histoire géographie

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mars 2017

Chapitre 2 La Mondialisation, fonctionnement et territoires : les espaces maritimes, approche géostratégique

dans la catégorie TS Géographie

IV. Les espaces maritimes : approche géostratégique
A) Une mondialisation qui accroît le rôle géostratégique des E.M.
B) Des espaces reflétant la hiérarchie des puissances
C) Des espaces au cœur des tensions internationales


Délimitation du sujet :

► Les mers et les océans occupent les ¾ de la surface terrestre. S’ils ont été traditionnellement utilisés pour la pêche, la navigation, ils sont de plus en plus exploités à l’échelle mondiale. Aujourd’hui on utilise l’expression «espaces maritimes» considérant que les mers et les océans ne forment plus qu’un ensemble, un vaste espace qui est davantage différencié en fonction de son intérêt économique et stratégique que par sa simple localisation sur le globe. C’est donc la mondialisation qui conduit à utiliser un terme globalisant.

► Le terme « géostratégie » est souvent associé à celui de géopolitique. L’analyse géopolitique de ces espaces s’attache à définir l’enjeu qu’ils représentent dans la compétition, la rivalité de pouvoir entre Etats. La géostratégie désigne des processus de maîtrise ou de domination de territoires qui déboucheraient sur un conflit d’intérêts. La géostratégie peut donc être définie comme une partie d’un ensemble plus vaste, la géopolitique des espaces maritimes.

 

Pb : Pourquoi ces espaces sont-ils si convoités par les Etats ? Quels sont les enjeux liés à leur contrôle et à leur maîtrise ?

Introduction :

La maîtrise des mers et des espaces océaniques est l’un des principaux défis à relever pour les Etats du monde pour la sécurisation des voies commerciales, pour la protection de l’approvisionnement énergétique, tant à la source qu’en transit. L’accès aux matières premières, aux débouchés commerciaux, dépend essentiellement de la liberté et du développement des routes maritimes qui structurent l’économie mondiale. Ces espaces sont une bonne illustration de la mondialisation puisque, bien que maritimes et finalement peu habités, ils sont au cœur de celle-ci.

A) Une mondialisation qui accroît le rôle géostratégique des E.M.

1) Les passages stratégiques
* Voir carte manuel p. 281 : essentielle pour réviser cette partie

► Il existe de véritables carrefours, où s’entrecroisent de multiples routes régionales et internationales :
- telles les Caraïbes, la Méditerranée et la mer de Chine du Sud.
- Près d’un cinquième de la consommation mondiale de pétrole transite par le détroit d’Ormuz qui est l’un de ces points de passages fondamentaux.
- De même, les détroits de Malacca et de Singapour (+ de 75000 passages par an ), points de passage très fréquentés entre Pacifique et Océan Indien, sont devenus cruciaux pour les économies du Japon, de la Chine et de l’Asie du Sud-Est, pays très dépendants des mouvements de pétrole et du commerce maritime pour leur développement économique.
- Les canaux de Panama ou Suez (20000 Navires par an), véritables portes océaniques, constituent également des maillons sensibles des routes maritimes.


► Ces détroits et canaux peuvent être l’enjeu de revendications et oppositions entre états limitrophes. Une porte peut être ouverte ou fermée à la navigation, ou présenter des entraves de la même manière pour un détroit.
Il peut s’agir d’une action délibérée de la part d’un État (détroit d’Ormuz que l’Iran a déjà menacé de fermer par le passé, donc présence marine américaine pour protéger les navires) ou celle d’autres acteurs (pirates).


 

2) L'apparition de nouvelles routes ?

► Les changements climatiques conduisent à modifier progressivement l’état de l’océan Glacial Arctique. Des zones non navigables une partie de l’année le deviennent entre le Canada et la Russie depuis 2006 et la route du Nord-Ouest est empruntée depuis 2009 (Côté Groënland vers le Canada). La route sera totalement ouverte quand la banquise aura fondue vers 2070 : d'où un voyage entre Europe et Asie beaucoup plus rapide.

[Même si les distances entre les ports sont réduites en passant par l’Arctique plutôt qu’en transitant par Panama ou Suez, on est encore loin de l’exploitation commerciale. Le passage par l’Arctique n’est pas régulier, ce qui ne convient pas aux exploitants de porte-conteneurs. La navigation demeure dangereuse et nécessite des bateaux spécialisés très chers à construire. Les coûts de péage imposés par la Russie sur la route maritime du Nord-Est sont trop élevés pour que cette voie soit déjà rentable. Donc le trafic reste faible pour le moment]


B) Des espaces reflétant la hiérarchie des puissances


1) Une présence militaire renforcée

► Les navires qui confèrent une puissance navale indiscutable sont les porte-avions nucléaires. Les portes-avions américains peuvent accueillir 80 Avions, les chinois, 30 à 40. Les Etats-Unis sont les principaux détenteurs de porte-avions dans le monde (14 en 2013, la France et la Chine n’en possèdent qu’un pour le moment). La Russie est la deuxième puissance navale, concurrencée par la Chine dont le budget défense augmente. Autre arme importante pour être une puissance navale : le sous-marin nucléaire. Les Etats-Unis ont le plus d’engins et ceux qui ont la plus grande portée (2000 Kms). La France en a 4 et devrait en avoir 6 mais d’une portée de 1000 Kms.

► Mais la puissance navale se mesure aussi en fonction de la rapidité d’intervention, il faut donc être «installé» sur toutes les mers et océans. Les Etats-Unis sont leader grâce aux portes avions mais aussi aux territoires américains dispersés sur les îlots dans le monde (Archipel d'Hawaï mais pas seulement). La France est aussi très bien implantée car ses possessions d’outre-mer lui assurent aussi une présence mondiale, mais sa force de frappe n’est pas assez conséquente. Pour le moment les Etats-Unis dominent, mais les autres grandes puissances navales sont : la France, la Chine, l’Inde, la Russie, la Grande Bretagne et le Brésil.
► Les flottes militaires sont utilisées lors des conflits locaux, après demande d’intervention internationale mais assurent aussi la protection des marines marchandes parfois sur les principales routes maritimes.

2) Des espaces dangereux

► La piraterie est un phénomène qui devient de plus en plus préoccupant tant pour ses conséquences politiques (stabilité des Etats, équilibres régionaux) qu’économiques (incidences commerciales et financières). Selon OMI* : depuis an 2000, 3500 actes de piraterie. Les pirates s’emparent des marchandises ou retiennent les équipages en otage contre rançons.

► La piraterie est développée dans les passages stratégiques : détroit de Malacca, Mer de Chine, ou Golfe d’Aden au large de la Somalie ( 50 bateaux y passent par jour, principale route maritime pour l'Europe ) qui concentre plus de 50% des actions de piraterie : en 2010, 219 bateaux attaqués et + de 1000 marins pris en otage.

► La piraterie est réapparue massivement au lendemain de la Guerre froide, surtout à cause de l'insuffisance de l'ordre régional et des faiblesses ou des tactiques des Etats. Cela explique la permanence de bandes armées semi-professionnalisées, parfois placées sous la protection d'hommes politiques locaux influents pour lesquels elles jouent aussi le rôle de milice privée.


3) Une gouvernance inexistante
► Ces actes de piraterie sont très révélateurs de l’incapacité de contrôle des Etats et de la mauvaise qualité de la régulation des espaces internationaux. Depuis 2008, il existe des tentatives de mise en place de mesures internationales : UE a mis en place la « mission Atalante » : lutte contre piraterie au large des côtes somaliennes avec flotte de 10 pays européens qui protègent navires marchands à destination ou provenance de UE (escorte des paquebots, protection des marchandises et équipages).

► Au point de vue de la régulation commerciale, u
ne gouvernance mondiale se met cependant en place : l’Organisation Maritime Internationale (OMI), basée à Londres (dépendante de ONU). Elle est en charge des réglementations. Mais elles sont difficiles à faire appliquer car il existe des pavillons de complaisance donc difficile de retrouver les flottes internationales.


C) Des espaces au cœur des tensions internationales


1) Des rivalités pour s’approprier l’espace maritime

► Les espaces maritimes sont la quasi-propriété des états. En effet, en 1982 sont créées les ZEE (= Zone économique Exclusive, appliquées depuis 1994) par ONU dans Convention des Nations Unies sur le droit de la Mer (CNUDM) lors de la conférence de Montego Bay (Jamaïque) = Chaque état côtier possède une ZEE soit une bande cotière de 20 milles marins (= 37 Kms) dans un ensemble plus vaste de 200 milles au large (= 370 kms) sur laquelle il exerce sa souveraineté (ce qui correspond généralement au plateau continental). Il peut donc disposer des ressources (pétrole, pêche,…) dans cet espace maritime.

Deux pays qui ont plus les plus grandes ZEE : Etats-Unis = 11.35 Millions de km² (ils n’ont pas ratifié la CNUDM) et la France avec 11 millions de km² (métropole + DROM-COM).

► Certains espaces maritimes sont revendiqués par différents pays car assez proches donc cela provoque des tensions ou des conflits entre Etats voisins. On compte environ 70 espaces maritimes conflictuels, et il existe un tribunal international du droit de la mer (TIDM) à Hambourg.

Ex. : En Arctique, la richesse du sous-sol marin conduit à de fortes rivalités entre Etats-Unis, Russie, Canada, Danemark avec Groenland et Norvège (drapeau russe planté sous le pôle Nord en 2007 et demande à ONU d’une ZEE de 1 million de km² ).

Ex : en Mer de Chine, nombreuses tensions entre Chine et Corée du Sud, Japon ou Taïwan ou encore exemple des îles Spratley revendiquées par Chine, Vietnam, Philippines, Malaisie, Brunei.

2) Des espaces surexploités et fragilisés

► Les espaces non inclus dans les ZEE (« haute-mer ») sont les eaux internationales, donc libres d’accès et d’exploitation car appartenant à tous. Ce sont donc des espaces convoités et particulièrement vulnérable en l'absence de toute régulation internationale.

► Les fonds marins sont de plus en plus occupés pour assurer des flux (câbles pour le numérique, oléoducs, gazoducs).

► Les eaux internationales fournissent aussi des ressources :

- Les ressources maritimes sont variées : les ressources halieutiques (pêche) sont de plus en plus exploitées. La pêche représente 90/100 Millions de tonnes /an, elle a multiplié par cinq les espaces de pèche depuis les années 50. En Atlantique Nord ou dans le Pacifique, les bateaux-usines traquent les ressources de plus en plus en profondeur, mettant en danger la biodiversité déjà malmenée par le réchauffement climatique. On parle de surpêche.
Des mesures peuvent être prises au niveau international par ex. : pêches à la baleine ou au thon rouge interdites, pêche à la morue interdite au large du canada.

Principales zones de pêche : Ouest Amérique, Est Asie, Nord Ouest Europe.

► La majorité des futures zones d’exploitation d’hydrocarbures est off-shore, les fonds marins auraient 1/3 des ressources. Deux réserves importantes ne sont pas encore exploitées (au large des deux Guyanes dans l'Atlantique et dans l’océan Arctique ).

- Mais dans l'Arctique, les enjeux économiques liés à l’exploitation des ressources en hydrocarbures et à l’ouverture de nouvelles routes commerciales du fait de la disparition progressive de la banquise font peser de graves menaces sur l’équilibre écologique et sur les modes de vie traditionnels des populations autochtones.

► Les fonds marins sont aussi riches en minerais (dans des nodules polymétalliques : manganèse, cobalt, cuivre, nickel) qui pourraient être exploités (quand la technologie permettra l'extraction à de grandes profondeurs).

► La pollution est de plus en plus importante : elle peut être spectaculaire quand une marée noire est provoquée (ex : en 2010 explosion d’une plateforme pétrolière de BP ( FTN Britannique ) dans le golfe du Mexique), mais il existe aussi une pollution plus courante et moins spectaculaire par la pratique du dégazage des bateaux (donc augmentation du taux de métaux lourds dans mer) ou le rejet des déchets non biodégradables (« mers de plastiques »).


Pour réviser :

http://www.education-et-numerique.fr/0.3/activity/embed.html?id=587ca49a3361eb1b406ecb22

 


 


Chapitre 6 Chine/Japon : concurrences régionales, ambitions mondiales

dans la catégorie TS Géographie

Chapitre 6. Chine/Japon : concurrences régionales, ambitions mondiales

Schemas_Chine_Japon.pdf

 

Orientation pour le baccalauréat

Le sujet de composition suivant est envisageables :

- Japon-Chine : concurrences régionales, ambitions mondiales.

Il ne sera pas demandé de croquis sur cette question à l’examen.

L’analyse d’un ou deux documents (cartes, textes, images…) peut être demandée à l’examen.

Introduction 
I. Deux puissance aux trajectoires économiques croisées
A) Un modèle de développement économique initié par le Japon
B) Le Japon reste une grande puissance économique mondiale

C) La Chine une puissance émergente affirmée
II. Chine et Japon : Entre rivalité et alliance régionales
A) Interdépendance et concurrence économiques croissantes
1) Le Japon doit faire face à une concurrence asiatique sans précédent
2) Relations et « batailles » commerciales
3) Des stratégies différentes et une intégration régionale en marche

B) Des relations diplomatiques tendues
1) Un «passé qui ne passe pas »
2) Des tensions géostratégiques
III. Deux puissances aux ambitions mondiales
A) Deux puissances économiques de rang mondial
1) Deux économies extraverties implantées dans le monde entier
2) D
eux puissances financières complémentaires
B) Des influences politiques et militaires inégales
1) Pour le Japon, une quête de respectabilité internationale
2) Le cas de la Chine

C) Quelle influence culturelle ?
Conclusion

Introduction :

La Chine et le Japon sont respectivement des grandes puissances en Asie et dans monde. Leur influence dans la région et dans le monde est ancienne. Ce sont deux pays qui ont développé des civilisations « florissantes », deux pays participant au commerce mondial depuis le XIXeme siecle : Japon, pendant l'ère Meiji (1868-1912) devient une puissance industrielle alors que la Chine accorde des concessions internationales aux grandes puissances occidentales dans les grandes villes (comme Shanghaï) ce qui permet le décollage économique mais entraîne une dépendance excessive vis-à-vis pays installés.
Leur histoire est marquée par des conflits entre les deux pays depuis le début du XXème s. jusqu’à la GM2 notamment à cause de l'expansionnisme nippon*.
Aidé par les Etats-Unis après sa défaite catastrophique, le Japon se relèvre ands les années 50-60, c'est la période des Trente Glorieuses avec un fort accroissement annuel du PIB (haute croissance).
La Chine (chapitre d'Histoire) se développe surtout depuis la période des 4 modernisations de Deng Xiaoping et encore plus depuis son adhésion à l'OMC en 2001. Ainsi les deux puissance se retrouvent une nouvelle fois rivales dans une aire caractérisée par un fort développement économique mais le maintien (ou le renforcement) des inégalités socio-spatiales (voir chapitre précédent).

Pb : Quelles sont les formes de concurrence et les complémentarités entre le Japon et la Chine en Asie du Sud et de l’Est ? Quelles sont les ambitions mondiales de ces deux puissances ? Quel pays assurera à l'avenir le leadership sur cette région du monde ?

 

I. Deux puissance aux trajectoires économiques croisées

 

A) Un modèle de développement économique initié par le Japon

 

C'est d'abord le choix conscient d'un système économique fondé sur l'appropriation de savoir-faire des FTN étrangères (grâce aux importations) puis du développement intérieur et ensuite de la capacité à exporter des produits nippons (extraversion économique).

► Pratique de délocalisation des activités dans des pays de la région à bas coût de main d'oeuvre et aussi développement de secteurs à haute valeur ajoutée (High tech). Théorie économique du « vol d'oies sauvages »*.

 

Un modèle donc initié par le Japon pendant les 30 glorieuses grâce à la reconstruction financée par les EU (plan Dodge) ► Modèle repris par Chine dans les années 80 suite à l'ouverture à l'économie de marché ► « socialisme de marché » notion inventée par le régime pour justifier la transformation d'une économie socialiste en économie capitaliste avec un fort interventionnisme d'état car en Chine, l’Etat et le parti communiste dirigent l’économie par la planification* et les investissements (l’Etat finance les entreprises pour encourager la DIT* en créant des ZES*.

Au Japon, le fonctionnement est plus proche de l'économie de marché classique même si l’Etat accompagne l’économie par l’intermédiaire du METI*.

Dernière caractéristique : Dans les deux pays, la politique d’aménagement du territoire favorise le développement économique par une politique de grands travaux et notamment la valorisation des littoraux pour la mondialisation donc les deux pays sont des façades maritimes majeures de la mondialisation.

 

B) Le Japon reste une grande puissance éco mondiale

 

le Japon est le pays d’Asie orientale le plus riche (environ 46850 $ de PIB/hab, 10 fois celui de la Chine même si PIB total plus faible = 5960 milliards de dollars), le plus développé (IDH de 0,912 donc 10ème mondial) et le plus avancé technologiquement.

 

Le Japon conserve les bases industrielles sur lesquelles il a bâti sa puissance. L’industrie lourde est toujours un secteur puissant. Les grands groupes ont fusionné dans la sidérurgie donnant naissance à de puissantes firmes (Nippon Steel par exemple). Celles-ci profitent de la croissance de la demande en acier de la Chine et produisent surtout des aciers spéciaux et des aciers de haute qualité. D’autres secteurs comme celui de l’armement se développent.

L’industrie automobile a fait de Toyota le premier constructeur automobile mondial. Dans ce secteur de l’industrie mécanique, le Japon profite encore de l’émergence du marché chinois pour écouler ses automobiles et ses machines-outils. Toyota implante ses usines et ses centres de formation en Chine et en Inde. Le Japon est le 2ème producteur mondial dans l'automobile .

Le secteur du BTP* est implanté dans toute l’Asie, exportant son savoir-faire dans le parasismique (constructions répondant à des normes anti-sismiques).

Le Japon est toujours leader dans les hautes technologies comme les nanotechnologies, la robotique, l’électronique ou la recherche sur l’intelligence artificielle. Sur les 10 entreprises les plus innovantes d’Asie, 8 sont japonaises (Hitachi, Canon, Sony etc…) ► 1er rang mondial pour les dépenses R&D (3.6% PIB) et pays qui dépose le plus de brevets dans le monde (En 2010, plus de 32000 brevets ont été déposés par le Japon contre 12000 pour la Chine).

► Le secteur industriel est porté par FTN nombreuses : Toyota, Honda, Mitsubishi, etc.
qui délocalisent beaucoup en Asie et en Chine : production électronique est réalisée à 65% hors du Japon essentiellement en Chine et en Asie orientale

Le Japon a subi une crise dans les années 90 mais a su la surmonter grâce à une puissance industrielle automatisée et délocalisée mais aussi grâce à la force du secteur financier qui s’est restructuré par des fusions de banques et d’assurances qui ont donné naissance à de puissants groupes. Tokyo est la 3eme place financière mondiale.

 

Quelques faiblesses structurelles :
- Une croissance atone soit <3% depuis 2000 (1% en 2015) comparable à des pays d'Europe (comme la France).
- Un Vieillissement de la population qui n'est pas compensé par l'immigration (car la population y est particulièrement hostile).
- Un secteur primaire insuffisant donc nécessité de recourir à des importations (matières premières -comme les hydrocarbures- et produits agricoles).

 

C) La Chine une puissance émergente affirmée

► Une économie diversifiée : l’ agriculture est encore la 1ère source d’emplois du pays mais l’industrie est à l’origine des principaux revenus chinois :
- 1eme puissance éco pour PIB total > 8360 Milliards de dollars, a dépassé le Japon dans les années 2000 et dépasse les EU depuis 2014 avec une croissance autour de 10% par an depuis plus de 10 ans (mais fléchissement actuel
- L’industrie lourde est importante, la production d’acier (1
er prod) est > à celle du Japon.
- Mais la réussite est surtout basée sur la
production à bas coût, devenant le 1er « atelier du monde » ou 1ère usine du monde (Chine reçoit environ 100 milliards d’IDE par an). Il faut cependant fortement nuancer cette affirmation car la Chine fait face aussi depuis plusieurs années à la montée des revendications salariales et n'est donc plus le leader du travail « low-cost ». D'autres pays en Asie la supplantent largement maintenant.

Les secteurs dynamiques :
- Automobile (1
er prod), textile (1er prod) , électronique grand public (1er prod).
-
Plus de la moitié des exportations chinoises correspond à des activités d’assemblage et de sous-traitance réalisées pour l’essentiel par des filiales étrangères : par exemple, la quasi-totalité des téléphones portables exportés par la Chine sont de marques étrangères (Apple, Nokia, Motorola, Samsung…). Les produits électroniques constituent désormais le principal poste d’exportation de l'économie chinoise.

- Par ailleurs, l’essentiel des composants électroniques utilisés pour ses usines de fabrication vient d’Asie car la Chine délocalise à son tour et devient le pivot de la DIT sur le continent ► exporter en majorité des biens de consommation permet à la Chine de dégager des excédents pour se fournir en ressources énergétiques et minérales, pour investir dans les technologies, effectuer de gros placements financiers aux Etats-Unis… Elle est le 1er créancier des EU.

 

Faiblesses : la crise de 2008 a souligné sa dépendance à l’égard du marché mondial et les limites d’une économie basée sur les IDE et les exportations. Celles-ci ont ralenti suite à la contraction des activités industrielles et la baisse des investissements.

 

Transition : Le Japon et la Chine sont deux grandes puissances économiques. Cette puissance économique s’exerce particulièrement sur le continent asiatique. Tous deux concentrent plus de 65% du PIB Asiatique.

 

II. Chine et Japon : Entre rivalité et alliance régionales

 

A) Interdépendance et concurrence économiques croissantes

 

1) Le Japon doit faire face à une concurrence asiatique sans précédent

Le développement en « vol d’oies sauvages » avait donné au Japon et à son industrie une avance constante. Il organisait la division du travail en délocalisant les productions les moins rentables vers la Corée du Sud, Taïwan… et permettait les transferts de technologies dans une Asie orientale dominée totalement par le Japon.
Mais les pays d’Asie ont copié le modèle japonais ► ainsi se sont développés d’autres pays (dragons) qui concurrencent le Japon dans des secteurs de haute technologie.
La Chine devient aussi un «danger» pour Japon pas sa puissance technologique nouvelle avec progression (dépenses de R&D grâce à la formation des ingénieurs, donc volonté de développer secteurs industriels de haute technologie). Enfin, la montée en gamme des productions chinoises constitue une concurrence technologique qui devrait se renforcer dans les prochaines années.

 

2) Relations et « batailles » commerciales
 

Le Japon a développé pendant la période de haute croissance des relations commerciales fortes avec ses voisins.

 

« La croissance chinoise nourrit la croissance japonaise : plus la Chine s’enrichit, plus les échanges avec le Japon s’intensifient, en faveur… du Japon. » Rémi Scoccimarro, géographe spécialisé dans l'aire asiatique (citation à utiliser dans une copie éventuellement pour la nuancer)

Le Japon considère depuis longtemps la Chine comme un « pays atelier » mais aussi comme un potentiel de clients car elle dispose d’une très nombreuse population dans laquelle est apparue une classe moyenne importante qui consomme des produits importés venant du Japon, notamment des produits haut de gamme. Donc les exportations japonaises progressent en Chine.
- Ainsi depuis 2009 la Chine est devenue le 1er partenaire commercial du Japon et représente environ 20% de ses échanges extérieurs. Le Japon est quant à lui, le 3ème client.
- Le Japon fournit des biens intermédiaires (composants électroniques) et d’équipement (machines-outils) et importe des produits de moindre valeur ajoutée (textile, électronique grand public) souvent fabriqués par des entreprises et des capitaux japonais qui se sont délocalisés car le
Japon est le 1er investisseur étranger en Chine, près de 20 000 entreprises japonaises sont présentes en Chine (14.4 % des IDE Japonais). Les flux de personnes s’intensifient aussi : environ 500 000 Chinois sont installés au Japon, surtout des étudiants et des expatriés de grandes firmes, et 127 000 Japonais vivent en Chine.

Ainsi pour faciliter leurs échanges commerciaux, les deux pays ont signé un accord pour utiliser leurs monnaies respectives à la place du dollar en 2011.


3) Des stratégies différentes et une intégration régionale en marche

 

Chaque pays entretient des relations commerciales privilégiées avec d’autres.

 

La Chine se rapproche de l’Asie centrale depuis la création de l’OCS* notamment la Russie. Le Japon est toujours proche des EU et de l’UE mais développe ses partenariats avec l’Australie, la Nouvelle Zélande et l’Inde.

Parallèlement les échanges des pays de l’Asie du Sud-Est avec la Chine et le Japon s’intensifient.

- L’intégration régionale se met en place principalement dans le cadre de l’ASEAN* + 3. Cet accord est conclu entre l’ASEAN plus 3 pays qui sont la Corée du Sud, la Chine et le Japon. Il vise à renforcer les relations parmi ces pays et à faire progresser la coopération régionale. Ainsi en 2008, les barrières douanières sont abolies pour 90% des produits venant de l’ASEAN. Les investisseurs japonais ont vu dans cet immense marché de 2 milliards de consommateurs un débouché pour leurs investissements, recentrant leurs IDE vers l’Asie. L’ASEAN rêve d’un marché unique sur le modèle européen ce qui, toutefois, est loin d’être fait, même si le Premier ministre japonais a évoqué régulièrement l’idée d’une monnaie unique pour l’Asie à l’image de l’Euro pour l’Europe.

B) Des relations diplomatiques tendues.

 

1) Un «passé qui ne passe pas »

► Les rivalités économiques se doublent de différents anciens entre les deux pays. Entre 1894 et 1895, la première guerre sino-japonaise conduit la Chine à accepter l’indépendance de la Corée et à céder au Japon des îles. En 1931, le Japon envahit la Mandchourie puis, en 1937, le littoral pacifique, en exerçant de graves crimes de guerre (massacre de Nankin). Face à ces agressions répétées, la Chine demande régulièrement des excuses, le Japon les a déjà exprimées par écrit en 1972, permettant la normalisation des relations diplomatiques entre les deux. Mais, la Chine doute de la sincérité du Japon : elle dénonce les visites régulières du sanctuaire Yasukuni (fondé au XIXe siècle, il rend un culte aux 2,5 millions de Japonais tombés au combat, dont 14 criminels de guerre condamnés par le tribunal militaire international de Tokyo après la GM2).

 

2) Des tensions géostratégiques

 

Actuellement les tensions portent sur les délimitations de la ZEE en mer de Chine orientale : le Japon prône le principe d'une ligne médiane, tandis que la Chine revendique la totalité du plateau continental. Ils se disputent aussi à propos de la souveraineté sur les îles Senkaku en japonais et Diaoyutai en chinois, archipel inhabité, annexé par le Japon en 1895 par le biais du traité de Shimonseki du 17 avril 1895, mais toujours revendiqué par la Chine.

► Les rivalités (malgré l'entente sur les zones de pêche) sont liées au nationalisme fort dans les deux pays mais aussi car les fonds marins sont réputés pour leurs réserves potentielles d’hydrocarbures
ou encore pour les zones de pêche.

 

Transition : La Chine et le Japon sont les deux plus grandes puissances asiatiques et semblent vouloir s’imposer pour dominer la région mais leurs économies sont de plus en plus dépendantes ce qui les oblige à maintenir et renforcer leur partenariat.

 

III. Deux puissances aux ambitions mondiales

 

A) Deux puissances économiques de rang mondial

 

1) Deux économies extraverties implantées dans le monde entier

 

Il s’agit des 2ème (ou 1ère concernant la Chine depuis 2014) et 3ème puissances économiques mondiales produisant près de 20% du PIB mondial à eux deux.

 

Même si le Japon a perdu en 2010 sa place de 2ème économie mondiale, dépassé par la Chine (PIB Chine = 11200 Mds$, Japon = 4200 Mds$ ) le niveau économique par habitant reste un des plus élevés du monde et son IDH dépasse 0.91.

► Ce qui n’est pas le cas de la Chine avec O.7 et de fortes disparités socio-spatiales. Et même si la Chine est devenue la 1ère puissance industrielle mondiale, le Japon garde son avance technologique (ex. : il détient 45% du parc mondial des robots et produit presque autant que la Chine avec 10 fois moins de main d’œuvre).

 

Le Japon fait partie des leaders de la gouvernance économique mondiale depuis la création du G6 en 1975 (devenu G7 puis G8) mais la Chine s’impose peu à peu dans cette gouvernance économique mondiale depuis son entrée au G20 en 2008.


 

 

JAPON

CHINE

Deux puissances commerciales

4ème puissance commerciale

2ème puissance commerciale (2012)
10 % des exportations mondiales

IDE

Tous deux classés parmi les 10 premiers émetteurs d'IDE
Chine a multiplié par 20 ses IDE depuis 2000

Destination IDE

Pays de la Triade mais aussi Brésil par exemple

Pays en développement (Chinafrique)

Pourquoi ces IDE ?
La recherche d'un approvisionnement en ressources énergétiques est une des clés d'explication des IDE japonais et chinois. Le Japon importe sa production, la Chine produit du pétrole mais la demande ne cesse de croître : sa consommation a été multipliée par 5 en trente ans. Cette course aux ressources pousse les Chinois et les Japonais à s’intéresser de très près à l’Arctique et à ses ressources en hydrocarbures, voire à tenter de siéger au Conseil arctique*. L’Afrique intéresse aussi grandement les deux Etats, chacun investissant dans l’exploitation de gisements. Le Japon finance un oléoduc entre Juba au Sud-Soudan et le Kenya pour contrer la présence chinoise dans la région. 85% des importations chinoises venant d’Afrique proviennent des pays pétroliers africains.


2) Deux puissances financières complémentaires

Le Japon et la Chine détiennent à eux seuls plus de 2 000 milliards de dollars de bons du Trésor américains. Ce sont les deux pays au monde qui financent le plus la dette américaine.

Même si la dette japonaise monte à plus de 200 % du PIB du pays et représente plus du double de celle des Etats-Unis, le Japon dispose encore d’assez d’épargne pour la financer seul.

Le Yen est une valeur refuge, c’est la 3ème monnaie la plus traitée sur le marché des changes après le dollar américain et l’Euro. Le yen est donc une monnaie internationale qu’il est facile d’acheter ou de vendre en quantité.

Si la Banque Populaire de Chine dispose de réserves impressionnantes (2400 milliards de dollars soit plus de 30% du total mondial), la monnaie chinoise (le Yuan) n’est pas encore devenue une référence internationale, pas même au niveau régional.

B) Des influences politiques et militaires inégales

 

1) Pour le Japon, une quête de respectabilité internationale
 

De nos jours, le Japon cherche à avoir une plus grande influence politique en réclamant un siège de membre permanent au Conseil de sécurité de l’ONU en raison de son importance économique mondiale et son appartenance aux principaux financeurs de l’organisme. Mais la Chine s'y oppose catégoriquement pour l'instant.

 

Sur le plan militaire, le Japon est aussi resté longtemps effacé car la constitution rédigée après la Seconde Guerre mondiale. Elle affirme le renoncement du pays à la guerre, l’action de l’armée devait être limitée à la légitime défense (forces armées de Défense FAD = article 9 de la constitution qui interdit intervention extérieure).
- Mais ce renoncement est critiqué par des élites politiques qui ont rétabli un ministère de la Défense en 2007. Aujourd’hui, le Japon est reconnu comme une puissance militaire disposant du 6/7ème budget mondial.
- Il participe à des opérations de maintien de la paix de l’ONU et à des opérations dans le cadre de l’alliance avec les Etats-Unis (Irak, Afghanistan) qui ont des bases militaires au Japon. D'autre part, La marine japonaise joue un rôle important à l’échelle régionale dans la surveillance des lignes maritimes et la lutte contre la piraterie (golfe d'Aden).

 

2) Le cas de la Chine

► La Chine est devenue une puissance géopolitique en renforçant son rôle politique mondial et ses dépenses militaires. L’Armée populaire chinoise est la plus importante au monde (2,3 millions d’hommes) et peut s’appuyer sur le 2ème budget militaire du monde en 2010 (166 milliards de $, multiplié par 6 en 10 ans et puissance nucléaire depuis 1964).

- Faiblesses actuelles :
les troupes chinoises sont très mal équipées et les capacités navales et aériennes accusent un retard considérable notamment face à celles des puissances présentes dans la région : les Etats-Unis et le Japon.

- Stratégie militaire chinoise : installation des bases américaines en Asie perçue comme une tactique d’encerclement tandis que les Etats-Unis dénoncent l’ambition chinoise de constituer un « collier de perles » dans l’océan Indien ( installation de bases militaires navales chinoises au Cambodge, Myanmar, Andaman, Pakistan).

Sur le plan diplomatique, la balance pèse nettement en faveur de la Chine par rapport au Japon. Elle est membre du Conseil de sécurité de l’ONU. Elle a amélioré ses relations avec ses voisins, surtout l’Inde et la Russie, elle a accru son rôle dans les grandes organisations mondiales comme l’ONU ou le G20 ou bien en devenant le 2ème contributeur de la BAD (Banque asiatique de développement). Son influence en Afrique et en Amérique latine s’est aussi développée.

 

C) Quelle influence culturelle ?

 

La Chine et le Japon développent incontestablement un « soft power », une influence culturelle destinés en partie à concurrencer les Etats-Unis et l'Europe.


► Quelques rappels concernant la Chine (voir cours d'Histoire) :
- Instituts Confucius (en 2011,on en compte maintenant 322 répartis dans 96 pays, dans lesquels environ 400 000 élèves apprennent le mandarin).
- Présence massive de la Diaspora chinoise (50 M de chinois dans 150 pays).
- Organisation d'événements mondiaux (J.O Pékin 2008, Exposition Universelle Shanghai 2010).

Le Soft power japonais est plus marqué car nettement plus ancien :
- « 
Cool Japan » (terme générique utilisé pour désigner la culture de masse mélangeant les apports japonais et américains (Japanese pop culture) = cinéma, mangas et jeux vidéo).
- On peut ajouter à cela la popularité de ses sports traditionnels (Judo, 2ème sport chez les enfants en France) et de sa gastronomie (
sushi, Tokyo est considérée comme une capitale mondiale de la gastronomie, c’est dans cette ville qu’il y a le plus de « 3 étoiles du Michelin »). - Enfin, le Japon assure la promotion de la sa langue et a lancé, en 2003, le programme «Yôkoso ! Japan » (Bienvenue au Japon) afin d’augmenter le nombre de touristes au Japon (objectif de 30 millions en 2020) (désormais en 6ème position mondiale).

 

Conclusion :Ainsi, la Chine et le Japon s’opposent dans de nombreux domaines pour dominer l’espace régional et jouer un rôle mondial. Les 2 puissances s’appuient sur leur économie pour s’imposer à l'échelle mondiale. L’émergence de la Chine bouleverse les fondements de la puissance japonaise à l’échelle régionale et mondiale . Cette concurrence semble profiter à la Chine qui est devenue la 1ere puissance économique en 2014. Mais leur interdépendance économique forte oblige à une coopération renforcée entre les deux pays.


Chapitre 4 La France en villes

dans la catégorie 1LESS Géographie

Chapitre 4. La France en villes

Schema_Aire_urbaine_et_dynamiques.pdf

Plan
I. Mouvements de population, urbanisation et métropolisation

A) Une urbanisation croissante de la France

1) La croissance urbaine

2) Les dynamiques de l’espace urbain : concentration, desserrement et étalement urbain

3) Une population urbaine mobile

B) Aspects de la métropolisation

1) Le réseau urbain français
2) Un réseau dominé par Paris

3) L’intégration européenne et un début de réseau polycentrique
II. Aménager les villes : réduire les fractures sociales et spatiales
A) Différenciations spatiales et sociales
1) La fragmentation fonctionnelle
2) De fortes inégalités socio-spatiales

B) Aménagement urbain et ville durable
III. Les espaces ruraux : entre attractivité urbaine et nouvelles formes de développement

A) Des espaces intégrés aux dynamiques urbaines
B) Gérer les trois visages des territoires ruraux
1) Le rural périurbain
2) Les espaces ruraux touristiques
3) Le rural profond


Introduction : Sur les 64 M d'habitants que compte la France métropolitaine (66 M avec outremer), 83% vit dans une aire urbaine représentant 46% de la superficie du territoire.
Autrement dit, alors que la France a longtemps été « en retard » d'urbanisation par rapport à ses voisins européens, on peut largement parler maintenant d'une France majoritairement urbaine, une France en villes.

Définition des termes du sujet : Villes du latin villa i.e grande exploitation gallo-romaine
Au M-A la ville se définit par ses remparts, par son exploitation des campagnes (la ville ne produit que très peu) et souvent par le siège du pouvoir épiscopal ou seigneurial. Mais avec l'extension des villes pendant la période moderne et l'explosion de l'urbanisation au XXème s., la ville ne peut plus être définie comme telle. D'ailleurs gros problème de définition actuel. La ville est plus une réalité psychologique que spatiale.

 

urbanisation : la population vit maintenant majoritairement dans des espaces urbanisés et l’espace urbain s’étend donc sur le territoire.

métropolisation : processus de transformation des grandes villes en métropoles par la concentration de la population, des fonctions tertiaires supérieures et des pouvoirs de décision.


Problématiques :
- Quelles dynamiques spatiales de la population en France? Quelle distribution ? Quels mouvements sur le territoire ? Quelles inégalités ?


- Quelle place aux villes ? Comment se traduit, spatialement, l’urbanisation croissante? Quelles spécificités de l’armature urbaine ?


- Comment le processus de métropolisation touche t-il la France ? Quels en sont les effets ?


L’urbanisation qui s’est développée avec la révolution industrielle reproduit les inégalités sociales de celle-ci. Possible de parler de fractures urbaines entre quartiers aisés et quartiers défavorisés.

- Comment réduire les fractures urbaines ? Quelle politique de la ville ? Quels projets d’aménagements urbains pour plus d’équité sociale et spatiale ?


Une grande partie du territoire français reste rural.

- Qu’est devenue la France rurale ? Quels types d’espaces ruraux peut-on distinguer ? Quelles perspectives pour ces territoires à l’heure de la mondialisation et du développement durable?

 



 

 

I. Mouvements de population, urbanisation et métropolisation


A) L'urbanisation croissante de la France
 

1) La croissance urbaine


TE :
► En deux siècles la France, autrefois rurale, est devenue urbaine. En 2007, la population est urbaine à 85%.
► L’urbanisation prend son essor au XIXe siècle avec la révolution industrielle.

Elle ralentit pendant les 1ères décennies du XXe siècle. La France, caractérisée pdt cette période par une forte stagnation démographique, est alors moins urbaine que le reste des pays européens. Elle rattrape son retard au lendemain de la 2de GM.

L’urbanisation est alimentée par l’exode rurale, l’industrialisation et le baby-boom.

Dans ces conditions, le taux d’urbanisation n’a cessé d’augmenter. Entre 1936 et 1999, la pop des villes a doublé, passant de 22 millions à 44 millions d’hb. Dans le même temps, la population française métropolitaine n’augmentait que de 40% de 41 à 58 millions.

Aujourd’hui, elle poursuit son ascension par la croissance démographique et par un étalement dans l’espace de plus en plus important.


2) Les dynamiques de l’espace urbain : concentration, desserrement et étalement urbain.


a) Toutes les catégories de villes n’ont pas grandi au même rythme ni en même temps


Entre 1954 et 1962, ce sont plutôt les grandes villes françaises (entre 100 000 et 1 million hab) qui se développent le plus rapidement. Les villes de province semblent rattraper une partie de leur retard sur la capitale. Les pouvoirs publics appuient ce mouvement spontané par la politique des métropoles d’équilibre à partir de 1963-1964 = concentration (DATAR 8 métropoles : Lille-Roubaix-Tourcoing, Nancy-Metz, Strasbourg, Lyon-Grenoble-Saint-Etienne, Marseille, Toulouse, Bordeaux, Nantes-Saint-Nazaire, par la suite, quatre autres villes furent associées : Rennes, Clermont-Ferrand, Dijon, Nice)


►Entre 1968 et 1975, se produit un phénomène nouveau : le déplacement du maximum de croissance sur les villes moyennes et petites. C'est à ce moment là aussi que la croissance des agglomérations s’accomplit de plus en plus par les banlieues = desserrement

En 1982, la logique du déclin des grandes villes atteint son maximum. Pour la 1ère fois, la croissance des communes rurales a été plus rapide que celle des croissances urbaines. C'est le développement de la périurbanisation = étalement


►Depuis les années 1990, on assiste à un retour des grandes villes. En effet, les grandes villes disposent de plus de ressources pour répondre à l’internationalisation de l’économie et s’adapter aux nouvelles techniques qui affectent le système productif. Là viennent s’installer les entreprises et les emplois = concentration

b) La périurbanisation


Ainsi, le phénomène marquant de ces dernières décennies est l’étalement urbain. Les villes couvrent des espaces de plus en plus vastes. Au départ, ville s’organise autour du centre puis développement des banlieues composées de communes urbaines dont le bâti est en continuité avec la ville-centre. Ensuite, vient la couronne périurbaine qui témoigne de l’étalement spatial des villes.

On a ici un double phénomène : étalement urbain et extension des aires périurbaines.


Aujourd’hui s’étend de plus en plus l’espace périurbain (territoire urbanisé qui entoure la banlieue, ou partie extérieure de l’agglomération). La limite externe de l’agglomération ne cesse de changer ; il ne s’agit pas d’une limite administrative. L’agglomération rattrape des villes autrefois périphériques.


La périurbanisation engendre un étalement spectaculaire qui se fait au détriment d’espaces agricoles. L’aire urbaine s’étend par conséquent à mesure que se poursuit le déversement résidentiel depuis la ville-centre.

Au-delà des limites externes de l’agglomération s’étend l’espace rurbain, c’est-à-dire un espace encore rural où la population de l’agglomération vient s’installer tout en allant travailler dans l’agglomération voisine. La ville s’étale au point que la distinction entre villes et campagnes devient de plus en plus difficile.

Il devient donc plus en plus difficile de délimiter les villes avec précision. L’INSEE ne cesse de proposer de nouvelles définitions pour englober l’ensemble des personnes qui vivent dans l’orbite des villes par opposition à celles qui vivent dans les espaces ruraux.

 

D'où définition actuelle (rappel de l'introduction) :
Pôle urbain : une unité urbaine offrant plus de 5000 emplois. Avec l’extension de l’urbanisation en périphérie, on parle d’aire urbaine : espace à dominante urbaine composé d’un pôle urbain important et de sa couronne périurbaine, elle-même composée de communes dont au moins 40% des actifs travaillent dans le pôle urbain ou dans d’autres communes de l’aire urbaine.
* EDC Clermont-Ferrand p.134-135

 

3) Une population urbaine mobile.


Les Français bougent à l’intérieur des aires urbaines elles-mêmes. Les migrations pendulaires de travail concernent les actifs qui travaillent en dehors de leur commune de résidence.

Ces navettes domicile-travail prennent une ampleur croissante : elles concernent 61% des actifs en 1999 contre seulement 46% en 1982. Les distances parcourues augmentent régulièrement : 15km aujourd’hui contre 13 en 1982.

Cette mobilité croissante des Français contribue à façonner le peuplement du territoire car elle entraîne un étalement toujours plus fort des aires urbaines.

La mobilité pendulaire accrue, principalement automobile, aggrave les enjeux environnementaux.


B) Aspects de la métropolisation


1) le réseau urbain français

TE : En 2015, 85 à 90% des Français vivent dans des aires urbaines. Précisément ce sont 11 aires urbaines qui représentent la moitié de l’accroissement démographique de ces dix dernières années, même si la France possède un maillage important de villes petites et moyennes.La qualité et la quantité des services présents dans les villes déterminent une hiérarchie des villes avec des liens de complémentarité et de concurrence entre elles. Ces liens dessinent des aires d’influence : se constituent ainsi des réseaux urbains.

Réseau urbain : il comprend un ensemble de villes différenciées par leur taille et leur fonction et reliées par des axes de communication et des flux.

Aujourd’hui on parle aussi de système urbain pour qualifier les interactions complexes entre les villes d’un espace. A la tête de ces réseaux urbains, on trouve les très grandes villes qui concentrent les nœuds de communications et les activités. Ce sont les métropoles.


TE : Comment fonctionne le système urbain français ?

On s’aperçoit que ce système relationnel est organisé à 2 niveaux :

le niveau national et le niveau régional.

Le système urbain français compte 8 grandes métropoles mais surtout il présente une grande originalité par le rôle dominateur de la capitale. Le système urbain français est un réseau pyramidal avec une tête très développée (macrocéphalie ?)
 

2) Un réseau dominé par Paris


► L’aire urbaine de Paris compte 11,8 millions d’hb. Elle concentre la population mais aussi les fonctions de commandement politique et économique (29% du PIB, 45% des cadres des fonctions métropolitaines.

Les autres métropoles françaises fonctionnent avant tout comme des relais de Paris.

Paris polarise totalement l’espace français. Toutes les métropoles ont des connections majoritairement avec Paris, sauf peut-être Marseille qui semble avoir autant de communications avec Lyon, et Lille qui a davantage de relations avec son environnement régional.


► Un grand nombre de villes paraissent entretenir davantage de liens avec Paris qu’avec n’importe quelle autre agglomération.

Cette polarisation parisienne s’explique par la forte concentration de toutes les fonctions de commandement privé (la capitale détient une écrasante majorité des sièges sociaux des entreprises françaises) et public (en raison de la centralisation persistante du pays). Seule Paris est une ville mondiale.

La domination de l’agglomération parisienne est donc spectaculaire, c’est le fait marquant de l’organisation urbaine nationale.


► Il faut noter toutefois la dissymétrie entre le Sud et l’Ouest bien reliés à Paris et l’Est et le Nord où seules les plus grandes villes ont une connexion forte avec la capitale en raison de moindres liens économiques, touristiques, culturels et familiaux avec la capitale.

contraste frappant entre le NPDC où Lille monopolise la relation parisienne et les Alpes du nord où Grenoble, Chambéry et Annecy sont directement branchés sur la capitale.

 

3) L’intégration européenne et un début de réseau polycentrique
 

Au niveau régional, l’espace est polarisé par les métropoles. Les flux téléphoniques distinguent un rayonnement fort autour des plus grandes villes (Lyon, Marseille, Lille, Toulouse et Bordeaux). Ces villes dominent en général leur espace régionale à cause de la concentration des directions régionales en leur sein.

3 métropoles en position littorale : Bordeaux, Marseille, Nantes.

2 en situation frontalière : Lille, Strasbourg.

3 à l’intérieur : Paris, Lyon, Toulouse.

Suivent ensuite 11 villes de 2d rang : Nice, Grenoble, Montpellier, Nancy, Rennes, Rouen, Orléans, Clermont-Ferrand, Dijon, Tours, Saint-Étienne. Ce sont toutes pour la plupart des capitales régionales.


► On assiste à une évolution dans cette hiérarchie urbaine. Même si Paris est toujours dominatrice et si on observe toujours l’opposition entre l’est plus urbanisé et l’ouest, un certain rééquilibrage se fait à l’échelle nationale au profit des villes du Sud et de l’Ouest. La difficulté des anciennes régions industrielles, le besoin d’espaces nouveaux, la recherche de conditions climatiques plus propices les favorisent.

 

Les autres grandes villes françaises restent des métropoles régionales, mais l’intégration européenne leur a donné un dynamisme récent avec le développement des infrastructures. Lyon, Marseille, Lille ou Toulouse revendiquent un rang européen même si elles sont largement devancées par Milan, Barcelone ou Munich. C'est par exemple aussi la mise en place des arcs atlantiques ou méditerranéens et du développement des régions transfrontalières.


II. Aménager les villes : réduire les fractures sociales et spatiales

A) Différentiations spatiales et sociales

1) La fragmentation fonctionnelle

 

Le zonage de l’espace est pratiqué depuis le milieu du XXème siècle. Il consiste à spécialiser les quartiers de la ville en séparant l’habitat des activités.

Ce zonage se retrouve dans les villes centres aussi bien que dans les banlieues et les zones périurbaines.

Dans les centres villes, on distingue le quartier des affaires des quartiers résidentiels → La Défense, Eurolille. Les centres concentrent surtout les fonctions tertiaires : bureaux, services administratifs.

Ensuite la banlieue et les zones périurbaines sont composées de secteurs à fonctions différentes :

_ quartiers d’habitations,

_ zone industrielle,

_ centres commerciaux aux marges des villes,

_ zone de loisirs,

_ secteurs voués aux transports et à la logistique.

On y trouve aussi des services mais pas le tertiaire supérieur.


2) De fortes inégalités socio-spatiales
 

Les villes présentent des contrastes socio-spatiaux de +/+ marqués.

Les mutations récentes des quartiers ont produit une nouvelle géographie sociale des villes.


- Un exemple : la géographie sociale de Paris :

A l’ère industrielle, il existait une opposition forte entre quartiers bourgeois et quartiers ouvriers. Elle se retrouve encore un peu dans Paris avec l’opposition entre l’ouest aisé et l’est plus populaire où il reste des poches d’habitat populaire.


→ Les dynamiques récentes opposent maintenant les centres aux périphéries qui regroupent les classes moyennes et populaires. Les centres sont en cours de gentrification, cad qu’ils sont rénovés ou réhabilités obligeant les populations moins aisées à quitter ces quartiers dans lesquels les prix sont devenus inabordables. Cette gentrification est liée à la métropolisation qui a entraîné un renchérissement des loyers et du coût du foncier.

Les populations les moins favorisées sont donc repoussées en périphérie.

 

Ces inégalités se retrouvent aussi entre les espaces périphériques.


→ faire la distinction entre les banlieues pavillonnaires et les banlieues où dominent les grands ensembles d’habitat collectif.


_ Les zones pavillonnaires accueillent les classes moyennes qui peuvent accéder à la propriété. On y trouve de nbx équipements (commerces, services, loisirs, transports).


_ A l’inverse, les grands ensembles collectifs concentrent des populations défavorisées, souvent d’origine étrangère et +/+ touchées par le chômage. 8,3 millions de personnes (13% de la pop frçse) vivent dans ces quartiers où le taux de chômage est le double de celui du pays. Ces quartiers concentrent alors tous les pbs de la société (chômage, pb de logements insalubres, peu de services, peu de transport). Ces quartiers sont classés en ZUS= zones urbaines sensibles.

 

Cette logique de ségrégation sociale et spatiale trouve son aboutissement dans l’apparition des résidences fermées qui se développent surtout en région parisienne et dans le sud du pays = volonté de vivre entre personne appartenant à un même groupe social.

Pas possible quand même de parler de sécession urbaine car même si ces résidences sont fermées, elles ne sont pas coupées entièrement de la ville car elles ont besoin d’y aller pour les services. Impossible vivre en complète autonomie.

Face à ces éléments de dégradation de la qualité de vie et ce phénomène de ségrégation socio-spatiale, il devient urgent pour l’Etat de repenser l’aménagement de la ville.


B) Aménagement urbain et ville durable
 

1) La mise en place d'une « politique de la ville »

(= ensemble des mesures destinées à améliorer la qualité de la vie, du bâti, de l’emploi afin de revaloriser certains quartiers urbains)


► Plusieurs phases successives.

Déjà, fin des 70’s, interventions pour lutter contre les phénomènes d’exclusion des populations urbaines défavorisées.

Définition de ZUS = zones urbaines sensibles. → 750 en France. Parmi elles, on compte une 100N de zones franches urbaines qui bénéficient d’aide à la création d’emplois.


► Mise en place aussi à partir de 2003 du programme national de rénovation urbaine par l’Agence nationale de rénovation urbaine, qui vise à restructurer 530 quartiers classés ZUS pour y réintroduire de la mixité sociale. Il s’agit de réhabiliter ou démolir des logements, d’en édifier de nouveau ainsi que de les équiper en équipements publics ou collectifs. 312 880 logements doivent être réhabilités par ce programme.

2500 quartiers font l’objet de Contrats urbains de cohésion sociale (CUCS, créés en 2007) associant l’Etat et les collectivités territoriales qui engagent chacun des partenaires à mettre en œuvre des actions concertées pour améliorer la vie quotidienne des habitants dans les quartiers connaissant des difficultés (chômage, violence, logement...). 497 contrats ont été signés en France (métropolitaine + DROM), dont 113 en Ile-de-France.

 

Au total, l’Etat a consacré 90 milliards d’euros entre 1989 et 2012 à la politique de ville dont 40 milliards pour le « plan du siècle » lancé par Jean-Louis Borloo en 2003, i.e le programme national de rénovation urbaine.

Cpdt, cette politique ne semble pas avoir eu une grande efficacité par rapport aux moyens déployés. Les tensions et les inégalités urbaines se maintiennent.

2001, loi Solidarité et renouvellement urbain qui obligeait les communes de + 30 000 hb à avoir 20% de logements sociaux pour favoriser la mixité sociale. De nbses communes préfèrent payer l’amende plutôt que construire des logements sociaux. 2010, 45% des communes ne la respectent pas.


2) La périurbanisation et la multiplication des déplacements urbains sont au cœur aussi des questions d’aménagement de la ville durable
► Les réseaux de tramway, les pistes cyclables, l’aménagement de la voirie en faveur des modes de transport durable se multiplient afin de limiter l’impact de l’automobile dans les métropoles françaises. → tramway de Nantes ou Montpellier, Autolib à Paris. Dvpt aussi des éco-quartiers : développer les espaces verts, mieux gérer l’approvisionnement en eau, établir des règles harmonieuses d’urbanisme ex. Nancy, plateau de Haye = réhabilitation d’anciennes carrières et restauration d’anciens bâtiments ; Roubaix a remporté le Grand Prix national éco-quartier en 2011.

► Mais coût et exigence des normes limitent pour l’instant cette politique.


III. Les espaces ruraux : entre attractivité urbaine et nouvelles formes de développement


A) Des espaces intégrés aux dynamiques urbaines


1) La limite entre villes et campagnes est devenue floue

L'étalement urbain, le mitage des espaces ruraux, l'aménagement et la densification des voies de communications ont favorisé l'interpénétration entre les deux types de territoires.

La superficie des territoires à dominante rurale continue de diminuer. 1999= 70% du territoire, la moitié des communes et + 20% de la pop métropolitaine. 2007 = 59% du territoire et 18% de la population.


► Cpdt, si on observe plus attentivement, la population dans ces espaces a augmenté (+ 0,7%/an) les transformant alors en territoires urbanisés. Des populations citadines viennent s'installer tjrs plus loin du pôle urbain dans lequel elles travaillent. Les paysages agraires ou le bâti des villages ont l'aspect de campagnes, mais la vie y suit le rythme urbain de l'agglomération proche.

Une conjonction de facteurs explique ce processus d'exode urbain : l'élévation du niveau de vie, la part importante des migrations de retraite, la densification des moyens de communication rapide et l'aspiration des « néo-ruraux » à la propriété individuelle.


► Cet exode urbain a donc stoppé la dévitalisation des campagnes. Seul l'espace rural qualifié d'isolé ou de profond échappe à ce processus. Cpdt, même cet espace rural profond tend à voir sa superficie se restreindre : 2006, il ne représente plus que 3,2% du territoire et 5,6% de la population.


► Cet afflux de population a donc entraîné une mutation des campagnes qui connaissent des usages nouveaux liés à la société citadine. Les espaces ruraux ne s'identifient plus à l'agriculture, même si la moitié de la superficie du territoire français est utilisée encore pour la production agricole. 3,5% des actifs en 2013.
 

En effet, les « néo-ruraux » sont des retraités ou des classes moyennes qui travaillent en ville. Ils travaillent principalement dans les services.

2) Les espaces ruraux se caractérisent alors par l'importance de l'emploi résidentiel

La présence croissante de retraités, de résidences secondaires (3 millions en 2011), le passage de touristes contribuent à faire vivre ces espaces ruraux et rééquilibrent le territoire en y redistribuant des richesses.

Importance aussi des services marchands : les espaces ruraux deviennent donc un espace de consommation pour les citadins.

Ce phénomène s'observe sur tout le territoire français. La périurbanisation concerne l'ensemble des aires urbaines. Après les régions méridionales et la région parisienne, ce sont les territoires du Grand Ouest, de la vallée du Rhône, des Alpes ou de l'arrière-pays genevois qui sont concernés.

 

B) Gérer les trois visages des territoires ruraux

1) Le rural périurbain

En voie de périurbanisation = espaces les plus dynamiques car en lien direct avec les métropoles par leurs résidents.

Cpdt, leur extension est remise en cause avec la réflexion sur la ville durable. On dénonce le coût environnemental et social élevé de l'étalement urbain = consommation d'espaces naturels agricoles, coût des réseaux collectifs (eau, assainissement)et des déplacements toujours plus nombreux et lointains.

Dénonciation aussi de l'impact paysager avec l'uniformisation des espaces périurbains qui se ressemblent tous et ne respectent pas forcément les traditions architecturales régionales. Toutes les communes périurbaines ont leur centre commercial à la sortie de la nationale où on retrouve les mêmes chaînes de magasins : une grande surface entourée de moyennes surfaces plus ou moins spécialisées. cf. Aubergenville et « Family Village »

Les maisons aussi se ressemblent, construites toutes par des promoteurs sur les mêmes modèles = maisons Kaufman & Broad,


2) Les espaces ruraux touristiques,

► L'essor des résidences secondaires donnent une renaissance à certains territoires ruraux. Leur potentiel naturel ou culturel ont permis d'enrayer le déclin démographique et leur permet de tirer parti de la présence de citadins et de leurs dépenses.

= campagnes de l'arrière-pays méditerranéen. Cpdt, il est important que ces espaces gardent une activité agricole en mettant en avant une agriculture durable et de qualité.


3) Le rural profond reste à l'écart des influences de la ville

► On parle pour ces espaces de « France du vide » qui s'étend entre le piémont pyrénéens et les Ardennes et qui englobe une grande partie du Massif central. Les densités y sont inférieures à 25hb/km². Les activités reposent sur une agriculture souvent elle-même peu dynamique voire en rétractation. Ces espaces sont devenus un dossier majeur de l'aménagement du territoire suite au désengagement des services publics (fermeture d'écoles, de bureaux de poste). Ils sont classés alors en zones de revitalisation rurale (ZRR, loi de 1995) ou en pôles d'excellence rurale pour essayer d'enrayer ce processus de désertification. Les ZRR couvrent près de 50% du territoire.

Les entreprises qui s'installent en ZRR bénéficient d'exonération d'impôts sur le revenu, sur la taxe professionnelle, les artisans reçoivent des aides pour s'installer et les particuliers qui font construire ou s'installent dans ces espaces bénéficient d'une réduction sur l'impôt foncier.

L'Etat essaye donc d'attirer les entreprises et les hommes à venir s'installer dans ces territoires afin qu'ils connaissent à leur tour le processus de rurbanisation ou de périurbanisation.

 

CONCLUSION :
Réponse à la problématique : l'urbanisation croissante de la France s'explique par la métropolisation et la périurbanisation, et réduit en superficie l'espace rural, tout en accentuant les déséquilibres en grandes villes-métropoles et villes petites et moyennes.

    • afin de réduire cet écart ainsi que de ressouder les villes touchées par une fracture urbaine, une « politique de la ville » a été mise en place depuis les années 1980, mais ses résultats sont discutables.

Ouverture : Cette politique de la ville doit donc réorienter ses priorités pour parvenir à ses fins. Les projets liant ville et développement durable sont une piste à suivre, mais ils restent coûteux pour le moment.

 

 


Chapitre 5 L’Asie du Sud et de l’Est : les enjeux de la croissance

dans la catégorie TS Géographie

Chapitre 5 L’Asie du Sud et de l’Est : les enjeux de la croissance

Diaporama_Asie_Enjeux_de_la_croissance.pdf

 

Les sujets de composition suivants sont envisageables :

- L’Asie du Sud et de l’Est : les défis de la population et de la croissance.

- Japon-Chine : concurrences régionales, ambitions mondiales.

Il ne sera pas demandé de croquis sur cette question à l’examen.

Introduction

L’Asie du Sud et de l’Est ( c'est-à-dire en excluant l'Asie centrale et la partie orientale de la Russie) comprend une quinzaine d’ Etats qui concentrent plus de 50% de la population mondiale et qui connaissent la plus forte croissance économique, faisant de cette région le moteur de la croissance économique mondiale. Mais dans le même temps, cet ensemble peut être considéré comme un des plus inégalitaires de la planète.
Spécialiste du développement, Bernard Bret (géographe) constate que
« le développement c’est la croissance plus la justice », mais que cette condition n'est pas réunie en Asie d'où l'importance du point de vue proposé dans ce chapitre « Les enjeux de la croissance ».

Pb : Quelles relations existe-t-il entre démographie, croissance économique et développement dans l’espace le plus peuplé du monde ?

ou la croissance démographique est-elle un potentiel ou un frein pour l’essor économique des pays asiatiques ? Comment mettre la croissance économique de cet espace au service de son développement ?

 

* Diapositive 2 Carte Asie du Sud et de l'Est
 

I. Le premier foyer de peuplement mondial
 

A) Quelle croissance démographique ?

 

1) Un poids lourd démographique

sources : http://www.populationmondiale.com/

https://www.populationdata.net/continents/asie/

 

a) Asie du Sud et de l’Est = 3.8 Milliards habitants soit 58% de la pop mondiale
- Phénomène ancien : foyer de peuplement préhistorique sans doute. En 1900 , région représentait déjà plus de 50% de la pop mondiale . De + 2 géants démographiques : Chine (1,360 milliard), Inde (1,277 milliard) (chiffres 2013) soit 37% de la pop mondiale.

 

b) 3 ensembles peuvent être distingués

- Asie du Sud i.e le sous-continent indien marqué par civilisation indienne avec l’Hindouisme et l'Islam. Inde domine mais aussi d’autres pays peuples comme Pakistan (191 Millions), Bangladesh (157 Millions).

- Asie de l’Est marquée par civilisation chinoise et japonaise. Chine mais aussi Japon (127 Millions), Corée du Sud (50 Millions).
-Asie du Sud-Est ( dont les archipels et péninsules) : Indonésie ( 249 Millions) 3ème pays le plus peuplé, puis pays avec moins de 100 millions d’hab. ( Philippines et Vietnam avec plus de 90 Millions).


2) Une région de fortes mais inégales densités

- Densité moyenne + forte de la planète : 140 hab./km² (x3 par rapport à moyenne mondiale). Partout fortes densités, comme au Bangladesh (densité de + de 1000 hab./km²) et bcp de pays ont des densités moyennes qui correspondent à fortes densités en Europe ( > 300 hab./km²).
- Inégalité des densités : Densités fortes dans zones traditionnelles de rizières (vallées fluviales et deltas comme Gange en Inde, collines aménagées en terrasses en Indonésie), densités fortes sur littoraux (littoralisation de la pop. mondiale). Mais aussi régions peu peuplées comme régions de « désert » (désert du Thar en Inde) et de montagnes (hauts plateaux tibétains).

* Diapositive 3 Carte des densités dans le monde et en Asie

3) Des évolutions démographiques contrastées

 

* Diapositive 4 Graphique TD Asie de 1950 à 2005
 

a) Les pays d'Asie sont tous dans la transition démographique

Asie Sud et Sud-Est : majorité pays dans début de 2ème phase (natalité encore élevée mais en baisse et baisse fécondité : Laos, Népal) et certains terminent leur 2ème phase avec un taux de fécondité qui baisse beaucoup (cas de l'Inde).

Asie de l'Est : fin transition démographique = faible natalité et fécondité , faible mortalité. Donc augmentation espérance de vie et vieillissement population , ce qui entraîne croissance démographique plus faible : Japon , Chine. Dans ces pays parfois diminution population comme au Japon. La Chine devrait se stabiliser à 1,4 md en 2030 pour ensuite baisser.

b) Plusieurs explications à la baisse de la fécondité

La scolarisation des filles donc le retard de l'âge au mariage et le développement de la contraception : La fécondité est plus élevée au Pakistan et Bangladesh (où tx d’alphabétisation plus faible) qu'en Inde. Toutefois il existe partout des inégalités régionales ainsi même a Kerala (Sud) taux d'alphabétisation de 75%, (fécondité = France ( 2,1 )) alors qu'au Bihar (nord est) la taux d'alphabétisation est de 40 % et l'indice de fécondité = 4,3.
Politique de restriction des naissances après GM2 au Japon, depuis années 70 en Chine et en Inde avec périodes d’obligation puis d’assouplissement (assouplie actuellement en Chine).

c) Un déséquilibre Homme/Femme spécifique
► Déficit pop féminine ,en lien avec les politiques de restriction des naissances,car en Asie, les garçons assurent la protection des anciens mais aussi transmission héritage. Proverbe «  élever une fille, c’est arroser le jardin du voisin » d'où des avortements sélectifs, infanticides (par le passé, abandon, maltraitance des filles (En Chine et en Inde, il manquerait 100 M. de femmes).

B) La croissance démographique est d'abord une croissance urbaine

 

* Diapositives 5, 6 & 7 Cartes croissance urbaine en Asie
 

1) Une transition urbaine avancée

► Le taux d'urbanisation* reste relativement faible (45% en 2011) mais transition urbaine pour beaucoup de pays i.e processus de croissance urbaine suite à fort exode rural. Prévisions de taux d'urbanisation 65% en 2050 et nombre d'urbains le plus important du monde soit 1,4 Md.

Nombre de pays connaît une urbanisation comparable à l'Europe : Japon (67%), Corée du Sud (83 %).

 

2) Une croissance urbaine marquée par l'augmentation du nombre des mégapoles*

* Diapositive 8 Carte Mégalopoles mondiales

► (villes de + de 10 M. hab.). Exemples :
- Tokyo = 36 M. d'hab., mais aussi Seoul 22,7 M. d'hab., Shanghai 19.9 M. d'hab., Mumbai 21.9 M. d'hab. Région qui compte 42 villes sur 100 premières mondiales.


► Pourquoi ce phénomène ?
- Croissance provoquée par croissance démographique endogène,
- Exode rural en lien avec le développement économique,
- ou encore choix politiques comme en Chine depuis les années 90 (ZES et villes côtières favorisées).
- Phénomène d'attraction métropolitaine mondiale (métropolisation) et pas propre à l'Asie.


► Rappel : Mégalopoles existantes (Japon) ou en formation comme en Corée du Sud.


* Diapositive 9 : Photographie Tokyo
 

II. Le premier pôle économique du monde

 

A) Une croissance forte mais inégale

 

En l’espace de 30 ans, la part de l’Asie émergente dans le PIB mondial a grimpé de 10 à plus de 35 %. Durant ces dix dernières années, l’Asie émergente a enregistré un taux de croissance moyen annuel supérieur à 7,5 % : c’est la plus forte croissance du monde.

 





1) Une région qui illustre bien le fonctionnement de la mondialisation économique

a) Typologie des puissances économiques

* Diapositive 10 Croquis DIT en Asie

- Un ancien pôle de la Triade, maintenant rattrapé par ses concurrents : le Japon. (période de haute croissance années 60-70) mais actuellement comparable aux pays occidentaux.
- Dragons : Corée Sud, Taïwan, Singapour, Hong Kong (avant rattachement à la Chine en 1997)
- Puissances émergentes partenaires privilégiés des pôles, dont certains deviennent des concurrents , remettant en cause cette hiérarchie (ex. : Chine 1er PIB Mondial en 2014 , 1er créancier du monde, Inde en pleine croissance depuis années 2000 ),
- Tigres dits aussi « nouveaux pays exportateurs » : Thaïlande, Malaisie, Indonésie, VN et Philippines,
- enfin pays peu intégrés qui le deviennent grâce à DIT mais encore pauvres PMA comme : Laos, Bangladesh , Bhoutan, Cambodge, Népal.

 

b) Une économie de plus en plus manufacturière
Industries lourdes (acier, constructions navales), industrie des biens d’équipement et de consommation (automobile, électronique), industries High-tech (informatique ,télécommunications,biotechnologies, espace).

 

c) Des FTN occidentales et asiatiques
- Beaucoup de FTN car région sur laquelle repose une grande part de la NDIT,
- Développement de grands groupes industriels locaux qui deviennent FTN aussi : en 2012, 81 FTN asiatiques parmi 250 premières mondiales. De grands groupes industriels japonais anciens (Toyota, Honda, Sony), et plus récemment coréens (Samsung, Hyundai), chinois (Sinopec, Lenovo, Geely, China National Petroleum), et aujourd’hui indiens (Reliance, Tata)
- Ces FTN ne se cantonnent évidemment pas au marché régional. Elles sont parties à la conquête des marchés mondiaux et dégagent des excédents qui permettent à l’Asie orientale d’investir de manière massive en rachetant des entreprises occidentales ou originaires de PED. Ainsi Japon et Chine parmi 10 premiers pays émetteurs d'IDE.

 

d) L’Asie est le 2ème pôle commerçant de la Triade
-
Donc 31% du commerce mondial de marchandises et 26 % de celui des services marchands en 2011 après l’Europe (37% / 45%) et loin devant l’Amérique du Nord (15% /15%).
- Une croissance du commerce qui est tout à fait spectaculaire avec + 20 % certaines années (2010), mais aussi très irrégulière et tributaire de la conjoncture internationale (- 10% en 2009). La Chine est aujourd’hui le 1er exportateur mondial devant l’Allemagne et le Japon, et les 4 dragons se classent dans les 15 premiers mondiaux.


e) Une financiarisation croissante

- Les bourses de Tokyo (Kabuto Cho) puis de Shanghai et de Hong Kong sont parmi les plus importantes, d’autres les suivent de près : Taipei, Shenzhen et Séoul.

2) Mondialisation et littoralisation de l'économie asiatique

► Là comme ailleurs, l'Asie est une très bonne illustration de l'importance croissante des façades maritimes (interfaces majeurs de la mondialisation) actuelle :
- ex. « Japon de l’endroit » = façade pacifique (« Japon de l'envers » , mer de chine), Taiwan, littoral en Mer de Chine et détroit de Formose (et pas littoral pacifique).
- Parmi les 20 premiers ports mondiaux, 14 sont en Asie (Shanghai 1, Singapour 2, Tianjin 3 près de Beijing/Pekin ).

Activités maritimes importantes puisque économies extraverties : Corée du Sud, Chine, Japon regroupent 90% de la construction navale mondiale.
 

B) Des processus variés de développement économique

 

1) Développement en « vol oies sauvages »


* Voir diapositive 10 Croquis DIT asiatique
- Développement en « vol d'oies sauvages » est une métaphore du développement actuel en Asie : Ainsi 1 pays se développe entraînant les autres par vagues successives : un pays débute son industrialisation avec fabrication de produit de faible technicité (faible valeur ajoutée donc facile à produire à faible coût), il en devient exportateur, puis l’abandonne en investissant dans autre pays pour développer une industrie plus rémunératrice (produits à haute valeur ajoutée). Cet abandon permet à un autre pays d’entamer son propre processus d’industrialisation, c'est en fait la reproduction à l'échelle régionale de la DIT (ou NDIT).


Schéma chrono-géographique possible : Japon ► Dragons (spécialisés dans des domaines propres) ► Tigres ► PMA (Outil = IDE)

 

2) Une originalité : La Chine, pays communiste à économie mixte

- Rappel : création des ZES* pour accueillir IDE* du monde entier et politique d’aménagement du territoire qui favorise modernisation villes côtières pour assurer les exportations (exemple de Shanghai : création quartier moderne Pudong qui accueille FTN).

 

3) L'Inde, une « troisième voie entre socialisme et Libéralisme »
- Avec protectionnisme important : IDE limités car FTN ne peuvent investir que faible pourcentage dans entreprises indiennes existantes, pas de créations possibles. Atout : industrialisation indienne certaine mais IDE moins importants. Depuis années 90, changement avec création ZES comme en Chine. Inde est une puissance industrielle dans secteurs de pointe (informatique : 25% du marché du logiciel, 1er fabricant de médicaments génériques).

 

C) Vers une intégration régionale pour renforcer la croissance économique


1) Un commerce interrégional en progression

Il représente 53% des exportations. C’est une évolution très récente qui illustre le rapprochement des économies et leur croissante interdépendance.

Ainsi par exemple, depuis son adhésion à l'OMC en 2001, la Chine offre un débouché énorme et devient 1er pays d’accueil des exportations japonaises, coréennes ou encore vietnamiennes.

 

2) Des alliances qui favorisent cette progression
► 1967 : ASEAN (Association of Southeast Asian Nations ou ANASE en français) regroupe dix pays de nos jours. Son but est de développer la croissance, la coopération et l'assistance mutuelle entre ses membres (basée à Djakarta). Voir diapositive 11 carte ASEAN + Association avec Chine,Japon, Corée du Sud et surtout depuis 2010 : Accords de libre-échange entre ses pays membres et la Chine.

 

1983 : création SAARC (South Asian Association for Regional Co-Operation en français ASACR) regroupe 8 pays d’Asie du Sud ( Bangladesh, Bouthan, Inde, Népal, Pakistan, Sri Lanka, et depuis 2007 Afghanistan). Association avec pays observateurs : Chine, Japon, Corée du Sud mais aussi US ET UE . Objectif : Coopération entre états membres (agriculture, sciences, culture, santé, contrôle natalité, lutte anti terrorisme et anti narcotrafic) et depuis 2002 : accord de libre-échange entre pays membres

 

III. Quels sont les défis de la croissance économique et démographique ?

 

A) Le développement face au défi du nombre

 

1) Des facteurs favorables


a) Un atout : la population active
- Main d’œuvre abondante d'où Pays-Ateliers comme la Chine (pop active = 800 M).

- Main d’œuvre qualifiée grâce aux efforts de scolarisation ainsi par ex. : ingénieurs formés en Chine et Inde par an : 800 000 et 350 000).


b) Un marche intérieur immense
- Marché de consommation intérieur de plus en plus important avec développement des classes moyennes : ex. en Inde et Chine, environ 300 millions de personnes (d'où augmentation très forte des produits de consommation courante comme les automobiles, en Chine actuellement (25 M de voitures vendues en 2015, 1er marché mondial et de loin
soit 7 millions de plus qu'aux Etats-Unis et 6 millions de plus qu'en Europe).

 

2) Des freins

- Risques naturels importants : Inondations car Mousson (Bangladesh, Pakistan) forte activité sismique de la région d'où aussi : tsunami, éruptions volcaniques fréquentes (Tsunami en Asie Sud-Est en 2004 environ 250.000 victimes dans toute la région).

- Problème de la sécurité alimentaire : Encore plus de 60 % des mal nourris de la planète sont en Asie, 1/5 pop indienne en sous-nutrition mais le chiffre ne bouge pas depuis 1995. Ici : dilemme entre modernisation et maintien agriculture traditionnelle se pose ► Modernisation agricole veut dire endettement et pollution (intrants, OGM) mais l'agriculture traditionnelle ne peut fournir des quantités insuffisantes. Nouvelle pratique pour pays comme Chine : l'achat de terres à l’étranger, notamment en Afrique (Land Grabbing*) pour cultures commerciales.

- Besoin en infrastructures : Inhérent à tout pays en développement et d'autant plus rapidement pour les pays émergents = routes, réseau d'eau, assainissement, électrification et surtout des villes puisque forte croissance démo. Mais aussi besoins sanitaires et éducation.
 

- Enfin problème majeur du vieillissement de la population constaté dans quasiment tous les pays d'Asie : diminution de la population active et prise en charge des retraités très difficile : Situation actuelle au Japon, et d’ici 20 ans, en Chine d'où par exemple assouplissement de la politique de l'enfant unique (mais qui peine à se mettre en place).

* Voir diapositive 12 graphique Vieillissement population en Asie

B) La croissance économique et l’ouverture au monde

 

1) Des facteurs favorables

- Une force financière importante pour pays émergents.
- Un potentiel productif important dans PMA.

- Des ressources qui assurent le développement économique mais qui dynamisent le commerce mondial donc qui permettent l'apport de devises (exemple métaux rares issus des « terres rares » en Chine soit un ensemble « de dix-sept minerais dont le lanthane, le néodyme ou l'europium, devenus indispensables, notamment grâce à leurs propriétés magnétiques, à la fabrication d'objets de haute technologie tels les écrans plats, les téléphones portables, les voitures hybrides... » source : Le figaro.fr).

 

2) Des freins

- Inégalités sociales encore très fortes :
- Même si recul global de la pauvreté,
- Plus de 2 Milliards vivent avec moins de 2 Dollars par jour,
- Ainsi IDH Chine et Inde aux 101ème et 136ème rang mondial en 2012,
- Indice de Gini montre écarts importants partout en Asie aussi.

- Des inégalités socio-spatiales :
- Des inégalités se retrouvent entre campagnes et villes (80 % de la pop pauvre vit dans les campagnes aux Philippines, en Chine c'est 90% ) d'où exode rural
- Construction des bidonvilles (ex. de Mumbai avec bidonville de Dharavi avec près d'1 M d'hab.)
- Population soumise à l'acceptation de n'importe quel emploi le plus souvent informel, mal payé et mal traité. En Chine, entre 130 et 150 millions de Mingongs*.
- Tensions sociales existent et se renforcent en Asie = grèves, manifestations (Bangladesh dans les textile).

- Problème environnemental récurrent et qui s'amplifie.
- Forte exposition aux risques tecnhologiques et industriels du fait de l'absence de normes, de lois ou encore de l'incurie des autorités parfois comme à Fukushima au Japon le 11 Mars 2011 où un tsunami provoque une série d'accidents dans centrale nucléaire : aujourd'hui la radioactivité dans l'océan est forte car infiltrations eaux de refroidissement, 600 Km² contaminés et populations déplacées.
- Pollution atmosphérique en Chine car usage important du charbon (chauffage, centrales thermiques) et développement automobile, le pays est ainsi le 1er émetteur de G.E.S. Déforestation en Chine et Asie du Sud pour plantations comme palmier à huile, donc destruction de l'écosystème. Pollution nappes phréatiques et cours d’eau suite à révolution verte* en Inde.

- Epuisement rapide des ressources du fait du développement économique très rapide et incontrôlé ► une centrale électrique à charbon est construite par semaine en Chine.


* voir diapositive 13 Emissions GES monde
 

Conclusion : Une région qui connaît un développement économique et une croissance démographique soutenues contrairement au reste du monde mais qui ne connaît pas encore un développement durable puisque les inégalités restent très fortes dans un environnement particulièrement dégradé : ce constat peut se résumer par l'expression « une émergence sélective ».
Prise de conscience récente mais pas forcément suivie d'effets car risquerait de mettre en péril le développement économique et les intérêts des FTN. On peut alors s'interroger sur le rôle moteur récent de la Chine et sur le rôle du Japon, en retrait depuis les années 2000, tous deux entre tentation hégémonique, rivalité régionale et nécessaire prise en compte des faiblesses internes.


Chapitre 4 PMO : un foyer de conflits depuis 1945

dans la catégorie TS Histoire

Chapitre 4. Proche-Orient et Moyen-Orient : un foyer de conflits depuis 1945

Diaporama_PMO_Foyer_de_conflits.pdf

Fiche_numerique_Syrie_coeur_d_une_region_instable.pdf

Fiches_de_revision.pdf

Le sujet de composition suivant peut être envisagé :

Le Proche et Moyen-Orient, un foyer de conflits depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale


Introduction : définition des termes du sujet

- Foyer = souvent employé en Géo dans le sens foyer de peuplement i.e origine ms aussi zone de forte densité humaine. Ici au sens géopolitique c'est un peu la même idée : origine des conflits et intensité (L. Fabius, ex-ministre des affaires étrangères a par exemple parlé de « mère de toutes les guerres » concernant le conflit israélo-palestinien).
► Région du globe la plus instable et sur le plus long terme (70 ans d'instabilité) d'où le terme « foyer ».

- Conflits = conflits inter-ethniques, religieux et politiques enchevêtrés difficiles à analyser d'où plan chrono-thématique, donc conflits régionaux conventionnels (guerres israélo-arabes au moins jusqu'en 1973), guerres asymétriques de basse intensité, guérillas (Hamas à Gaza et les Intifadas*).

* Diapositives 1, 2, 3 & 4

- PMO = ancien territoire de l'Empire ottoman* ► Relations complexes avec le monde arabe, l'Empire ottoman ayant été à la fois considéré comme un modèle de puissance mais aussi négateur parfois de la culture arabe, permanence de la notion aussi de « Nardha » النهضة i.e la renaissance du monde arabe surtout face à l'Occident, théorisée après la GM1 avec la création des Etats arabes modernes).
- PMO = termes européens ► « Proche-Orient » et « Moyen-Orient » : les expressions renvoient à des découpages géopolitiques effectués il y a un siècle. Ce sont des appellations occidentales (britanniques et françaises) donc une lecture européo-centrée de la géographie, répandue par l'occidentalisation du monde au XX ème s. De plus, la GM1 joue un rôle majeur dans le nouveau découpage des frontières inventées pour la plupart entre 1914 et 1923.

- Le Proche-Orient : l’expression employée par les diplomates français dès la fin du XIX ème s. désigne les régions orientales du bassin méditerranéen, de la Turquie à l’Egypte Cette région est aussi désignée par l’expression, aujourd’hui datée de « Levant ».

- Le Moyen-Orient : expression employée et imposée par les Anglo-saxons (Middle East) dès le début du XX ème s. (terme apparaît pour la 1ère fois en 1902) pour désigner une zone médiane entre Proche et Extrême-Orient, centrée sur le Golfe persique = un espace géographique limité par le Levant à l’ouest, l’Iran, le Pakistan et l’Afghanistan à l’Est, il s’étend du sud du Caucase à la péninsule arabique. L’Egypte est incluse dans cette région. L’expression de Moyen-Orient est de nature géopolitique.

 

Donc, PMO ne recouvrent pas nécessairement deux ensembles distincts. Moyen-Orient désigne un Proche-Orient élargi pour les anglo-saxons. Le quotidien Le Monde distingue, lui, un Proche-Orient méditerranéen et un Moyen-Orient général (à l'anglaise) ou plus restreint autour du golfe Persique. Il semble donc plus pertinent actuellement d'utiliser le terme MO.
En géopolitique on parle aussi beaucoup de l'« 
arc des crises », ce qui en dit long sur l'instabilité chronique de la région.
- Typologie possible :
- Proche-Orient méditerranéen : Israël, Territoires palestiniens, Jordanie, Syrie, Liban, Turquie.

- La péninsule arabique : Arabie Saoudite, Yémen, Oman, Émirats arabes unis, Qatar, Bahreïn.

- Les États du Golfe (arabo-persique) hors péninsule arabique : Iran, Koweït, Irak.
 

Pb : Pourquoi cette région est-elle particulièrement un foyer de conflit  depuis la fin de le 2ème guerre mondiale ?

ou : Quels facteurs font de la région un foyer particulier de conflits ? Pourquoi ces conflits ont-ils dans la monde une telle résonance ?

I. Une région aux enjeux multiples
A) La GM2 et ses conséquences
1) Rappel du contexte (1920-1945)
2) PMO dans la GM2 et dans l'immédiat après-guerre
3) L'irruption de nouveaux acteurs

B) Une mosaïque de peuples et de religions
1) Les peuples du PMO
2) Le berceau des 3 monothéismes et... des divisions religieuses
3) La question des Lieux Saints
C) Une région aux ressources convoitées sources de conflits
1) Les hydrocarbures au centre des convoitises
2) L'enjeu de l'eau
3) Une région stratégique et sensible
II. Le PMO au cœur de la GF
A) Un enjeu majeur
1) Le rejet des puissances occidentales et l'échec du Panarabisme
2) La logique des blocs s'impose
B) Une région déstabilisée par des conflits permanents
1) L'Iran : Entre révolution islamique et guerre contre l'Irak (1953-1979-1988)
2) L'Afghanistan : de l'occupation soviétique aux Talibans (1979-2001)

3) La guerre civile au Liban
C) Les conflits israëlo-arabe et israëlo-palestinien (de 1948 à nos jours)
1) Israël et ses voisins : du conflit armé à la coexistence
2) La question palestinienne
3) L'internationalisation du conflit
III. De nouvelles conflictualités
A) Etat failli et peuple sans état
B) L'essor de l'islamisme radical
C) Le « Printemps arabe » et la difficile greffe démocratique

1) Des printemps arabes* du Maghreb au Machrek
2) La Syrie : Une guerre civile ou une (future) guerre globale ?

Conclusion


I. Une région aux enjeux multiples
A) La GM2 et ses conséquences

* Diapositives 4, 5 & 6

1) Rappel du contexte (1920-1945)
► Après la GM1, le traité de Sèvres a mis fin à l'Empire ottoman (1920) défait par les alliés anglo-français. La France obtient le mandat de la SDN sur la Syrie et le Liban. Ces deux états sont créés de toute pièce et ne correspondent à aucune réalité nationale, ethnique ou religieuse. Il en est de même pour la Palestine*, la Transjordanie et l'Irak (ancienne Mésopotamie) dominées par les Anglais. Ceux-ci contrôlent également l'Egypte et les émirats du Golfe arabo-persique. La partie turque de l'Empire ottoman est devenue un état indépendant gouverné par « le père des turcs » (Ataturk) Mustapha Kemal (1923). Le Royaume-Uni n’a donc pas respecté sa promesse faite lors de la GM1 de créer un grand royaume arabe dans la région, ce qui constitue un premier échec pour le panarabisme* et crée une première cause de rancoeur à l’égard des Occidentaux.

2) PMO dans la GM2 et dans l'immédiat après-guerre

- Pendant le conflit, PMO deviennent une région stratégique prépondérante en raison de la présence d'immenses ressources pétrolifères mais aussi du rôle que peuvent jouer les détroits et le Canal de Suez dans la conduite des opérations. Les Britanniques, maîtres du Canal qui relie l'Océan Indien (et donc leur empire ultramarin) à la Méditerranée, s'assurent en outre le contrôle de la Syrie (enlevée aux français de Vichy) et de l'Iran en commun avec l'URSS. Ils interviennent aussi en Irak (1941) et l'occupent militairement car cette région est tentée par un rapprochement avec les Nazis qui promettent beaucoup aux nationalistes arabes (voir aussi contacts nazis avec le Grand Mufti* de Jérusalem).

- A l'issue de la GM2, les Occidentaux ont beaucoup promis aux peuples de la région mais la situation reste la même. De plus le contexte semble favorable pour les nationalistes arabes du fait de l'affaiblissement de la France et de la GB, puissances coloniales en perte de vitesse partout dans le monde au profit des EU et de l'URSS. Cependant, il n'en est rien et la France récupère son mandat sur la Syrie et le Liban. Il faut des émeutes à Damas en mai 1945 pour que la France accepte de laisser l'indépendance à ces états « sous mandat ». Dans le même temps, la présence britannique est fortement contestée en Palestine (attentats de l'Irgoun* à Jérusalem en juillet 1946). Le dossier palestinien est transmis par les anglais à l'ONU qui propose un plan de partage en 1947 (voir infra).

3) L'irruption de nouveaux acteurs

- Les Américains s'installent pour la première fois en Arabie Saoudite en concluant avec le roi Ibn Saoud un « deal » autour de la question de l'approvisionnement en pétrole (POTUS Franklin D. Roosevelt). Ils s'engagent à protéger le royaume wahhabite* en échange de l'accès au pétrole saoudien. C'est le « Pacte de Quincy » du 14 Février 1945.
T° : La région sort de la GM plus désunie que jamais. De nombreuses questions restent en suspens et beaucoup ne sont toujours pas tranchées 70 ans plus tard.

B) Une mosaïque de peuples et de religions

Introduction : Le PMO est une région morcelée par les différentes identités ethniques, religieuses et politiques. Cependant il faut se garder de tomber dans le piège du morcellement ethnique ou religieux pour expliquer les divisions et l'absence de paix à long terme dans cette région du monde. D'autres régions, comme l'Europe, connaissent une grande variété ethno-linguistique et elle est globalement en paix depuis 70 ans (si on excepte les guerres de l'ex-Yougoslavie entre 1991 et 1995). Il apparaît donc que c'est plutôt l'instrumentalisation de la diversité par des groupes ou des pays ainsi que la convergence de certaines caractéristiques qui peuvent expliquer cette situation très instable. Ne pas oublier enfin la part des circonstances qui ne sont pas forcément prévisibles, ni prédéterminées ; enfin, il faut garder à l'esprit que la religion n'est qu'un aspect de l'identité.

* Diapositives 7, 8 & 9

1) Les peuples du PMO

Arabes : Peuple(s) de la Péninsule arabique de langue arabophone. L'arabe préexiste à l'Islam, les plus anciennes inscriptions pré-islamiques dateraient du IIIème s. de l'ère chrétienne.
Du fait que les Arabes sont les vecteurs de l'Islam dans tout le Machrek (et bien au delà) et que l'arabe soit la langue du Coran (la « récitation »), la confusion est fréquente entre religion et groupe ethno-linguistique. Il faut alors rappelé que le pays musulman le plus peuplé actuellement est l'Indonésie (non-arabe).

Kurdes : Peuple originaire des montagnes du Taurus et du Zagros (Kurdistan), les Kurdes sont un peuple sans état, seul le gouvernement irakien actuel leur reconnaît une région autonome depuis la guerre du Golfe de 1991. Ils vivent dans le sud-est de l'actuelle Turquie (50% de la population kurde totale), dans le nord de l'Irak (Erbil par exemple), dans l'ouest de l'Iran et dans l'extrême nord de la Syrie. Ils sont environ 35 M et sont majoritairement Sunnites mais on trouve aussi des Chrétiens, des Juifs ou encore des Yézidis. Leurs langues viennent toute de l'indo-européen. Ils constituent une importante diaspora dans le monde entier.

Turcs : Le mot « türk » viendrait des peuples nomades d'Asie centrale et ce dès les Vème ou VIème s. mais il n'est pas exclu que l'origine soit encore plus ancienne. Le mot est assez vague et l'origine de ces populations nomades qui ont essaimé partout en Asie centrale jusqu'en Asie mineure (actuelle Turquie) est mal connue.
Les Ottomans ne sont qu'une partie des Turcs mais la plus prestigieuse. En effet, à l'origine clan turcique d'Anatolie occidentale, ils conquièrent à partir du XIIIème s. l'ensemble du PMO puis le Maghreb et une partie de l'Europe balkanique. Il domine donc une très vaste région pendant 5 siècles avec pour capitale Istanbul. L'empire ottoman (Osmanlı İmparatorluğu) disparaît en 1920 à la suite du Traité de Sèvres. Mustapha Kemal dit le « père des Turcs » (Muṣṭafâ Kemâl Paşa) fonde la Turquie en 1923.

Perses (iraniens) :
Héritiers d'un immense empire antique, les Perses ou Iraniens (depuis 1934), sont des musulmans à majorité chiites et de langue farsi ou parsi (langue indo-européenne). Ils occupent toute la région qui s'étend du Chatt-El-Arab aux contreforts de l'Afghanistan. Aujourd'hui, la République Islamique d'Iran (جمهوری اسلامی ايران) est peuplée d'environ 77M d'hab. Cependant des minorités ethniques sont aussi très nombreuses comme des Kurdes, des Arméniens ou encore des Azéris. De fait, l'Iran exerce aussi un véritable soft power dans son aire de rayonnement (Tadjikistan, Ouzbékistan, Afghanistan pour partie...etc)

Yézidis : Ils sont un groupe kurdophone non musulman, de 300 000 personnes environ en Irak et pratiquent une religion à part, monothéiste et qui est un syncrétisme entre Christianisme et Islam surtout.


Juifs du PMO : Ils sont présents en Egypte, en Irak, en Syrie, au Yémen notamment même si la tendance actuelle est à l'émigration vers Israël (« alya » עליה ) du fait d'un contexte international de plus en plus défavorable et souvent clairement anti-israélien.

2) Le berceau des 3 monothéismes et... des divisions religieuses

► Cette région est le berceau des trois principales religions monothéistes.
Quelques éléments du lexique religieux du PMO :


Musulmans : Ce sont les fidèles de l'Islam et de leur Prophète Mohammed (Mahomet en français). Les musulmans sont estimés à environ 1,6 md soit près de 25% de la population mondiale.

Islam : (الإسلام ; ʾc'est-à-dire « soumission à Dieu ») Religion née au VIIème s. de l'ère chrétienne en Arabie. On peut qualifier l'Islam de « monothéisme absolu ». Elle est basée sur l'obéissance au Coran, recueil dicté par Allah (الله) à Mohammed sur le mont Hira. Propagée par Mohammed et les tribus bédouines jusqu'à la Mecque et Médine, l'Islam conquiert rapidement la totalité du PMO ainsi que l'Afrique du Nord, la Perse, l'Asie centrale, une partie de la péninsule indienne, de l'Asie du sud (Bangladesh actuel) et des archipels du sud-est asiatique (Indonésie). La « Umma » désigne l'ensemble de la communauté de ceux qui se réclament de l'Islam.

Juifs/Israëliens : Dans l'Antiquité, les Juifs sont les habitants du royaume de Juda. Ils sont aussi plus globalement appelé « Hébreux » (עברי ), ce qui fait référence au peuple sémitique de la Torah (5 premiers livres de la Bible hébraïque). De nos jours, il faut entendre par « juif », une personne qui se réclame de la religion appelée « judaïsme », pratiquante ou pas. Le mot « Israélien » ne désigne aucune appartenance ethnique ni religieuse : c'est une nationalité. Il existe donc des arabes, musulmans ou chrétiens, israéliens (environ 1,5 M sur 8,5 M d'habitants) mais aussi des druzes et circassiens israéliens (76% des israéliens sont juifs).

Sunnites/Chiites :
- Le Sunnisme est une branche de l'Islam (majoritaire) dont les membres sont partisans de la Sunna (i.e la coutume constituée des faits et des dits de Mahomet -Mohammed en arabe محمد ). [Voir carte diapositive 7 pour répartition géographique du Sunnisme]
- Le Chiisme regroupe les partisans d'Ali, gendre de Mohammed, qui revendique la succession du Prophète. Les Chiites attendent le retour d'un imam caché qui serait le descendant direct de Mohammed. Le Chiisme est en cela comparable au Christianisme qui attend le retour du Christ (la Parousie). Présents en Irak, Iran ou au Yémen mais aussi d'autres minorités rattachées au Chiisme comme les Alaouites (confession du clan Assad et littéralement « partisans d'Ali ») ou les Ismaéliens en Syrie ou encore les Druzes au Liban.

Chrétiens : Le Christianisme a son berceau en Palestine romaine car Jésus était juif de Nazareth. Il a essaimé ensuite dans le monde entier à partir de cette région. Mais sa particularité ici est qu'il est éclaté en plusieurs Eglises et qu'il est minoritaire depuis la conquête arabo-musulmane du VIIème s. Néanmoins, les Chrétiens, comme les Juifs, ont longtemps été protégés par les autorités des différents empires arabo-musulmans qui se sont succédés moyennant un impôt ( ce sont les « dhimmis »).
Tout au long de leur histoire bimillénaire, les Chrétiens d'Orient se sont divisés notamment sur les rites* et se rattachent, ou pas, à l'Eglise de Rome. Les communautés les plus importantes sont par exemple les Coptes (Egypte), les Maronites (Liban) et les Chaldéens (Irak) et Jacobites (Syrie). Les Chrétiens représenteraient actuellement eviron 4 à 5 % de la population du MO.
Il est à noter que les Chrétiens d'Irak et de Syrie sont actuellement persécutés par DAESH (qui applique ici une stratégie génocidaire), ils quittent donc en masse la région, il s'agit d'une véritable diaspora, pour se réfugier en Europe ou en Amérique.

3) La question des Lieux Saints

* Voir diapositive 10

► Une question très symbolique
- Quels lieux et pourquoi ? A faire rédiger (mots clés : Saint Sépulcre, Dôme du Rocher et mosquée Al-Aqsa, Esplanade des mosquées, Mur des Lamentations, Jérusalem).
- EDC Des affrontements fréquents : l'exemple de l'esplanade des mosquées

C) Une région aux ressources convoitées sources de conflits

1) Les hydrocarbures au centre des convoitises

* voir diapositives 11 & 12

- L’importance des réserves pétrolières et gazières est un facteur clé de compréhension pour tout ce qui touche aux grands équilibres géopolitiques de la région : 60% des réserves pétrolières et 40% des réserves gazières connues, le Moyen-Orient est un lieu majeur de production d’hydrocarbures et couvre une part importante des besoins énergétiques mondiaux (principaux producteurs : Arabie saoudite, Iran, EAU).


- Les premiers gisements ont été découverts en Perse en 1908 et leur contrôle est rapidement devenu un enjeu majeur pour les grandes puissances. La pénétration américaine au Moyen-Orient se fait aussi avec le pétrole : en 1927 les américains obtiennent + de 20% de l’Irak Petroleum Compagny et fondent en 1944, L’ARAMCO (Arabian American Oil Company). Avec le Pacte de Quincy, les américains s’engagent à fournir au roi Ibn Saoud une assistance militaire permanente en échange du monopole de l’ARAMCO dans l’exploitation du pétrole saoudien (pacte renouvelé en 2005 par Georges W. Bush).

- Dans les années 40 à 60, la part du PMO dans l'approvisionnement des Occidentaux est de 17 à 30% . Ceci explique leur dépendance mais aussi le fait que désormais
« l'or noir » est une arme pour les pays producteurs. L’OPEP* est ainsi créée à Bagdad en 1960, par les 5 principaux exportateurs d’alors : Arabie Saoudite, Irak, Iran, Koweït, Venezuela. L’OPEP domine le marché du pétrole dans les années 70 et décide unilatéralement l'augmentation du prix du baril de brut* en 1973 à la suite de la Guerre du Kippour entre Israël et ses voisins arabes (c'est une mesure de représailles). C'est le premier choc pétrolier (qui entraîne par ailleurs la crise économique majeure qui met fin aux Trente Glorieuses). Le second choc pétrolier a lieu avec la révolution iranienne de 1979 (voir infra).

- Depuis une 20aine d'années, le poids des pays du PMO dans la production et l'exportation des hydrocarbures tend à diminuer, d'une part parce que les pays occidentaux et la Chine (+ BRICA) innovent dans les énergies renouvelables (et le gaz de schiste) de plus en plus et aussi parce qu'ils ont varié leurs approvisionnements (la Russie est aussi un gros producteur et exportateur d'hydrocarbures). Ceci donne beaucoup moins de poids politique au PMO, ce qui, paradoxalement, peut expliquer le relatif immobilisme des Occidentaux quant au règlement des questions en suspens. A l'inverse, les « 
pétromonarchies » comme l'Arabie Saoudite ou le Qatar, cherchent à diversifier leur économie soit en investissant massivement à l'étranger (c'est le rôle des fonds souverains) soit en développant de nouveaux secteurs économiques. La vraie question semble bien être : comment sortir de la dépendance à « l'or noir » ?


2) L'enjeu de l'eau

* voir diapositive 13

Au Moyen-Orient le milieu est aride et la région est majoritairement en situation de stress hydrique. L’eau est très inégalement répartie et disputée d’autant que les besoins augmentent au fur et à mesure de la croissance démographique, de l’urbanisation et de l’essor des cultures irriguées.
- Les grands fleuves, peu nombreux, comme le Tigre et de l’Euphrate sont l’objet d’aménagements (barrages), sources de conflits, notamment entre la Turquie, la Syrie et l’Irak car ces pays en aval reçoivent forcément moins d’eau. D'autres part il faut rappeler que les régions traversées par ces fleuves sont particulièrement conflictuelles (
Chatt-El-Arab).
- Plus encore, le contrôle des nappes aquifères est aussi un élément clé du conflit israélo-palestinien. Une grande partie des ressources souterraines se situant en territoire palestinien. Le Jourdain, fleuve commun à Israël et à la Palestine est surexploité. Par exemple lors de la guerre des 6 jours en 1967, Israël envahit le plateau du Golan, grande réserve d’eau de la région.

- Seuls les pays les plus riches (Arabie, Israël, Jordanie dans une moindre mesure), investissent dans des usines de dessalement d’eau de mer très coûteuses.




3) Une région stratégique sensible

- Le Moyen-Orient est historiquement une zone de passage entre l’Europe et l’Asie (exemples routes commerciales au Moyen-Age : villes italiennes de marchands vers Asie, en Chine et Inde) Donc il existe une forte tradition de route commerciale renforcée au XIXème siècle avec construction du Canal de Suez par une société franco-britannique achevé en 1869 (Ferdinand de Lesseps) et évitera de contourner Afrique pour aller en Asie. Ceci explique la mainmise de la France et de la GB, jusqu'en 1956, sur cette partie stratégiquement très sensible du MO (voir l'importance du Canal de Suez pendant a 2ème guerre mondiale ou pour l'approvisionnement en marchandises de l'Occident).

- Donc un rôle géostratégique des détroits et des canaux majeur : le détroit de Bab-el-Mandeb entre la mer rouge et l’océan indien, le canal de Suez entre la mer rouge et la Méditerranée, détroit d’Ormuz entre l’océan indien et le Golfe persique, détroits du Bosphore et des Dardanelles entre la Méditerranée et la Mer Noire.

- Ces zones sont particulièrement surveillées parfois même protégées (présence de troupes internationales, dont troupes américaines, dans détroit d’Ormuz car point de passage des hydrocarbures ou encore lutte contre le piraterie en Mer Rouge et dans le Golfe d'Aden)


- Des frontières sont issues de la colonisation et ne tiennent pas compte des réalités ethno-linguistiques ni politiques (Irak, Syrie, Liban par exemple).
frontières contestées

- Enfin, la pression démographique est forte dans certaines régions démunies comme par exemple à Gaza (1,8 M d'hab. Et 5220 hab./km²). Attention, ici c'est bien la convergence de la pauvreté et des fortes densités de population qui est problématique.

* voir diapositives 14 & 15

II. Le PMO au cœur de la GF (1945-1990)

A) Un enjeu majeur

1) Le rejet des puissances occidentales et l'échec du Panarabisme*

* Diapositives 16, 17 & 18

► La période des années 50/60 est marquée par la renaissance du panarabisme et par un relatif effort d'émancipation par rapport aux puissances occidentales.

- En Iran, l'expérience de Mossadegh* fait long feu. Après avoir rompu les relations diplomatiques avec la GB, le Premier ministre Mossadegh nationalise le pétrole iranien puis renverse le Shah* en août 1953. Maintenu en place jusqu'à là par les Américains, celui-ci doit prendre le chemin de l'exil.
- Très vite, la CIA organise un coup d'Etat et la résidence de Mossadegh est bombardée. Il doit se rendre rapidement et est condamné à mort dans une parodie de procès. Les Américains obtiennent la création d'une compagnie pétrolière (NIOC ou Société iranienne des pétroles) dont la production revient aux Occidentaux. Ils conservent leur leadership dans la région au détriment des soviétiques mais aussi d'un pays qui avait espéré profité de ses immenses richesses. La Révolution iranienne remettra cet équilibre en cause en...1979.

- En Egypte, une certaine émancipation voit le jour notamment par rapport aux Anglais (qui détiennent toujours la maîtrise du Canal de Suez avec les Français). A la suite d'un coup d'état dit « des officiers libres » chassant le roi Farouk en 1952, un jeune officier, le colonel Gamal Abdel Nasser, prend le pouvoir. Il se présente rapidement comme le leader d'un pays non-aligné (l'Egypte est un des acteurs essentiels de la conférence de Bandung en 1955) même si le rapprochement avec l'URSS est effectif très vite pour contrer l'influence occidentale. Il se présente aussi comme le rassembleur des Arabes, leader en cela d'un panarabisme teinté de socialisme. Il décide de nationaliser le Canal de Suez, jusqu’alors exploité par une compagnie franco-britannique (juillet 1956). Cette décision entraîne immédiatement une intervention militaire conjointe des Français, des Britanniques et des Israéliens (dans le Sinaï), qui occupent militairement les sites stratégiques en Égypte. Mais l’intervention est condamnée par l’ONU et l’URSS menace de soutenir son allié égyptien. Les Etats-Unis font pression sur la France et le Royaume-Uni, qui sont contraints de retirer leurs troupes. Avec cette défaite des anciennes puissances européennes, la crise de Suez fait renaître pour un temps le rêve de l’unité arabe et du non-alignement. Mais c'est oublier qu'ici ce sont les EU et l'URSS qui ont dicté leur loi aux anciennes puissances coloniales. Le panarabisme nasserien reste donc un échec car il n'est pas parvenu à émanciper les peuples arabes de la région, ni (encore moins) à rétablir une quelconque unité.

* Voir extrait vidéo barrage d'Assouan
* Voir Fiche A.D Discours de Nasser sur la nationalisation du Canal de Suez, Alexandrie, 26 Juillet 1956.

Recherche à effectuer : En quoi la création de la Ligue arabe n'a-t-elle pas répondu aux aspirations unitaires du monde arabe ?

2) La logique des blocs s'impose

* Diapositive 19

Comme d’autres régions du monde, le Moyen-Orient est l’enjeu de la rivalité entre les États-Unis et l’URSS. Dans le cadre de la politique d’endiguement, les États-Unis soutiennent l’Arabie saoudite et la Turquie, qui devient membre de l’OTAN en 1952, l’Irak et l’Iran. Israël devient également l’allié privilégié des Américains à partir des années 1960. L’URSS soutient l’Égypte du colonel Nasser, l’Irak, la Syrie, le Sud Yémen et défend officiellement la cause des Palestiniens qui réclament la création d’un État indépendant.

Pour contrebalancer l'implantation soviétique dans la région, les Etats-Unis rejoignent le Pacte de Bagdad qui avait été créé en 1955 à l'initiative de la GB. Ils en prennent la direction et considèrent que c'est le complément de leur dispositif d'endiguement avec l'OTAN et l'OTASE.
Cette alliance regroupe l'Irak, le Pakistan, la Turquie et l'Iran (jusqu'en 1979), peu efficace et victime des divisions internes de ses membres, elle est dissoute en 1979.

B) Une région déstabilisée par des conflits permanents

► De nombreux conflits éclatent pendant la Guerre Froide. Ils sont souvent instrumentalisés par les deux blocs mais peuvent être aussi d'abord endogènes. Leurs caractéristiques sont leur durée, leur originalité (conflits non-conventionnels) et l'absence fréquente de règlement définitif. Trois exemples peuvent illustrer cette période.

1) L'Iran : Entre révolution islamique et guerre contre l'Irak (1953-1979-1988)

► En Iran, après le rétablissement sur le trône du Shah* Mohammad Reza Palhavi par les américains en 1953, le régime s'enfonce peu à peu dans la dictature (une des pires du PMO) : - Arrestations illégales, tortures et disparitions organisées par la police politique, la SAVAK, mégalomanie du Shah et clientélisme politique, soutien de plus en plus gêné des Occidentaux.
- Un Imam en exil depuis 1964, l'Ayatollah Khomeiny, appelle régulièrement à la révolte contre ce régime détesté des Iraniens eux-mêmes. A partir de la France, il organise l'insurrection. En décembre 1978, les grèves se succèdent et paralysent le pays. Les Américains (Jimmy Carter est président) « lâchent » la famille royale qui doit s'enfuir. L'Ayatollah rentre en Iran et est porté en triomphe. Il instaure une « République islamique d'Iran » proclamée le 1er avril 1979. Cette révolution islamique a un énorme écho dans le monde musulman, l'Iran se présentant de plus en plus comme un modèle de lutte contre l'impérialisme occidental (le « grand Satan américain »).

* Voir extraits vidéo INA http://www.ina.fr/contenus-editoriaux/articles-editoriaux/iran-du-shah-a-khomeiny/

- Mais l'Iran se trouve aussi rapidement entraîné dans une guerre terrible. En effet, aux oppositions religieuses (sunnites au pouvoir en Irak contre chiites en Iran), ethniques (Arabes contre Perses) et géopolitiques s’ajoute un ancien conflit frontalier entre l’Irak et l’Iran, concernant le fleuve Chatt-el-Arab, situé dans la province du Khuzestan qui délimite la frontière entre les deux Etats et se jette dans le Golfe persique. La question de la maîtrise du Golfe arabo-persique représente donc un facteur important pour le dictateur Saddam Hussein qui a besoin d'une victoire nationaliste contre l'ennemi héréditaire perse. Il lance ses troupes sur l’Iran, persuadé que la guerre sera courte. Mais l’agression de l’Irak qui comptait sur la désorganisation d'un pays en pleine révolution n'est pas couronnée de succès en dépit de l'occupation de quelques villes dans le Chatt-el-Arab. Les Iraniens combattent en masse et la guerre dure huit ans (1980-1988) pour aboutir à un quasi statu quo dans la région. Le bilan est catastrophique : sans doute plus d'un million de morts des deux côtés. Cet échec est aussi une des causes de la tentative d'annexion du Koweït par Saddam Hussein en 1990.

2) L'Afghanistan : de l'occupation soviétique aux Talibans (1979-2001)

► En revanche, la guerre d’Afghanistan (1979-1989) s’inscrit bien dans une logique de guerre froide.
- En 1979, les Soviétiques interviennent militairement pour secourir le gouvernement communiste menacé par les milices tribales. Les troupes de l’Armée rouge contrôlent les principales villes, mais s’enlisent dans les combats contre les moudjahidines* soutenus par les États-Unis.
- La guerre dure dix ans et laisse un pays politiquement éclaté aux mains des chefs de milices tribales. L'URSS finit par évacuer le pays en 1989 après des pertes considérables et un traumatisme durable dont on parle peu en Russie. On peut considérer qu'il s'agit là d'une sorte de « Vietnam soviétique » aux conséquences incalculables (dont en partie, la ruine du régime soviétique en décomposition avancée).
- De 1992 à 1996, un nouveau conflit éclate entre les forces gouvernementales du commandant Massoud et les talibans* qui veulent créer un État fondé sur la
charia*. Ces derniers l’emportent (Massoud est assassiné le 9 septembre 2001) et l’Afghanistan devient la base arrière du terrorisme islamiste et en particulier d’Al-Qaïda*.

* voir diapositives 20 & 21

3) La guerre civile au Liban

► Il s'agit d'une guerre civile quasi-permanente qui déchire le Liban des années 1970 à 1990.
- À partir de 1975, une guerre civile éclate entre les Phalanges armées maronites (chrétiennes) et les Palestiniens au Liban et leurs alliés arabes sunnites. Les camps de réfugiés palestiniens sont pris pour cible par les phalanges chrétiennes et, de leur côté, les Palestiniens massacrent des civils chrétiens et mènent une guérilla urbaine.
- Le conflit s’étend et entraîne une première intervention militaire de la Syrie, inquiète du basculement possible de l’équilibre des forces dans un Etat qu’elle considère comme appartenant à sa zone d’influence. Israël intervient à son tour.
- Au début des années 1980, le conflit se complique encore avec la formation du Hezbollah*, mouvement armé chiite libanais, soutenu par l’Iran et la Syrie, lequel devient l’adversaire principal d’Israël. Les attentats-suicides qu’il organise contre les Occidentaux à Beyrouth entraînent le départ des forces internationales qui quittent la capitale. En 1988, le pays se divise à nouveau lorsque le maronite Michel Aoun est nommé Premier ministre : la majorité des arabes sunnites soutient un second gouvernement pro-syrien dirigé par le sunnite Selim Hoss. Aoun entreprend alors une " guerre de libération " contre la Syrie. En 1989, les accords de Taëf (Arabie Saoudite) sont signés : ils prévoient une répartition équilibrée des pouvoirs au Liban.
- Toutefois, le pays reste en partie occupé par la Syrie et le Hezbollah continue de mener depuis le Sud des attaques contre Israël, qui bombarde ses positions à plusieurs reprises. Actuellement le
Liban est toujours très divisé et sous la crainte d'une extension du conflit syrien sur son propre territoire.










C) Les conflits israëlo-arabe et israëlo-palestinien (de 1948 à nos jours)

* voir diapositives 22 à 28

Introduction : La Palestine en tant qu’État disparaît de la carte du Moyen-Orient en 1947-1948. En effet, les Britanniques évacuent la région et, en novembre 1947, le plan de partage voté par l’ONU entraîne d'abord la création de l’État d’Israël, proclamé par David Ben Gourion* le 14 mai 1948, puis la première guerre entre les Israéliens et leurs voisins. Tsahal* (Forces de défense d’Israël, FDI) remporte le conflit contre une coalition comprenant l’Egypte, l’Irak, la Syrie, la Transjordanie (actuelle Jordanie) et le Liban. 800 000 palestiniens se réfugient à Gaza, en Cisjordanie et au Liban, chassés ou partis de leur plein gré dans l’espoir de revenir une fois Israël vaincu et détruit. Les Palestiniens deviennent un peuple sans terre. Cet événement est appelé la « Naqba » (la « catastrophe » commémorée chaque année le 15 mai) par les Palestiniens. Depuis, les rapports entre Israël et les « Territoires occupés palestiniens» (Gaza + Cisjordanie) ainsi qu'avec les voisins arabes n'ont cessé d'empoisonner la région même si d'autres conflits (Syrie, Irak) semblent actuellement les éclipser.

1) Israël et ses voisins : du conflit armé à la coexistence

a) La Crise de Suez

- Elle a déjà été traitée précédemment : elle montre surtout la puissance naissante d'Israël dans la région, la faillite des anciens colonisateurs à régler tout problème et entraîne donc un surcroît de défiance des populations arabes vis-à-vis des occidentaux.

b) Un événement fondateur : la Guerre des 6 jours (Juin 1967)

- En réaction à une tentative de déstabilisation (envoi de commandos palestiniens) d'Israël par la Syrie pro-soviétique, Israël attaque l'aviation syrienne (destruction d'avions au sol). L'URSS prévient aussi l'Egypte qu'Israël semble préparer une intervention contre la Syrie. Or les deux pays, Egypte et Syrie, sont liés au sein de la Ligue arabe. Nasser mobilise à son tour et obtient le soutien de la Jordanie et de l'Irak.
- Israël attaque en premier les aéroports égyptiens et s'impose vite dans le Sinaï puis à Gaza et jusqu'au Canal de Suez. La Jordanie est à son tour rapidement mise en difficulté à l'est et Israël conquiert rapidement les villes de Cisjordanie. Le Golan, immense plateau entre Israël, la Syrie et le Liban est à son tour conquis.
- La guerre n'a duré que 6 jours et aboutit à une défaite complète des états arabes qui perdent des territoires au profit d'Israël. De plus le bilan humain est très lourd pour l'Egypte (10000 morts) et la plus grande partie de son armée détruite.

- Les conséquences territoriales et humaines sont catastrophiques pour les Palestiniens surtout : occupation israélienne du Sinaï (finalement restitué à l'Egypte), de la Bande de Gaza, de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est, enfin du Golan (voir carte) (qui permet par ailleurs à Israël de renforcer son contrôle sur l'eau).
- Cette défaite renforce aussi la
question des réfugiés palestiniens (200.000 de plus après 1967), population qui fuit dans des pays où elle est souvent jugée comme déstabilisatrice (Syrie, Liban ou Jordanie) : au total les réfugiés palestiniens dont ceux pris en charge par l'UNRWA* et leurs descendants sont actuellement 9,2 M. En Israël ils ne sont qu'1,4 M.

CCL : Cette guerre est un camouflet pour les pays arabes voisins (et surtout pour Nasser) qui perdent des territoires et qui montrent aussi la quasi-invincibilité de Tsahal : c'est le glas du panarabisme. Elle a pour effet de renforcer l'aide américaine (fourniture d'armes) dans le même temps. Elle entraîne aussi une radicalisation progressive des palestiniens. Pour finir, c'est aussi le vote de la résolution 242 du Conseil de Sécurité de l'ONU qui exige la restitution des territoires palestiniens par Israel le 22 Novembre 1967 qui est la base des négociations de paix depuis. Mais il existe un désaccord sur l'interprétation du texte qui dit en français «exigence retrait des territoires occupés» donc tous les territoires (interprétation défendue par palestiniens et états arabes), ou «retrait de territoires » en anglais, (interprétation défendue par Israël).


c) La Guerre du Kippour (1973) et les accords de Camp David (1978)

- C’est le 4ème conflit entre Israël et ses voisins arabes : L’Egypte et son nouveau président Anouar El Sadate, qui souhaitaient récupérer les territoires perdus en 1967 pensaient que seuls les Etats-Unis étaient en mesure d’amener Israël à négocier et pensait qu’une nouvelle guerre, menaçant les intérêts économiques et pétroliers des grandes puissances, pouvait les pousser à exercer des pressions sur l’Etat hébreu.

- L'Egypte attaque donc conjointement avec la Syrie : la première dans le Sinaï et la seconde dans le Golan le 6 Octobre 1973 (Jour du Kippour c'est-à-dire fête juive du Grand Pardon). Surpris, les israéliens sont repoussés et vite mis en difficulté. Mais ils lançent une contre-offensive victorieuse en Syrie (Ariel Sharon) et attaquent aussi les Egyptiens. Le aident Israël alors que l'URSS fournit de l'aide à la Syrie et à l'Egypte. L'OPEP décide l'embargo sur les produits pétroliers pour faire pression sur les Etats-Unis (ce qui déclenche le 1er choc pétrolier).
- Israël et ses attaquants sont contraints finalement de négocier par l'URSS et les EU. Paradoxalement, cette guerre aboutit aussi à l'établissement de relations entre l'Egypte et Israël (la « politique des petits pas » notamment à propos du sort des prisonniers). Israël se retire d'une partie du Sinaï et rend les champs pétroliers égyptiens de Suez : c'est un (très relatif) succès pour Sadate.

- Le discours d'Anouar el Sadate devant la Knesset (parlement israélien) est un événement majeur. Il entame ainsi le processus de paix. Il y reconnaît officiellement Israël, en échange retrait total des territoires occupés depuis 1967 et affirme le droit des palestiniens à l’autodétermination. Mais le premier ministre israelien Menahem Begin refuse ce dernier point.

Même si le sommet arabe de Tripoli de Décembre 1977 conteste les négociations entamées par Egypte, celles-ci continuent cependant.
- Ceci aboutit à un accord bilatéral historique entre Egypte et Israël : Sadate rencontre Begin aux Etats-Unis. Ils signent les accords de Camp David en Septembre 1978 (puis traité bilatéral israélo-égyptien du 26 Mars 1979 à Washington dans lequel est réaffirmée la résolution 242 comme base de négociation). Israël s’engage à quitter le Sinaï (évacué en 1982), accepte l'élection d'une autorité palestinienne et l'intégration de la Jordanie dans les négociations.

- Toutefois, l’Egypte se coupe ainsi d’une grande partie du monde arabe puisque le pays est exclu de la Ligue Arabe* mais bénéficie d’une aide économique massive des Etats-Unis.

- Autre marque de cette hostilité : Sadate est assassiné le 6 Octobre 1981 au cours d’un défilé qui célèbre la « victoire » de 1973, un commando armé de 4 hommes se réclamant d’un groupe islamiste clandestin ayant des ramifications dans l'armée, Takfir wal Hijra (« repentir et retraite ») l'assassine mais ses successeurs poursuivent une politique « d'entente modérée » avec Israël.

2) La question palestinienne : entre instrumentalisation et division

a) Quelles stratégies pour l'OLP ?

- Fondée en 1964, l'OLP est une fédération de mouvements combattants comme le Fatah* de Yasser Arafat ou encore le FPLP* de Georges Habbache. A partir de la défaite catastrophique de 1967, l'OLP prend conscience de l'incapacité des états arabes à combattre Israël pour la cause palestinienne et qu'il faut donc passer à l'action de son propre (Fédayins). Ce constat entraîne une lutte armée sur le terrains (dans les « territoires occupés) mais aussi le recours au terrorisme international (attentat contre les athlètes israéliens lors des J.O de Munich en 1972). Mais dans un premier temps, l'OLP utilise peu la Cisjordanie ou Gaza comme terrain de guérilla mais lance plutôt des actions de l'étranger, ce qui explique en retour les difficultés croissantes d'existence dans des pays tels que la Jordanie ou l'Egypte.
- En Septembre 1970, le roi hachémite de Jordanie, Hussein, décide de réduire à néant les camps palestiniens du royaume pour éliminer définitivement la présence menaçante de l'OLP et de sa composante radicale, le FPLP. On estime le nombre de victimes entre 3500 et 10.000.
Cette opération d'extermination fait naître en retour l'organisation terroriste palestiniennne « Septembre Noir » responsable du massacre de Munich.
- L'OLP se réfugie majoritairement à Beyrouth au Liban qu'elle contribue à déstabiliser et qu'elle doit ensuite quitter en 1982.

b) Intifada, Hamas et division palestinienne

- L'Intifada ou « guerre des pierres » naît de l'occupation israélienne, de la répression et des multiples vexations et expropriations à l'encontre de la population palestinienne depuis 1967. Ce sont des manifestations de masse et des actes de guérilla contre l'armée israélienne qui durent au moins de 1987 à 1993. Cette première intifada aurait fait au moins 1000 morts du côté palestinien mais permet une relative médiatisation internationale de la situation catastrophique des Territoires.
- Contrairement à l'OLP, le Hamas est un mouvement de résistance armée qui base sa politique sur la « ré-islamisation » de la société palestinienne. C'est donc autant un mouvement religieux que combattant. Il est créé en 1987 à Gaza. Il rejette l'OLP qu'il considère comme compromise dans la recherche d'une paix désavantageuse. Il prône ouvertement la destruction d'Israël et utilise les attentats-suicides en Israël et dans les territoires palestiniens espérant ainsi créer une « radicalisation » des deux parties (juifs et palestiniens).
- Israël doit donc, à partir des années 80, faire face à deux mouvements islamistes parfaitement organisés au Sud Liban avec le Hezbollah chiite, étroitement lié à l'Iran, et à Gaza avec le Hamas. Ces deux groupes se livrent à des attentats-suicides et à des attaques d'Israël incessants créant un sentiment d'insécurité et un profond rejet de toute idée d'état palestinien dans une grande partie de la population (par exemple tirs de roquettes depuis le Sud-Liban sur Israël).
3) L'internationalisation du conflit et sa persistance

- Après la première guerre du Golfe le président américain George Bush pense se servir de sa victoire pour imposer une paix durable au PMO d'abord en réglant la question israélo-palestinienne. Menés par son successeur, Bill Clinton, les Accords d’Oslo d’août 1993 admettent le principe d’une autonomie des territoires palestiniens, concrétisée par les Accords de Washington en septembre suivant. Ces accords sont marqués notamment par la poignée de main ultra-médiatisée (et improvisée ?) entre Yitzhak Rabin, 1er ministre israélien (assassiné en 1995 par un extrémiste sioniste*), et Yasser Arafat.
- Mais les Israéliens redoutent une solution à deux états notamment du côté de la Droite (Ariel Sharon ou Benyamin Netanyaou) et de l'Extrême-Droite qui préconisent toujours la conquête du « Grand Israël ». Ils bloquent toute négociation autour de la construction d’un État palestinien, allant jusqu’à faire édifier un mur de séparation (en réalité une multitude de murs) pour isoler la Cisjordanie, encourager la colonisation et jouer la division des Palestiniens pour empêcher l’apparition d’un interlocuteur unique. Le Hamas*, prend ainsi le contrôle de la bande de Gaza alors que la Cisjordanie reste sous contrôle de l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas.
- Ce qu'il faut retenir est l'échec des médiations internationales (y compris de la part de l'ONU voir http://www.un.org/french/Depts/palestine/index.shtml) et le soutien inconditionnel des EU à Israël, même si ceux-ci, notamment lors de la Présidence Obama (2009-2015) s'interrogent de plus en plus sur la pertinence de cette politique. Ainsi entre la deuxième intifada (2000) et nos jours, on assiste à une multiplication des colonies juives qui diluent de plus en plus les territoires palestiniens dans un ensemble invivable et qui rendent chaque jour l'émergence d'une solution à deux états impossible (voir diaporama).

Quelques dates depuis les Accords d'Oslo :

1995 : Accords d’Oslo II qui mettent en pratique les accords de transition vers un état palestinien avec la création de l’Autorité Palestinienne sur les territoires évacués par Israël.

Assassinat d’Itzhak Rabin par un extrémiste juif. Reprise des attentats palestiniens contre Israël et blocage du processus de paix

2000 : Retrait israélien du sud-Liban, investi par le Hezbollah*

Echec du sommet de Camp David II entre Bill Clinton, Yasser Arafat et Ehud Barak (Premier Ministre israélien)

2ème Intifada après la visite sur l’Esplanade des Mosquées à Jérusalem d’Ariel Sharon, leader de la Droite israëlienne (le Likoud)

2002 : Construction du mur de sécurité entre Israël et la Cisjordanie

2004 : Mort de Yasser Arafat : Mahmoud Abbas lui succède

2005 : Retrait israélien et démantèlement des colonies de la bande de Gaza

2006 : Victoire du Hamas aux élections législatives palestiniennes

2007 : Crise politique de l’Autorité Palestinienne : le Hamas contrôle la Bande de Gaza, le Fatah la Cisjordanie

2009-2017 : Coalitions de Droite au pouvoir en Israël notamment avec Benyamin Netanyaou comme Premier Ministre, poursuite de la colonisation en Cisjordanie.
2012 : Reconnaissance par l'ONU de la Palestine comme « Etat observateur non-membre »

III. De nouvelles conflictualités

* voir diapositives 29 et 30

A) Etat failli et peuple sans état

- Les années 2000 voient émerger la problématique lourde de conséquences de l'Irak comme « état failli », problématique que l'on peut aussi quasiment appliquer à la Syrie depuis 2011. L'intervention américaine de 2003 en Irak, outre qu'elle na pas permis d'installer une vraie démocratie en chassant Saddam Hussein, a aussi profondément déstabiliser le pays et renforcé un sentiment isolationniste aux EU. L'Irak est désormais divisé entre un Kurdistan quasi-autonome au nord, mais surtout entre Chiites et Sunnites entraînant des violences inter-communautaires et de nombreux attentats (par exemple 10.000 morts en 2014). Cette situation permet aussi à « DAESH » de prospérer car l'organisation se fait aussi le défenseur des Sunnites face aux Chiites du centre et du Sud. C'est ce qui explique le bon accueil qu'a fait la population irakienne pour une part à l'auto-proclamé « Etat islamique » lorsqu'il a conquis son territoire à partir de 2011-2012.

- La question kurde reste aussi en suspens dans cette région et est facteur de déstabilisation. Elle touche la Syrie, la Turquie et l'Irak (la Géorgie, l'Arménie, l'Azerbaïdjan et l'Iran dans une moindre mesure). Le « Kurdistan » est un territoire d'environ 400.000 km². Les Kurdes subissent la répression dans tous ces pays mais surtout en Turquie, où un groupe terroriste kurde, le PKK (parti des travailleurs du Kurdistan) se livre régulièrement à des attentats, et en Irak (bombardement chimique de villages kurdes par S. Hussein en 1988 notamment à Halabja faisant 5000 morts).
* Voir l'Histoire n° 429, Novembre 2016, « Les Kurdes, 1000 ans sans état » (disponible au CDI).

B) L'essor de l'Islamisme radical

1) Naissance de l'islamisme

► L'Islamisme tel qu'on le définit en Occident est un mouvement ancien qui idéalise un retour aux premiers temps de l'Islam, période d'unité et de rayonnement (soit le califat de Mohammed et des 4 premiers califes i.e les « successeurs »). Cette idée est appelée « Salafiyya » (où l'on retrouve la racine du mot « salafisme »). Il s'épanouit notamment à l'université Al-Hazar au Caire à la fin du XIXème s. Une des cibles de ses partisans (dont par exemple Muhammad Abduh* ou plus tard Rachid Rida*) est l'empire ottoman. En effet, ils pensent que le califat détenu par les Ottomans est une anomalie et qu'il doit être exercé, comme aux « premiers temps » par des Arabes. Ici, l'on peut dire que l'arabisme (bientôt panarabisme) et l'islamisme se rejoignent. Un autre grand mouvement se développe aussi notamment en réaction à la mainmise occidentale sur le PMO, c'est la confrérie des « Frères musulmans » créée par Hassan Al-Banna en Egypte en 1928 et qui prône l'avènement d'un état islamique unifié dirigé par un calife et par la charia*. Ce mouvement inspire plus tard (après la GM2) de nombreux groupes islamistes.
- Enfin une notion importante se renforce au début du XXème s., toujours dans la perspective d'une renaissance arabo-islamique, c'est l'idée de « Djihad » (جهاد ) c'est-à-dire l'effort sur soi et pour la communauté. Traditionnellement, on considère qu'il existe 4 catégories de Djihad : « par le cœur, par la langue, par la main et par l'épée ». Le Djihad n'est donc pas seulement une « guerre sainte », c'est pour cette raison qu'il est réducteur d'assimiler le « Djihad » à l'idée de violence (il est donc peu pertinent de parler de « djihadistes »).
- Ces différentes composantes se sont cristallisées autour de la lutte contre l'Occident supposé « apostat » à partir des années 70, y compris contre ce qui est vécu comme le substitut régional de la colonisation occidentale, c'est-à-dire Israël. Cette période aussi correspond à la fin du rêve socialiste et panarabe. L'Islamisme prend le relais, dans un contexte de stratégie terroriste (littéralement qui entraîne la terreur chez l'adversaire), de ces idéaux d'unité qui n'ont jamais pu aboutir.

2) Le basculement dans la violence des mouvements islamistes (1970-2000)

- Trois événements paraissent constituer un « coup d'accélérateur » à l'émergence d'un islamisme combattant terroriste : la Révolution iranienne de 1979, la guerre en Afghanistan de 1979 à 1989 et les années de plomb (ou « guerre civile ») en Algérie entre 1992 et le début des années 2000.
- La Révolution iranienne de 1979 montre aux islamistes qu'il est possible de prendre le pouvoir par la force et d'instaurer un état théocratique (ce qui est globalement le point commun de tous ces mouvements). Même si la plupart de ces mouvements rejettent le Chiisme comme hérétique, l'Iran a incontestablement joué un rôle de modèle (notamment dans sa résistance aux EU).
- En Algérie, le GIA (Groupe islamique armé) lutte contre le pouvoir en place mais exporte aussi la terreur en France (nombreux attentats), c'est une tentative réussie d'internationalisation du conflit et un « terrain d'entraînement » efficace. Nombre de terroristes du GIA se retrouvent d'ailleurs ensuite au combat aux côtés des Talibans en Afghanistan constituant peu à peu une véritable internationale.
- Ces groupes en lutte contre les soviétiques en Afghanistan sont certainement à la base de la naissance d'un réseau parfois financé par la CIA américaine : Al-Qaïda.

3) De Al-Qaïda à l'Etat Islamique

- Le 11 Septembre 2001, le monde découvre stupéfait qu'il existe un réseau terroriste international assez puissant pour s'en prendre aux EU sur leur propre sol : ce sont les attentats qui détruisent les tours jumelles de Manhattan et une partie du Pentagone (et font plus de 2500 morts). Les services américains identifient rapidement le commanditaire, Oussama Ben Laden, riche héritier saoudien exilé au Pakistan mais auparavant stipendié par la CIA. Ainsi, la « base » a réussi un « coup médiatique » inespéré pour l'islamisme terroriste international : se faire connaître et reconnaître comme ennemi de l'Occident et porte-flambeau des musulmans que le groupe qualifie d'opprimés. La particularité est bien ici l'internationalisation, ce ne sont plus seulement les musulmans du PMO mais aussi ceux qui vivent en Occident, et la capacité à se constituer en réseau ainsi que l'utilisation savante et maîtrisée de nouvelles technologies de communication (internet). Al-Qaïda devient la cible des pays occidentaux notamment en raison des nombreux attentats commis partout dans le monde, Oussama ben Laden est éliminé par les américains en 2011.
- L'
Etat islamique (acronyme DAESH) prospère lui sur les décombres des états faillis syrien et irakien, il se développe à partir de 2011-2012. Il conquiert peu à peu une vaste zone à l'été 2014. Il est d'abord composé d'anciens cadres de l'armée irakienne et de recrues d'Al-Qaïda (qui est partout concurrencée et qui perd de l'influence). Son objectif est l'unification des tous les musulmans autour d'un état qualifié de « califat », dirigé par l'auto-proclamé « calife » Abou Bakr Al-Baghdadi.
Il attire ensuite de nombreux « combattants », y compris des jeunes (et moins jeunes) de pays occidentaux, qui y trouvent une cause à défendre. Mus par un sentiment de solidarité vis-à-vis des populations locales, les « djihadistes » (terme employé par les médias) se constituent en réseau avec des ramifications dans les pays d'origine (attentats de Janvier et Novembre 2015 en France ou encore en Belgique, attentats de Bruxelles). Actuellement l'Etat islamique est combattu par une coalition qui regroupe des pays arabes et des pays occidentaux, il subit d'importants revers militaires (bataille de Mossoul en cours en Irak).

* Diapositives 31 & 32

C) Le « Printemps arabe » et la difficile greffe démocratique

Introduction : Une des questions les plus fréquentes qui revient notamment dans les médias en Occident, ou même chez les « islamistes », est l'incompatibilité de l'Islam avec la Démocratie. Ce tropisme pose le débat historique d'un supposé antagonisme radical entre les croyances de l'Islam et les valeurs (occidentales) de la démocratie. Une autre question est sous-jacente : le monde arabo-musulman est-il prêt à accepter un système politique qui est né ailleurs (exogène) ?
Cette question a été au cœur du Printemps arabe des années 2010-2012 (dans le cours, nous adopterons plutôt le pluriel) et reste largement encore d'actualité. C'est à la fois une problématique historique et historiographique, ainsi qu'une question sociale prégnante.

1) Des printemps arabes* du Maghreb au Machrek
Attention ici on dépasse le cadre strict du PMO et l'on s'intéresse plus largement au monde arabo-musulman.
* Cette expression est une référence historique au « Printemps des peuples » de 1848 qui avait vu les nations européennes se révolter contre les régimes monarchiques considérés comme tyranniques.

a) Un monde arabe ébranlé
► Les régimes touchés par les printemps arabes ont souvent tous pour caractéristiques communes le soutien par l'Occident aux dictatures au nom de la lutte contre l'islamisme radical. Les dictateurs en place comme Khadafi en Libye ou Ben Ali en Tunisie mais aussi Moubarak en Egypte auraient été les garants de la stabilité de la région. Or ces pays sont traversés dès l'année 2010 par des mouvements contestataires de plus en plus violents animés par des populations (surtout jeunes et donc au chômage bien souvent) qui parviennent finalement à renverser les régimes honnis (un des slogans en Tunisie est « Ben Ali, dégage ! »). Khadafi est renversé en février 2011 (grâce à l'appui de l'intervention militaire regroupant les EU, la GB et la France), Ben Ali doit fuir en janvier 2011, Moubarak doit démissionner en Février 2011, au Yémen c'est Ali Abdallah Saleh qui doit partir en février 2012.

b) Un moyen : les manifestations, un vecteur : l'internet
► Pendant cette période, les manifestations monstres ont lieu dans tout le monde arabe aboutissant bien souvent à des mesures répressives comme en Syrie (voir fiche) ou à Bahrein. Au Caire, elles sont régulières à partir de janvier 2011 sur la place Tahrir qui devient emblématique de ce réveil des peuples arabes. Partout les manifestations sont aussi rendues possibles grâce aux réseaux sociaux qui permettent d'outrepasser les censures d'Etat (les régimes de Moubarak ou d'El Assad sont particulièrement répressifs). On parle même parfois d'une véritable « cyber-révolution ». Des journalistes occidentaux ont résumer le processus ainsi « Facebook pour planifier les manifestations, Twitter pour les coordonner et YouTube pour le dire au monde». D'autres, et notamment des politologues, relativisent beaucoup le rôle du « cyberactiviste » et pensent qu'il s'agit d'une construction occidentale.

c) L'impossible démocratie ?

► Certains régimes ont tenté d'éteindre la contestation en réformant leur système, bien souvent particulièrement peu démocratique en février-mars 2011 : réforme de Mohammed VI au Maroc, du sultan d'Oman, du roi Abdallah d'Arabie Saoudite. Néanmoins, sauf en Tunisie, nulle part la démocratie ne s'est imposée. Ainsi le régime égyptien du général Sissi est-il toujours aussi répressif face à la menace réelle ou présumée des islamistes.

* Diapositives 33 & 34

2) La Syrie : Une guerre civile ou une (future) guerre globale ?

* Voir fiche de travail La Syrie, le cœur d'une région instable

CCL : Une région désorganisée : des Etats faibles, l'absence de réelle intégration régionale
Etats faillis (« failed states ») Irak, Syrie, Yémen = n'ont plus le monopole de la « violence légitime », n'exercent plus les fonctions régaliennes (monnaie, police, justice) donc proies faciles pour groupes inter-étatiques comme DAESH (préférable d'utiliser le terme français « Etat islamique »)

* Diapositive 35

Références bibliographiques et sitographiques :

Grand Atlas Courrier International sd. Frank Tétart, 2016.
P. Boniface, H.Vedrine, Atlas des crises et des conflits, Armand Colin Fayard, 2016.
sd. C. Sedel-Lemonnier, le Proche et le Moyen-Orient, foyer de conflits, Ellipses, 2012.
Georges Mutin, Géopolitique du Monde arabe, Ellipses, 2012.
Alexandre Defay, Géopolitique du Proche-Orient, PUF « Que sais-je ? », 2016.

Pour réviser :
http://blog.ac-versailles.fr/histoiregeographie/index.php/post/14/03/2017/Chapitre-4-PMO-%3A-un-foyer-de-conflits-depuis-1945

https://histographie.net/0-terminale-s/

http://beaugency.over-blog.com/article-proche-et-moyen-orient-un-foyer-de-conflit-depuis-1945-123955024.html

http://blog.ac-versailles.fr/lecturesdumonde/index.php/category/TE3-Mme-COSTE


Pour aller plus loin et pour se tenir informé(e) :
http://www.un.org/french/Depts/palestine/index.shtml)

http://filiu.blog.lemonde.fr/

https://soundcloud.com/lelieuunique/les-geopolitiques-de-nantes-2016-la-menace-djihadiste


 

Réviser en vidéo : http://education.francetv.fr/matiere/epoque-contemporaine/terminale/video/le-moyen-orient-un-foyer-de-conflits-revisions-bac-histoire