Le jardin d'Eden, décrit dans la Bible
Dans ce passage, on retrouve une cartographie de la Mésopotamie, lieu de l'actuel Irak, avec des fleuves identifiables et réels. Néanmoins, contrairement à une idée très répandue, l'Homme est placé dans ce jardin pour le cultiver. Le mot "paradis" a pour lointaine origine un mot persan "pardez" qui désigne un jardin ou un enclos. Un cadre végétal, isolé, préservé et protégé, certes, mais qui n'est pas sauvage, il a un propriétaire et il est entretenu. Le mot a fini par renvoyer au séjour des bienheureux et reste associé à toutes sortes de valeurs positives dans le langage courant.
La Terre ou Le Paradis terrestre (1607-1608) de Jan BRUEGHEL l'Ancien (1568-1625), exposé au Musée du Louvre, montre les animaux variés qui vivent ensemble sans chercher à se nuire. Le mal, la violence et la mort n'ont pas encore leur place en ces lieux.
Observez aussi le célèbre tableau de Jérôme BOSCH (1453-1516) : Le Jardin des Délices terrestres (1500-1505). Sur ce triptyque (œuvre en trois parties), les deux premiers panneaux montrent un lieu très coloré dans lequel les personnages vivent en bonne entente. Ceux qui ont la chance de le voir en vrai au Musée du Prado à Madrid, se rendent compte de ses dimensions et de ses couleurs tout à fait étonnantes.
La partie sombre, à droite, représente l'Enfer ; pour plus de détails, reportez-vous à l'article publié à ce sujet : DESCENTES AUX ENFERS 1/4.
Le poète anglais John MILTON (1608-1674), avec son poème épique Le Paradis perdu (1667) a livré parmi les plus belles pages sur ce thème. Prenant pour modèle les génies de l'Antiquité comme le Grec HOMÈRE ou le Latin VIRGILE, il a rédigé ainsi une œuvre qui est encore aujourd'hui une référence absolue. A travers les douze parties de son poème, il raconte la création du monde, la chute des anges rebelles, la création d'Adam et Eve, la tentation, etc. Joseph HAYDN (1732-1809) avec son oratorio intitulé La Création (1798) (voir AU MATIN DU MONDE 1/3 :Récits de création, a. Le chaos des origines) s'est entre autres inspiré de lui.
Un extrait du Paradis perdu de John MILTON : la description du Paradis.
Dans cette scène, le poète montre comment Satan, plein d'envie, se rend au jardin pour y introduire le mal. Il se trouve alors face à un lieu charmant, luxuriant, coloré, agréable, "qui inspire au cœur des délices et des joies printanières, capables de chasser toute tristesse".
De nos jours, c'est l'auteur pour la jeunesse Philip PULLMAN (1946-), dans sa trilogie À la Croisée des Mondes (1995-2000), qui a su faire revivre le texte de MILTON. Le titre original de la série, His Dark Materials, est une citation du Paradis perdu : "Unless th' Almighty Maker them ordain His dark materials to create more Worlds" : "à moins que le tout-puissant Créateur n’arrange ses noirs matériaux pour former de nouveaux mondes". Dans ses romans de fantasy, Philip PULLMAN explique l'existence de mondes parallèles que les personnages principaux Lyra et Will, avec leurs daemons(1), apprendront à traverser (2). Dans ces univers, on rappelle souvent la présence de Dieu, on verra notamment évoluer des anges et Lyra est surnommée Eve par la prophétie des Sorcières. Cette même Lyra, dans un cadre naturel, aura l'occasion de montrer son amour à Will et le sort du monde en sera changé.
Les fautes vous seront révélées dans AU MATIN DU MONDE 2/3 : LE PARADIS SUR TERRE, c. Eve et Pandore, la fin des jours heureux
Le mois prochain vous lirez LES UTOPIES, DES MONDES MEILLEURS ?
NOTES :
1: Le mot vient du grec daimon, daemon ; un esprit protecteur, avant de désigner un esprit malveillant.
2 : Certains de ces mondes font penser au nôtre, qui aurait évolué différemment. C'est la raison pour laquelle ils avaient été évoqués dans notre article sur les uchronies (voir SCIENCE ET FICTION 3/5: À tous les temps b. L'irréel du passé).
N. THIMON