Hector Berlioz : La création de la Symphonie fantastique en 1830

1830, Hector Berlioz : Création de la Symphonie fantastique

Berlioz est également reconnu en tant que chef d’orchestre. Après que Franz Liszt a suscité l’enthousiasme autour des opéras de Berlioz en Allemagne, le compositeur français est amené à composer en 1858 Les Troyens, opéra qui constitue le point culminant de son œuvre

La création de la « Symphonie fantastique », le 5 décembre 1830, est sans doute l’évènement le plus important de la vie musicale de Berlioz. 

Hector Berlioz est un compositeur français du XIXème siècle se rattachant au mouvement romantique. Compositeur, chef d'orchestre et critique français (La Côte-Saint-André 1803 - Paris 1869)

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Après avoir appris les rudiments de la musique (flûte, guitare, flageolet), Berlioz lit des traités d’harmonie (notamment celui de Rameau ) et compose ses premières pièces. Au cours de ses études scientifiques, il étudie les œuvres musicales de la Bibliothèque du Conservatoire ; il quitte l’école de médecine de Paris en 1823 pour entrer au Conservatoire dans la classe de composition de Lesueur. En 1827, Berlioz participe au concours du prix de Rome mais échoue trois années consécutives. Il le remporte en 1830 avec sa cantate Sardanapale. La même année, il compose la Symphonie Fantastique, œuvre incomprise qui fait scandale parce qu’elle constitue le point de départ de la musique à programme (ou musique descriptive).

Berlioz continue à écrire durant son séjour en Italie (Lélio ou le retour à la vieHarold en Italie ) et se fait d’autant plus connaître en devenant critique musical. Il se met à voyager dans toute l’Europe, où ses œuvres rencontrent un accueil plus favorable qu’en France, et connaît enfin le succès à Paris avec le Requiem (1837), puis avec la Damnation de Faust, en 1846.

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1830, Hector Berlioz : Création de la Symphonie fantastique

La création de la « Symphonie fantastique », le 5 décembre 1830, est sans doute l’événement le plus important de la vie musicale de Berlioz. 

Au début de l'année 1830, voici environ un an que Berlioz pense à une grande œuvre. Après les Scènes de Faust qu'il a composées suite à sa découverte de l'ouvrage de Goethe, il écrit à un ami qu'à présent qu'il a brisé le frein de la routine, il voit se dérouler un champ immense, dans lequel les règles scolastiques lui défendaient d'entrer jusqu'ici. A présent qu'il a entendu "cet effrayant géant Beethoven", il sait à quel point en est l'art musical, il s'agit de le prendre à ce point-là et de le pousser plus loin. 

"Il y a du neuf à faire, écrit-il, et beaucoup, je le sens avec une énergie extrême." Mais quelque chose l'empêche, le bride, une souffrance hors du commun : voici plusieurs années qu'il éprouve une passion (non partagée) pour une actrice irlandaise, qu'il a vue jouer Ophélie dans Hamlet et dans Roméo et Juliette, de Shakespeare.

Depuis le 11 septembre 1827, où Berlioz a vu Harriet Smithson jouer le rôle d'Ophélie dans Hamlet de Shakespeare, le compositeur a conçu pour l'actrice une passion foudroyante. Il a tout essayé pour entrer en contact avec elle, il s'est posté devant le théâtre pour la regarder passer, il lui a écrit, il s'est lié avec son impresario pour qu'il veuille bien l'amadouer ; un moment, il a cru qu'elle accepterait au moins de l'écouter ou de lire ses lettres, mais finalement non, elle est partie, en Hollande puis en Angleterre, et sans lui laisser aucun espoir. Sur le plan professionnel, à la même époque, Berlioz, qui a déjà échoué 3 fois au Prix de Rome, doit absolument se faire connaître pour entrer dans la carrière. C'est dans ce but qu'il décide de donner un concert en mai 1830, au théâtre des Nouveautés. Il prépare pour cela "l'immense composition instrumentale d'un genre nouveau", dont il a déjà parlé à ses amis. 

Pendant plusieurs mois entre février et avril 1830, Berlioz couche sur le papier sa Symphonie fantastique. Elle est bien avancée lorsqu'il fait la connaissance de Camille Moke, une brillante jeune pianiste qui donne des cours dans l'institution où lui-même est professeur de guitare. Alors qu'il tâchait d'oublier Harriet Smithson, ce nouvel amour tombe à pic ! Et Camille, elle, aime Hector ! C'est même elle qui la première lui a fait sa déclaration. Elle est talentueuse, brillante, et ravissante ! Le jeune homme s'enflamme à nouveau. Il y a un peu de résistance de la part de Mme Moke, la mère de Camille, qui ne voit pas un mariage d'un très bon oeil, mais il en a vu d'autres, et il essaye de mettre toutes les chances de son côté. Malheureusement le concert du mois de mai ne pourra pas se faire ! L'orchestre n'est pas assez nombreux, la salle est trop petite, et il y a le même jour à Paris plusieurs concerts qui lui auraient enlevé tout son public. Mais d'une part il a pu entendre sa musique aux répétitions, et d'autre part, comme le concert a été annoncé, tout le monde attend son œuvre avec impatience.

"M. Berlioz a tenu parole : sa symphonie fantastique est un véritable roman musical"

Le 5 décembre 1830, le tout-Paris est là  pour assister à la première de la Symphonie fantastique.

Au lendemain du concert, le Figaro fait au compositeur l'honneur d'un petit encart : "M. Berlioz a tenu parole : sa symphonie fantastique est un véritable roman musical. Cette composition est la bizarrerie la plus monstrueuse qu'on puisse imaginer. Nous essaierons d'en rendre compte. Disons, en attendant, que le succès en a été complet. Cinq ou six salves d'applaudissements et des trépignements d'admiration ont dédommagé M. Berlioz des obstacles sans nombre dont la routine a hérissé les premiers pas de sa carrière."

"Il n'y a jamais eu qu'un homme capable de faire un pareil morceau, c'est Beethoven ; c'est prodigieux !"

Berlioz écrit à son père le lundi 6 décembre 1830 : "Mon cher papa, Je n'ai le temps de vous écrire que 6 lignes ; mon concert a eu lieu hier avec un succès extraordinaire. La Symphonie fantastique  a été accueillie avec des cris, des trépignements ; le public a redemandé la Marche du supplice ; mais comme il était très tard et que le Songe d'une nuit du sabbat est un long morceau, Habeneck (le chef) n'a pas voulu recommencer ; on a fait observer que ce serait trop, et on n'a pas insisté…Pixis, Spontini, Meyer-Beer, Fétis ont applaudi comme des furieux, et Spontini s'est écrié en entendant ma Marche du supplice : "Il n'y a jamais eu qu'un homme capable de faire un pareil morceau, c'est Beethoven ; c'est prodigieux !". Pixis m'a embrassé, et plus de cinquante autres.   Liszt le célèbre pianiste m'a pour ainsi dire emmené de force dîner chez lui en m'accablant de tout ce que l'enthousiasme a de plus énergique."

 

https://www.youtube.com/watch?v=5HgqPpjIH5c