L'île des morts (il en existe quatre versions) du peintre suisse Arnold BÖCKLIN (1827-1901) ne représente pas l'enfer, mais tout au moins quelque chose qui ressemble à son entrée. Certains motifs connus s'y retrouvent : la grande étendue d'eau rappelle les fleuves infernaux, le bateau qui glisse lentement évoque Charon le passeur, la silhouette blanche et fantomatique qui se dresse n'est pas sans rappeler les morts. Retrouvez d'autres commentaires dans l'article LE POINT SUR LES ÎLES 1/4 : L'île des mystères. Impossible de citer toutes les œuvres qui s'inspirent de ce tableau fascinant, mais une fois en tête, on le retrouve partout.


Version de 1883 exposée à la Alte Nationalgalerie de Berlin

L'époque contemporaine n'a pas fini de remanier l'enfer, à travers des exemples réservés à un public plus âgé. Joseph CONRAD (1857-1924) dans son roman Au cœur des ténèbres (1925 en français) donne sa propre vision de l'enfer, dans une Afrique colonisée ; le récit est adapté par Francis FORD COPPOLA (1939-) dans Apocalypse Now !(1979) qui transpose l'histoire lors de la guerre du Vietnam (voir aussi C'EST L'APOCALYPSE ! 3/3, mai 2015). Dans les deux versions, un homme remonte un fleuve en quête d'une « âme perdue ». Dan BROWN, après le succès de Da Vinci Code relance son personnage Robert Langdon dans les enquêtes religieuses et historiques dans Inferno. La bande dessinée Hellboy  de Mike MIGNOLA adaptée au cinéma par Guillermo DEL TORO rénove la vision du diable avec son héros aux cornes sciées. Laurent GAUDÉ, dans son roman La porte des enfers (2008) montre la quête désespérée d'un père pour ressusciter son fils.


Si l'enfer est une chose à craindre pour certains, pour d'autres, il constitue aussi une source artistique et inépuisable de récits, d'illustrations et de réflexions. Comment comprenez-vous alors la phrase du philosophe français Jean-Paul SARTRE (1905-1980) « L'enfer c'est les autres » ? (Huis clos, 1944).


Et le mois prochain, vous lirez : "Cœur d'homme, peau de bête", quand l'humain devient animal...

N. THIMON