J'étais tout seul. Les élèves étaient partis. Elle, moi, les trois femmes. Elle m'avait dit que ce n'était pas en étant perdu dans mes pensées, que le travail allait se réaliser. Je crois qu'elle se trompait...

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