Le classicisme en musique

Le Classicisme en musique

 

 

Portrait de Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791). Portait inachevé de Mozart au clavier. Huile sur toile de Joseph Lange (1751-1831) conservé au Mozart Museum, Salzbourg.

Le classicisme concerne une période d’environ 70 ans, de 1750 à 1820, qui suit la période baroque et  précède le romantisme auquel il est souvent opposé.

Cette période est dominée par ce que certains nomment « la sainte triade » du classicisme viennois : Haydn, Mozart et Beethoven.

Remettant en cause la complexité de la musique baroque, par ses polyphonies et ses ornements,  ils ont créé un style plus simple, associant clarté, mesure et équilibre.

 

Concernant les formes musicales, la période classique voit le triomphe de la forme sonate que l’on retrouve dans la sonate proprement dite mais également dans les quatuors (en général, deux violons, un alto, un violoncelle), les concertos (l’orchestre dialogue avec un instrument soliste, piano ou violon ou violoncelle, parfois deux instruments solistes, comme par exemple le concerto pour flûte et harpe de Mozart) et les symphonies (œuvre en 3 ou 4 mouvements jouée par tout un orchestre, instruments à cordes, à vents, percussions). Ces nouveaux genres musicaux seront utilisés pendant tout le XIXème siècle et encore au XXème siècle.

L’opéra italien quant à lui est remis en question par Gluck, puis par Mozart.

 

Cette époque voit aussi les musiciens moins dépendre de mécènes et accéder à une certaine indépendance. C’est Mozart qui ouvre la voie en ce sens.

Ludwig van Beethoven (1770-1827) par Antoine Bourdelle (1861-1929) Sculpture (1903. Bronze. H. 68 ; L. 34 ; P. 35. cm) installée au jardin du Luxembourg à Paris.

Le Sturm und Drang

 

Bien que le classicisme soit opposé au romantisme, on y trouve parfois l’expression de passions, influencée par le mouvement littéraire allemand  «Sturm und Drang» (Orage et passion) qui prônait la supériorité des passions sur la raison. C’est le cas en particulier dans certains quatuors et symphonies de Haydn ainsi que dans des opéras de Gluck et de Mozart.

Les caractéristiques du Sturm und Drang sont :

 

-        Rythmes féroces et diversifiés

-        Utilisation fréquente du  mode mineur (et de la dimension affective correspondante).

-        Goût pour le clair-obscur, les sonorités feutrées, les effets étranges

-        Récupération du contrepoint à des fins expressives.

 

 

 

Les nouvelles formes musicales

 

La musique instrumentale

 

Les principaux genres musicaux de la période classique sont, outre l’opéra, la symphonie, la sonate, le quatuor à cordes et le concerto, tous quatre de structures comparables composées de 3 ou 4 mouvements, et utilisant généralement les formes sonate et rondo.

La forme sonate

 

La forme sonate classique  repose sur l’utilisation de 2 tonalités et un découpage en 4 parties principales :

 

-        Exposition de 2 thèmes dans des tonalités différentes (par exemple tonalité majeure principale pour le 1er thème et tonalité de dominante correspondante pour le 2ème thème, ou tonalité mineure pour le thème principal et tonalité majeure relative pour le 2ème thème)

-        Développement (variation) des 2 thèmes précédents.

-        Réexposition des 2 thèmes dans la tonalité principale.

-        Puis coda pour conclure.

 

On retrouve cette forme sonate dans la plupart des premiers mouvements des œuvres de musique de chambre  et des symphonies de l’époque classique, puis de l’époque romantique.

Mais rien de systématique bien sûr, les compositeurs ayant toute liberté,  et en usant largement …

 

Voici un exemple de forme sonate : Le 1er mouvement de la 5ème symphonie de Beethoven 

 

https://www.youtube.com/watch?v=8QUHL0cT7-g&feature=youtu.be

 

 

 

 

La forme Lied (chant en allemand : un lied est un poème mis en musique. Chant et piano.)

 

La forme Lied est une structure à 2 thèmes A-B-A, suivis d’une Coda. Chacun des thèmes A et B  pouvant être lui-même simple ou de structure a-b-a’.

 

 

 

Le menuet et le scherzo

 

Dans les sonates, symphonies et œuvres de musique de chambre classiques, le 3ème mouvement (quelquefois le 2ème) est souvent constitué d’un menuet ou d’un scherzo.

 

Nous avons rencontré le menuet dans les suites et partitas de la musique baroque.

Comme la danse dont il est originaire, le menuet-baroque se caractérise par un rythme à 3 temps dans lequel le premier temps est nettement  marqué. Il présente alors une structure binaire, organisé en 2 parties avec reprise,  de la forme AABB,  suivie d’un double de même forme CCDD, appelé trio. Ce trio doit son nom au fait qu’au temps de Lully (au XVIIème siècle), il était écrit à trois voix,  contrastant avec le 1er menuet par une orchestration plus légère et un caractère souvent plus mélodique.

 

A l’époque classique,  le menuet baroque s’intègre aux nouvelles formes classiques telles que la sonate, le quatuor, la symphonie, sous le nom de menuet-trio, en évoluant dans sa forme. Il devient ternaire avec reprise, de la forme menuet/trio/menuet : AABB-CCDD-AB.

 

Voici  à titre d’exemple, le menuet de la petite musique de nuit de Mozart :

 

 https://www.youtube.com/watch?v=YJRtU-b3eHQ

 

et pour le plaisir le 1er mouvement https://www.youtube.com/watch?v=1aBlTBzDomo

 

A partir de Beethoven le menuet est souvent remplacé par un scherzo.

 

Le terme de scherzo (de l’italien « plaisanterie ») était déjà utilisé par Monteverdi (XVIème siècle) pour désigner des pièces de style léger à trois voix avec instruments, mais c’est Beethoven qui crée le scherzo moderne en l’introduisant dans ses œuvres à la place du menuet.

Le scherzo est de forme analogue au menuet mais est plus rapide et plus vif  que celui-ci. Il peut aussi prendre des formes plus complexes, par exemple : menuet-trio1-menuet-trio2-menuet-coda.

 

Le scherzo deviendra  une pièce à part entière avec les romantiques tels que  Chopin, Brahms, puis plus tard avec Stravinsky, le plus célèbre scherzo du XIXème siècle étant sans doute « L’apprenti sorcier » de Paul Dukas.

 

 https://www.youtube.com/watch?v=jNaNDXyXRFo

 

La forme rondo

 

La forme rondo est une structure à plusieurs sections dont l’une revient épisodiquement, ce que l’on peut schématiser par A-B-A-C-A.

Les  «épisodes»  B et C, sont généralement dans des tonalités différentes de celle de A, qui est jouée chaque fois dans la tonique.

Un rondo peut avoir une structure plus complexe dans la mesure où chaque épisode (B, C) peut lui-même prendre une forme complexe (de type X-Y-X par exemple).

 

La forme rondo est couramment utilisée dans les derniers mouvements de sonates, quatuors, concertos et symphonies.

 

Exemple de  rondo : Le 3ème  mouvement de la sonate pour piano n° 8 « pathétique »  de Beethoven :

                         https://www.youtube.com/watch?v=3mp6-bLEgcw

 

La forme  « thème et variations »

 

Cette forme consiste en l’exposé d’un thème, suivi de variations sur ce thème obtenues selon divers procédés dont :

-        Ajout de fioritures mélodiques et rythmiques, et superpositions contrapunctiques.

-        Modification d’éléments du thème (mélodiques, harmoniques, rythmiques).

-        Transformation radicale du thème en isolant et amplifiant ses cellules mélodiques.

 

Exemple de  thème et variations : Le 1er mouvement de la sonate n° 12 «marche funèbre»  de Beethoven :

  https://www.youtube.com/watch?v=XWCtihHdmxU

 

 

La sonate

 

Le terme de sonate a d’abord été utilisé à l’époque baroque pour désigner des œuvres purement instrumentales fort différentes les unes des autres (sonata da chiesa en 4 mouvements, sonata da camera en suite de danses). Pour Scarlatti, le terme désignait des pièces courtes, isolées, écrites pour le clavecin.

 

A l’époque classique, apparait la sonate dite « d’école » dont la forme la plus académique comporte 3 mouvements :

-        Un premier mouvement vif de forme sonate.

-        Un deuxième mouvement lent de forme A-B-A (forme « Lied »), c'est-à-dire comportant un premier thème, une partie centrale libre (développement ou 2ème thème)  et la reprise du 1er thème suivie d’une coda.

-        Un troisième mouvement de forme rondo.

 

Cette configuration  est en fait rarement utilisée de manière aussi rigoureuse, les compositeurs utilisent assez souvent en lieu et place de l’un des mouvements décrits, une autre forme musicale : Haydn et Mozart ont souvent utilisé pour le 3ème  mouvement la forme sonate à la place de la forme rondo. De même, on peut rencontrer  la forme «rondo» ou la forme «thème et variations» pour le 2ème ou le 3ème mouvement.

 

Parmi les plus belles sonates classiques, citons :

 

Mozart : Les sonates pour piano n° 8, 14, 16, 17, la sonate pour violon et piano K526

https://www.youtube.com/watch?v=x7xPIyePmNk

 

ou cette sonate N° 40 : https://www.dailymotion.com/video/x5irdxv

 

Beethoven : Les sonates pour piano n° 8 (pathétique), 14 (Clair de lune), 17 (la tempête), 21 (Waldstein), 23 (appassionata), 26 (Les adieux), 29 (Hammerklavier), les sonates pour violon n°5 «printemps», n°9 «à Kreutzer».

 

 https://www.youtube.com/watch?v=fEjvmzJ5w_U