1. Kuniyoshi, le démon de l'estampe.

L'entrée de l'exposition présente le Japon et le dessinateur Utagawa KUNIYOSHI (1797-1861) en mettant en avant leur influence sur les tatouages et les mangas, mais aussi sur les artistes français comme Auguste RODIN ou Claude MONET. On pense que cet artiste aurait réalisé plus de 10000 estampes.

En France, on connaît surtout HOKUSAI et sa célèbre Vague(1) mais KUNIYOSHI prouve son talent tout au long de cette exposition.

On appelle estampe un dessin en couleurs, qui grâce à  des supports variés tels que le bois, la pierre ou le métal, peut être reproduit en grande quantité.

Les estampes sont toutes très impressionnantes. Elles illustrent pour beaucoup d'entre elles des romans et mettent en scène des personnages héroïques.

On y trouve des guerriers en tous genres qui affrontent des monstres ou des animaux géants ou encore des personnages surnaturels.

Les parties les plus célèbres sont celles consacrées au Cent-huit héros du célèbre roman chinois traduit en japonais Au bord de l'eau :

ou encore aux quarante-sept rônin, les samouraï sans maître.

Une partie de l’œuvre est consacrée aux caricatures qui montrent aussi la diversité du talent de l'artiste. Ces caricatures permettaient de contourner la censure. Afin de préserver la morale, elle interdisait la représentation de certains types de personnes, comme les prostituées ou les héros contemporains.

On trouve aussi une place pour le théâtre  : le kabuki. Du grand spectacle très populaire, avec un jeu codifié, des masques(2) et de la musique.

2. L'estampe visionnaire de Redon à Goya

La seconde partie de l'exposition revient sur les artistes européens du XIXe siècle. Sont mises en avant des œuvres fondatrices comme Le Cauchemar de Johann Heinrich FÜSSLI (1741-1825).

Le travail d'Eugène DELACROIX (1798-1863) vient illustrer notamment la pièce de GOETHE : Faust. Il offre une des plus célèbres visions du démon Méphistophélès.

Au détour d'une allée, vous retrouverez des gravures de Gustave Doré(3) ou de John MARTIN,  ou bien vous croiserez le Stryge de Charles  MERYON (1821-1868)

avant de voir les livres ou des affiches d'époque.

A travers ces illustrations, c'est le goût d'une époque qui s'exprime, le romantisme et le symbolisme vont tous deux puiser dans le fantastique pour exprimer ce qui leur correspond le mieux. Ils interrogent à leur façon la réalité. Chez Odilon REDON (1840-1916), malgré sa vision du noir, on trouve une forme d'humour sympathique dans les aspects de ses créatures fantastiques.

De l'humour, il y en a aussi chez Michel DELAPORTE (1806-1872) avec son Alphabet diabolique en ombres chinoises (1836) :

Cette exposition très riche est donc un invitation à découvrir des œuvres belles, surprenantes ou effrayantes qui montrent tout l'intérêt des mondes imaginaires dans notre quotidien.


N. THIMON

NOTES :

1 : Voir DÉPEINDRE LES QUATRE ÉLÉMENTS 1/4 : Un homme à la mer !

2 : Voir BAS LES MASQUES 1/3 : Mascarade.

3 : Voir L'imaginaire au pouvoir, compte rendu.