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Chapitre 4 PMO : un foyer de conflits depuis 1945
dans la catégorie TS Histoire
Chapitre 4. Proche-Orient et Moyen-Orient : un foyer de conflits depuis 1945
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Le sujet de composition suivant peut être envisagé : Le Proche et Moyen-Orient, un foyer de conflits depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale |
Introduction : définition des termes du sujet
- Foyer = souvent employé en Géo dans le sens foyer de peuplement i.e origine ms aussi zone de forte densité humaine. Ici au sens géopolitique c'est un peu la même idée : origine des conflits et intensité (L. Fabius, ex-ministre des affaires étrangères a par exemple parlé de « mère de toutes les guerres » concernant le conflit israélo-palestinien).
► Région du globe la plus instable et sur le plus long terme (70 ans d'instabilité) d'où le terme « foyer ».
- Conflits = conflits inter-ethniques, religieux et politiques enchevêtrés difficiles à analyser d'où plan chrono-thématique, donc conflits régionaux conventionnels (guerres israélo-arabes au moins jusqu'en 1973), guerres asymétriques de basse intensité, guérillas (Hamas à Gaza et les Intifadas*).
* Diapositives 1, 2, 3 & 4
- PMO = ancien territoire de l'Empire ottoman* ► Relations complexes avec le monde arabe, l'Empire ottoman ayant été à la fois considéré comme un modèle de puissance mais aussi négateur parfois de la culture arabe, permanence de la notion aussi de « Nardha » النهضة i.e la renaissance du monde arabe surtout face à l'Occident, théorisée après la GM1 avec la création des Etats arabes modernes).
- PMO = termes européens ► « Proche-Orient » et « Moyen-Orient » : les expressions renvoient à des découpages géopolitiques effectués il y a un siècle. Ce sont des appellations occidentales (britanniques et françaises) donc une lecture européo-centrée de la géographie, répandue par l'occidentalisation du monde au XX ème s. De plus, la GM1 joue un rôle majeur dans le nouveau découpage des frontières inventées pour la plupart entre 1914 et 1923.
- Le Proche-Orient : l’expression employée par les diplomates français dès la fin du XIX ème s. désigne les régions orientales du bassin méditerranéen, de la Turquie à l’Egypte Cette région est aussi désignée par l’expression, aujourd’hui datée de « Levant ».
- Le Moyen-Orient : expression employée et imposée par les Anglo-saxons (Middle East) dès le début du XX ème s. (terme apparaît pour la 1ère fois en 1902) pour désigner une zone médiane entre Proche et Extrême-Orient, centrée sur le Golfe persique = un espace géographique limité par le Levant à l’ouest, l’Iran, le Pakistan et l’Afghanistan à l’Est, il s’étend du sud du Caucase à la péninsule arabique. L’Egypte est incluse dans cette région. L’expression de Moyen-Orient est de nature géopolitique.
► Donc, PMO ne recouvrent pas nécessairement deux ensembles distincts. Moyen-Orient désigne un Proche-Orient élargi pour les anglo-saxons. Le quotidien Le Monde distingue, lui, un Proche-Orient méditerranéen et un Moyen-Orient général (à l'anglaise) ou plus restreint autour du golfe Persique. Il semble donc plus pertinent actuellement d'utiliser le terme MO.
En géopolitique on parle aussi beaucoup de l'« arc des crises », ce qui en dit long sur l'instabilité chronique de la région.
- Typologie possible :
- Proche-Orient méditerranéen : Israël, Territoires palestiniens, Jordanie, Syrie, Liban, Turquie.
- La péninsule arabique : Arabie Saoudite, Yémen, Oman, Émirats arabes unis, Qatar, Bahreïn.
- Les États du Golfe (arabo-persique) hors péninsule arabique : Iran, Koweït, Irak.
Pb : Pourquoi cette région est-elle particulièrement un foyer de conflit depuis la fin de le 2ème guerre mondiale ?
ou : Quels facteurs font de la région un foyer particulier de conflits ? Pourquoi ces conflits ont-ils dans la monde une telle résonance ?
I. Une région aux enjeux multiples
A) La GM2 et ses conséquences
1) Rappel du contexte (1920-1945)
2) PMO dans la GM2 et dans l'immédiat après-guerre
3) L'irruption de nouveaux acteurs
B) Une mosaïque de peuples et de religions
1) Les peuples du PMO
2) Le berceau des 3 monothéismes et... des divisions religieuses
3) La question des Lieux Saints
C) Une région aux ressources convoitées sources de conflits
1) Les hydrocarbures au centre des convoitises
2) L'enjeu de l'eau
3) Une région stratégique et sensible
II. Le PMO au cœur de la GF
A) Un enjeu majeur
1) Le rejet des puissances occidentales et l'échec du Panarabisme
2) La logique des blocs s'impose
B) Une région déstabilisée par des conflits permanents
1) L'Iran : Entre révolution islamique et guerre contre l'Irak (1953-1979-1988)
2) L'Afghanistan : de l'occupation soviétique aux Talibans (1979-2001)
3) La guerre civile au Liban
C) Les conflits israëlo-arabe et israëlo-palestinien (de 1948 à nos jours)
1) Israël et ses voisins : du conflit armé à la coexistence
2) La question palestinienne
3) L'internationalisation du conflit
III. De nouvelles conflictualités
A) Etat failli et peuple sans état
B) L'essor de l'islamisme radical
C) Le « Printemps arabe » et la difficile greffe démocratique
1) Des printemps arabes* du Maghreb au Machrek
2) La Syrie : Une guerre civile ou une (future) guerre globale ?
Conclusion
I. Une région aux enjeux multiples
A) La GM2 et ses conséquences
* Diapositives 4, 5 & 6
1) Rappel du contexte (1920-1945)
► Après la GM1, le traité de Sèvres a mis fin à l'Empire ottoman (1920) défait par les alliés anglo-français. La France obtient le mandat de la SDN sur la Syrie et le Liban. Ces deux états sont créés de toute pièce et ne correspondent à aucune réalité nationale, ethnique ou religieuse. Il en est de même pour la Palestine*, la Transjordanie et l'Irak (ancienne Mésopotamie) dominées par les Anglais. Ceux-ci contrôlent également l'Egypte et les émirats du Golfe arabo-persique. La partie turque de l'Empire ottoman est devenue un état indépendant gouverné par « le père des turcs » (Ataturk) Mustapha Kemal (1923). Le Royaume-Uni n’a donc pas respecté sa promesse faite lors de la GM1 de créer un grand royaume arabe dans la région, ce qui constitue un premier échec pour le panarabisme* et crée une première cause de rancoeur à l’égard des Occidentaux.
2) PMO dans la GM2 et dans l'immédiat après-guerre
- Pendant le conflit, PMO deviennent une région stratégique prépondérante en raison de la présence d'immenses ressources pétrolifères mais aussi du rôle que peuvent jouer les détroits et le Canal de Suez dans la conduite des opérations. Les Britanniques, maîtres du Canal qui relie l'Océan Indien (et donc leur empire ultramarin) à la Méditerranée, s'assurent en outre le contrôle de la Syrie (enlevée aux français de Vichy) et de l'Iran en commun avec l'URSS. Ils interviennent aussi en Irak (1941) et l'occupent militairement car cette région est tentée par un rapprochement avec les Nazis qui promettent beaucoup aux nationalistes arabes (voir aussi contacts nazis avec le Grand Mufti* de Jérusalem).
- A l'issue de la GM2, les Occidentaux ont beaucoup promis aux peuples de la région mais la situation reste la même. De plus le contexte semble favorable pour les nationalistes arabes du fait de l'affaiblissement de la France et de la GB, puissances coloniales en perte de vitesse partout dans le monde au profit des EU et de l'URSS. Cependant, il n'en est rien et la France récupère son mandat sur la Syrie et le Liban. Il faut des émeutes à Damas en mai 1945 pour que la France accepte de laisser l'indépendance à ces états « sous mandat ». Dans le même temps, la présence britannique est fortement contestée en Palestine (attentats de l'Irgoun* à Jérusalem en juillet 1946). Le dossier palestinien est transmis par les anglais à l'ONU qui propose un plan de partage en 1947 (voir infra).
3) L'irruption de nouveaux acteurs
- Les Américains s'installent pour la première fois en Arabie Saoudite en concluant avec le roi Ibn Saoud un « deal » autour de la question de l'approvisionnement en pétrole (POTUS Franklin D. Roosevelt). Ils s'engagent à protéger le royaume wahhabite* en échange de l'accès au pétrole saoudien. C'est le « Pacte de Quincy » du 14 Février 1945.
T° : La région sort de la GM plus désunie que jamais. De nombreuses questions restent en suspens et beaucoup ne sont toujours pas tranchées 70 ans plus tard.
B) Une mosaïque de peuples et de religions
► Introduction : Le PMO est une région morcelée par les différentes identités ethniques, religieuses et politiques. Cependant il faut se garder de tomber dans le piège du morcellement ethnique ou religieux pour expliquer les divisions et l'absence de paix à long terme dans cette région du monde. D'autres régions, comme l'Europe, connaissent une grande variété ethno-linguistique et elle est globalement en paix depuis 70 ans (si on excepte les guerres de l'ex-Yougoslavie entre 1991 et 1995). Il apparaît donc que c'est plutôt l'instrumentalisation de la diversité par des groupes ou des pays ainsi que la convergence de certaines caractéristiques qui peuvent expliquer cette situation très instable. Ne pas oublier enfin la part des circonstances qui ne sont pas forcément prévisibles, ni prédéterminées ; enfin, il faut garder à l'esprit que la religion n'est qu'un aspect de l'identité.
* Diapositives 7, 8 & 9
1) Les peuples du PMO
Arabes : Peuple(s) de la Péninsule arabique de langue arabophone. L'arabe préexiste à l'Islam, les plus anciennes inscriptions pré-islamiques dateraient du IIIème s. de l'ère chrétienne.
Du fait que les Arabes sont les vecteurs de l'Islam dans tout le Machrek (et bien au delà) et que l'arabe soit la langue du Coran (la « récitation »), la confusion est fréquente entre religion et groupe ethno-linguistique. Il faut alors rappelé que le pays musulman le plus peuplé actuellement est l'Indonésie (non-arabe).
Kurdes : Peuple originaire des montagnes du Taurus et du Zagros (Kurdistan), les Kurdes sont un peuple sans état, seul le gouvernement irakien actuel leur reconnaît une région autonome depuis la guerre du Golfe de 1991. Ils vivent dans le sud-est de l'actuelle Turquie (50% de la population kurde totale), dans le nord de l'Irak (Erbil par exemple), dans l'ouest de l'Iran et dans l'extrême nord de la Syrie. Ils sont environ 35 M et sont majoritairement Sunnites mais on trouve aussi des Chrétiens, des Juifs ou encore des Yézidis. Leurs langues viennent toute de l'indo-européen. Ils constituent une importante diaspora dans le monde entier.
Turcs : Le mot « türk » viendrait des peuples nomades d'Asie centrale et ce dès les Vème ou VIème s. mais il n'est pas exclu que l'origine soit encore plus ancienne. Le mot est assez vague et l'origine de ces populations nomades qui ont essaimé partout en Asie centrale jusqu'en Asie mineure (actuelle Turquie) est mal connue.
Les Ottomans ne sont qu'une partie des Turcs mais la plus prestigieuse. En effet, à l'origine clan turcique d'Anatolie occidentale, ils conquièrent à partir du XIIIème s. l'ensemble du PMO puis le Maghreb et une partie de l'Europe balkanique. Il domine donc une très vaste région pendant 5 siècles avec pour capitale Istanbul. L'empire ottoman (Osmanlı İmparatorluğu) disparaît en 1920 à la suite du Traité de Sèvres. Mustapha Kemal dit le « père des Turcs » (Muṣṭafâ Kemâl Paşa) fonde la Turquie en 1923.
Perses (iraniens) :
Héritiers d'un immense empire antique, les Perses ou Iraniens (depuis 1934), sont des musulmans à majorité chiites et de langue farsi ou parsi (langue indo-européenne). Ils occupent toute la région qui s'étend du Chatt-El-Arab aux contreforts de l'Afghanistan. Aujourd'hui, la République Islamique d'Iran (جمهوری اسلامی ايران) est peuplée d'environ 77M d'hab. Cependant des minorités ethniques sont aussi très nombreuses comme des Kurdes, des Arméniens ou encore des Azéris. De fait, l'Iran exerce aussi un véritable soft power dans son aire de rayonnement (Tadjikistan, Ouzbékistan, Afghanistan pour partie...etc)
Yézidis : Ils sont un groupe kurdophone non musulman, de 300 000 personnes environ en Irak et pratiquent une religion à part, monothéiste et qui est un syncrétisme entre Christianisme et Islam surtout.
Juifs du PMO : Ils sont présents en Egypte, en Irak, en Syrie, au Yémen notamment même si la tendance actuelle est à l'émigration vers Israël (« alya » עליה ) du fait d'un contexte international de plus en plus défavorable et souvent clairement anti-israélien.
2) Le berceau des 3 monothéismes et... des divisions religieuses
► Cette région est le berceau des trois principales religions monothéistes.
Quelques éléments du lexique religieux du PMO :
Musulmans : Ce sont les fidèles de l'Islam et de leur Prophète Mohammed (Mahomet en français). Les musulmans sont estimés à environ 1,6 md soit près de 25% de la population mondiale.
Islam : (الإسلام ; ʾc'est-à-dire « soumission à Dieu ») Religion née au VIIème s. de l'ère chrétienne en Arabie. On peut qualifier l'Islam de « monothéisme absolu ». Elle est basée sur l'obéissance au Coran, recueil dicté par Allah (الله) à Mohammed sur le mont Hira. Propagée par Mohammed et les tribus bédouines jusqu'à la Mecque et Médine, l'Islam conquiert rapidement la totalité du PMO ainsi que l'Afrique du Nord, la Perse, l'Asie centrale, une partie de la péninsule indienne, de l'Asie du sud (Bangladesh actuel) et des archipels du sud-est asiatique (Indonésie). La « Umma » désigne l'ensemble de la communauté de ceux qui se réclament de l'Islam.
Juifs/Israëliens : Dans l'Antiquité, les Juifs sont les habitants du royaume de Juda. Ils sont aussi plus globalement appelé « Hébreux » (עברי ), ce qui fait référence au peuple sémitique de la Torah (5 premiers livres de la Bible hébraïque). De nos jours, il faut entendre par « juif », une personne qui se réclame de la religion appelée « judaïsme », pratiquante ou pas. Le mot « Israélien » ne désigne aucune appartenance ethnique ni religieuse : c'est une nationalité. Il existe donc des arabes, musulmans ou chrétiens, israéliens (environ 1,5 M sur 8,5 M d'habitants) mais aussi des druzes et circassiens israéliens (76% des israéliens sont juifs).
Sunnites/Chiites :
- Le Sunnisme est une branche de l'Islam (majoritaire) dont les membres sont partisans de la Sunna (i.e la coutume constituée des faits et des dits de Mahomet -Mohammed en arabe محمد ). [Voir carte diapositive 7 pour répartition géographique du Sunnisme]
- Le Chiisme regroupe les partisans d'Ali, gendre de Mohammed, qui revendique la succession du Prophète. Les Chiites attendent le retour d'un imam caché qui serait le descendant direct de Mohammed. Le Chiisme est en cela comparable au Christianisme qui attend le retour du Christ (la Parousie). Présents en Irak, Iran ou au Yémen mais aussi d'autres minorités rattachées au Chiisme comme les Alaouites (confession du clan Assad et littéralement « partisans d'Ali ») ou les Ismaéliens en Syrie ou encore les Druzes au Liban.
Chrétiens : Le Christianisme a son berceau en Palestine romaine car Jésus était juif de Nazareth. Il a essaimé ensuite dans le monde entier à partir de cette région. Mais sa particularité ici est qu'il est éclaté en plusieurs Eglises et qu'il est minoritaire depuis la conquête arabo-musulmane du VIIème s. Néanmoins, les Chrétiens, comme les Juifs, ont longtemps été protégés par les autorités des différents empires arabo-musulmans qui se sont succédés moyennant un impôt ( ce sont les « dhimmis »).
Tout au long de leur histoire bimillénaire, les Chrétiens d'Orient se sont divisés notamment sur les rites* et se rattachent, ou pas, à l'Eglise de Rome. Les communautés les plus importantes sont par exemple les Coptes (Egypte), les Maronites (Liban) et les Chaldéens (Irak) et Jacobites (Syrie). Les Chrétiens représenteraient actuellement eviron 4 à 5 % de la population du MO.
Il est à noter que les Chrétiens d'Irak et de Syrie sont actuellement persécutés par DAESH (qui applique ici une stratégie génocidaire), ils quittent donc en masse la région, il s'agit d'une véritable diaspora, pour se réfugier en Europe ou en Amérique.
3) La question des Lieux Saints
* Voir diapositive 10
► Une question très symbolique
- Quels lieux et pourquoi ? A faire rédiger (mots clés : Saint Sépulcre, Dôme du Rocher et mosquée Al-Aqsa, Esplanade des mosquées, Mur des Lamentations, Jérusalem).
- EDC Des affrontements fréquents : l'exemple de l'esplanade des mosquées
C) Une région aux ressources convoitées sources de conflits
1) Les hydrocarbures au centre des convoitises
* voir diapositives 11 & 12
- L’importance des réserves pétrolières et gazières est un facteur clé de compréhension pour tout ce qui touche aux grands équilibres géopolitiques de la région : 60% des réserves pétrolières et 40% des réserves gazières connues, le Moyen-Orient est un lieu majeur de production d’hydrocarbures et couvre une part importante des besoins énergétiques mondiaux (principaux producteurs : Arabie saoudite, Iran, EAU).
- Les premiers gisements ont été découverts en Perse en 1908 et leur contrôle est rapidement devenu un enjeu majeur pour les grandes puissances. La pénétration américaine au Moyen-Orient se fait aussi avec le pétrole : en 1927 les américains obtiennent + de 20% de l’Irak Petroleum Compagny et fondent en 1944, L’ARAMCO (Arabian American Oil Company). Avec le Pacte de Quincy, les américains s’engagent à fournir au roi Ibn Saoud une assistance militaire permanente en échange du monopole de l’ARAMCO dans l’exploitation du pétrole saoudien (pacte renouvelé en 2005 par Georges W. Bush).
- Dans les années 40 à 60, la part du PMO dans l'approvisionnement des Occidentaux est de 17 à 30% . Ceci explique leur dépendance mais aussi le fait que désormais « l'or noir » est une arme pour les pays producteurs. L’OPEP* est ainsi créée à Bagdad en 1960, par les 5 principaux exportateurs d’alors : Arabie Saoudite, Irak, Iran, Koweït, Venezuela. L’OPEP domine le marché du pétrole dans les années 70 et décide unilatéralement l'augmentation du prix du baril de brut* en 1973 à la suite de la Guerre du Kippour entre Israël et ses voisins arabes (c'est une mesure de représailles). C'est le premier choc pétrolier (qui entraîne par ailleurs la crise économique majeure qui met fin aux Trente Glorieuses). Le second choc pétrolier a lieu avec la révolution iranienne de 1979 (voir infra).
- Depuis une 20aine d'années, le poids des pays du PMO dans la production et l'exportation des hydrocarbures tend à diminuer, d'une part parce que les pays occidentaux et la Chine (+ BRICA) innovent dans les énergies renouvelables (et le gaz de schiste) de plus en plus et aussi parce qu'ils ont varié leurs approvisionnements (la Russie est aussi un gros producteur et exportateur d'hydrocarbures). Ceci donne beaucoup moins de poids politique au PMO, ce qui, paradoxalement, peut expliquer le relatif immobilisme des Occidentaux quant au règlement des questions en suspens. A l'inverse, les « pétromonarchies » comme l'Arabie Saoudite ou le Qatar, cherchent à diversifier leur économie soit en investissant massivement à l'étranger (c'est le rôle des fonds souverains) soit en développant de nouveaux secteurs économiques. La vraie question semble bien être : comment sortir de la dépendance à « l'or noir » ?
2) L'enjeu de l'eau
* voir diapositive 13
► Au Moyen-Orient le milieu est aride et la région est majoritairement en situation de stress hydrique. L’eau est très inégalement répartie et disputée d’autant que les besoins augmentent au fur et à mesure de la croissance démographique, de l’urbanisation et de l’essor des cultures irriguées.
- Les grands fleuves, peu nombreux, comme le Tigre et de l’Euphrate sont l’objet d’aménagements (barrages), sources de conflits, notamment entre la Turquie, la Syrie et l’Irak car ces pays en aval reçoivent forcément moins d’eau. D'autres part il faut rappeler que les régions traversées par ces fleuves sont particulièrement conflictuelles (Chatt-El-Arab).
- Plus encore, le contrôle des nappes aquifères est aussi un élément clé du conflit israélo-palestinien. Une grande partie des ressources souterraines se situant en territoire palestinien. Le Jourdain, fleuve commun à Israël et à la Palestine est surexploité. Par exemple lors de la guerre des 6 jours en 1967, Israël envahit le plateau du Golan, grande réserve d’eau de la région.
- Seuls les pays les plus riches (Arabie, Israël, Jordanie dans une moindre mesure), investissent dans des usines de dessalement d’eau de mer très coûteuses.
3) Une région stratégique sensible
- Le Moyen-Orient est historiquement une zone de passage entre l’Europe et l’Asie (exemples routes commerciales au Moyen-Age : villes italiennes de marchands vers Asie, en Chine et Inde) Donc il existe une forte tradition de route commerciale renforcée au XIXème siècle avec construction du Canal de Suez par une société franco-britannique achevé en 1869 (Ferdinand de Lesseps) et évitera de contourner Afrique pour aller en Asie. Ceci explique la mainmise de la France et de la GB, jusqu'en 1956, sur cette partie stratégiquement très sensible du MO (voir l'importance du Canal de Suez pendant a 2ème guerre mondiale ou pour l'approvisionnement en marchandises de l'Occident).
- Donc un rôle géostratégique des détroits et des canaux majeur : le détroit de Bab-el-Mandeb entre la mer rouge et l’océan indien, le canal de Suez entre la mer rouge et la Méditerranée, détroit d’Ormuz entre l’océan indien et le Golfe persique, détroits du Bosphore et des Dardanelles entre la Méditerranée et la Mer Noire.
- Ces zones sont particulièrement surveillées parfois même protégées (présence de troupes internationales, dont troupes américaines, dans détroit d’Ormuz car point de passage des hydrocarbures ou encore lutte contre le piraterie en Mer Rouge et dans le Golfe d'Aden)
- Des frontières sont issues de la colonisation et ne tiennent pas compte des réalités ethno-linguistiques ni politiques (Irak, Syrie, Liban par exemple).
frontières contestées
- Enfin, la pression démographique est forte dans certaines régions démunies comme par exemple à Gaza (1,8 M d'hab. Et 5220 hab./km²). Attention, ici c'est bien la convergence de la pauvreté et des fortes densités de population qui est problématique.
* voir diapositives 14 & 15
II. Le PMO au cœur de la GF (1945-1990)
A) Un enjeu majeur
1) Le rejet des puissances occidentales et l'échec du Panarabisme*
* Diapositives 16, 17 & 18
► La période des années 50/60 est marquée par la renaissance du panarabisme et par un relatif effort d'émancipation par rapport aux puissances occidentales.
- En Iran, l'expérience de Mossadegh* fait long feu. Après avoir rompu les relations diplomatiques avec la GB, le Premier ministre Mossadegh nationalise le pétrole iranien puis renverse le Shah* en août 1953. Maintenu en place jusqu'à là par les Américains, celui-ci doit prendre le chemin de l'exil.
- Très vite, la CIA organise un coup d'Etat et la résidence de Mossadegh est bombardée. Il doit se rendre rapidement et est condamné à mort dans une parodie de procès. Les Américains obtiennent la création d'une compagnie pétrolière (NIOC ou Société iranienne des pétroles) dont la production revient aux Occidentaux. Ils conservent leur leadership dans la région au détriment des soviétiques mais aussi d'un pays qui avait espéré profité de ses immenses richesses. La Révolution iranienne remettra cet équilibre en cause en...1979.
- En Egypte, une certaine émancipation voit le jour notamment par rapport aux Anglais (qui détiennent toujours la maîtrise du Canal de Suez avec les Français). A la suite d'un coup d'état dit « des officiers libres » chassant le roi Farouk en 1952, un jeune officier, le colonel Gamal Abdel Nasser, prend le pouvoir. Il se présente rapidement comme le leader d'un pays non-aligné (l'Egypte est un des acteurs essentiels de la conférence de Bandung en 1955) même si le rapprochement avec l'URSS est effectif très vite pour contrer l'influence occidentale. Il se présente aussi comme le rassembleur des Arabes, leader en cela d'un panarabisme teinté de socialisme. Il décide de nationaliser le Canal de Suez, jusqu’alors exploité par une compagnie franco-britannique (juillet 1956). Cette décision entraîne immédiatement une intervention militaire conjointe des Français, des Britanniques et des Israéliens (dans le Sinaï), qui occupent militairement les sites stratégiques en Égypte. Mais l’intervention est condamnée par l’ONU et l’URSS menace de soutenir son allié égyptien. Les Etats-Unis font pression sur la France et le Royaume-Uni, qui sont contraints de retirer leurs troupes. Avec cette défaite des anciennes puissances européennes, la crise de Suez fait renaître pour un temps le rêve de l’unité arabe et du non-alignement. Mais c'est oublier qu'ici ce sont les EU et l'URSS qui ont dicté leur loi aux anciennes puissances coloniales. Le panarabisme nasserien reste donc un échec car il n'est pas parvenu à émanciper les peuples arabes de la région, ni (encore moins) à rétablir une quelconque unité.
* Voir extrait vidéo barrage d'Assouan
* Voir Fiche A.D Discours de Nasser sur la nationalisation du Canal de Suez, Alexandrie, 26 Juillet 1956.
► Recherche à effectuer : En quoi la création de la Ligue arabe n'a-t-elle pas répondu aux aspirations unitaires du monde arabe ?
2) La logique des blocs s'impose
* Diapositive 19
► Comme d’autres régions du monde, le Moyen-Orient est l’enjeu de la rivalité entre les États-Unis et l’URSS. Dans le cadre de la politique d’endiguement, les États-Unis soutiennent l’Arabie saoudite et la Turquie, qui devient membre de l’OTAN en 1952, l’Irak et l’Iran. Israël devient également l’allié privilégié des Américains à partir des années 1960. L’URSS soutient l’Égypte du colonel Nasser, l’Irak, la Syrie, le Sud Yémen et défend officiellement la cause des Palestiniens qui réclament la création d’un État indépendant.
Pour contrebalancer l'implantation soviétique dans la région, les Etats-Unis rejoignent le Pacte de Bagdad qui avait été créé en 1955 à l'initiative de la GB. Ils en prennent la direction et considèrent que c'est le complément de leur dispositif d'endiguement avec l'OTAN et l'OTASE.
Cette alliance regroupe l'Irak, le Pakistan, la Turquie et l'Iran (jusqu'en 1979), peu efficace et victime des divisions internes de ses membres, elle est dissoute en 1979.
B) Une région déstabilisée par des conflits permanents
► De nombreux conflits éclatent pendant la Guerre Froide. Ils sont souvent instrumentalisés par les deux blocs mais peuvent être aussi d'abord endogènes. Leurs caractéristiques sont leur durée, leur originalité (conflits non-conventionnels) et l'absence fréquente de règlement définitif. Trois exemples peuvent illustrer cette période.
1) L'Iran : Entre révolution islamique et guerre contre l'Irak (1953-1979-1988)
► En Iran, après le rétablissement sur le trône du Shah* Mohammad Reza Palhavi par les américains en 1953, le régime s'enfonce peu à peu dans la dictature (une des pires du PMO) : - Arrestations illégales, tortures et disparitions organisées par la police politique, la SAVAK, mégalomanie du Shah et clientélisme politique, soutien de plus en plus gêné des Occidentaux.
- Un Imam en exil depuis 1964, l'Ayatollah Khomeiny, appelle régulièrement à la révolte contre ce régime détesté des Iraniens eux-mêmes. A partir de la France, il organise l'insurrection. En décembre 1978, les grèves se succèdent et paralysent le pays. Les Américains (Jimmy Carter est président) « lâchent » la famille royale qui doit s'enfuir. L'Ayatollah rentre en Iran et est porté en triomphe. Il instaure une « République islamique d'Iran » proclamée le 1er avril 1979. Cette révolution islamique a un énorme écho dans le monde musulman, l'Iran se présentant de plus en plus comme un modèle de lutte contre l'impérialisme occidental (le « grand Satan américain »).
* Voir extraits vidéo INA http://www.ina.fr/contenus-editoriaux/articles-editoriaux/iran-du-shah-a-khomeiny/
- Mais l'Iran se trouve aussi rapidement entraîné dans une guerre terrible. En effet, aux oppositions religieuses (sunnites au pouvoir en Irak contre chiites en Iran), ethniques (Arabes contre Perses) et géopolitiques s’ajoute un ancien conflit frontalier entre l’Irak et l’Iran, concernant le fleuve Chatt-el-Arab, situé dans la province du Khuzestan qui délimite la frontière entre les deux Etats et se jette dans le Golfe persique. La question de la maîtrise du Golfe arabo-persique représente donc un facteur important pour le dictateur Saddam Hussein qui a besoin d'une victoire nationaliste contre l'ennemi héréditaire perse. Il lance ses troupes sur l’Iran, persuadé que la guerre sera courte. Mais l’agression de l’Irak qui comptait sur la désorganisation d'un pays en pleine révolution n'est pas couronnée de succès en dépit de l'occupation de quelques villes dans le Chatt-el-Arab. Les Iraniens combattent en masse et la guerre dure huit ans (1980-1988) pour aboutir à un quasi statu quo dans la région. Le bilan est catastrophique : sans doute plus d'un million de morts des deux côtés. Cet échec est aussi une des causes de la tentative d'annexion du Koweït par Saddam Hussein en 1990.
2) L'Afghanistan : de l'occupation soviétique aux Talibans (1979-2001)
► En revanche, la guerre d’Afghanistan (1979-1989) s’inscrit bien dans une logique de guerre froide.
- En 1979, les Soviétiques interviennent militairement pour secourir le gouvernement communiste menacé par les milices tribales. Les troupes de l’Armée rouge contrôlent les principales villes, mais s’enlisent dans les combats contre les moudjahidines* soutenus par les États-Unis.
- La guerre dure dix ans et laisse un pays politiquement éclaté aux mains des chefs de milices tribales. L'URSS finit par évacuer le pays en 1989 après des pertes considérables et un traumatisme durable dont on parle peu en Russie. On peut considérer qu'il s'agit là d'une sorte de « Vietnam soviétique » aux conséquences incalculables (dont en partie, la ruine du régime soviétique en décomposition avancée).
- De 1992 à 1996, un nouveau conflit éclate entre les forces gouvernementales du commandant Massoud et les talibans* qui veulent créer un État fondé sur la charia*. Ces derniers l’emportent (Massoud est assassiné le 9 septembre 2001) et l’Afghanistan devient la base arrière du terrorisme islamiste et en particulier d’Al-Qaïda*.
* voir diapositives 20 & 21
3) La guerre civile au Liban
► Il s'agit d'une guerre civile quasi-permanente qui déchire le Liban des années 1970 à 1990.
- À partir de 1975, une guerre civile éclate entre les Phalanges armées maronites (chrétiennes) et les Palestiniens au Liban et leurs alliés arabes sunnites. Les camps de réfugiés palestiniens sont pris pour cible par les phalanges chrétiennes et, de leur côté, les Palestiniens massacrent des civils chrétiens et mènent une guérilla urbaine.
- Le conflit s’étend et entraîne une première intervention militaire de la Syrie, inquiète du basculement possible de l’équilibre des forces dans un Etat qu’elle considère comme appartenant à sa zone d’influence. Israël intervient à son tour.
- Au début des années 1980, le conflit se complique encore avec la formation du Hezbollah*, mouvement armé chiite libanais, soutenu par l’Iran et la Syrie, lequel devient l’adversaire principal d’Israël. Les attentats-suicides qu’il organise contre les Occidentaux à Beyrouth entraînent le départ des forces internationales qui quittent la capitale. En 1988, le pays se divise à nouveau lorsque le maronite Michel Aoun est nommé Premier ministre : la majorité des arabes sunnites soutient un second gouvernement pro-syrien dirigé par le sunnite Selim Hoss. Aoun entreprend alors une " guerre de libération " contre la Syrie. En 1989, les accords de Taëf (Arabie Saoudite) sont signés : ils prévoient une répartition équilibrée des pouvoirs au Liban.
- Toutefois, le pays reste en partie occupé par la Syrie et le Hezbollah continue de mener depuis le Sud des attaques contre Israël, qui bombarde ses positions à plusieurs reprises. Actuellement le Liban est toujours très divisé et sous la crainte d'une extension du conflit syrien sur son propre territoire.
C) Les conflits israëlo-arabe et israëlo-palestinien (de 1948 à nos jours)
* voir diapositives 22 à 28
► Introduction : La Palestine en tant qu’État disparaît de la carte du Moyen-Orient en 1947-1948. En effet, les Britanniques évacuent la région et, en novembre 1947, le plan de partage voté par l’ONU entraîne d'abord la création de l’État d’Israël, proclamé par David Ben Gourion* le 14 mai 1948, puis la première guerre entre les Israéliens et leurs voisins. Tsahal* (Forces de défense d’Israël, FDI) remporte le conflit contre une coalition comprenant l’Egypte, l’Irak, la Syrie, la Transjordanie (actuelle Jordanie) et le Liban. 800 000 palestiniens se réfugient à Gaza, en Cisjordanie et au Liban, chassés ou partis de leur plein gré dans l’espoir de revenir une fois Israël vaincu et détruit. Les Palestiniens deviennent un peuple sans terre. Cet événement est appelé la « Naqba » (la « catastrophe » commémorée chaque année le 15 mai) par les Palestiniens. Depuis, les rapports entre Israël et les « Territoires occupés palestiniens» (Gaza + Cisjordanie) ainsi qu'avec les voisins arabes n'ont cessé d'empoisonner la région même si d'autres conflits (Syrie, Irak) semblent actuellement les éclipser.
1) Israël et ses voisins : du conflit armé à la coexistence
a) La Crise de Suez
- Elle a déjà été traitée précédemment : elle montre surtout la puissance naissante d'Israël dans la région, la faillite des anciens colonisateurs à régler tout problème et entraîne donc un surcroît de défiance des populations arabes vis-à-vis des occidentaux.
b) Un événement fondateur : la Guerre des 6 jours (Juin 1967)
- En réaction à une tentative de déstabilisation (envoi de commandos palestiniens) d'Israël par la Syrie pro-soviétique, Israël attaque l'aviation syrienne (destruction d'avions au sol). L'URSS prévient aussi l'Egypte qu'Israël semble préparer une intervention contre la Syrie. Or les deux pays, Egypte et Syrie, sont liés au sein de la Ligue arabe. Nasser mobilise à son tour et obtient le soutien de la Jordanie et de l'Irak.
- Israël attaque en premier les aéroports égyptiens et s'impose vite dans le Sinaï puis à Gaza et jusqu'au Canal de Suez. La Jordanie est à son tour rapidement mise en difficulté à l'est et Israël conquiert rapidement les villes de Cisjordanie. Le Golan, immense plateau entre Israël, la Syrie et le Liban est à son tour conquis.
- La guerre n'a duré que 6 jours et aboutit à une défaite complète des états arabes qui perdent des territoires au profit d'Israël. De plus le bilan humain est très lourd pour l'Egypte (10000 morts) et la plus grande partie de son armée détruite.
- Les conséquences territoriales et humaines sont catastrophiques pour les Palestiniens surtout : occupation israélienne du Sinaï (finalement restitué à l'Egypte), de la Bande de Gaza, de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est, enfin du Golan (voir carte) (qui permet par ailleurs à Israël de renforcer son contrôle sur l'eau).
- Cette défaite renforce aussi la question des réfugiés palestiniens (200.000 de plus après 1967), population qui fuit dans des pays où elle est souvent jugée comme déstabilisatrice (Syrie, Liban ou Jordanie) : au total les réfugiés palestiniens dont ceux pris en charge par l'UNRWA* et leurs descendants sont actuellement 9,2 M. En Israël ils ne sont qu'1,4 M.
CCL : Cette guerre est un camouflet pour les pays arabes voisins (et surtout pour Nasser) qui perdent des territoires et qui montrent aussi la quasi-invincibilité de Tsahal : c'est le glas du panarabisme. Elle a pour effet de renforcer l'aide américaine (fourniture d'armes) dans le même temps. Elle entraîne aussi une radicalisation progressive des palestiniens. Pour finir, c'est aussi le vote de la résolution 242 du Conseil de Sécurité de l'ONU qui exige la restitution des territoires palestiniens par Israel le 22 Novembre 1967 qui est la base des négociations de paix depuis. Mais il existe un désaccord sur l'interprétation du texte qui dit en français «exigence retrait des territoires occupés» donc tous les territoires (interprétation défendue par palestiniens et états arabes), ou «retrait de territoires » en anglais, (interprétation défendue par Israël).
c) La Guerre du Kippour (1973) et les accords de Camp David (1978)
- C’est le 4ème conflit entre Israël et ses voisins arabes : L’Egypte et son nouveau président Anouar El Sadate, qui souhaitaient récupérer les territoires perdus en 1967 pensaient que seuls les Etats-Unis étaient en mesure d’amener Israël à négocier et pensait qu’une nouvelle guerre, menaçant les intérêts économiques et pétroliers des grandes puissances, pouvait les pousser à exercer des pressions sur l’Etat hébreu.
- L'Egypte attaque donc conjointement avec la Syrie : la première dans le Sinaï et la seconde dans le Golan le 6 Octobre 1973 (Jour du Kippour c'est-à-dire fête juive du Grand Pardon). Surpris, les israéliens sont repoussés et vite mis en difficulté. Mais ils lançent une contre-offensive victorieuse en Syrie (Ariel Sharon) et attaquent aussi les Egyptiens. Le aident Israël alors que l'URSS fournit de l'aide à la Syrie et à l'Egypte. L'OPEP décide l'embargo sur les produits pétroliers pour faire pression sur les Etats-Unis (ce qui déclenche le 1er choc pétrolier).
- Israël et ses attaquants sont contraints finalement de négocier par l'URSS et les EU. Paradoxalement, cette guerre aboutit aussi à l'établissement de relations entre l'Egypte et Israël (la « politique des petits pas » notamment à propos du sort des prisonniers). Israël se retire d'une partie du Sinaï et rend les champs pétroliers égyptiens de Suez : c'est un (très relatif) succès pour Sadate.
- Le discours d'Anouar el Sadate devant la Knesset (parlement israélien) est un événement majeur. Il entame ainsi le processus de paix. Il y reconnaît officiellement Israël, en échange retrait total des territoires occupés depuis 1967 et affirme le droit des palestiniens à l’autodétermination. Mais le premier ministre israelien Menahem Begin refuse ce dernier point.
Même si le sommet arabe de Tripoli de Décembre 1977 conteste les négociations entamées par Egypte, celles-ci continuent cependant.
- Ceci aboutit à un accord bilatéral historique entre Egypte et Israël : Sadate rencontre Begin aux Etats-Unis. Ils signent les accords de Camp David en Septembre 1978 (puis traité bilatéral israélo-égyptien du 26 Mars 1979 à Washington dans lequel est réaffirmée la résolution 242 comme base de négociation). Israël s’engage à quitter le Sinaï (évacué en 1982), accepte l'élection d'une autorité palestinienne et l'intégration de la Jordanie dans les négociations.
- Toutefois, l’Egypte se coupe ainsi d’une grande partie du monde arabe puisque le pays est exclu de la Ligue Arabe* mais bénéficie d’une aide économique massive des Etats-Unis.
- Autre marque de cette hostilité : Sadate est assassiné le 6 Octobre 1981 au cours d’un défilé qui célèbre la « victoire » de 1973, un commando armé de 4 hommes se réclamant d’un groupe islamiste clandestin ayant des ramifications dans l'armée, Takfir wal Hijra (« repentir et retraite ») l'assassine mais ses successeurs poursuivent une politique « d'entente modérée » avec Israël.
2) La question palestinienne : entre instrumentalisation et division
a) Quelles stratégies pour l'OLP ?
- Fondée en 1964, l'OLP est une fédération de mouvements combattants comme le Fatah* de Yasser Arafat ou encore le FPLP* de Georges Habbache. A partir de la défaite catastrophique de 1967, l'OLP prend conscience de l'incapacité des états arabes à combattre Israël pour la cause palestinienne et qu'il faut donc passer à l'action de son propre (Fédayins). Ce constat entraîne une lutte armée sur le terrains (dans les « territoires occupés) mais aussi le recours au terrorisme international (attentat contre les athlètes israéliens lors des J.O de Munich en 1972). Mais dans un premier temps, l'OLP utilise peu la Cisjordanie ou Gaza comme terrain de guérilla mais lance plutôt des actions de l'étranger, ce qui explique en retour les difficultés croissantes d'existence dans des pays tels que la Jordanie ou l'Egypte.
- En Septembre 1970, le roi hachémite de Jordanie, Hussein, décide de réduire à néant les camps palestiniens du royaume pour éliminer définitivement la présence menaçante de l'OLP et de sa composante radicale, le FPLP. On estime le nombre de victimes entre 3500 et 10.000.
Cette opération d'extermination fait naître en retour l'organisation terroriste palestiniennne « Septembre Noir » responsable du massacre de Munich.
- L'OLP se réfugie majoritairement à Beyrouth au Liban qu'elle contribue à déstabiliser et qu'elle doit ensuite quitter en 1982.
b) Intifada, Hamas et division palestinienne
- L'Intifada ou « guerre des pierres » naît de l'occupation israélienne, de la répression et des multiples vexations et expropriations à l'encontre de la population palestinienne depuis 1967. Ce sont des manifestations de masse et des actes de guérilla contre l'armée israélienne qui durent au moins de 1987 à 1993. Cette première intifada aurait fait au moins 1000 morts du côté palestinien mais permet une relative médiatisation internationale de la situation catastrophique des Territoires.
- Contrairement à l'OLP, le Hamas est un mouvement de résistance armée qui base sa politique sur la « ré-islamisation » de la société palestinienne. C'est donc autant un mouvement religieux que combattant. Il est créé en 1987 à Gaza. Il rejette l'OLP qu'il considère comme compromise dans la recherche d'une paix désavantageuse. Il prône ouvertement la destruction d'Israël et utilise les attentats-suicides en Israël et dans les territoires palestiniens espérant ainsi créer une « radicalisation » des deux parties (juifs et palestiniens).
- Israël doit donc, à partir des années 80, faire face à deux mouvements islamistes parfaitement organisés au Sud Liban avec le Hezbollah chiite, étroitement lié à l'Iran, et à Gaza avec le Hamas. Ces deux groupes se livrent à des attentats-suicides et à des attaques d'Israël incessants créant un sentiment d'insécurité et un profond rejet de toute idée d'état palestinien dans une grande partie de la population (par exemple tirs de roquettes depuis le Sud-Liban sur Israël).
3) L'internationalisation du conflit et sa persistance
- Après la première guerre du Golfe le président américain George Bush pense se servir de sa victoire pour imposer une paix durable au PMO d'abord en réglant la question israélo-palestinienne. Menés par son successeur, Bill Clinton, les Accords d’Oslo d’août 1993 admettent le principe d’une autonomie des territoires palestiniens, concrétisée par les Accords de Washington en septembre suivant. Ces accords sont marqués notamment par la poignée de main ultra-médiatisée (et improvisée ?) entre Yitzhak Rabin, 1er ministre israélien (assassiné en 1995 par un extrémiste sioniste*), et Yasser Arafat.
- Mais les Israéliens redoutent une solution à deux états notamment du côté de la Droite (Ariel Sharon ou Benyamin Netanyaou) et de l'Extrême-Droite qui préconisent toujours la conquête du « Grand Israël ». Ils bloquent toute négociation autour de la construction d’un État palestinien, allant jusqu’à faire édifier un mur de séparation (en réalité une multitude de murs) pour isoler la Cisjordanie, encourager la colonisation et jouer la division des Palestiniens pour empêcher l’apparition d’un interlocuteur unique. Le Hamas*, prend ainsi le contrôle de la bande de Gaza alors que la Cisjordanie reste sous contrôle de l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas.
- Ce qu'il faut retenir est l'échec des médiations internationales (y compris de la part de l'ONU voir http://www.un.org/french/Depts/palestine/index.shtml) et le soutien inconditionnel des EU à Israël, même si ceux-ci, notamment lors de la Présidence Obama (2009-2015) s'interrogent de plus en plus sur la pertinence de cette politique. Ainsi entre la deuxième intifada (2000) et nos jours, on assiste à une multiplication des colonies juives qui diluent de plus en plus les territoires palestiniens dans un ensemble invivable et qui rendent chaque jour l'émergence d'une solution à deux états impossible (voir diaporama).
Quelques dates depuis les Accords d'Oslo :
1995 : Accords d’Oslo II qui mettent en pratique les accords de transition vers un état palestinien avec la création de l’Autorité Palestinienne sur les territoires évacués par Israël.
Assassinat d’Itzhak Rabin par un extrémiste juif. Reprise des attentats palestiniens contre Israël et blocage du processus de paix
2000 : Retrait israélien du sud-Liban, investi par le Hezbollah*
Echec du sommet de Camp David II entre Bill Clinton, Yasser Arafat et Ehud Barak (Premier Ministre israélien)
2ème Intifada après la visite sur l’Esplanade des Mosquées à Jérusalem d’Ariel Sharon, leader de la Droite israëlienne (le Likoud)
2002 : Construction du mur de sécurité entre Israël et la Cisjordanie
2004 : Mort de Yasser Arafat : Mahmoud Abbas lui succède
2005 : Retrait israélien et démantèlement des colonies de la bande de Gaza
2006 : Victoire du Hamas aux élections législatives palestiniennes
2007 : Crise politique de l’Autorité Palestinienne : le Hamas contrôle la Bande de Gaza, le Fatah la Cisjordanie
2009-2017 : Coalitions de Droite au pouvoir en Israël notamment avec Benyamin Netanyaou comme Premier Ministre, poursuite de la colonisation en Cisjordanie.
2012 : Reconnaissance par l'ONU de la Palestine comme « Etat observateur non-membre »
III. De nouvelles conflictualités
* voir diapositives 29 et 30
A) Etat failli et peuple sans état
- Les années 2000 voient émerger la problématique lourde de conséquences de l'Irak comme « état failli », problématique que l'on peut aussi quasiment appliquer à la Syrie depuis 2011. L'intervention américaine de 2003 en Irak, outre qu'elle na pas permis d'installer une vraie démocratie en chassant Saddam Hussein, a aussi profondément déstabiliser le pays et renforcé un sentiment isolationniste aux EU. L'Irak est désormais divisé entre un Kurdistan quasi-autonome au nord, mais surtout entre Chiites et Sunnites entraînant des violences inter-communautaires et de nombreux attentats (par exemple 10.000 morts en 2014). Cette situation permet aussi à « DAESH » de prospérer car l'organisation se fait aussi le défenseur des Sunnites face aux Chiites du centre et du Sud. C'est ce qui explique le bon accueil qu'a fait la population irakienne pour une part à l'auto-proclamé « Etat islamique » lorsqu'il a conquis son territoire à partir de 2011-2012.
- La question kurde reste aussi en suspens dans cette région et est facteur de déstabilisation. Elle touche la Syrie, la Turquie et l'Irak (la Géorgie, l'Arménie, l'Azerbaïdjan et l'Iran dans une moindre mesure). Le « Kurdistan » est un territoire d'environ 400.000 km². Les Kurdes subissent la répression dans tous ces pays mais surtout en Turquie, où un groupe terroriste kurde, le PKK (parti des travailleurs du Kurdistan) se livre régulièrement à des attentats, et en Irak (bombardement chimique de villages kurdes par S. Hussein en 1988 notamment à Halabja faisant 5000 morts).
* Voir l'Histoire n° 429, Novembre 2016, « Les Kurdes, 1000 ans sans état » (disponible au CDI).
B) L'essor de l'Islamisme radical
1) Naissance de l'islamisme
► L'Islamisme tel qu'on le définit en Occident est un mouvement ancien qui idéalise un retour aux premiers temps de l'Islam, période d'unité et de rayonnement (soit le califat de Mohammed et des 4 premiers califes i.e les « successeurs »). Cette idée est appelée « Salafiyya » (où l'on retrouve la racine du mot « salafisme »). Il s'épanouit notamment à l'université Al-Hazar au Caire à la fin du XIXème s. Une des cibles de ses partisans (dont par exemple Muhammad Abduh* ou plus tard Rachid Rida*) est l'empire ottoman. En effet, ils pensent que le califat détenu par les Ottomans est une anomalie et qu'il doit être exercé, comme aux « premiers temps » par des Arabes. Ici, l'on peut dire que l'arabisme (bientôt panarabisme) et l'islamisme se rejoignent. Un autre grand mouvement se développe aussi notamment en réaction à la mainmise occidentale sur le PMO, c'est la confrérie des « Frères musulmans » créée par Hassan Al-Banna en Egypte en 1928 et qui prône l'avènement d'un état islamique unifié dirigé par un calife et par la charia*. Ce mouvement inspire plus tard (après la GM2) de nombreux groupes islamistes.
- Enfin une notion importante se renforce au début du XXème s., toujours dans la perspective d'une renaissance arabo-islamique, c'est l'idée de « Djihad » (جهاد ) c'est-à-dire l'effort sur soi et pour la communauté. Traditionnellement, on considère qu'il existe 4 catégories de Djihad : « par le cœur, par la langue, par la main et par l'épée ». Le Djihad n'est donc pas seulement une « guerre sainte », c'est pour cette raison qu'il est réducteur d'assimiler le « Djihad » à l'idée de violence (il est donc peu pertinent de parler de « djihadistes »).
- Ces différentes composantes se sont cristallisées autour de la lutte contre l'Occident supposé « apostat » à partir des années 70, y compris contre ce qui est vécu comme le substitut régional de la colonisation occidentale, c'est-à-dire Israël. Cette période aussi correspond à la fin du rêve socialiste et panarabe. L'Islamisme prend le relais, dans un contexte de stratégie terroriste (littéralement qui entraîne la terreur chez l'adversaire), de ces idéaux d'unité qui n'ont jamais pu aboutir.
2) Le basculement dans la violence des mouvements islamistes (1970-2000)
- Trois événements paraissent constituer un « coup d'accélérateur » à l'émergence d'un islamisme combattant terroriste : la Révolution iranienne de 1979, la guerre en Afghanistan de 1979 à 1989 et les années de plomb (ou « guerre civile ») en Algérie entre 1992 et le début des années 2000.
- La Révolution iranienne de 1979 montre aux islamistes qu'il est possible de prendre le pouvoir par la force et d'instaurer un état théocratique (ce qui est globalement le point commun de tous ces mouvements). Même si la plupart de ces mouvements rejettent le Chiisme comme hérétique, l'Iran a incontestablement joué un rôle de modèle (notamment dans sa résistance aux EU).
- En Algérie, le GIA (Groupe islamique armé) lutte contre le pouvoir en place mais exporte aussi la terreur en France (nombreux attentats), c'est une tentative réussie d'internationalisation du conflit et un « terrain d'entraînement » efficace. Nombre de terroristes du GIA se retrouvent d'ailleurs ensuite au combat aux côtés des Talibans en Afghanistan constituant peu à peu une véritable internationale.
- Ces groupes en lutte contre les soviétiques en Afghanistan sont certainement à la base de la naissance d'un réseau parfois financé par la CIA américaine : Al-Qaïda.
3) De Al-Qaïda à l'Etat Islamique
- Le 11 Septembre 2001, le monde découvre stupéfait qu'il existe un réseau terroriste international assez puissant pour s'en prendre aux EU sur leur propre sol : ce sont les attentats qui détruisent les tours jumelles de Manhattan et une partie du Pentagone (et font plus de 2500 morts). Les services américains identifient rapidement le commanditaire, Oussama Ben Laden, riche héritier saoudien exilé au Pakistan mais auparavant stipendié par la CIA. Ainsi, la « base » a réussi un « coup médiatique » inespéré pour l'islamisme terroriste international : se faire connaître et reconnaître comme ennemi de l'Occident et porte-flambeau des musulmans que le groupe qualifie d'opprimés. La particularité est bien ici l'internationalisation, ce ne sont plus seulement les musulmans du PMO mais aussi ceux qui vivent en Occident, et la capacité à se constituer en réseau ainsi que l'utilisation savante et maîtrisée de nouvelles technologies de communication (internet). Al-Qaïda devient la cible des pays occidentaux notamment en raison des nombreux attentats commis partout dans le monde, Oussama ben Laden est éliminé par les américains en 2011.
- L'Etat islamique (acronyme DAESH) prospère lui sur les décombres des états faillis syrien et irakien, il se développe à partir de 2011-2012. Il conquiert peu à peu une vaste zone à l'été 2014. Il est d'abord composé d'anciens cadres de l'armée irakienne et de recrues d'Al-Qaïda (qui est partout concurrencée et qui perd de l'influence). Son objectif est l'unification des tous les musulmans autour d'un état qualifié de « califat », dirigé par l'auto-proclamé « calife » Abou Bakr Al-Baghdadi.
Il attire ensuite de nombreux « combattants », y compris des jeunes (et moins jeunes) de pays occidentaux, qui y trouvent une cause à défendre. Mus par un sentiment de solidarité vis-à-vis des populations locales, les « djihadistes » (terme employé par les médias) se constituent en réseau avec des ramifications dans les pays d'origine (attentats de Janvier et Novembre 2015 en France ou encore en Belgique, attentats de Bruxelles). Actuellement l'Etat islamique est combattu par une coalition qui regroupe des pays arabes et des pays occidentaux, il subit d'importants revers militaires (bataille de Mossoul en cours en Irak).
* Diapositives 31 & 32
C) Le « Printemps arabe » et la difficile greffe démocratique
► Introduction : Une des questions les plus fréquentes qui revient notamment dans les médias en Occident, ou même chez les « islamistes », est l'incompatibilité de l'Islam avec la Démocratie. Ce tropisme pose le débat historique d'un supposé antagonisme radical entre les croyances de l'Islam et les valeurs (occidentales) de la démocratie. Une autre question est sous-jacente : le monde arabo-musulman est-il prêt à accepter un système politique qui est né ailleurs (exogène) ?
Cette question a été au cœur du Printemps arabe des années 2010-2012 (dans le cours, nous adopterons plutôt le pluriel) et reste largement encore d'actualité. C'est à la fois une problématique historique et historiographique, ainsi qu'une question sociale prégnante.
1) Des printemps arabes* du Maghreb au Machrek
Attention ici on dépasse le cadre strict du PMO et l'on s'intéresse plus largement au monde arabo-musulman.
* Cette expression est une référence historique au « Printemps des peuples » de 1848 qui avait vu les nations européennes se révolter contre les régimes monarchiques considérés comme tyranniques.
a) Un monde arabe ébranlé
► Les régimes touchés par les printemps arabes ont souvent tous pour caractéristiques communes le soutien par l'Occident aux dictatures au nom de la lutte contre l'islamisme radical. Les dictateurs en place comme Khadafi en Libye ou Ben Ali en Tunisie mais aussi Moubarak en Egypte auraient été les garants de la stabilité de la région. Or ces pays sont traversés dès l'année 2010 par des mouvements contestataires de plus en plus violents animés par des populations (surtout jeunes et donc au chômage bien souvent) qui parviennent finalement à renverser les régimes honnis (un des slogans en Tunisie est « Ben Ali, dégage ! »). Khadafi est renversé en février 2011 (grâce à l'appui de l'intervention militaire regroupant les EU, la GB et la France), Ben Ali doit fuir en janvier 2011, Moubarak doit démissionner en Février 2011, au Yémen c'est Ali Abdallah Saleh qui doit partir en février 2012.
b) Un moyen : les manifestations, un vecteur : l'internet
► Pendant cette période, les manifestations monstres ont lieu dans tout le monde arabe aboutissant bien souvent à des mesures répressives comme en Syrie (voir fiche) ou à Bahrein. Au Caire, elles sont régulières à partir de janvier 2011 sur la place Tahrir qui devient emblématique de ce réveil des peuples arabes. Partout les manifestations sont aussi rendues possibles grâce aux réseaux sociaux qui permettent d'outrepasser les censures d'Etat (les régimes de Moubarak ou d'El Assad sont particulièrement répressifs). On parle même parfois d'une véritable « cyber-révolution ». Des journalistes occidentaux ont résumer le processus ainsi « Facebook pour planifier les manifestations, Twitter pour les coordonner et YouTube pour le dire au monde». D'autres, et notamment des politologues, relativisent beaucoup le rôle du « cyberactiviste » et pensent qu'il s'agit d'une construction occidentale.
c) L'impossible démocratie ?
► Certains régimes ont tenté d'éteindre la contestation en réformant leur système, bien souvent particulièrement peu démocratique en février-mars 2011 : réforme de Mohammed VI au Maroc, du sultan d'Oman, du roi Abdallah d'Arabie Saoudite. Néanmoins, sauf en Tunisie, nulle part la démocratie ne s'est imposée. Ainsi le régime égyptien du général Sissi est-il toujours aussi répressif face à la menace réelle ou présumée des islamistes.
* Diapositives 33 & 34
2) La Syrie : Une guerre civile ou une (future) guerre globale ?
* Voir fiche de travail La Syrie, le cœur d'une région instable
CCL : Une région désorganisée : des Etats faibles, l'absence de réelle intégration régionale
Etats faillis (« failed states ») Irak, Syrie, Yémen = n'ont plus le monopole de la « violence légitime », n'exercent plus les fonctions régaliennes (monnaie, police, justice) donc proies faciles pour groupes inter-étatiques comme DAESH (préférable d'utiliser le terme français « Etat islamique »)
* Diapositive 35
Références bibliographiques et sitographiques :
Grand Atlas Courrier International sd. Frank Tétart, 2016.
P. Boniface, H.Vedrine, Atlas des crises et des conflits, Armand Colin Fayard, 2016.
sd. C. Sedel-Lemonnier, le Proche et le Moyen-Orient, foyer de conflits, Ellipses, 2012.
Georges Mutin, Géopolitique du Monde arabe, Ellipses, 2012.
Alexandre Defay, Géopolitique du Proche-Orient, PUF « Que sais-je ? », 2016.
Pour réviser :
http://blog.ac-versailles.fr/histoiregeographie/index.php/post/14/03/2017/Chapitre-4-PMO-%3A-un-foyer-de-conflits-depuis-1945
https://histographie.net/0-terminale-s/
http://blog.ac-versailles.fr/lecturesdumonde/index.php/category/TE3-Mme-COSTE
Pour aller plus loin et pour se tenir informé(e) :
http://www.un.org/french/Depts/palestine/index.shtml)
https://soundcloud.com/lelieuunique/les-geopolitiques-de-nantes-2016-la-menace-djihadiste
Réviser en vidéo : http://education.francetv.fr/matiere/epoque-contemporaine/terminale/video/le-moyen-orient-un-foyer-de-conflits-revisions-bac-histoire