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Chapitre 5 La gouvernance économique mondiale depuis 1948

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Thème n°3 : Les échelles de gouvernement dans le monde de la fin de la GM2 à nos jours

Introduction du thème (3 chapitres) :

► L’étude des échelles de gouvernement dans le monde vise à analyser les évolutions du pouvoir politique depuis 1945. La question centrale qui se pose ici est celle de l’Etat-nation*  (autorité politique souveraine, qui incarne, sur un territoire défini, un groupe humain caractérisé par la conscience de son unité et la volonté de vivre ensemble). Ce modèle postule le découpage du monde en une mosaïque de territoires sur lesquelles chaque Etat exerce seul sa souveraineté* (pouvoir suprême et exclusif détenu et exercé par l’Etat sur son territoire, et indépendance de l’Etat vis-à-vis des puissances étrangères).

 

► Mais au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, le nationalisme (i.e l'exaltation de sa nation par rapport aux autres et mouvement politique qui cherche à développer la puissance nationale) est largement rendu responsable de cet abyme dans lequel l'Europe a entraîné le monde entier. L'Etat-nation, qui est finalement l'émanation du nationalisme, n'est pas considéré comme apte à maintenir la paix ni l'équilibre économique mondial.

► Sont apparus alors plusieurs idéaux distincts mais qui permettent chacun à leur échelle de répondre à cette problématique qui revient finalement à constater la nécessité d'une gouvernance multiscalaire : Pour l'économie mondiale (dont on considère que sa stabilité est facteur de paix ce qui reprend une vieille idée du XIXème s. par ailleurs), pour l'Europe (responsable de la GM2) et finalement pour la France (dans une perspective de refondation républicaine après le traumatisme de l'Occupation et de la Collaboration).

 

Chapitre 5. La gouvernance économique mondiale depuis 1944

Chapitre 6. Le projet d’une Europe politique depuis le congrès de La Haye (1948)

Chapitre 7. Gouverner la France depuis 1946


______________________________________________________________________________
 

Chapitre 5. La gouvernance économique mondiale depuis 1944

 

Introduction :
« La gouvernance mondiale est-elle au service de l’intérêt général ou global ? », Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie


► Dans les années 30, la SDN a montré rapidement qu'elle était impuissante à assurer la paix mondiale du fait notamment de l'absence des grands puissances comme les Etats-Unis, le Japon et l'Allemagne très rapidement ou encore l'URSS.
L’après Seconde Guerre Mondiale marque une étape majeure dans la prise de conscience de la nécessité d’une échelle mondiale de gouvernement. Tirant les leçons des erreurs de leur politique des années 1930 qui les avaient amenés à refuser le leadership de l’économie mondiale, les Etats-Unis sont à l’origine dès 1944 de la mise en place d’institutions pour garantir la paix et la prospérité économique mondiales,

► Qu'est-ce que la
gouvernance mondiale ? Un concept récent, qui se distingue de celui de gouvernement et désigne un système de régulation internationale dépassant l’action des seuls Etats, par le biais des entreprises et de la société civile, pour peser collectivement sur l’avenir du monde. Elle vise

la régulation efficace et collective des problèmes universels, la gestion de « biens publics mondiaux » et surtout, la régulation de la mondialisation (économie, environnement, biodiversité, santé, lutte contre le trafic de drogue ou la lutte contre le terrorisme...). Mais, il n’existe pas de gouvernement de la société internationale.

 

Problématique : En quoi le principe de gouvernance a-t-il proposé une alternative au rôle économique des Etats-nations, permettant d’agir à une échelle mondiale ?
Quelles évolutions a connu l’idée de gouvernance économique mondiale depuis 1944 ?

Quelles sont les logiques de fonctionnement de la gouvernance économique mondiale ?

Quelle est l’efficacité de son action ?

 


Plan :
 

I. Reconstruction et domination américaine (1944-1971)

A) La reconstruction de l'économie mondiale après la guerre

B) Un nouvel ordre économique mondial

C) Une efficacité contestable

II. Crises, tournant libéral et apparition du concept de gouvernance

III. La recherche d'une nouvelle gouvernance économique (années 90 à nos jours)

 

I. Un système économique mondial dominé par les EU


A) La reconstruction de l'économie mondiale après la guerre

► Le système de Bretton Woods constitue la 1ère tentative d’établir des règles et des institutions économiques internationales. Les dirigeants occidentaux ont retenu la leçon de la conférence de la paix de 1919 qui n’avait pris aucune mesure pour relancer les économies européennes

Le but est donc :

- De reconstruire l’économie mondiale

- De développer les échanges après une période pendant laquelle les économies nationales s’étaient refermées sur elles-mêmes (protectionnisme*)

- D’assurer la stabilité monétaire

- De mettre en place un système cohérent de financement des Etats

 

B) Un nouvel ordre économique mondial
 

La logique du système reste celle du multilatéralisme (mode de gouvernance des relations internationales fondé sur un fonctionnement interétatique et des engagements réciproques pris par plusieurs nations) classique fondé sur un fonctionnement interétatique.

 

► Les accords de Bretton Woods organisent l’économie mondiale autour de 2 piliers : la création d'institutions internationales et le leadership des EU et du $.

- 3 grandes institutions sont prévues, à chacune étant affectée une des trois grandes fonctions économiques de l’Etat :

2 de ces 3 institutions naissent après la conférence de Bretton Woods, en juillet 1944 :

  1. Finance : FMI : doit réguler l’activité, permettre la stabilité financière

Fonds Monétaire International : organisme créé en 1945 pour assurer la stabilité économique et financière du monde, et venir en aide aux Etats en difficulté.

  1. Développement : BIRD ou Banque mondiale : doit redistribuer les richesses vers les plus pauvres, permettre la prospérité économique

Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement : banque fondée en 1945 pour aider à la reconstruction d’après-guerre et venir en aide aux pays les moins développés.

 

  1. Commerce : La 3e naît en 1947, après l’échec de l’OICOIC (Organisation Internationale du Commerce) qui devait assurer la réglementation des marchés mais le Sénat américain refuse de ratifier la Charte de la Havane de 1948. Donc, en 1948 un accord tarifaire qui fonctionne comme un forum de discussion, le remplace, c'est le GATT (General Agreement ont Tariffs and Trade : accord multilatéral sur le commerce et les droits de douane (1948) qui inaugure des cycles de négociation (« rounds ») entre les pays signataires) En 1995, le GATT est remplacé par l’OMC.

 

  • Le leadership des EU et du dollar : [Rappel du contexte : conférence réunie en juillet 1944 à Bretton Woods, au nord de New York, à l’époque où les préoccupations sont d’abord à la guerre en Europe notamment, après les débarquements et en pleine Libération, et où l’aide apportée par les Etats-Unis est primordiale : ce contexte influence en partie les décisions prises à Bretton Woods]. C’est pourquoi malgré la tentative, des représentants français, comme Pierre Mendès-France, ou britanniques comme John Maynard Keynes, de créer une banque supranationale émettant une monnaie fictive, le bancor, les Etats-Unis imposent le retour au Gold Exchange Standard. Bretton Woods institutionnalise la domination du dollar : les accords de Bretton Woods, signés le 22 juillet 1944, rétablissent la stabilité des changes, garantie par le Fonds Monétaire International (FMI) nouvellement créé, et font du dollar, seule monnaie convertible en or (étalon de change ou Gold Exchange Standard), le pivot du système monétaire international ou SMI. De plus, les Etats-Unis occupent une position dominante au sein du FMI (siège à Washington).

 

 

C) Une efficacité contestable

 

► Le système monétaire n’entre en vigueur qu’en 1958 quand les Etats européens rétablissent la convertibilité de leurs monnaies. Il ne dure vraiment que 13 ans, jusqu’en 1971 (voir infra).

► La croissance des Trente Glorieuses tient plus au plan Marshall, au financement des dépenses militaires et au déficit de la balance des paiements.

►De plus, cette gouvernance économique américaine reste géographiquement limitée par la Guerre froide. Le système de Bretton Woods ne concerne qu’une partie du monde (44 pays signent l’acte final de Bretton Woods, mais dans le contexte de la guerre froide et des décolonisations qui s’installe à partir de 1947, ce système ne concerne qu’une partie du monde).

► Enfin, cette efficacité est en outre contestée par les pays du Tiers-monde au sein de la CNUCED (Conférence des Nations Unies sur le Commerce Et le Développement) : mécanisme intergouvernemental permanent créé en 1964 par l’ONU pour aider les pays en développement à s’intégrer de façon équitable dans l’économie mondiale. Ces pays créent également le G77, le groupe des 77, et réclament l’instauration d’un « nouvel ordre économique mondial » qui soit plus favorable à leurs intérêts.

 

Transition : Le leadership exercée par les Etats-Unis sur le système économique mondial dès l’après-guerre ne fonctionne que tant que les Etats qui y sont intégrés bénéficient d’une croissance, ce qui est le cas dans le contexte des Trente Glorieuses. Mais lorsque ce contexte s’essouffle et que la crise s’annonce, cela remet en question le système de Bretton Woods et fait émerger le concept de gouvernance.

 

II. Crise, tournant libéral et apparition du concept de gouvernance

 

Cette période, qui va des années 70 aux années 90, relance la nécessité d’une coopération économique mondiale : Les déséquilibres financiers et économiques ( 1973 : 1er choc pétrolier ; 1979 : 2e choc pétrolier et fin des « Trente Glorieuses »), les menaces qui pèsent sur l’environnement et les inégalités sociales et économiques à l’échelle planétaire montrent la nécessité d’une régulation de la Mondialisation. Toutefois on estime désormais que celle-ci ne peut se faire à l’intérieur des institutions de l'immédiat après-guerre, ou par de simples politiques interétatiques. Une nouvelle conception de gouvernement du monde, la gouvernance, apparaît. Le terme vient des milieux économiques et est repris en 1989 par la Banque mondiale puis par les dirigeants politiques.


A) La fin du système de Bretton Woods

► Les Etats-Unis mettent fin à la convertibilité du dollar en or en 1971.

En effet , si en 1944 les Etats-Unis disposaient de presque 20 000 tonnes d’or, soit 60% des réserves d’or mondiales, en 1971 ils ne disposent plus que de 9 000 tonnes, soit à peine 20% des réserves d’or mondiales : leurs réserves ne permettent plus de garantir la convertibilité du dollar en or.


► Pourquoi ? Au cours des années 1960, le déficit de la balance des paiements américaine s’est fortement aggravé et l’excédent commercial a reculé car :

  • la concurrence des Européens et des Japonais se fait sentir

  • le déficit est imputable aussi aux énormes dépenses militaires engagées dans les conflits de la guerre froide et surtout le Vietnam.

L’inflation est devenue préoccupante puisque qu’il y a en 1971 5 fois plus de dollars en circulation que d’or pour le garantir. Cela conduit le président Nixon, très inquiet de l’irruption d’une crise majeure, à annoncer en août 1971 la fin de la convertibilité du $ en or. Les monnaies s’apprécient désormais les unes par rapport aux autres.

► Les accords de Kingston en Jamaïque en 1976 modifient les règles de Bretton Woods : l’or cesse d’être l’étalon monétaire, et devient une marchandise comme les autres dont le cours varie en fonction de l’offre et de la demande. Cette instabilité des changes, devenus « flottants », perturbe le commerce.

 

B) L'essor des sommets internationaux et la « diplomatie de club »

 

► Dès les années 1970, les Etats ont voulu relancer la coordination des politiques économiques par l’essor et l’institutionnalisation de rencontres multilatérales au sommet :
 

1- 1974 : adoption du NOEI (nouvel ordre économique international) par l’ONU, à la suite d’un grand discours du président algérien, Houari Boumédiène, à la tribune de l’ONU en avril 1974 :

« Dans le monde où nous vivons, tous les leviers de commande de l’économie mondiale

sont entre les mains d’une minorité constituée par des pays hautement développés »

les pays du Tiers-Monde listent des principes pour ce NOEI :

  • le droit aux contrôles de leur richesses, et donc le droit aux nationalisations

  • le principe du juste prix pour les pays exportateurs de matières premières

  • des tarifs préférentiels pour les pays issus des pays du Tiers-Monde

2- 1975 : naissance du G6 : le président français Valéry Giscard d’Estaing organise à Rambouillet un sommet réunissant les 6 pays les plus riches et les plus développés du monde : Etats-Unis, Allemagne, Japon, France, Royaume-Uni, Italie. Le G6 a pour objectif de régler les questions financières et économiques liées à la crise et au choc pétrolier. Les 6 Grands s’engagent à se réunir tous les ans.

► Au moment où le système de Bretton Woods s’effondre, la « diplomatie de club » est née. En 1975, le G6 s’ouvre au Canada et devient le G7, puis à la Russie en 1998 pour devenir le G8 = expression qui désigne le fait que les plus grands semblent s’entendre en cercle fermé entre eux sur des grandes décisions d’échelle mondiale, dans un système de nature oligarchique. Alors que les pays en cours de développement réclament plus de place dans les dans la gouvernance économique mondiale, les pays les plus puissants semblent vouloir gérer celles-ci dans un cercle fermé, entre eux.

 

 

C) Solutions néolibérales et recul de la régulation publique
 

► Le Néolibéralisme est un courant de pensée économique qui dénonce le développement jugé excessif de l’Etat-providence (l'Etat qui aide et intervient dans l'économie) et l’accroissement des interventions publiques dans les économies.

 

A la fin des années 1970 et dans les années 1980, les théories économiques néolibérales de Milton Friedman et de l'Ecole de Chicago séduisent les nouveaux dirigeants des Etats-Unis, Ronald Reagan (1981-1989) et du Royaume-Uni, Margaret Thatcher (1979-1990) : http://education.francetv.fr/matiere/economie/seconde/video/annees-1980-le-liberalisme-de-reagan-et-thatcher

-Les Etats-Unis et le Royaume-Uni appliquent des politiques néolibérales :

  • Libéralisation des mouvements de capitaux

  • Privatisation des entreprises publiques

  • Déréglementation et désintermédiation du secteur financier
    - La confiance est accordée aux capacités d’autorégulation des marchés, et au contrôle d’autorités indépendantes de l’Etat :

  • Banque centrale : banque publique garantissant l’émission de la monnaie et le financement de l’économie dans un pays ou dans une zone monétaire

  • Agences de notation : institutions privées et indépendantes qui prônent contre rémunération une notation financière des Etats, des collectivités ou des entreprises. Cette évolution entraîne une accélération de la Mondialisation mais aussi le retour des crises financières qui se multiplient à partir de 1987.

 

Transition : A la fin des années 1980, l’idée que seuls les Etats-nations sont capables de gérer l’économie mondiale n’est plus d’actualité, mais il n’est pas non plus possible de les écarter des grandes décisions. C’est notamment ce que démontre le forum de Davos qui réunit différents types d’acteurs de la gouvernance économique mondiale : fondé en 1971 par un par un professeur d’économie suisse, le forum annuel de Davos est, depuis 1987, un forum économique mondial qui réunit des dirigeants d’entreprise et des responsables politiques du monde entier pour débattre des enjeux contemporains.

 

 

III. La recherche d'une nouvelle gouvernance économique (années 90 à nos jours)


A) Crises financières et limites de la gouvernance

Chronologie des crises financières les plus importantes :

  • 1987 : krach boursier

  • 1997-1998 : crise asiatique

  • 2008 : crise financière globale qui entraîne un krach boursier : dossier pp. 384-385, doc. 4

 

 

► Ces différentes crises, notamment celle de 2008, ont mis en évidence le rôle de certains acteurs privés comme les fonds souverains (fonds de placements financiers détenus par un Etat et comportant des avoirs en monnaies étrangères et les banques privées comme la Lehmann Brothers, dont la faillite a entraîné la crise des subprimes).

D’autres acteurs non étatiques jouent également un rôle important dans la gouvernance économique mondiale à partir des années 1990.

 

B) L'émergence des acteurs non-étatiques
 

► Parmi les acteurs qui prennent une place grandissante dans la gouvernance économique mondiale et dans la mondialisation, on trouve :

  • Les FTN : Leur poids économique rend le rôle des FTN de plus en plus important et puissant dans la gouvernance économique mondiale. Il reflète également la domination des puissances traditionnelles dans l’économie mondiale, ici pour l’année 2010 :

    • Etats-Unis (Wal-Mart, Exxon Mobil)

    • Royaume-Uni (BP – British Petroleum)

    • Japon (Toyota)

    • France (Total, Carrefour), Allemagne (Volkswagen), Italie (ENI)

Seule la Chine représente les pays émergents (Sinopec et Petrochina).

On remarque également que les FTN les plus puissantes exploitent des énergies fossiles, ce qui rend d’autant plus complexe la mise en place d’une gouvernance mondiale en matière d’environnement, qui serait contraire aux intérêts économiques de ces FTN spécialisées dans l’énergie.

  • Les organisations régionales : ALENA, MERCOSUR, UE, ASEAN, ont été créées et se sont renforcées à partir des années 1990 pour créer une forme de gouvernance économique régionale d’échelle internationale

  • Le FMI : il change de rôle et devient gendarme de politique publique en développant des programmes d’ajustement structurel (programme de réformes économiques mis en place par le FMI ou la Banque mondiale dans un pays en difficulté, qui obtient des crédits en contrepartie de réformes de ses structures économiques).

(ex. : en 1997, l’Asie est touchée par une crise financière qui conduit l’Indonésie, très endettée, à faire appel au FMI et à la Banque mondial, et à accepter un plan d’ajustement structurel drastique ou encore la Grèce qui a dû accepter un plan d'ajustement structurel imposé par une « troïka » composée du FMI, de la BCE* et de l'UE portant sur une aide de 78 Mds d'euros en 2010).

 

  • création de l’OMC : plus de 150 Etats participent aujourd’hui à ses négociations : L’OMC, dont l’objectif est d’accroître les échanges de marchandises et de services, a favorisé la diffusion mondiale du libre-échange, même dans les pays appliquant autrefois une économie socialiste, comme la Chine qui l’a intégré en 2001, et la Russie en 2011.

L’OMC joue également le rôle d’arbitre en cas de litige commercial entre différents Etats, comme dans l’affaire qui a opposé l’Américain Boeing à l’Européen Airbus.

Les débats se font désormais autour des problèmes de concurrence et de libre accès au marché.

La création de l’OMC et de son organe de règlement des différends, symbolise l’affirmation d’un pouvoir arbitral opposable aux Etats les plus puissants, dont les décisions sont régies par des principes spécialisés de droit international.

 

C) Une gouvernance libérale contestée

 

1) Une contestation altermondialiste

► Les grandes institutions internationales (FMI, Banque mondiale, OMC), paraissent pour certains de plus en plus non transparentes. Leur contestation par le mouvement altermondialiste (mouvement qui rejette la logique néolibérale et prône une mondialisation plus solidaire et maîtrisée ainsi qu’une gouvernance économique plus démocratique) provient des pays en développement, de la société civile ou d’ONG qui s’insurgent (forums sociaux de Porto Alegre, Brésil de 2001 à 2003, Mumbai, Inde en 2004)  :

  • Echec de la conférence interministérielle de l’OMC à Seattle en 1999 face aux manifestations, majoritairement pacifiques mais violentes pour certaines

  • Dans les pays d’Europe du sud qui connaissent la crise et doivent se plier aux exigences du FMI, le mouvement des « Indignés » se développe en 2011

  • Aux Etats-Unis, le mouvement « Occupy Wall Street » créé en 2011 dénonce l’influence de la finance sur le pouvoir politique et proteste contre le sauvetage des banques avec des fonds publics. Son slogan « Nous sommes les 99% » dénonce l’accroissement des inégalités : http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2015/01/19/20002-20150119ARTFIG00162-en-2016-1-de-la-population-possedera-plus-de-richesse-que-les-99-autres.php

L’ONG Oxfam réclame un sommet mondial sur la fiscalité.

 

2) La contestation de la part des pays émergents

 

En 2008, se tient à Pittsburgh aux Etats-Unis le 2e sommet du G20 au sein duquel les pays émergents sont majoritaires : il est constitué des membres du G8 auxquels s’ajoutent Corée du Sud, Australie, Brésil, Chine, Inde, Afrique du Sud, Argentine, Mexique, Arabie saoudite, Turquie, Indonésie, ainsi que l’Union européenne. Les représentants du FMI et de la Banque mondiale sont invités aux sommets du G20. Le G20 décide à Pittsburgh de modifier la gouvernance économique mondiale en donnant davantage de responsabilités aux pays émergents dans les institutions internationales : FMI, Banque mondiale, OMC.

 

► La réforme du FMI prévue en 2010 établit que la Chine deviendrait le 3e membre le plus influent du FMI, derrière les États-Unis et le Japon, mais devant l’Allemagne, la France, le Royaume Uni et l’Italie. Et les trois autres BRICA, donc l’Inde, la Russie, le Brésil, verraient leur quote-part également accrue.  Mais le Congrès des Etats-Unis n’a toujours pas ratifié cette réforme. Or il faut 85% de taux d’approbation des membres du FMI et les Etats-Unis disposent de plus de 15% ce qui bloque l’application de la réforme et le poids croissant accordé aux pays émergents.

 

► Aujourd’hui coexistent G7 (la Russie a été exclue du G8 après l’annexion de la Crimée en 2014), G20 et BRICA, ce qui reflètent la multipolarité du monde contemporain, le principe du multilatéralisme et de « diplomatie de club » réservé aux plus riches.

 

 

Conclusion :
A partir de 1944, un système économique international dépassant le cadre des Etats-nations et dominé par les Etats-Unis et leur monnaie, le dollar, se met en place. Mais il ne résiste pas aux crises des années 1970, et c’est le concept de gouvernance qui est alors envisagé, à travers divers acteurs dépassant le cadre étatique dans une logique multilatérale. Néanmoins certains de ces acteurs sont aujourd’hui très contestés, pour leur manque d’efficacité, leur politique trop libérale et le manque de représentativité des pays du Sud dont ils font preuve.

 

Synthèses pour réviser : chronologie p.185 + dates-clés p.192 ou encore p.203 et schémas en annexe + mécanisme à connaître p.186


Chapitre 6 Le projet d'une Europe politique depuis 1948

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Chapitre 6. Le projet d'une Europe politique depuis 1948
 

Introduction :

Rappel :
- Le terme Europe désigne le continent mais par métonymie (désigner un terme ou un objet par un autre terme), on applique ce mot à ce qui constitue en réalité l'union d'un certain nombre de pays européens depuis la fin de la GM2. Cela peut donc être la CECA* puis la CEE* et enfin l'UE*. Il ne s'agit donc pas de TOUTE l'Europe (50 pays) mais actuellement de l'UE (28 pays jusqu'au départ de la GB en 2018).

► La construction européenne correspond parfaitement à la mise au point d’une gouvernance* entre plusieurs pays européens dans le but d’aspirer à un avenir meilleur. En effet, le continent européen sort dévasté de la GM2. Les Etats du continent sont confrontés au défi de la reconstruction, mais aussi de la division rapide du continent dans un contexte de Guerre froide.


►Dès l'origine deux visions s'opposent : celle d'une coopération économique entre États et gouvernements, et celle de la création d'un État fédéral européen.
Toute la construction européenne depuis le congrès de La Haye en 1948 jusqu'au traité de Lisbonne en 2007 a
hésité entre ces deux directions. Le projet d'union économique est aujourd'hui très avancé et a fait de l'Union européenne une grande puissance économique. Le projet de construction politique est plus ambigu, avec une Union européenne qui n'est pas un État mais qui en a les structures, et qui reste un « nain » diplomatique et militaire.


* « Gouvernance » est un terme qui appartient à la langue française mais qui n'était plus usité. Il est revenu par l'intermédiaire de l'anglais « governance » dans les années 90. C'est un terme qui ne fait pas consensus car il semble très ambigu.
Problématique :


► Comment et pourquoi l’Europe occidentale met-elle en place une union politique ?

Comment les anciens « pays satellites de l'URSS » s’intègrent-ils dans cet ensemble après 1989 ?

Quels sont les enjeux et les impasses actuelles de l’Europe unie ? En quoi la construction européenne oscille toujours entre un projet fédéral et une simple union économique ?

I. La naissance du projet politique européen (1948-1957)

A) Après la guerre, une union qui paraît impérative
B) Un premier pas : le Congrès de la Haye
C) L'échec du projet fédéral
II. La lente construction d'une union économique (1957-1989)
A) L'avènement de la Communauté Économique Européenne (CEE)
B) Un projet économique mais pas seulement.
..
C) La CEE est aussi un projet politique en construction qui suscite des réticences
III. L'évolution des institutions et de la gouvernance depuis 1989
A) Les répercussions de l’effondrement du bloc communiste sur la construction européenne
B) La naissance de l’Union européenne (1992-2007)
C) Un projet européen en crise

 

I. La naissance du projet politique européen (1948-1957)


A) Après la guerre, une union qui paraît impérative

Après les deux guerres mondiales et les génocides, et conscients de leur responsabilité dans ce qui apparaît comme une sorte de « suicide » de l'Europe, l'union semble un impératif.
Il existait déjà des mouvements pro-européens avant la GM2 et l'idée a aussi fait son chemin pendant les années de résistance à l'occupation allemande notamment de la part de groupes non communistes. Cette idée est portée par des personnalités issues des mouvements démocrates-chrétiens comme par exemple Robert Schuman (France), Konrad Adenauer (Allemagne) ou encore Paul-Henri Spaak (Belgique). Ces personnages sont souvent considérés comme des « pères fondateurs » de l'Europe.

B) Un premier pas : le Congrès de la Haye

800 délégués de 18 pays se réunissent aux Pays-Bas à la Haye, sous la présidence de W. Churchill (ancien premier ministre de GB) pour le « Congrès de l'Europe » le 7 mai 1948. Plusieurs décisions sont adoptées :

    • en mai 1949, naissance du conseil de l’Europe, organisation intergouvernementale pour favoriser la coopération politique, économique et culturelle en Europe (mais qui n'a aucun pouvoir décisionnel, siège à Strasbourg), défendre la démocratie et les Droits de l'Homme.

    • élaboration d’une convention européenne des droits de l’homme* en 1950

    • mais des divergences d’opinions entre fédéralistes* (partisans d’une Europe supranationale) et unionistes* (partisans d’une simple coopération entre gouvernements, respectant la souveraineté des États dans une logique intergouvernementale)

       

* Convention européenne des Droits de l'Homme : Elle a pour but de protéger les droits de l'Homme et les libertés fondamentales en permettant un contrôle judiciaire du respect de ces droits individuels. (entrée en vigueur en 1953)

*Fédéralistes : partisans d’une fédération où les Etats renoncent à une large part de leur souveraineté* au profit d’une autorité politique supranationale.

*Unionistes : partisans d’une confédération (union d’Etats indépendants), voire d’une simple coopération intergouvernementale, au sein de laquelle la souveraineté de chaque Etat est conservée.

*Souveraineté : pouvoir suprême et exclusif, détenu et exercé par un Etat sur son territoire, et indépendance d’un Etat vis-à-vis des puissances étrangères.

  • plusieurs adversaires :

    • les partis communistes, sous la pression de l’URSS

    • Les gaullistes qui sont opposés à toute idée de fédéralisme

C) L'échec du projet fédéral
 

1) Les contraintes de la Guerre Froide


► Dans le contexte de la Guerre froide, l'expansion soviétique en Europe de l’Est pousse les États-Unis à soutenir l'idée européenne notamment par l'intermédiaire du plan Marshall (13 milliards de $) proposé par les États-Unis en 1947.
Accepté par l’Ouest et renforcé par la création de l’Organisation européenne de coopération économique en avril 1948 (OECE, devenue OCDE en 1960) pour répartir cette aide, il est refusé par le bloc de l'est. Ceci d'ailleurs marque le début effectif de la Guerre Froide.
► En 1948, le traité de Bruxelles crée l'Union de l'Europe occidentale (UEO : France, Royaume-Uni, Benelux), qui rejoint l'OTAN créé en 1949.

La crainte de l'URSS et du bloc de l'est suscite chez les pays occidentaux un réflexe de recherche d'une protection américaine qui hypothèque en fait le projet d'une Europe fédérale autonome. C'est ce que l'on appelle « l'atlantisme » qui est donc le fait de mener une politique favorisant l'alliance américaine au détriment des projets européens.

2) une Europe de la démocratie libérale


► Néanmoins, si le projet fédéral semble peu réalisable dans un contexte de Guerre Froide, les valeurs communes forment un ciment pour l'idée européenne en général :
- L'Europe est le berceau de la démocratie parlementaire libérale : régimes parlementaires (gouvernements responsables devant les Parlements), constitutions, multipartisme, grandes libertés et droits de l’Homme. La démocratie s'impose

après 1945 ainsi les derniers régimes autoritaires disparaissent dans les années 1970 en Grèce, en Espagne (Franco meurt en 1975) et au Portugal (Révolution des Oeillets en 1974).

– Le choix de l’économie de marché, sur la base des libertés économiques, du droit à la propriété privée et de l’initiative individuelle ce qui n'interdit pas l’intervention des États dans l’économie dans le cadre d'un Etat tout puissant. Ceci passe par des nationalisations, le rôle accru des pouvoirs publics dans la reconstruction et le lancement de grands programmes d’équipement pour atténuer la loi du marché. Ce modèle a été partout plus ou moins appliqué notamment dans la GB de McMillan (1er ministre dans les années 50 mais aussi artisan de l'entrée de la GB dans la CEE) ou encore dans la France de la IVème République et des « plans » (voir chapitre Gouverner la France depuis 1946).

– Le choix de l’État-providence après 1945 aboutit au renforcement du système de protection sociale pour corriger les inégalités sociales, promouvoir la croissance et l’emploi : par ex. le nouveau gouvernement travailliste britannique formé en 1945 applique le programme de Welfare State (“État du bien-être” ou État-providence) élaboré par William Beveridge dès 1942 ou encore en 1945, la France crée la Sécurité sociale (couvrant tous les « risques » : maladie, vieillesse, maternité, chômage).


3) L'échec du projet politique


► Les années 50 sont marquées par des initiatives qui vont dans le sens d'une Europe fédérale :


- Favorable à des “États-Unis d’Europe”, Jean Monnet (Commissaire général au Plan en France) élabore un plan de construction d’une vraie Europe unie, autour du “noyau” franco-allemand, par une « stratégie des petits pas”, sur une action concrète portant sur un point

limité. Plus encore, le 9 mai 1950 Robert Schuman (ministre français des Affaires étrangères) lance un plan proposant de placer la production franco-allemande de charbon et d’acier (stratégiques pour la fabrication d’armes) sous une Haute Autorité commune supranationale ouverte à d’autres pays. Ainsi le 18 avril 1951, c'est la création de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) par la France, la RFA, l’Italie, le Benelux (Belgique, Pays-Bas, Luxembourg). Cette CECA est rapidement une réussite et fonctionne parfaitement, on peut véritablement la considérer comme l'ancêtre de la CEE (devenue donc ensuite UE).

- Le 27 mai 1952 : signature par les 6, à Paris d’un traité visant à créer une Communauté européenne de défense (CED) permettant de créer une armée commune sous l’autorité d’un ministre européen de la Défense (réarmement de la RFA sans armée allemande autonome) : c’est l’application du plan Pleven (président du Conseil français). 5 pays ratifient le traité, mais les Français se divisent entre partisans et adversaires (communistes, gaullistes partisans de la souveraineté nationale) de la CED. En août 1954, le Parlement français

rejette le traité. Les États-Unis recréent une armée allemande intégrée à l’OTAN en 1955, et la RFA adhère en 1954, avec l'Italie, à l’Union de l’Europe Occidentale (UEO). On peut dire que l'atlantisme gagne du terrain par rapport au fédéralisme européen.


T° : Le rejet de la CED marque ainsi l'échec de la construction politique d'une Europe fédérale, la construction européenne va donc être économique.


II. La lente construction d'une union économique (1957-1989)

A) L'avènement de la Communauté Économique Européenne (CEE)


► En juin 1955, la conférence de Messine est réunie pour relancer la construction européenne (nécessaire dans le contexte de l'affirmation des deux Grands et des débuts de la décolonisation qui affaiblit les puissances coloniales européennes). Les ministres des Affaires étrangères des 6 (France, RFA, Italie, Belgique, Luxembourg, Pays-Bas) et des experts de la CECA font alors le choix de la construction européenne par élargissement de la coopération économique.
 

Le 25 mars 1957, c'est l'acte de naissance de la CEE (Communauté économique Européenne) avec la signature du Traité de Rome créant un marché commun avec libre circulation des biens, des capitaux et des hommes par la suppression progressive des frontières entre États membres . Est également créé la Communauté européenne de l’énergie atomique (Euratom).

 

B) Un projet économique mais pas seulement...


1) Un système institutionnel complexe
 

Sa complexité s'explique par l'absence de choix réel entre fédéralisme et unionisme, on a donc des institutions qui sauvegardent la souveraineté des Etats mais qui, en même temps, créent une nouvelle entité supranationale qui leur enlève des compétences... :

- la Commission européenne (membres nommés par les gouvernements nationaux) est un organe supranational de proposition de règlements et de directives au Conseil. Elle applique les traités, les décisions du Conseil, et représente la CEE à l'extérieur.

- le Conseil des ministres incarne les intérêts des États. Il prend les décisions, à l’unanimité le plus souvent (aucune directive ne peut être imposée à un État contre son gré), plus rarement à la majorité qualifiée (2/3 des voix). En 1966, un accord permet à un État de s’opposer à une décision communautaire s’il estime ses intérêts vitaux menacés. À partir de 1974, un Sommet européen des chefs d’État et de gouvernement renforce la concertation.

- le Parlement européen n'est encore qu'essentiellement consultatif à l'époque, même si ses prérogatives vont croître (il contrôle la Commission, donne son avis sur les propositions de celle-ci, il vote surtout le budget). Ses membres sont nommés par les Parlements nationaux puis, à partir de 1979, il est élu pour 5 ans au suffrage universel direct. Ce sont les élections européennes où chaque député représente la population européenne, non celle de son pays d'origine (création de partis politiques européens supranationaux dont les partis nationaux sont membres et reflétant le clivage fédéralistes/souverainistes/unionistes). Financés par la CEE, ce sont plus des structures de coordination que de vrais partis : Parti socialiste européen (1974), Parti populaire européen (1976), Parti vert européen (1989).

- la Cour Européenne de justice, supranationale, vérifie que les lois européennes (directives) sont conformes aux traités et est une cour de justice pour la CEE.


► La CEE, entre État et super-administration a les symboles d'une nation : un drapeau à 12 étoiles depuis 1955, un hymne (L'Hymne à la Joie de Beethoven), un jour de fête depuis 1985 (le 9 mai, anniversaire de la déclaration Schuman. Après 1992 s'ajoutent la devise « Unie dans la diversité » (2000) et une monnaie unique, l'euro (2002) (les pays de la zone euro sont pour l'instant 19 sur 28).


2) L'accélération de l'intégration européenne (années 70-années 90)


► Cette période de très net essor de la construction européenne se caractérise par l'émergence et l'affirmation d'une intégration économique (mais pas seulement) réussie des Etats membres qui sont de plus en plus nombreux (voir élargissements successifs). Quelles sont les étapes principales de cette intégration ?

– Organisation d'une « Europe du marché commun» : disparition des barrières douanières intérieures achevée en 1968, la Politique Agricole Commune (PAC) est instaurée en 1962 (développer l'agriculture européenne : préférence communautaire en matière de commerce agricole, garantie des prix et revenu minimal garanti aux agriculteurs), des entreprises communes à plusieurs États se développent, comme Airbus (1970) ou Arianespace.

– Création progressive d'une union monétaire : zone de stabilité monétaire (1971 crise monétaire avec la dévaluation du $ et la fin de sa convertibilité en or => création du « Serpent monétaire européen » (1972-1978) (initiative de G. Pompidou) pour réduire les fluctuations entre les monnaies des pays membres), remplacé en 1979 par le « Système monétaire européen » (SME) pour stabiliser les taux de change en créant une unité monétaire européenne = l’ECU (European Currrency Unit, idée du président de la République française Valéry Giscard d’Estaing), véritable ancêtre de l'euro.

– Création d'un espace de libre circulation : en 1985 l'accord de Schengen supprime les contrôles aux frontières des pays signataires. Le président français de la Commission de 1985 à 1995, Jacques Delors, tente de relancer la construction dans le sens de la libre circulation des capitaux et des hommes. Ceci aboutit en février 1986 à la signature de l’Acte unique européen prévoyant au 1er janvier 1993 la constitution d’un “marché unique européen”. (+ 1987 programme “Erasmus” favorisant la circulation des étudiants des pays membres).

– Une ébauche d'Europe sociale : aide aux catégories sociales défavorisées et aux régions « sous-développées » par la création du Fonds social européen (FSE, 1957), puis du Fonds européen de développement régional (FEDER, en 1975) contre les inégalités régionales. Création d'une Charte européenne des droits sociaux en 1989, mise en place d'une aide au développement dans le monde dans un contexte de décolonisation achevée pour la plupart des Etats par des accords de coopération à Yaoundé (1963) puis à Lomé (1975, 1979, 1984) avec les pays ACP

(Afrique, Caraïbes, Pacifique : conditions commerciales préférentielles, aide alimentaire, assistance financière et technique).


- Résultat : Les 12 représentaient déjà en 1989 15% du commerce mondial et 30% de la production industrielle de la planète et s'imposent comme pôle majeur de l'économie mondiale (naissance du concept de « triade »).


c) Les élargissements successifs


► Même si le freins à l'intégration n'ont jamais cessé d'exister, les candidatures à l'entrée dans la CEE sont nombreuses des années 70 aux années 90.
(Source : http://www.diploweb.com/Carte-Construction-europeenne-1957.html)

- Toutefois, il faut rappeler que l'adhésion est un acte politique et correspond à une certaine forme d'abandon de souveraineté puisqu'on délègue à la Commission européenne une certain nombre de prérogatives réservées normalement aux Etats. Cette question a toujours fait l'objet d'un intense débat en Europe et à l'intérieur même des Etats, qu'ils soient membres ou non. Ainsi par exemple, le Royaume-Uni a longtemps refusé la construction européenne (en 1959, il crée l’Association européenne de libre-échange i.e AELE avec le Danemark, la Suède, la Norvège, le Portugal, la Suisse et l’Autriche).
- Mais les succès de la CEE ont entraîné finalement le ralliement du RU à « l'idée européenne ». Il demande en 1961 son adhésion, de Gaulle refuse (voir infra)... mais Pompidou accepte en 1973 ainsi que les adhésions de l’Irlande et du Danemark. La disparition des dictatures dans les pays méditerranéens permet ensuite les adhésions de la Grèce (1981), de l’Espagne et du Portugal en 1986, pour les ancrer dans la démocratie.
- Pour les adhésions successives et leur chronologie voir carte du manuel.


C) La CEE est aussi un projet politique en construction qui suscite des réticences


1) De Gaulle et la construction d'une Europe politique (1958-1969)


De Gaulle revient au pouvoir en France en 1958. Bien qu'hostile aux premières organisations

européennes, il accepte les engagements des traités de Rome de 1957, voyant dans la CEE un moyen de moderniser l'économie française. Menant une politique d'indépendance et de grandeur de la France, il est partisan d'une « Europe européenne » plus indépendante des États-Unis : c'est pourquoi il rejette en 1963 et 1967 l'adhésion du Royaume-Uni, jugé trop proche des États-Unis, et privilégie l'axe franco-allemand en signant avec le chancelier Adenauer un traité d'amitié et de coopération entre les deux pays (1963) qui d'ailleurs reste plus ou moins lettre morte.


De Gaulle est hostile à l'Europe supranationale. Face au projet du président de la Commission européenne de renforcer les pouvoirs de celle-ci et de réclamer le vote à la majorité qualifiée au Conseil (qui pourrait forcer les États à accepter des décisions qu'ils ne soutiennent pas), la France bloque le fonctionnement de la CEE pendant 6 mois en 1965 en pratiquant la « politique de la chaise vide » . En 1966 c'est l'« arrangement » de Luxembourg : pour les questions importantes, le vote se fera à l'unanimité.


2) La période post-gaullienne marque l'émergence d'avancées importantes


- En 1969, un nouveau Congrès de La Haye relance le projet d'une Europe politique.
Une Coopération politique européenne (CPE) est initiée en 1970, qui se réduit à une simple concertation intergouvernementale, avec déclarations communes quand il y a unanimité sur un problème de relations internationales.

- Puis les « couples franco-allemands » Georges Pompidou/Willy Brandt puis Valéry Giscard d'Estaing/Helmut Schmidt (après 1974) et enfin François Mitterrand/Helmut Kohl (après 1981) tentent d'accélérer l'intégration tout en réformant les institutions mais ce sont en fait les élargissements* successifs de la CEE qui permettent quelques avancées en rendant nécessaire un approfondissement* de la construction européenne, particulièrement dans le domaine institutionnel (mais l'hésitation persiste entre une Europe des États et une Europe supranationale voire fédérale) :

1974 : création d'un Conseil européen des chefs d'État et de gouvernement (4 réunions par an) chargé de définir les priorités de la construction européenne et de faire entendre la « voix de l'Europe »). Il devient l'instance majeure de la CEE.

1976 : élection au suffrage universel direct du Parlement européen (mais ses pouvoirs restent limités), dont la première présidente est la française Simone Veil.

Dans les années 1980, la construction européenne piétine à cause de la crise économique et de la volonté de Margaret Thatcher de limiter la contribution financière britannique (d'où sa phrase historique : « I want my money back ») et d'une vague d'euroscepticisme*.

- Le Parlement vote ainsi en 1984 un projet de Constitution européenne prévoyant la création d'une Union politique à finalité fédérale, mais ce projet est rejeté par les Parlements nationaux des États membres.

* Ne pas confondre « élargissement » qui est le fait d'accepter l'adhésion d'un nouveau membre à la CEE et « approfondissement » qui est le fait de réformer les institutions pour accélérer l'intégration européenne.


3) Des intérêts nationaux divergents


► Pourquoi cette lenteur et ces atermoiements dans la construction européenne ?

- Tensions économiques et financières : poids de la PAC (Royaume-Uni très critique), concurrence agricole (vin : France/Italie, fruits et légumes : France, Italie, Espagne, Portugal, Grèce)

- Débats permanents sur la nature de l’Europe : Les États membres ne sont pas disposés à accepter des mesures qui feraient de la CEE une organisation supranationale. Avec la crise économique après 1973 apparaissent des politiques économiques divergentes : par

ex. privatisations dans le Royaume-Uni de Thatcher à partir de 1979 et nationalisations dans la France de Mitterrand à partir de 1981.
- Pas de politique commune de défense : Les deux puissances nucléaires (France et RU) mènent une politique nationale et les autres (et surtout l'Allemagne, redevenue pourtant principale puissance économique du continent) dépendent des EU par l’OTAN (c'est le « parapluie nucléaire » américain ).

- Les rapports de force évoluent rapidement ainsi la France domine la CEE sous de Gaulle (il obtient en 1966 l’unanimité pour les décisions importantes du Conseil). La RFA prend le relais dans les années 1970 grâce à sa puissance économique retrouvée.


III. L'évolution des institutions et de la gouvernance (de 1989 à nos jours)

A) Les répercussions de l’effondrement du bloc communiste sur la construction européenne


► En 1989-1991 le Mur de Berlin s'effondre, l'Allemagne se réunifie, l'URSS disparaît. C'est la fin subite et inespérée de la Guerre froide. La construction européenne peut s'étendre à l'ensemble du continent, et se réoriente vers l'Est. Le Conseil de l’Europe encourage la démocratisation à l’Est en accueillant la Hongrie en novembre 1990, la plupart des autres pays de l’Est par la suite.
- L'Europe passe ainsi progressivement de 12 à 27 membres. En 1990 une Charte pour une nouvelle Europe est adoptée.
- En décembre 1994 est créée l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE : tous les pays d’Europe + États-Unis et Canada, pour prévenir les conflits en Europe et gérer les crises).
- Les ex-pays de l’Est négocient pour intégrer l’OTAN, se convertissent rapidement à l’économie de marché, avec l’aide des pays occidentaux. Mais cela s'accompagne d'un réveil des nationalismes à l'Est et du retour de la guerre en Europe, dans l'ex-Yougoslavie dans les années 1990. Les Européens et l’ONU sont impuissants (intervention de l’OTAN (États-Unis) en 1995 puis en 1999 au Kosovo), ce qui traduit la faiblesse politique de l'Europe.


► Ces élargissements posent aussi la question des limites de l'Europe (jamais définies) et de la définition d'une identité européenne (la question s'est posée avec acuité lors de la demande d'adhésion de la Turquie). Pour certains, les élargissements nuisent à la cohésion et au fonctionnement institutionnel de l'Union. En 1993 le sommet de Copenhague fixe des critères d’adhésion : économie de marché viable, institutions garantissant la démocratie et le respect des droits de l’homme, acceptation de tous les textes communautaires (prudence par rapport aux possibles candidats à l’est). La solution semble être dans une Europe supranationale, mais l'attachement à la souveraineté nationale reste très fort dans toute l'Europe.

B) La naissance de l’Union européenne (1992-2007)


► On assiste dans cette période à une deuxième phase de construction européenne en dépit des contradictions internes au projet. Comme souvent il s'agit d'abord d'une initiative franco-allemande (Mitterrand-Kohl) :
- Elle aboutit en 1992 à la signature du Traité de Maastricht qui crée l’Union européenne (application en 1993) en étendant les compétences de la Communauté à la politique étrangère (PESC : Politique étrangère et de sécurité commune), la monnaie (BCE : Banque centrale européenne en 1998 et euro en 2002), la défense (Eurocorps = corps d'armée européenne), la politique migratoire, l’environnement, la recherche, l’industrie, l’éducation, la santé, la culture...
- De plus, une citoyenneté européenne est créée (elle permet le droit de vote et d’éligibilité aux élections européennes et locales dans les pays membres). Mais en France , le “oui” au referendum sur Maastricht ne l’emporte que par 51% des voix exprimées. Le Danemark et le RU ne ratifient qu’après obtention de dérogations.


► Quelles sont les nouvelles institutions ?
 

- « 3 piliers » :
-
1er pilier : Les Communautés européennes (CE) et leurs politiques communes (le plus important, l’intégration la plus poussée : le Parlement et la Commission décident et appliquent.
- 2ème pilier : La politique étrangère et de sécurité commune (il s'agit d'une concertation intergouvernementale).
- 3ème pilier : La coopération policière et judiciaire (Europol).


- Le « moteur » exécutif reste le Conseil européen (chefs d’État et de gouvernement, décisions fondamentales), auquel on adjoint un Conseil de l’Union (ministres des États membres) qui, avec le Parlement, est la source des règlements et directives (« colégislation »).
Ils se prononcent sur les propositions de la Commission européenne (elle-même responsable devant le Parlement, la Cour de justice et la Cour des comptes)

- les pouvoirs du Parlement sont renforcés : avis, coopération et codécision avec le Conseil de l’Union.


C) Un projet européen en crise


1) Une UE qui a grandi trop vite ?

► Le débat sur les institutions (créées pour 6) se fait plus intense :
- C'est d'abord le problème du poids respectif des petits et des grands États dans les décisions,
- Le manque de transparence du fonctionnement des institutions,
- l'éternel débat sur la supranationalité au détriment de la souveraineté nationale que les traités d’Amsterdam en 1997 et Nice en 2001 tentent de surmonter. Quelques réformes sont adoptées pour le fonctionnement de l'UE :
- Comme notamment l'extension du vote à la majorité qualifiée (i.e nombre de voix proportionnel à la population des États)
► Mais, faute de consensus, il n'y a toujours pas de réforme de fond : Le système politique européen est complexe et peu compris par les citoyens européens, et les partis politiques nationaux rendent l'UE responsable de tous les problèmes (participation faible aux élections européennes, montée de l'euroscepticisme et des idées souverainistes voir infra).


2) Le rejet de la Constitution marque un tournant


► Un projet de traité constitutionnel européen est élaboré (2004) par l'UE pour améliorer son

fonctionnement et la rendre plus démocratique. Une partie des opinions publiques et les souverainistes y voient au contraire un projet non démocratique et supranational.

En 2005, la France et les Pays-Bas rejettent par referendum ce traité constitutionnel. L'UE adopte alors, en 2007, le « traité simplifié » de Lisbonne reprenant l'essentiel du projet précédent (renforcement du rôles des parlements nationaux et européen, droit d'initiative permettant aux citoyens d'inviter la Commission à présenter des propositions législatives, création d'un président du Conseil européen et d'un haut représentant de l'Union pour les

affaires étrangères et la politique de sécurité).


3) Un traité contesté, une UE en crise

► Le traité de Lisbonne prévoit l'extension des clauses d'exception : des États membres peuvent soit déroger, soit renforcer leurs coopérations (concept dit de « l'opting in/opting out » ou « Europe à la carte »).
Certains États refusent d'adopter l'euro, de collaborer aux accords de Schengen, de ratifier l'ensemble de la Charte des droits fondamentaux (2000 : elle assure à tout ressortissant d'un pays membre la liberté de circuler, d'étudier, de travailler dans l'UE + le droit de vote et d'éligibilité aux élections européennes et locales du pays de résidence...)

► Quelques exemples « d'Europe à la carte » :

Royaume-Uni, Suède et Danemark hors de la zone euro / RU et Irlande hors de Schengen / Danemark hors de l’Europe de la Défense / projets de coopérations renforcées (F-Allemagne).


Conclusion : Le projet européen est en panne et même menacé de disparition à plus ou moins long terme.
L'UE est un « nain » diplomatique et militaire (voir texte de Michel Rocard : « Amis anglais, sortez de l'UE mais ne la faites pas mourir ! » Le Monde, 5 Juin 2014) : pas de politique étrangère commune : voir par exemple les divergences en 2003 sur l'intervention américaine en Irak. La France et l'Allemagne étaient contre, beaucoup d’autres pour. L’Europe a encore besoin de l’OTAN. D'autre part, l'UE n'est pas membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, elle y dépend de la France et du Royaume-Uni.


► A partir de 2008-2009, L'UE traverse une grave crise économique (crise américaine dite des « subprimes » qui se répercute en Europe et s'ajoute à la « crise de la dette »*) qui oppose ses membres du Sud (Portugal, Espagne, Italie, Grèce, Chypre, voire France) en grande difficulté aux membres du Nord et particulièrement à l'Allemagne, devenue la puissance européenne dominante et à laquelle les opinions publiques sont de plus en plus hostiles. Beaucoup ne veulent plus payer pour les autres et demandent la sortie de l'euro voire de l'UE elle-même, chose faite pour la GB avec le Brexit de 2016 qui prendra effet définitivement en 2018.


► Les opinions publiques se méfient de plus en plus de l'UE : institutions jugées complexes et peu démocratiques, manque d’Europe sociale dénoncé, dénonciation d’une Europe libérale. Les partis souverainistes sont de plus en plus entendus (UKIP en GB ou encore en France où de nombreux candidats présents au 1er tour de la Présidentielle française de 2017 s'en réclament : Le Pen, Mélenchon, Asselineau, Dupont-Aignan, Lassalle dans une certaine mesure...).

► Le retour des idées protectionnistes et nationalistes condamnent-elles définitivement le projet européen ? Qu'en est-il de la solidarité et de la cohésion européennes vis-à-vis des défis qui se concrétisent (Trump aux EU, Poutine en Russie, Erdogan en Turquie...) ?


Chapitre 4 PMO : un foyer de conflits depuis 1945

dans la catégorie TS Histoire

Chapitre 4. Proche-Orient et Moyen-Orient : un foyer de conflits depuis 1945

Diaporama_PMO_Foyer_de_conflits.pdf

Fiche_numerique_Syrie_coeur_d_une_region_instable.pdf

Fiches_de_revision.pdf

Le sujet de composition suivant peut être envisagé :

Le Proche et Moyen-Orient, un foyer de conflits depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale


Introduction : définition des termes du sujet

- Foyer = souvent employé en Géo dans le sens foyer de peuplement i.e origine ms aussi zone de forte densité humaine. Ici au sens géopolitique c'est un peu la même idée : origine des conflits et intensité (L. Fabius, ex-ministre des affaires étrangères a par exemple parlé de « mère de toutes les guerres » concernant le conflit israélo-palestinien).
► Région du globe la plus instable et sur le plus long terme (70 ans d'instabilité) d'où le terme « foyer ».

- Conflits = conflits inter-ethniques, religieux et politiques enchevêtrés difficiles à analyser d'où plan chrono-thématique, donc conflits régionaux conventionnels (guerres israélo-arabes au moins jusqu'en 1973), guerres asymétriques de basse intensité, guérillas (Hamas à Gaza et les Intifadas*).

* Diapositives 1, 2, 3 & 4

- PMO = ancien territoire de l'Empire ottoman* ► Relations complexes avec le monde arabe, l'Empire ottoman ayant été à la fois considéré comme un modèle de puissance mais aussi négateur parfois de la culture arabe, permanence de la notion aussi de « Nardha » النهضة i.e la renaissance du monde arabe surtout face à l'Occident, théorisée après la GM1 avec la création des Etats arabes modernes).
- PMO = termes européens ► « Proche-Orient » et « Moyen-Orient » : les expressions renvoient à des découpages géopolitiques effectués il y a un siècle. Ce sont des appellations occidentales (britanniques et françaises) donc une lecture européo-centrée de la géographie, répandue par l'occidentalisation du monde au XX ème s. De plus, la GM1 joue un rôle majeur dans le nouveau découpage des frontières inventées pour la plupart entre 1914 et 1923.

- Le Proche-Orient : l’expression employée par les diplomates français dès la fin du XIX ème s. désigne les régions orientales du bassin méditerranéen, de la Turquie à l’Egypte Cette région est aussi désignée par l’expression, aujourd’hui datée de « Levant ».

- Le Moyen-Orient : expression employée et imposée par les Anglo-saxons (Middle East) dès le début du XX ème s. (terme apparaît pour la 1ère fois en 1902) pour désigner une zone médiane entre Proche et Extrême-Orient, centrée sur le Golfe persique = un espace géographique limité par le Levant à l’ouest, l’Iran, le Pakistan et l’Afghanistan à l’Est, il s’étend du sud du Caucase à la péninsule arabique. L’Egypte est incluse dans cette région. L’expression de Moyen-Orient est de nature géopolitique.

 

Donc, PMO ne recouvrent pas nécessairement deux ensembles distincts. Moyen-Orient désigne un Proche-Orient élargi pour les anglo-saxons. Le quotidien Le Monde distingue, lui, un Proche-Orient méditerranéen et un Moyen-Orient général (à l'anglaise) ou plus restreint autour du golfe Persique. Il semble donc plus pertinent actuellement d'utiliser le terme MO.
En géopolitique on parle aussi beaucoup de l'« 
arc des crises », ce qui en dit long sur l'instabilité chronique de la région.
- Typologie possible :
- Proche-Orient méditerranéen : Israël, Territoires palestiniens, Jordanie, Syrie, Liban, Turquie.

- La péninsule arabique : Arabie Saoudite, Yémen, Oman, Émirats arabes unis, Qatar, Bahreïn.

- Les États du Golfe (arabo-persique) hors péninsule arabique : Iran, Koweït, Irak.
 

Pb : Pourquoi cette région est-elle particulièrement un foyer de conflit  depuis la fin de le 2ème guerre mondiale ?

ou : Quels facteurs font de la région un foyer particulier de conflits ? Pourquoi ces conflits ont-ils dans la monde une telle résonance ?

I. Une région aux enjeux multiples
A) La GM2 et ses conséquences
1) Rappel du contexte (1920-1945)
2) PMO dans la GM2 et dans l'immédiat après-guerre
3) L'irruption de nouveaux acteurs

B) Une mosaïque de peuples et de religions
1) Les peuples du PMO
2) Le berceau des 3 monothéismes et... des divisions religieuses
3) La question des Lieux Saints
C) Une région aux ressources convoitées sources de conflits
1) Les hydrocarbures au centre des convoitises
2) L'enjeu de l'eau
3) Une région stratégique et sensible
II. Le PMO au cœur de la GF
A) Un enjeu majeur
1) Le rejet des puissances occidentales et l'échec du Panarabisme
2) La logique des blocs s'impose
B) Une région déstabilisée par des conflits permanents
1) L'Iran : Entre révolution islamique et guerre contre l'Irak (1953-1979-1988)
2) L'Afghanistan : de l'occupation soviétique aux Talibans (1979-2001)

3) La guerre civile au Liban
C) Les conflits israëlo-arabe et israëlo-palestinien (de 1948 à nos jours)
1) Israël et ses voisins : du conflit armé à la coexistence
2) La question palestinienne
3) L'internationalisation du conflit
III. De nouvelles conflictualités
A) Etat failli et peuple sans état
B) L'essor de l'islamisme radical
C) Le « Printemps arabe » et la difficile greffe démocratique

1) Des printemps arabes* du Maghreb au Machrek
2) La Syrie : Une guerre civile ou une (future) guerre globale ?

Conclusion


I. Une région aux enjeux multiples
A) La GM2 et ses conséquences

* Diapositives 4, 5 & 6

1) Rappel du contexte (1920-1945)
► Après la GM1, le traité de Sèvres a mis fin à l'Empire ottoman (1920) défait par les alliés anglo-français. La France obtient le mandat de la SDN sur la Syrie et le Liban. Ces deux états sont créés de toute pièce et ne correspondent à aucune réalité nationale, ethnique ou religieuse. Il en est de même pour la Palestine*, la Transjordanie et l'Irak (ancienne Mésopotamie) dominées par les Anglais. Ceux-ci contrôlent également l'Egypte et les émirats du Golfe arabo-persique. La partie turque de l'Empire ottoman est devenue un état indépendant gouverné par « le père des turcs » (Ataturk) Mustapha Kemal (1923). Le Royaume-Uni n’a donc pas respecté sa promesse faite lors de la GM1 de créer un grand royaume arabe dans la région, ce qui constitue un premier échec pour le panarabisme* et crée une première cause de rancoeur à l’égard des Occidentaux.

2) PMO dans la GM2 et dans l'immédiat après-guerre

- Pendant le conflit, PMO deviennent une région stratégique prépondérante en raison de la présence d'immenses ressources pétrolifères mais aussi du rôle que peuvent jouer les détroits et le Canal de Suez dans la conduite des opérations. Les Britanniques, maîtres du Canal qui relie l'Océan Indien (et donc leur empire ultramarin) à la Méditerranée, s'assurent en outre le contrôle de la Syrie (enlevée aux français de Vichy) et de l'Iran en commun avec l'URSS. Ils interviennent aussi en Irak (1941) et l'occupent militairement car cette région est tentée par un rapprochement avec les Nazis qui promettent beaucoup aux nationalistes arabes (voir aussi contacts nazis avec le Grand Mufti* de Jérusalem).

- A l'issue de la GM2, les Occidentaux ont beaucoup promis aux peuples de la région mais la situation reste la même. De plus le contexte semble favorable pour les nationalistes arabes du fait de l'affaiblissement de la France et de la GB, puissances coloniales en perte de vitesse partout dans le monde au profit des EU et de l'URSS. Cependant, il n'en est rien et la France récupère son mandat sur la Syrie et le Liban. Il faut des émeutes à Damas en mai 1945 pour que la France accepte de laisser l'indépendance à ces états « sous mandat ». Dans le même temps, la présence britannique est fortement contestée en Palestine (attentats de l'Irgoun* à Jérusalem en juillet 1946). Le dossier palestinien est transmis par les anglais à l'ONU qui propose un plan de partage en 1947 (voir infra).

3) L'irruption de nouveaux acteurs

- Les Américains s'installent pour la première fois en Arabie Saoudite en concluant avec le roi Ibn Saoud un « deal » autour de la question de l'approvisionnement en pétrole (POTUS Franklin D. Roosevelt). Ils s'engagent à protéger le royaume wahhabite* en échange de l'accès au pétrole saoudien. C'est le « Pacte de Quincy » du 14 Février 1945.
T° : La région sort de la GM plus désunie que jamais. De nombreuses questions restent en suspens et beaucoup ne sont toujours pas tranchées 70 ans plus tard.

B) Une mosaïque de peuples et de religions

Introduction : Le PMO est une région morcelée par les différentes identités ethniques, religieuses et politiques. Cependant il faut se garder de tomber dans le piège du morcellement ethnique ou religieux pour expliquer les divisions et l'absence de paix à long terme dans cette région du monde. D'autres régions, comme l'Europe, connaissent une grande variété ethno-linguistique et elle est globalement en paix depuis 70 ans (si on excepte les guerres de l'ex-Yougoslavie entre 1991 et 1995). Il apparaît donc que c'est plutôt l'instrumentalisation de la diversité par des groupes ou des pays ainsi que la convergence de certaines caractéristiques qui peuvent expliquer cette situation très instable. Ne pas oublier enfin la part des circonstances qui ne sont pas forcément prévisibles, ni prédéterminées ; enfin, il faut garder à l'esprit que la religion n'est qu'un aspect de l'identité.

* Diapositives 7, 8 & 9

1) Les peuples du PMO

Arabes : Peuple(s) de la Péninsule arabique de langue arabophone. L'arabe préexiste à l'Islam, les plus anciennes inscriptions pré-islamiques dateraient du IIIème s. de l'ère chrétienne.
Du fait que les Arabes sont les vecteurs de l'Islam dans tout le Machrek (et bien au delà) et que l'arabe soit la langue du Coran (la « récitation »), la confusion est fréquente entre religion et groupe ethno-linguistique. Il faut alors rappelé que le pays musulman le plus peuplé actuellement est l'Indonésie (non-arabe).

Kurdes : Peuple originaire des montagnes du Taurus et du Zagros (Kurdistan), les Kurdes sont un peuple sans état, seul le gouvernement irakien actuel leur reconnaît une région autonome depuis la guerre du Golfe de 1991. Ils vivent dans le sud-est de l'actuelle Turquie (50% de la population kurde totale), dans le nord de l'Irak (Erbil par exemple), dans l'ouest de l'Iran et dans l'extrême nord de la Syrie. Ils sont environ 35 M et sont majoritairement Sunnites mais on trouve aussi des Chrétiens, des Juifs ou encore des Yézidis. Leurs langues viennent toute de l'indo-européen. Ils constituent une importante diaspora dans le monde entier.

Turcs : Le mot « türk » viendrait des peuples nomades d'Asie centrale et ce dès les Vème ou VIème s. mais il n'est pas exclu que l'origine soit encore plus ancienne. Le mot est assez vague et l'origine de ces populations nomades qui ont essaimé partout en Asie centrale jusqu'en Asie mineure (actuelle Turquie) est mal connue.
Les Ottomans ne sont qu'une partie des Turcs mais la plus prestigieuse. En effet, à l'origine clan turcique d'Anatolie occidentale, ils conquièrent à partir du XIIIème s. l'ensemble du PMO puis le Maghreb et une partie de l'Europe balkanique. Il domine donc une très vaste région pendant 5 siècles avec pour capitale Istanbul. L'empire ottoman (Osmanlı İmparatorluğu) disparaît en 1920 à la suite du Traité de Sèvres. Mustapha Kemal dit le « père des Turcs » (Muṣṭafâ Kemâl Paşa) fonde la Turquie en 1923.

Perses (iraniens) :
Héritiers d'un immense empire antique, les Perses ou Iraniens (depuis 1934), sont des musulmans à majorité chiites et de langue farsi ou parsi (langue indo-européenne). Ils occupent toute la région qui s'étend du Chatt-El-Arab aux contreforts de l'Afghanistan. Aujourd'hui, la République Islamique d'Iran (جمهوری اسلامی ايران) est peuplée d'environ 77M d'hab. Cependant des minorités ethniques sont aussi très nombreuses comme des Kurdes, des Arméniens ou encore des Azéris. De fait, l'Iran exerce aussi un véritable soft power dans son aire de rayonnement (Tadjikistan, Ouzbékistan, Afghanistan pour partie...etc)

Yézidis : Ils sont un groupe kurdophone non musulman, de 300 000 personnes environ en Irak et pratiquent une religion à part, monothéiste et qui est un syncrétisme entre Christianisme et Islam surtout.


Juifs du PMO : Ils sont présents en Egypte, en Irak, en Syrie, au Yémen notamment même si la tendance actuelle est à l'émigration vers Israël (« alya » עליה ) du fait d'un contexte international de plus en plus défavorable et souvent clairement anti-israélien.

2) Le berceau des 3 monothéismes et... des divisions religieuses

► Cette région est le berceau des trois principales religions monothéistes.
Quelques éléments du lexique religieux du PMO :


Musulmans : Ce sont les fidèles de l'Islam et de leur Prophète Mohammed (Mahomet en français). Les musulmans sont estimés à environ 1,6 md soit près de 25% de la population mondiale.

Islam : (الإسلام ; ʾc'est-à-dire « soumission à Dieu ») Religion née au VIIème s. de l'ère chrétienne en Arabie. On peut qualifier l'Islam de « monothéisme absolu ». Elle est basée sur l'obéissance au Coran, recueil dicté par Allah (الله) à Mohammed sur le mont Hira. Propagée par Mohammed et les tribus bédouines jusqu'à la Mecque et Médine, l'Islam conquiert rapidement la totalité du PMO ainsi que l'Afrique du Nord, la Perse, l'Asie centrale, une partie de la péninsule indienne, de l'Asie du sud (Bangladesh actuel) et des archipels du sud-est asiatique (Indonésie). La « Umma » désigne l'ensemble de la communauté de ceux qui se réclament de l'Islam.

Juifs/Israëliens : Dans l'Antiquité, les Juifs sont les habitants du royaume de Juda. Ils sont aussi plus globalement appelé « Hébreux » (עברי ), ce qui fait référence au peuple sémitique de la Torah (5 premiers livres de la Bible hébraïque). De nos jours, il faut entendre par « juif », une personne qui se réclame de la religion appelée « judaïsme », pratiquante ou pas. Le mot « Israélien » ne désigne aucune appartenance ethnique ni religieuse : c'est une nationalité. Il existe donc des arabes, musulmans ou chrétiens, israéliens (environ 1,5 M sur 8,5 M d'habitants) mais aussi des druzes et circassiens israéliens (76% des israéliens sont juifs).

Sunnites/Chiites :
- Le Sunnisme est une branche de l'Islam (majoritaire) dont les membres sont partisans de la Sunna (i.e la coutume constituée des faits et des dits de Mahomet -Mohammed en arabe محمد ). [Voir carte diapositive 7 pour répartition géographique du Sunnisme]
- Le Chiisme regroupe les partisans d'Ali, gendre de Mohammed, qui revendique la succession du Prophète. Les Chiites attendent le retour d'un imam caché qui serait le descendant direct de Mohammed. Le Chiisme est en cela comparable au Christianisme qui attend le retour du Christ (la Parousie). Présents en Irak, Iran ou au Yémen mais aussi d'autres minorités rattachées au Chiisme comme les Alaouites (confession du clan Assad et littéralement « partisans d'Ali ») ou les Ismaéliens en Syrie ou encore les Druzes au Liban.

Chrétiens : Le Christianisme a son berceau en Palestine romaine car Jésus était juif de Nazareth. Il a essaimé ensuite dans le monde entier à partir de cette région. Mais sa particularité ici est qu'il est éclaté en plusieurs Eglises et qu'il est minoritaire depuis la conquête arabo-musulmane du VIIème s. Néanmoins, les Chrétiens, comme les Juifs, ont longtemps été protégés par les autorités des différents empires arabo-musulmans qui se sont succédés moyennant un impôt ( ce sont les « dhimmis »).
Tout au long de leur histoire bimillénaire, les Chrétiens d'Orient se sont divisés notamment sur les rites* et se rattachent, ou pas, à l'Eglise de Rome. Les communautés les plus importantes sont par exemple les Coptes (Egypte), les Maronites (Liban) et les Chaldéens (Irak) et Jacobites (Syrie). Les Chrétiens représenteraient actuellement eviron 4 à 5 % de la population du MO.
Il est à noter que les Chrétiens d'Irak et de Syrie sont actuellement persécutés par DAESH (qui applique ici une stratégie génocidaire), ils quittent donc en masse la région, il s'agit d'une véritable diaspora, pour se réfugier en Europe ou en Amérique.

3) La question des Lieux Saints

* Voir diapositive 10

► Une question très symbolique
- Quels lieux et pourquoi ? A faire rédiger (mots clés : Saint Sépulcre, Dôme du Rocher et mosquée Al-Aqsa, Esplanade des mosquées, Mur des Lamentations, Jérusalem).
- EDC Des affrontements fréquents : l'exemple de l'esplanade des mosquées

C) Une région aux ressources convoitées sources de conflits

1) Les hydrocarbures au centre des convoitises

* voir diapositives 11 & 12

- L’importance des réserves pétrolières et gazières est un facteur clé de compréhension pour tout ce qui touche aux grands équilibres géopolitiques de la région : 60% des réserves pétrolières et 40% des réserves gazières connues, le Moyen-Orient est un lieu majeur de production d’hydrocarbures et couvre une part importante des besoins énergétiques mondiaux (principaux producteurs : Arabie saoudite, Iran, EAU).


- Les premiers gisements ont été découverts en Perse en 1908 et leur contrôle est rapidement devenu un enjeu majeur pour les grandes puissances. La pénétration américaine au Moyen-Orient se fait aussi avec le pétrole : en 1927 les américains obtiennent + de 20% de l’Irak Petroleum Compagny et fondent en 1944, L’ARAMCO (Arabian American Oil Company). Avec le Pacte de Quincy, les américains s’engagent à fournir au roi Ibn Saoud une assistance militaire permanente en échange du monopole de l’ARAMCO dans l’exploitation du pétrole saoudien (pacte renouvelé en 2005 par Georges W. Bush).

- Dans les années 40 à 60, la part du PMO dans l'approvisionnement des Occidentaux est de 17 à 30% . Ceci explique leur dépendance mais aussi le fait que désormais
« l'or noir » est une arme pour les pays producteurs. L’OPEP* est ainsi créée à Bagdad en 1960, par les 5 principaux exportateurs d’alors : Arabie Saoudite, Irak, Iran, Koweït, Venezuela. L’OPEP domine le marché du pétrole dans les années 70 et décide unilatéralement l'augmentation du prix du baril de brut* en 1973 à la suite de la Guerre du Kippour entre Israël et ses voisins arabes (c'est une mesure de représailles). C'est le premier choc pétrolier (qui entraîne par ailleurs la crise économique majeure qui met fin aux Trente Glorieuses). Le second choc pétrolier a lieu avec la révolution iranienne de 1979 (voir infra).

- Depuis une 20aine d'années, le poids des pays du PMO dans la production et l'exportation des hydrocarbures tend à diminuer, d'une part parce que les pays occidentaux et la Chine (+ BRICA) innovent dans les énergies renouvelables (et le gaz de schiste) de plus en plus et aussi parce qu'ils ont varié leurs approvisionnements (la Russie est aussi un gros producteur et exportateur d'hydrocarbures). Ceci donne beaucoup moins de poids politique au PMO, ce qui, paradoxalement, peut expliquer le relatif immobilisme des Occidentaux quant au règlement des questions en suspens. A l'inverse, les « 
pétromonarchies » comme l'Arabie Saoudite ou le Qatar, cherchent à diversifier leur économie soit en investissant massivement à l'étranger (c'est le rôle des fonds souverains) soit en développant de nouveaux secteurs économiques. La vraie question semble bien être : comment sortir de la dépendance à « l'or noir » ?


2) L'enjeu de l'eau

* voir diapositive 13

Au Moyen-Orient le milieu est aride et la région est majoritairement en situation de stress hydrique. L’eau est très inégalement répartie et disputée d’autant que les besoins augmentent au fur et à mesure de la croissance démographique, de l’urbanisation et de l’essor des cultures irriguées.
- Les grands fleuves, peu nombreux, comme le Tigre et de l’Euphrate sont l’objet d’aménagements (barrages), sources de conflits, notamment entre la Turquie, la Syrie et l’Irak car ces pays en aval reçoivent forcément moins d’eau. D'autres part il faut rappeler que les régions traversées par ces fleuves sont particulièrement conflictuelles (
Chatt-El-Arab).
- Plus encore, le contrôle des nappes aquifères est aussi un élément clé du conflit israélo-palestinien. Une grande partie des ressources souterraines se situant en territoire palestinien. Le Jourdain, fleuve commun à Israël et à la Palestine est surexploité. Par exemple lors de la guerre des 6 jours en 1967, Israël envahit le plateau du Golan, grande réserve d’eau de la région.

- Seuls les pays les plus riches (Arabie, Israël, Jordanie dans une moindre mesure), investissent dans des usines de dessalement d’eau de mer très coûteuses.




3) Une région stratégique sensible

- Le Moyen-Orient est historiquement une zone de passage entre l’Europe et l’Asie (exemples routes commerciales au Moyen-Age : villes italiennes de marchands vers Asie, en Chine et Inde) Donc il existe une forte tradition de route commerciale renforcée au XIXème siècle avec construction du Canal de Suez par une société franco-britannique achevé en 1869 (Ferdinand de Lesseps) et évitera de contourner Afrique pour aller en Asie. Ceci explique la mainmise de la France et de la GB, jusqu'en 1956, sur cette partie stratégiquement très sensible du MO (voir l'importance du Canal de Suez pendant a 2ème guerre mondiale ou pour l'approvisionnement en marchandises de l'Occident).

- Donc un rôle géostratégique des détroits et des canaux majeur : le détroit de Bab-el-Mandeb entre la mer rouge et l’océan indien, le canal de Suez entre la mer rouge et la Méditerranée, détroit d’Ormuz entre l’océan indien et le Golfe persique, détroits du Bosphore et des Dardanelles entre la Méditerranée et la Mer Noire.

- Ces zones sont particulièrement surveillées parfois même protégées (présence de troupes internationales, dont troupes américaines, dans détroit d’Ormuz car point de passage des hydrocarbures ou encore lutte contre le piraterie en Mer Rouge et dans le Golfe d'Aden)


- Des frontières sont issues de la colonisation et ne tiennent pas compte des réalités ethno-linguistiques ni politiques (Irak, Syrie, Liban par exemple).
frontières contestées

- Enfin, la pression démographique est forte dans certaines régions démunies comme par exemple à Gaza (1,8 M d'hab. Et 5220 hab./km²). Attention, ici c'est bien la convergence de la pauvreté et des fortes densités de population qui est problématique.

* voir diapositives 14 & 15

II. Le PMO au cœur de la GF (1945-1990)

A) Un enjeu majeur

1) Le rejet des puissances occidentales et l'échec du Panarabisme*

* Diapositives 16, 17 & 18

► La période des années 50/60 est marquée par la renaissance du panarabisme et par un relatif effort d'émancipation par rapport aux puissances occidentales.

- En Iran, l'expérience de Mossadegh* fait long feu. Après avoir rompu les relations diplomatiques avec la GB, le Premier ministre Mossadegh nationalise le pétrole iranien puis renverse le Shah* en août 1953. Maintenu en place jusqu'à là par les Américains, celui-ci doit prendre le chemin de l'exil.
- Très vite, la CIA organise un coup d'Etat et la résidence de Mossadegh est bombardée. Il doit se rendre rapidement et est condamné à mort dans une parodie de procès. Les Américains obtiennent la création d'une compagnie pétrolière (NIOC ou Société iranienne des pétroles) dont la production revient aux Occidentaux. Ils conservent leur leadership dans la région au détriment des soviétiques mais aussi d'un pays qui avait espéré profité de ses immenses richesses. La Révolution iranienne remettra cet équilibre en cause en...1979.

- En Egypte, une certaine émancipation voit le jour notamment par rapport aux Anglais (qui détiennent toujours la maîtrise du Canal de Suez avec les Français). A la suite d'un coup d'état dit « des officiers libres » chassant le roi Farouk en 1952, un jeune officier, le colonel Gamal Abdel Nasser, prend le pouvoir. Il se présente rapidement comme le leader d'un pays non-aligné (l'Egypte est un des acteurs essentiels de la conférence de Bandung en 1955) même si le rapprochement avec l'URSS est effectif très vite pour contrer l'influence occidentale. Il se présente aussi comme le rassembleur des Arabes, leader en cela d'un panarabisme teinté de socialisme. Il décide de nationaliser le Canal de Suez, jusqu’alors exploité par une compagnie franco-britannique (juillet 1956). Cette décision entraîne immédiatement une intervention militaire conjointe des Français, des Britanniques et des Israéliens (dans le Sinaï), qui occupent militairement les sites stratégiques en Égypte. Mais l’intervention est condamnée par l’ONU et l’URSS menace de soutenir son allié égyptien. Les Etats-Unis font pression sur la France et le Royaume-Uni, qui sont contraints de retirer leurs troupes. Avec cette défaite des anciennes puissances européennes, la crise de Suez fait renaître pour un temps le rêve de l’unité arabe et du non-alignement. Mais c'est oublier qu'ici ce sont les EU et l'URSS qui ont dicté leur loi aux anciennes puissances coloniales. Le panarabisme nasserien reste donc un échec car il n'est pas parvenu à émanciper les peuples arabes de la région, ni (encore moins) à rétablir une quelconque unité.

* Voir extrait vidéo barrage d'Assouan
* Voir Fiche A.D Discours de Nasser sur la nationalisation du Canal de Suez, Alexandrie, 26 Juillet 1956.

Recherche à effectuer : En quoi la création de la Ligue arabe n'a-t-elle pas répondu aux aspirations unitaires du monde arabe ?

2) La logique des blocs s'impose

* Diapositive 19

Comme d’autres régions du monde, le Moyen-Orient est l’enjeu de la rivalité entre les États-Unis et l’URSS. Dans le cadre de la politique d’endiguement, les États-Unis soutiennent l’Arabie saoudite et la Turquie, qui devient membre de l’OTAN en 1952, l’Irak et l’Iran. Israël devient également l’allié privilégié des Américains à partir des années 1960. L’URSS soutient l’Égypte du colonel Nasser, l’Irak, la Syrie, le Sud Yémen et défend officiellement la cause des Palestiniens qui réclament la création d’un État indépendant.

Pour contrebalancer l'implantation soviétique dans la région, les Etats-Unis rejoignent le Pacte de Bagdad qui avait été créé en 1955 à l'initiative de la GB. Ils en prennent la direction et considèrent que c'est le complément de leur dispositif d'endiguement avec l'OTAN et l'OTASE.
Cette alliance regroupe l'Irak, le Pakistan, la Turquie et l'Iran (jusqu'en 1979), peu efficace et victime des divisions internes de ses membres, elle est dissoute en 1979.

B) Une région déstabilisée par des conflits permanents

► De nombreux conflits éclatent pendant la Guerre Froide. Ils sont souvent instrumentalisés par les deux blocs mais peuvent être aussi d'abord endogènes. Leurs caractéristiques sont leur durée, leur originalité (conflits non-conventionnels) et l'absence fréquente de règlement définitif. Trois exemples peuvent illustrer cette période.

1) L'Iran : Entre révolution islamique et guerre contre l'Irak (1953-1979-1988)

► En Iran, après le rétablissement sur le trône du Shah* Mohammad Reza Palhavi par les américains en 1953, le régime s'enfonce peu à peu dans la dictature (une des pires du PMO) : - Arrestations illégales, tortures et disparitions organisées par la police politique, la SAVAK, mégalomanie du Shah et clientélisme politique, soutien de plus en plus gêné des Occidentaux.
- Un Imam en exil depuis 1964, l'Ayatollah Khomeiny, appelle régulièrement à la révolte contre ce régime détesté des Iraniens eux-mêmes. A partir de la France, il organise l'insurrection. En décembre 1978, les grèves se succèdent et paralysent le pays. Les Américains (Jimmy Carter est président) « lâchent » la famille royale qui doit s'enfuir. L'Ayatollah rentre en Iran et est porté en triomphe. Il instaure une « République islamique d'Iran » proclamée le 1er avril 1979. Cette révolution islamique a un énorme écho dans le monde musulman, l'Iran se présentant de plus en plus comme un modèle de lutte contre l'impérialisme occidental (le « grand Satan américain »).

* Voir extraits vidéo INA http://www.ina.fr/contenus-editoriaux/articles-editoriaux/iran-du-shah-a-khomeiny/

- Mais l'Iran se trouve aussi rapidement entraîné dans une guerre terrible. En effet, aux oppositions religieuses (sunnites au pouvoir en Irak contre chiites en Iran), ethniques (Arabes contre Perses) et géopolitiques s’ajoute un ancien conflit frontalier entre l’Irak et l’Iran, concernant le fleuve Chatt-el-Arab, situé dans la province du Khuzestan qui délimite la frontière entre les deux Etats et se jette dans le Golfe persique. La question de la maîtrise du Golfe arabo-persique représente donc un facteur important pour le dictateur Saddam Hussein qui a besoin d'une victoire nationaliste contre l'ennemi héréditaire perse. Il lance ses troupes sur l’Iran, persuadé que la guerre sera courte. Mais l’agression de l’Irak qui comptait sur la désorganisation d'un pays en pleine révolution n'est pas couronnée de succès en dépit de l'occupation de quelques villes dans le Chatt-el-Arab. Les Iraniens combattent en masse et la guerre dure huit ans (1980-1988) pour aboutir à un quasi statu quo dans la région. Le bilan est catastrophique : sans doute plus d'un million de morts des deux côtés. Cet échec est aussi une des causes de la tentative d'annexion du Koweït par Saddam Hussein en 1990.

2) L'Afghanistan : de l'occupation soviétique aux Talibans (1979-2001)

► En revanche, la guerre d’Afghanistan (1979-1989) s’inscrit bien dans une logique de guerre froide.
- En 1979, les Soviétiques interviennent militairement pour secourir le gouvernement communiste menacé par les milices tribales. Les troupes de l’Armée rouge contrôlent les principales villes, mais s’enlisent dans les combats contre les moudjahidines* soutenus par les États-Unis.
- La guerre dure dix ans et laisse un pays politiquement éclaté aux mains des chefs de milices tribales. L'URSS finit par évacuer le pays en 1989 après des pertes considérables et un traumatisme durable dont on parle peu en Russie. On peut considérer qu'il s'agit là d'une sorte de « Vietnam soviétique » aux conséquences incalculables (dont en partie, la ruine du régime soviétique en décomposition avancée).
- De 1992 à 1996, un nouveau conflit éclate entre les forces gouvernementales du commandant Massoud et les talibans* qui veulent créer un État fondé sur la
charia*. Ces derniers l’emportent (Massoud est assassiné le 9 septembre 2001) et l’Afghanistan devient la base arrière du terrorisme islamiste et en particulier d’Al-Qaïda*.

* voir diapositives 20 & 21

3) La guerre civile au Liban

► Il s'agit d'une guerre civile quasi-permanente qui déchire le Liban des années 1970 à 1990.
- À partir de 1975, une guerre civile éclate entre les Phalanges armées maronites (chrétiennes) et les Palestiniens au Liban et leurs alliés arabes sunnites. Les camps de réfugiés palestiniens sont pris pour cible par les phalanges chrétiennes et, de leur côté, les Palestiniens massacrent des civils chrétiens et mènent une guérilla urbaine.
- Le conflit s’étend et entraîne une première intervention militaire de la Syrie, inquiète du basculement possible de l’équilibre des forces dans un Etat qu’elle considère comme appartenant à sa zone d’influence. Israël intervient à son tour.
- Au début des années 1980, le conflit se complique encore avec la formation du Hezbollah*, mouvement armé chiite libanais, soutenu par l’Iran et la Syrie, lequel devient l’adversaire principal d’Israël. Les attentats-suicides qu’il organise contre les Occidentaux à Beyrouth entraînent le départ des forces internationales qui quittent la capitale. En 1988, le pays se divise à nouveau lorsque le maronite Michel Aoun est nommé Premier ministre : la majorité des arabes sunnites soutient un second gouvernement pro-syrien dirigé par le sunnite Selim Hoss. Aoun entreprend alors une " guerre de libération " contre la Syrie. En 1989, les accords de Taëf (Arabie Saoudite) sont signés : ils prévoient une répartition équilibrée des pouvoirs au Liban.
- Toutefois, le pays reste en partie occupé par la Syrie et le Hezbollah continue de mener depuis le Sud des attaques contre Israël, qui bombarde ses positions à plusieurs reprises. Actuellement le
Liban est toujours très divisé et sous la crainte d'une extension du conflit syrien sur son propre territoire.










C) Les conflits israëlo-arabe et israëlo-palestinien (de 1948 à nos jours)

* voir diapositives 22 à 28

Introduction : La Palestine en tant qu’État disparaît de la carte du Moyen-Orient en 1947-1948. En effet, les Britanniques évacuent la région et, en novembre 1947, le plan de partage voté par l’ONU entraîne d'abord la création de l’État d’Israël, proclamé par David Ben Gourion* le 14 mai 1948, puis la première guerre entre les Israéliens et leurs voisins. Tsahal* (Forces de défense d’Israël, FDI) remporte le conflit contre une coalition comprenant l’Egypte, l’Irak, la Syrie, la Transjordanie (actuelle Jordanie) et le Liban. 800 000 palestiniens se réfugient à Gaza, en Cisjordanie et au Liban, chassés ou partis de leur plein gré dans l’espoir de revenir une fois Israël vaincu et détruit. Les Palestiniens deviennent un peuple sans terre. Cet événement est appelé la « Naqba » (la « catastrophe » commémorée chaque année le 15 mai) par les Palestiniens. Depuis, les rapports entre Israël et les « Territoires occupés palestiniens» (Gaza + Cisjordanie) ainsi qu'avec les voisins arabes n'ont cessé d'empoisonner la région même si d'autres conflits (Syrie, Irak) semblent actuellement les éclipser.

1) Israël et ses voisins : du conflit armé à la coexistence

a) La Crise de Suez

- Elle a déjà été traitée précédemment : elle montre surtout la puissance naissante d'Israël dans la région, la faillite des anciens colonisateurs à régler tout problème et entraîne donc un surcroît de défiance des populations arabes vis-à-vis des occidentaux.

b) Un événement fondateur : la Guerre des 6 jours (Juin 1967)

- En réaction à une tentative de déstabilisation (envoi de commandos palestiniens) d'Israël par la Syrie pro-soviétique, Israël attaque l'aviation syrienne (destruction d'avions au sol). L'URSS prévient aussi l'Egypte qu'Israël semble préparer une intervention contre la Syrie. Or les deux pays, Egypte et Syrie, sont liés au sein de la Ligue arabe. Nasser mobilise à son tour et obtient le soutien de la Jordanie et de l'Irak.
- Israël attaque en premier les aéroports égyptiens et s'impose vite dans le Sinaï puis à Gaza et jusqu'au Canal de Suez. La Jordanie est à son tour rapidement mise en difficulté à l'est et Israël conquiert rapidement les villes de Cisjordanie. Le Golan, immense plateau entre Israël, la Syrie et le Liban est à son tour conquis.
- La guerre n'a duré que 6 jours et aboutit à une défaite complète des états arabes qui perdent des territoires au profit d'Israël. De plus le bilan humain est très lourd pour l'Egypte (10000 morts) et la plus grande partie de son armée détruite.

- Les conséquences territoriales et humaines sont catastrophiques pour les Palestiniens surtout : occupation israélienne du Sinaï (finalement restitué à l'Egypte), de la Bande de Gaza, de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est, enfin du Golan (voir carte) (qui permet par ailleurs à Israël de renforcer son contrôle sur l'eau).
- Cette défaite renforce aussi la
question des réfugiés palestiniens (200.000 de plus après 1967), population qui fuit dans des pays où elle est souvent jugée comme déstabilisatrice (Syrie, Liban ou Jordanie) : au total les réfugiés palestiniens dont ceux pris en charge par l'UNRWA* et leurs descendants sont actuellement 9,2 M. En Israël ils ne sont qu'1,4 M.

CCL : Cette guerre est un camouflet pour les pays arabes voisins (et surtout pour Nasser) qui perdent des territoires et qui montrent aussi la quasi-invincibilité de Tsahal : c'est le glas du panarabisme. Elle a pour effet de renforcer l'aide américaine (fourniture d'armes) dans le même temps. Elle entraîne aussi une radicalisation progressive des palestiniens. Pour finir, c'est aussi le vote de la résolution 242 du Conseil de Sécurité de l'ONU qui exige la restitution des territoires palestiniens par Israel le 22 Novembre 1967 qui est la base des négociations de paix depuis. Mais il existe un désaccord sur l'interprétation du texte qui dit en français «exigence retrait des territoires occupés» donc tous les territoires (interprétation défendue par palestiniens et états arabes), ou «retrait de territoires » en anglais, (interprétation défendue par Israël).


c) La Guerre du Kippour (1973) et les accords de Camp David (1978)

- C’est le 4ème conflit entre Israël et ses voisins arabes : L’Egypte et son nouveau président Anouar El Sadate, qui souhaitaient récupérer les territoires perdus en 1967 pensaient que seuls les Etats-Unis étaient en mesure d’amener Israël à négocier et pensait qu’une nouvelle guerre, menaçant les intérêts économiques et pétroliers des grandes puissances, pouvait les pousser à exercer des pressions sur l’Etat hébreu.

- L'Egypte attaque donc conjointement avec la Syrie : la première dans le Sinaï et la seconde dans le Golan le 6 Octobre 1973 (Jour du Kippour c'est-à-dire fête juive du Grand Pardon). Surpris, les israéliens sont repoussés et vite mis en difficulté. Mais ils lançent une contre-offensive victorieuse en Syrie (Ariel Sharon) et attaquent aussi les Egyptiens. Le aident Israël alors que l'URSS fournit de l'aide à la Syrie et à l'Egypte. L'OPEP décide l'embargo sur les produits pétroliers pour faire pression sur les Etats-Unis (ce qui déclenche le 1er choc pétrolier).
- Israël et ses attaquants sont contraints finalement de négocier par l'URSS et les EU. Paradoxalement, cette guerre aboutit aussi à l'établissement de relations entre l'Egypte et Israël (la « politique des petits pas » notamment à propos du sort des prisonniers). Israël se retire d'une partie du Sinaï et rend les champs pétroliers égyptiens de Suez : c'est un (très relatif) succès pour Sadate.

- Le discours d'Anouar el Sadate devant la Knesset (parlement israélien) est un événement majeur. Il entame ainsi le processus de paix. Il y reconnaît officiellement Israël, en échange retrait total des territoires occupés depuis 1967 et affirme le droit des palestiniens à l’autodétermination. Mais le premier ministre israelien Menahem Begin refuse ce dernier point.

Même si le sommet arabe de Tripoli de Décembre 1977 conteste les négociations entamées par Egypte, celles-ci continuent cependant.
- Ceci aboutit à un accord bilatéral historique entre Egypte et Israël : Sadate rencontre Begin aux Etats-Unis. Ils signent les accords de Camp David en Septembre 1978 (puis traité bilatéral israélo-égyptien du 26 Mars 1979 à Washington dans lequel est réaffirmée la résolution 242 comme base de négociation). Israël s’engage à quitter le Sinaï (évacué en 1982), accepte l'élection d'une autorité palestinienne et l'intégration de la Jordanie dans les négociations.

- Toutefois, l’Egypte se coupe ainsi d’une grande partie du monde arabe puisque le pays est exclu de la Ligue Arabe* mais bénéficie d’une aide économique massive des Etats-Unis.

- Autre marque de cette hostilité : Sadate est assassiné le 6 Octobre 1981 au cours d’un défilé qui célèbre la « victoire » de 1973, un commando armé de 4 hommes se réclamant d’un groupe islamiste clandestin ayant des ramifications dans l'armée, Takfir wal Hijra (« repentir et retraite ») l'assassine mais ses successeurs poursuivent une politique « d'entente modérée » avec Israël.

2) La question palestinienne : entre instrumentalisation et division

a) Quelles stratégies pour l'OLP ?

- Fondée en 1964, l'OLP est une fédération de mouvements combattants comme le Fatah* de Yasser Arafat ou encore le FPLP* de Georges Habbache. A partir de la défaite catastrophique de 1967, l'OLP prend conscience de l'incapacité des états arabes à combattre Israël pour la cause palestinienne et qu'il faut donc passer à l'action de son propre (Fédayins). Ce constat entraîne une lutte armée sur le terrains (dans les « territoires occupés) mais aussi le recours au terrorisme international (attentat contre les athlètes israéliens lors des J.O de Munich en 1972). Mais dans un premier temps, l'OLP utilise peu la Cisjordanie ou Gaza comme terrain de guérilla mais lance plutôt des actions de l'étranger, ce qui explique en retour les difficultés croissantes d'existence dans des pays tels que la Jordanie ou l'Egypte.
- En Septembre 1970, le roi hachémite de Jordanie, Hussein, décide de réduire à néant les camps palestiniens du royaume pour éliminer définitivement la présence menaçante de l'OLP et de sa composante radicale, le FPLP. On estime le nombre de victimes entre 3500 et 10.000.
Cette opération d'extermination fait naître en retour l'organisation terroriste palestiniennne « Septembre Noir » responsable du massacre de Munich.
- L'OLP se réfugie majoritairement à Beyrouth au Liban qu'elle contribue à déstabiliser et qu'elle doit ensuite quitter en 1982.

b) Intifada, Hamas et division palestinienne

- L'Intifada ou « guerre des pierres » naît de l'occupation israélienne, de la répression et des multiples vexations et expropriations à l'encontre de la population palestinienne depuis 1967. Ce sont des manifestations de masse et des actes de guérilla contre l'armée israélienne qui durent au moins de 1987 à 1993. Cette première intifada aurait fait au moins 1000 morts du côté palestinien mais permet une relative médiatisation internationale de la situation catastrophique des Territoires.
- Contrairement à l'OLP, le Hamas est un mouvement de résistance armée qui base sa politique sur la « ré-islamisation » de la société palestinienne. C'est donc autant un mouvement religieux que combattant. Il est créé en 1987 à Gaza. Il rejette l'OLP qu'il considère comme compromise dans la recherche d'une paix désavantageuse. Il prône ouvertement la destruction d'Israël et utilise les attentats-suicides en Israël et dans les territoires palestiniens espérant ainsi créer une « radicalisation » des deux parties (juifs et palestiniens).
- Israël doit donc, à partir des années 80, faire face à deux mouvements islamistes parfaitement organisés au Sud Liban avec le Hezbollah chiite, étroitement lié à l'Iran, et à Gaza avec le Hamas. Ces deux groupes se livrent à des attentats-suicides et à des attaques d'Israël incessants créant un sentiment d'insécurité et un profond rejet de toute idée d'état palestinien dans une grande partie de la population (par exemple tirs de roquettes depuis le Sud-Liban sur Israël).
3) L'internationalisation du conflit et sa persistance

- Après la première guerre du Golfe le président américain George Bush pense se servir de sa victoire pour imposer une paix durable au PMO d'abord en réglant la question israélo-palestinienne. Menés par son successeur, Bill Clinton, les Accords d’Oslo d’août 1993 admettent le principe d’une autonomie des territoires palestiniens, concrétisée par les Accords de Washington en septembre suivant. Ces accords sont marqués notamment par la poignée de main ultra-médiatisée (et improvisée ?) entre Yitzhak Rabin, 1er ministre israélien (assassiné en 1995 par un extrémiste sioniste*), et Yasser Arafat.
- Mais les Israéliens redoutent une solution à deux états notamment du côté de la Droite (Ariel Sharon ou Benyamin Netanyaou) et de l'Extrême-Droite qui préconisent toujours la conquête du « Grand Israël ». Ils bloquent toute négociation autour de la construction d’un État palestinien, allant jusqu’à faire édifier un mur de séparation (en réalité une multitude de murs) pour isoler la Cisjordanie, encourager la colonisation et jouer la division des Palestiniens pour empêcher l’apparition d’un interlocuteur unique. Le Hamas*, prend ainsi le contrôle de la bande de Gaza alors que la Cisjordanie reste sous contrôle de l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas.
- Ce qu'il faut retenir est l'échec des médiations internationales (y compris de la part de l'ONU voir http://www.un.org/french/Depts/palestine/index.shtml) et le soutien inconditionnel des EU à Israël, même si ceux-ci, notamment lors de la Présidence Obama (2009-2015) s'interrogent de plus en plus sur la pertinence de cette politique. Ainsi entre la deuxième intifada (2000) et nos jours, on assiste à une multiplication des colonies juives qui diluent de plus en plus les territoires palestiniens dans un ensemble invivable et qui rendent chaque jour l'émergence d'une solution à deux états impossible (voir diaporama).

Quelques dates depuis les Accords d'Oslo :

1995 : Accords d’Oslo II qui mettent en pratique les accords de transition vers un état palestinien avec la création de l’Autorité Palestinienne sur les territoires évacués par Israël.

Assassinat d’Itzhak Rabin par un extrémiste juif. Reprise des attentats palestiniens contre Israël et blocage du processus de paix

2000 : Retrait israélien du sud-Liban, investi par le Hezbollah*

Echec du sommet de Camp David II entre Bill Clinton, Yasser Arafat et Ehud Barak (Premier Ministre israélien)

2ème Intifada après la visite sur l’Esplanade des Mosquées à Jérusalem d’Ariel Sharon, leader de la Droite israëlienne (le Likoud)

2002 : Construction du mur de sécurité entre Israël et la Cisjordanie

2004 : Mort de Yasser Arafat : Mahmoud Abbas lui succède

2005 : Retrait israélien et démantèlement des colonies de la bande de Gaza

2006 : Victoire du Hamas aux élections législatives palestiniennes

2007 : Crise politique de l’Autorité Palestinienne : le Hamas contrôle la Bande de Gaza, le Fatah la Cisjordanie

2009-2017 : Coalitions de Droite au pouvoir en Israël notamment avec Benyamin Netanyaou comme Premier Ministre, poursuite de la colonisation en Cisjordanie.
2012 : Reconnaissance par l'ONU de la Palestine comme « Etat observateur non-membre »

III. De nouvelles conflictualités

* voir diapositives 29 et 30

A) Etat failli et peuple sans état

- Les années 2000 voient émerger la problématique lourde de conséquences de l'Irak comme « état failli », problématique que l'on peut aussi quasiment appliquer à la Syrie depuis 2011. L'intervention américaine de 2003 en Irak, outre qu'elle na pas permis d'installer une vraie démocratie en chassant Saddam Hussein, a aussi profondément déstabiliser le pays et renforcé un sentiment isolationniste aux EU. L'Irak est désormais divisé entre un Kurdistan quasi-autonome au nord, mais surtout entre Chiites et Sunnites entraînant des violences inter-communautaires et de nombreux attentats (par exemple 10.000 morts en 2014). Cette situation permet aussi à « DAESH » de prospérer car l'organisation se fait aussi le défenseur des Sunnites face aux Chiites du centre et du Sud. C'est ce qui explique le bon accueil qu'a fait la population irakienne pour une part à l'auto-proclamé « Etat islamique » lorsqu'il a conquis son territoire à partir de 2011-2012.

- La question kurde reste aussi en suspens dans cette région et est facteur de déstabilisation. Elle touche la Syrie, la Turquie et l'Irak (la Géorgie, l'Arménie, l'Azerbaïdjan et l'Iran dans une moindre mesure). Le « Kurdistan » est un territoire d'environ 400.000 km². Les Kurdes subissent la répression dans tous ces pays mais surtout en Turquie, où un groupe terroriste kurde, le PKK (parti des travailleurs du Kurdistan) se livre régulièrement à des attentats, et en Irak (bombardement chimique de villages kurdes par S. Hussein en 1988 notamment à Halabja faisant 5000 morts).
* Voir l'Histoire n° 429, Novembre 2016, « Les Kurdes, 1000 ans sans état » (disponible au CDI).

B) L'essor de l'Islamisme radical

1) Naissance de l'islamisme

► L'Islamisme tel qu'on le définit en Occident est un mouvement ancien qui idéalise un retour aux premiers temps de l'Islam, période d'unité et de rayonnement (soit le califat de Mohammed et des 4 premiers califes i.e les « successeurs »). Cette idée est appelée « Salafiyya » (où l'on retrouve la racine du mot « salafisme »). Il s'épanouit notamment à l'université Al-Hazar au Caire à la fin du XIXème s. Une des cibles de ses partisans (dont par exemple Muhammad Abduh* ou plus tard Rachid Rida*) est l'empire ottoman. En effet, ils pensent que le califat détenu par les Ottomans est une anomalie et qu'il doit être exercé, comme aux « premiers temps » par des Arabes. Ici, l'on peut dire que l'arabisme (bientôt panarabisme) et l'islamisme se rejoignent. Un autre grand mouvement se développe aussi notamment en réaction à la mainmise occidentale sur le PMO, c'est la confrérie des « Frères musulmans » créée par Hassan Al-Banna en Egypte en 1928 et qui prône l'avènement d'un état islamique unifié dirigé par un calife et par la charia*. Ce mouvement inspire plus tard (après la GM2) de nombreux groupes islamistes.
- Enfin une notion importante se renforce au début du XXème s., toujours dans la perspective d'une renaissance arabo-islamique, c'est l'idée de « Djihad » (جهاد ) c'est-à-dire l'effort sur soi et pour la communauté. Traditionnellement, on considère qu'il existe 4 catégories de Djihad : « par le cœur, par la langue, par la main et par l'épée ». Le Djihad n'est donc pas seulement une « guerre sainte », c'est pour cette raison qu'il est réducteur d'assimiler le « Djihad » à l'idée de violence (il est donc peu pertinent de parler de « djihadistes »).
- Ces différentes composantes se sont cristallisées autour de la lutte contre l'Occident supposé « apostat » à partir des années 70, y compris contre ce qui est vécu comme le substitut régional de la colonisation occidentale, c'est-à-dire Israël. Cette période aussi correspond à la fin du rêve socialiste et panarabe. L'Islamisme prend le relais, dans un contexte de stratégie terroriste (littéralement qui entraîne la terreur chez l'adversaire), de ces idéaux d'unité qui n'ont jamais pu aboutir.

2) Le basculement dans la violence des mouvements islamistes (1970-2000)

- Trois événements paraissent constituer un « coup d'accélérateur » à l'émergence d'un islamisme combattant terroriste : la Révolution iranienne de 1979, la guerre en Afghanistan de 1979 à 1989 et les années de plomb (ou « guerre civile ») en Algérie entre 1992 et le début des années 2000.
- La Révolution iranienne de 1979 montre aux islamistes qu'il est possible de prendre le pouvoir par la force et d'instaurer un état théocratique (ce qui est globalement le point commun de tous ces mouvements). Même si la plupart de ces mouvements rejettent le Chiisme comme hérétique, l'Iran a incontestablement joué un rôle de modèle (notamment dans sa résistance aux EU).
- En Algérie, le GIA (Groupe islamique armé) lutte contre le pouvoir en place mais exporte aussi la terreur en France (nombreux attentats), c'est une tentative réussie d'internationalisation du conflit et un « terrain d'entraînement » efficace. Nombre de terroristes du GIA se retrouvent d'ailleurs ensuite au combat aux côtés des Talibans en Afghanistan constituant peu à peu une véritable internationale.
- Ces groupes en lutte contre les soviétiques en Afghanistan sont certainement à la base de la naissance d'un réseau parfois financé par la CIA américaine : Al-Qaïda.

3) De Al-Qaïda à l'Etat Islamique

- Le 11 Septembre 2001, le monde découvre stupéfait qu'il existe un réseau terroriste international assez puissant pour s'en prendre aux EU sur leur propre sol : ce sont les attentats qui détruisent les tours jumelles de Manhattan et une partie du Pentagone (et font plus de 2500 morts). Les services américains identifient rapidement le commanditaire, Oussama Ben Laden, riche héritier saoudien exilé au Pakistan mais auparavant stipendié par la CIA. Ainsi, la « base » a réussi un « coup médiatique » inespéré pour l'islamisme terroriste international : se faire connaître et reconnaître comme ennemi de l'Occident et porte-flambeau des musulmans que le groupe qualifie d'opprimés. La particularité est bien ici l'internationalisation, ce ne sont plus seulement les musulmans du PMO mais aussi ceux qui vivent en Occident, et la capacité à se constituer en réseau ainsi que l'utilisation savante et maîtrisée de nouvelles technologies de communication (internet). Al-Qaïda devient la cible des pays occidentaux notamment en raison des nombreux attentats commis partout dans le monde, Oussama ben Laden est éliminé par les américains en 2011.
- L'
Etat islamique (acronyme DAESH) prospère lui sur les décombres des états faillis syrien et irakien, il se développe à partir de 2011-2012. Il conquiert peu à peu une vaste zone à l'été 2014. Il est d'abord composé d'anciens cadres de l'armée irakienne et de recrues d'Al-Qaïda (qui est partout concurrencée et qui perd de l'influence). Son objectif est l'unification des tous les musulmans autour d'un état qualifié de « califat », dirigé par l'auto-proclamé « calife » Abou Bakr Al-Baghdadi.
Il attire ensuite de nombreux « combattants », y compris des jeunes (et moins jeunes) de pays occidentaux, qui y trouvent une cause à défendre. Mus par un sentiment de solidarité vis-à-vis des populations locales, les « djihadistes » (terme employé par les médias) se constituent en réseau avec des ramifications dans les pays d'origine (attentats de Janvier et Novembre 2015 en France ou encore en Belgique, attentats de Bruxelles). Actuellement l'Etat islamique est combattu par une coalition qui regroupe des pays arabes et des pays occidentaux, il subit d'importants revers militaires (bataille de Mossoul en cours en Irak).

* Diapositives 31 & 32

C) Le « Printemps arabe » et la difficile greffe démocratique

Introduction : Une des questions les plus fréquentes qui revient notamment dans les médias en Occident, ou même chez les « islamistes », est l'incompatibilité de l'Islam avec la Démocratie. Ce tropisme pose le débat historique d'un supposé antagonisme radical entre les croyances de l'Islam et les valeurs (occidentales) de la démocratie. Une autre question est sous-jacente : le monde arabo-musulman est-il prêt à accepter un système politique qui est né ailleurs (exogène) ?
Cette question a été au cœur du Printemps arabe des années 2010-2012 (dans le cours, nous adopterons plutôt le pluriel) et reste largement encore d'actualité. C'est à la fois une problématique historique et historiographique, ainsi qu'une question sociale prégnante.

1) Des printemps arabes* du Maghreb au Machrek
Attention ici on dépasse le cadre strict du PMO et l'on s'intéresse plus largement au monde arabo-musulman.
* Cette expression est une référence historique au « Printemps des peuples » de 1848 qui avait vu les nations européennes se révolter contre les régimes monarchiques considérés comme tyranniques.

a) Un monde arabe ébranlé
► Les régimes touchés par les printemps arabes ont souvent tous pour caractéristiques communes le soutien par l'Occident aux dictatures au nom de la lutte contre l'islamisme radical. Les dictateurs en place comme Khadafi en Libye ou Ben Ali en Tunisie mais aussi Moubarak en Egypte auraient été les garants de la stabilité de la région. Or ces pays sont traversés dès l'année 2010 par des mouvements contestataires de plus en plus violents animés par des populations (surtout jeunes et donc au chômage bien souvent) qui parviennent finalement à renverser les régimes honnis (un des slogans en Tunisie est « Ben Ali, dégage ! »). Khadafi est renversé en février 2011 (grâce à l'appui de l'intervention militaire regroupant les EU, la GB et la France), Ben Ali doit fuir en janvier 2011, Moubarak doit démissionner en Février 2011, au Yémen c'est Ali Abdallah Saleh qui doit partir en février 2012.

b) Un moyen : les manifestations, un vecteur : l'internet
► Pendant cette période, les manifestations monstres ont lieu dans tout le monde arabe aboutissant bien souvent à des mesures répressives comme en Syrie (voir fiche) ou à Bahrein. Au Caire, elles sont régulières à partir de janvier 2011 sur la place Tahrir qui devient emblématique de ce réveil des peuples arabes. Partout les manifestations sont aussi rendues possibles grâce aux réseaux sociaux qui permettent d'outrepasser les censures d'Etat (les régimes de Moubarak ou d'El Assad sont particulièrement répressifs). On parle même parfois d'une véritable « cyber-révolution ». Des journalistes occidentaux ont résumer le processus ainsi « Facebook pour planifier les manifestations, Twitter pour les coordonner et YouTube pour le dire au monde». D'autres, et notamment des politologues, relativisent beaucoup le rôle du « cyberactiviste » et pensent qu'il s'agit d'une construction occidentale.

c) L'impossible démocratie ?

► Certains régimes ont tenté d'éteindre la contestation en réformant leur système, bien souvent particulièrement peu démocratique en février-mars 2011 : réforme de Mohammed VI au Maroc, du sultan d'Oman, du roi Abdallah d'Arabie Saoudite. Néanmoins, sauf en Tunisie, nulle part la démocratie ne s'est imposée. Ainsi le régime égyptien du général Sissi est-il toujours aussi répressif face à la menace réelle ou présumée des islamistes.

* Diapositives 33 & 34

2) La Syrie : Une guerre civile ou une (future) guerre globale ?

* Voir fiche de travail La Syrie, le cœur d'une région instable

CCL : Une région désorganisée : des Etats faibles, l'absence de réelle intégration régionale
Etats faillis (« failed states ») Irak, Syrie, Yémen = n'ont plus le monopole de la « violence légitime », n'exercent plus les fonctions régaliennes (monnaie, police, justice) donc proies faciles pour groupes inter-étatiques comme DAESH (préférable d'utiliser le terme français « Etat islamique »)

* Diapositive 35

Références bibliographiques et sitographiques :

Grand Atlas Courrier International sd. Frank Tétart, 2016.
P. Boniface, H.Vedrine, Atlas des crises et des conflits, Armand Colin Fayard, 2016.
sd. C. Sedel-Lemonnier, le Proche et le Moyen-Orient, foyer de conflits, Ellipses, 2012.
Georges Mutin, Géopolitique du Monde arabe, Ellipses, 2012.
Alexandre Defay, Géopolitique du Proche-Orient, PUF « Que sais-je ? », 2016.

Pour réviser :
http://blog.ac-versailles.fr/histoiregeographie/index.php/post/14/03/2017/Chapitre-4-PMO-%3A-un-foyer-de-conflits-depuis-1945

https://histographie.net/0-terminale-s/

http://beaugency.over-blog.com/article-proche-et-moyen-orient-un-foyer-de-conflit-depuis-1945-123955024.html

http://blog.ac-versailles.fr/lecturesdumonde/index.php/category/TE3-Mme-COSTE


Pour aller plus loin et pour se tenir informé(e) :
http://www.un.org/french/Depts/palestine/index.shtml)

http://filiu.blog.lemonde.fr/

https://soundcloud.com/lelieuunique/les-geopolitiques-de-nantes-2016-la-menace-djihadiste


 

Réviser en vidéo : http://education.francetv.fr/matiere/epoque-contemporaine/terminale/video/le-moyen-orient-un-foyer-de-conflits-revisions-bac-histoire


Chapitre 3 La Chine et le monde depuis 1949

dans la catégorie TS Histoire

Bonjour ! Voici quelques fiches qu'il est impératif d'avoir lu avant de commencer le chapitre. Bon courage et très bonne année de réussite scolaire (notamment) à tous !

Plan_detaille_Chapitre_3_Chine_et_monde_depuis_1949.pdf

Fiche_1_L_adoption_du_modele_sovietique.pdf

Fiches_2___3_Grand_Bond_et_Revolution_culturelle.pdf

Fiche_4_La_Chinafrique.pdf


Chapitre 2 Les Etats-Unis et le monde depuis 1945

dans la catégorie TS Histoire

Thème 2. Grandes puissances et conflits dans le monde depuis 1945

Chapitre 2. Les chemins de la puissance : les Etats-Unis et le monde depuis 1945.


Diaporama_EU_depuis_1945.pdf

corrige_AD_caricature_Plan_Marshall.pdf

Introduction :

I. L'affirmation de la puissance (de la fin de la guerre aux années 60)

A) Les architectes d'un nouvel ordre mondial

1) Une domination géostratégique sans précédent

2) La création d'un nouvel ordre mondial

B) Une domination économique du monde

1) La reconstruction de l'Europe

2) Le contrôle de l'économie mondiale

C) La diffusion culturelle du modèle américain

1) Le « Soft power » : cinéma, littérature et musique

2) Une attractivité grâce à l'American Way of Life : le modèle consumériste américain

II. Les EU dans la Guerre Froide (années 50- années 80)

A) Faire barrage au Communisme

1) Endiguement et « hard power »

2) Une lutte multiforme : CIA, Course à l'espace

B) Un interventionnisme planétaire

1) En Asie :

2) En Europe :

3) En Amérique :

C) Une nette remise en cause

1) Le traumatisme de la guerre du VN (1964-1975)

2) Essor du bilatéralisme

3) Les conséquences américaine de la GF

III. Un hyperpuissance contrariée (années 80 jusqu'à nos jours)

A) Le retour d'une politique d'endiguement (1981-1991)

B) Un leadership qui mène à la contestation (1991-2003)

1) Tempête du Désert : une guerre de l'ONU ou des EU ?

2) Le choc du 911 et le retour de l'unilatéralisme

3) L'essor d'une contestation anti-américaine

C) Les EU entre rupture et repli sur soi (années 2000 - 2016)

1) les échecs en Afghanistan et en Irak entraîne un certain repli des EU

2) les années Obama : rupture ou continuité ?

3) Trump ou Clinton : les tentations de l'Amérique post-moderne ?

Conclusion

Thème 2. Grandes puissances et conflits dans le monde depuis 1945

Chapitre 2. Les chemins de la puissance : les Etats-Unis et le monde depuis 1945.


Introduction :

Citation possible : « Speak softly and carry a big stick : you will go far » Theodore Roosevelt (mandats 1901-1909/ oncle par alliance de Franklin D. Roosevelt).

► Bref rappel historique : EU vainqueurs en 14-18 aux côtés des Alliés ms refus Sénat ratifier traité de Versailles et donc EU ne font pas non plus partie de la SDN. Isolationnisme* (doctrine Monroe* au XIXème s.) redevient la norme de la politique extérieure US. S'illustre par exemple par législation et campagnes anti-interventionnistes face à montée des périls en Europe ds '30 : Neutrality act de 1939, Comité pour l'Amérique d'abord (slogan « America First » discours célèbre de Charles Lindbergh en septempre 1941 à Des Moines).

► Entrée en guerre se fait après Pearl Harbor (7décembre 1941) car Roosevelt détient là un prétexte face à l'isolationnisme traditionnel de la plupart des américains (Slogan devient d'ailleurs paradoxalement « Germany's First » pour des raisons stratégiques).

► En 1945, la situation est toute autre : les EU ont mené la guerre sur deux fronts et l'ont gagné sur ces deux fronts. La capitulation de l'Allemagne le 8 mai 1945 puis du Japon le 2 Septembre 1945 les amène à occuper de très nombreux territoires partout dans le monde.

Pb : Dès lors il convient de s'interroger sur le rapport au monde des EU depuis 1945 et de montrer comment se construit et évolue une puissance ?
En quoi la notion de puissance prend-elle tout son sens/s'explique-t-elle avec l'exemple des EU (particulièrement éclairant) ?
Rappel : notion de puissances peut s'appliquer avant (course aux colonies, puissances européennes dans la GM1).

* Définition des termes :

« Puissance » : est la capacité d’un Etat ou d’une entité d’exercer un pouvoir sur d’autres Etats ou entités (Raymond Aron parle lui de « république impériale »)

Ce pouvoir s’exerce par la contrainte (hard power) ou l’influence (soft power) ou par une combinaison des deux (smart power)

La puissance se construit, d’où l’intérêt de recourir à la démarche géohistorique pour l’expliquer.

(superpuissance, hyperpuissance ► H. Védrine 1999 : hyperpuissance signifie position hégémonique dans tous les domaines, aucun autre exemple dans l'Histoire d'où intérêt de l'interrogation sur un concept opératoire pour les EU ? )

« chemins de la puissance » : interrogation sur origines, évolution, étapes, manifestations

« EU et le monde » :
Il est question du rapport au reste du monde ici et non d'une histoire des EU en soi.
« Depuis 1945 » : Intérêt évidemment ici car la chronologie laisse à penser qu'on peut seulement parler de l'affirmation de la puissance US depuis 1945. Jusqu »'à nos jours donc (attention à la prospective journalistique) car bouleversements actuels : émergence et monde multipolaire ? Zéropolaire ? Nouveau désordre mondial (P. Boniface).


I. L'affirmation de la puissance (de la fin de la guerre aux années 60)

A) Les architectes d'un nouvel ordre mondial

1) Une domination géostratégique sans précédent

* doc : Carte bases US dans le monde après 1945 « lac américain »

► Liée à victoire dans la GM2. Occupation prévue d'ailleurs dès conférence de Téhéran 1943 puis entérinée à Yalta Février 1945 régler sort de l'Europe et préparer le nouvel ordre mondial et Potsdam août 1945 : donc imminence de la victoire contre le Japon. On peut parler de partage du monde URSS/EU.
Néanmoins EU gardent un avantage car seuls possesseurs de l'arme atomique entre 1945 et 1949 (1er essai à Alamogordo Nouveau Mexique 16 Juillet 1945 et seul pays à avoir utilisé l'arme atomique dans un usage militaire).

► Occupation de l'Europe de l'ouest : Allemagne + nombreuses bases en Italie, RU, Belgique, France... etc. Idem dans Pacifique à tel point qu'on a pu parler de « Lac américain » Hawaï , Iwo Jima, Okinawa, Wake. Occupation du Japon (on peut employer l'expression de « protectorat japonais » qui ne retrouve sa souveraineté qu'en 1951.
Sorte de « pax americana » assurée par la présence de 450 bases militaires dans le monde et environ 1 M de soldats.

2) La création d'un nouvel ordre mondial

* doc : Photographie conseil de sécurité ONU + siège ONU

► Charte de l'Atlantique 1941 puis Charte de Nations Unies signée à SF le 26 Juin 1945 : Principe de la création d'une ONU avec cinq membres permanents au Conseil de Sécurité (droit de veto) dont EU. ONU s'installe d'ailleurs d'abord à Londres puis à NYC (bâtiment actuel en 1954).

► Principe liberté des peuples à disposer d'eux-mêmes donc nette influence des EU surtout aussi dans volonté de décoloniser + système d'arbitrage entre états. Nombre d'états actuel = 193 (sur 197 états reconnus par l'ONU en 2013) 51 membres fondateurs.

B) Une domination économique du monde

1) La reconstruction de l'Europe

* doc : discours du Général Marshall du 5 Juin 1947

► Dès 1945, il apparaît clairement aux Alliés anglo-américains que les soviétiques tentent d'imposer le Communisme partout où ils le peuvent. Ce qui aboutirait à la remise en cause de la nouvelle puissance US partout dans le monde et d'abord en Europe. En effet, l'URSS forte de sa présence en Europe centrale et orientale impose son système politique et économique à l'ensemble de ces pays dès 1945-1946.

Plan Marshall en juin 1947 : Programme d'aide à la reconstruction des pays européens ruinés par la Seconde Guerre mondiale, proposé par le secrétaire d'État George Marshall en juin 1947 pour sauver un ordre international conforme aux intérêts des États-Unis dans un monde qui bascule dans la guerre froide. Mis en place quelques semaines plus tard, il représentera une aide de 19 milliards de dollars au total, soit 15 % du budget des États-Unis chaque année donc une
aide à la reconstruction des pays de l’Europe de l’ouest. Aide colossale : 12 milliards de dollars au total (près de 3M au RU, 2,4 à la France etc.).

2) Le contrôle de l'économie mondiale

► EU = 50% de la production industrielle mondiale en 1945, encore 33% en dans '50.
2/3 duc stock d'or mondial en 1945.

► Création aussi des grandes institutions internationales comme Accords de Bretton Woods dès 1944 (SMI et convertibilité dollar/or « as good as gold ») puis création du FMI* (Fonds monétaire internationale institution internationale pour garantir la stabilité du système monétaire international, rôle a évolué depuis puisque soutien aux pays en difficulté), la BIRD* (banque internationale pour la reconstruction et le développement), GATT (General agreement on Tariffs and Trade 1947 23 pays = principes capitalistes et libéralisme éco maître-mot. EU dominent largement toutes ces institutions).

C) La diffusion culturelle du modèle américain

1) Le « Soft power » : cinéma, littérature et musique

► Le « soft power » (concept qui a pris son essor dans les années 90, réactivé par Joseph Nye analyste et théoricien des relations internationales : pouvoir d'influencer ou de convaincre qui s'oppose donc au « hard power » qui suppose l'utilisation de la contrainte militaire ou politique)

► Le « soft power » US passe par la commercialisation et la diffusion des produits culturels qui sont considérés comme des biens de consommation classiques. Les EU profitent d'ailleurs de l'occupation de nombreux territoires en Europe et en Asie pour accéder à ces marchés où, de plus, on manque de tout après guerre. Depuis les années 50 jusqu'à nos jours, ils essayent d'obtenir la libéralisation des échanges en souhaitant inclure ces produits culturels. Pour notre période cela passe par exemple par les Accords Blum-Byrnes 1946 : ouverture du marché français au cinéma américain.

► Le cinéma est certainement le premier vecteur avec les « Major companies » (MGM, Paramount, RKO, Warner Bros) inondent les salles de « western », films de gangsters et autres comédies musicales véhiculant le modèle culturel US et les valeurs libérales. Quelques « blockbusters » en France depuis 1945 : Autant en emporte le vent, Victor Fleming 1950, Les 10 Commandements, Cecil B De Mille 1956 ou encore Ben Hur William Wyler 1960. Particularités films technicolor et cinémascope, longue durée, 35mm voire 70mm et à grand spectacle. Voir aussi expression industrie de l'entertainment (Disney).

► Idem diffusion de la littérature américaine avec Dos Passos, Hemingway mais aussi genre comme roman noir ou encore les « marvels » de Stan Lee.

► Musique : Jazz puis Rock, pop : Musique afro-américaine issue du Blues, musique des esclaves, le jazz se répand aux US dans les années 10-20 puis conquiert le monde occidental surtout après la GM2. Grands orchestres (tradition des années 30 « swing era ») Dizzy Gillespie, Count Basie ou encore Duke Ellington.
Importance du quartier de St Germain des Près à Paris où de nombreux jazzmen viennent se produire dès la fin de la guerre (caveau de la Huchette) Importance aussi des français comme Django Reinhardt ou Boris Vian qui contribuent à répandre le jazz en France.
Rock avec notamment Elvis Presley mais surtout Chuck Berry et Bill Halley « Rock arond The Clock » premier tube rock mondial en 1954.

https://www.youtube.com/watch?v=F5fsqYctXgM

2) Une attractivité grâce à l'American Way of Life : le modèle consumériste américain

* Doc : Texte « Halte à la coca-colonisation » dans Collections L'Histoire n°56 voir aussi p.57 manuel

« American way of life » : Né dans les années 1950, le mode de vie américain a été adopté, depuis, par une grande partie de la planète. Fondé sur l’abondance et la facilité, il fait toujours rêver, même si, aujourd’hui, il apparaît parfois excessif au reste du monde en effet il suscite à la fois anti-américanisme et adhésion (notamment en France).
Produits parviennent en Europe à la fin de la guerre comme le Coca-Cola, le chewing-gum, les cigarettes Lucky Strike ou Marlboro, les bas Nylon.

*
Voir aussi pp. 56-57 du manuel Hatier 2014 ou AD Le Cinéma, un instrument de la puissance américaine, p.72

II. Les EU dans la Guerre Froide (années 50- années 80)

A) Faire barrage au Communisme

1) Endiguement et « hard power »

* Doc : Discours de Truman 5 juin 1947

► Politique du « containment » ( endiguement) : s’opposer par tous les moyens à l’expansion du communisme dans la monde.

Discours de Truman en 1947. Devant le Congrès américain, le président Harry Truman présente sa doctrine dite de "containment" (endiguement). Il propose de mettre en place des aides économiques et financières notamment pour l’Europe afin que ces pays puissent conserver leur indépendance. Visant explicitement les communistes et la main mise de l’URSS sur certains pays de l’Europe centrale, la doctrine Truman affirme que les Etats-Unis doivent être les défenseurs du monde libre face aux tentatives d’asservissement de l’URSS.

Donc GF est guerre idéologique du monde libre contre le communisme.

► Moyens : EU se placent au centre d'un réseau d'alliances planétaires comme OTAN (1949),
ou OTASE (1954) Organisation du Traité d'Asie du Sud Est (1954-1977) ou encore OEA organisation des Etats Américains (1948), ANZUS (1951). Grâce à ces nombreuses alliances, les EU peuvent mettre en place la théorie de la riposte graduée (secrétaire d'état à la Défense Robert Mac Namara 1962), c'ets-à-dire une réponse militaire graduée, nucléaire ou non, en fonction de l'attaque dont serait victime un membre d'une des alliances contractées en Europe ou en Asie.

2) Une lutte multiforme : CIA, Course à l'espace

* doc : Extrait Les Trois Jours du Condor, Sydney Pollack 1975.

► Le rôle prépondérant de la diplomatie secrète et de l'espionnage : La CIA
Central Intelligence Agency, « Agence centrale de renseignement » Mise en place en 1947 au début de la guerre froide, elle est chargée de recueillir des renseignements à l'extérieur du territoire des États-Unis. Placée sous l'autorité du président, elle se consacre principalement, jusqu'à l'écroulement du bloc soviétique, à la lutte contre le communisme.
Mise en cause lors du Watergate, en 1973, elle a été dénoncée pour ses tentatives d'assassinat de Castro ou encore pour son intervention au Chili où elle a soutenu à partir de 1963 les conservateurs contre les socialistes.

► La course à l'espace (voir manuel) : vidéo Neil Armstrong sur la Lune
https://www.youtube.com/watch?v=4TJtrcFn_mY

Discours sur « la nouvelle frontière » par JFK
Discours sur la politique spatiale du 25 mai 1961 après Spoutnik 1957 et Youri Gagarine 1961. texte n°2 p.82 Magnard 2015

B) Un interventionnisme planétaire

► Les trois exemples sont emblématiques de la GF et du jeu auquel se livre les deux superpuissances c'est-à-dire lutter l'une contre l'autre sans jamais engager la confrontation directement. La question qui se pose ici est donc de d'étudier non pas les événements (cours sur la GF de 1ère) mais comment les EU utilisent-ils une stratégie de lutte indirecte conduisant à un interventionnisme planétaire ?

1) En Asie : Corée, guerre 1950-1953

2) En Europe : Blocus berlin 1948-1949 Création de la RFA

3) En Amérique : Cuba 1961-1962 Débarquement baie des Cochons puis crise avec l'URSS octobre 1962

C) Une nette remise en cause

1) Le traumatisme de la guerre du VN (1964-1975)

* Doc : carte guerre du VN + extraits Apocalypse Now (F. Coppola) Attaque Walkyrie
voir aussi The Deer Hunter (M. Cimino) Platoon (O. stone) et Full Metal Jacket (S. Kubrick).


La progression communiste au Sud-VN entraîne l'intervention à partir de 1961( Kennedy envoie cadres militaires pour former armée du sud vietnam ).
- en 1964 après l'attaque de navires américains par forces rebelles communistes soutenues par Vietnam Nord ( Ho Chi Minh ) les EU optent pour l'intervention directe avec envoi de soldats.
- 1968 : max soldats 536100 et 35 milliards de dollars, et 38000 Morts cette année là ( total de 57700 morts).

- Néanmoins malgré l'énormité des moyens mis en œuvre, l'armée est mise en échec par rebelles, et la guerre devient trop longue pour l'opinion publique américain ( retrait en 1973 ) et techniques de guerre nouvelles critiquées ( napalm,Torture) donc contestation intérieure ( woodstock en 1969) et internationale ( ONU dénonce exactions ) .

- Mais aussi coût économique exorbitant cette guerre qui oblige Nixon à sortir du SMI créé en 1944 avec Bretton Woods : Nixon décide fin convertibilité en or en 1971 et dévalue le Dollar .

- 3 Presidents s'enlisent dans ce conflit qui sonne le glas d'une certaine idée de « l'Amérique » apportant au monde la liberté et la démocratie.concernés : John F Kennedy envoie troupes en 1961, Lindon Johnson s’enlise ds conflit ( 1963/1968) , Nixon sort du conflit ( 1969/1974) mais au final, après retrait : les trois pays deviennent communistes.

http://www.laguerreduvietnam.com/pages/contexte-chronologie-1/le-vietcong.html

2) Essor du bilatéralisme

► Dans les années 60-70, les deux grands tentent un politique d'entente qu'on appelle la « Détente ». Pourquoi ? Il semble que la crise de Cuba avec une menace nucléaire rapprochée pour les EU et le recul soviétique (N. Khrouchtchev) aient fait prendre conscience de la nécessité d'un dialogue. Le « téléphone rouge » (« hotline ») est inauguré entre les deux grands (1962). Les EU dès la présidence de JFK s'engagent donc dans une volonté d'apaisement.

► D'autre part l'échec patent des EU au VN (1964-1975) a sans doute provoqué dans l'opinion publique américaine un essor du pacifisme et un refus de l'anticommunisme belliqueux des années 50.

► On peut donc parler d'une ère de bilatéralisme où il semble que les deux grands s'entendent entre eux (plus ou moins) pour régir les relations internationales (contrairement à l'unilatéralisme et au multilatéralisme).

► Cette ère peut s'appuyer sur quelques événements précis :
- Visite de Nixon en Chine maoïste en 1972 (stratégie de recherche d'alliance de contournement, la Chine ayant rompu avec l'URSS dans les années 60). Reconnaissance officielle en 1978.

- Accords SALT I (1972 Brejnev-Nixon) et SALT II (1979 Brejnev-Carter) de limitation de la course aux armements et réduction notamment du nombre de têtes nucléaires pour chacun des deux grands.

3) Les conséquences américaine de la GF

► Persistance d'une certaine paranoïa anticommuniste (Mc Carthy et « chasse aux sorcières » dans les années 50)

► refus guerre = pacifisme mouvements pour la paix = Woodstock Fiche Country Joe Mc Donald

► renforcement du pouvoir présidentiel (présidents US voir p.58 & p.64 manuel). Avec la création de la CIA en 1947 et d'autres agences qui ne dépendent que de lui comme la NSA.

► Politique des « bons sentiments » de J. Carter (1976-1980) malgré quelques succès comme accords de Camp David entre Egypte (A. El Sadate) et Israël (M. Begin) mettant fin à l'état de guerre entre les deux pays). Durcissement du ton face à l'Afrique du Sud de l'Apartheid. Donne plutôt l'impression d'un affaiblissement des EU (notamment aux EU pour une partie -surtout républicaine- de l'opinion publique).

► Enfin surtout : Progression du communisme dans le monde ou de régimes anti-américains :
échecs nombreux : Grenade (prise de pouvoir de Maurice Bishop en 1979, Gouvernement révolutionnaire populaire de la Grenade puis rapprochement avec Cuba puis avec l'URSS et les républiques populaires).
Nicaragua (en mai 1979 le Front sandiniste de libération nationale (FSLN) prend le pouvoir avec à sa tête Daniel Ortega : installation d'un pouvoir pro-soviétique et pro-castriste à Managua).
Et Iran = révolution islamique mettant fin au régime pro-américain du Shah Mohammed Reza Pahlavi avec Prise d'otage ambassade EU par étudiants puis échec de l'opération (Eagle Claw) des Forces spéciales US en novembre 1979 pour les libérer. Otages restent plus de 400 j. en détention, le nouveau chef religieux l'ayatollah Khomeiny réclame la livraison à l'Iran du Shah en échange de leur libération (meurt en Egypte en 1980).

* Doc : http://www.francetvinfo.fr/monde/proche-orient/a-teheran-l-ambassade-americaine-est-figee-en-1979_919599.html

III. Un hyperpuissance contrariée (années 80 jusqu'à nos jours)

A) Le retour d'une politique d'endiguement (1981-1991)

► Les années Reagan, une présidence contre « l'empire du mal »
Les échecs de la politique de Carter amènent une sorte de retour vers une attitude beaucoup plus agressive des EU vis-à-vis de « l'empire du mal » (R. Reagan) c'est-à-dire tout ce qui concerne le bloc de l'est et ses alliés. Reprise de la course aux armements notamment avec l'IDS.

https://www.youtube.com/watch?v=ZKkW8mmuHWY

► La fin du bloc soviétique et la « fin de l'Histoire » ?
En 1992, Francis Fukuyama y affirme que la fin de la Guerre froide marque la victoire idéologique de la démocratie et du libéralisme sur les autres idéologies politiques.

B) Un leadership qui mène à la contestation (1991-2003)

1) Tempête du Désert : une guerre de l'ONU ou des EU ?

* doc carte Desert Storm
► Espoir d'un nouvel ordre mondial car intervention us avec aval de l'ONU grande coalition internationale pour chasser S. Hussein du Koweit. Même Russie et Chine n'opposent par leur veto au conseil de sécurité. Russie dans une période de cirse liée à la chute du communisme et à la transition démocratique. B. Elstine a besoin des EU et de leur aide. Moment de l'hyperpuissance américaine ou d'un réel multilatéralisme ?

2) Le choc du 911 et le retour de l'unilatéralisme

* doc : Le choc du 911 WTC Art Spiegelmann couverture du New Yorker

* doc : texte le choix de l'unilatéralisme
Les années Bush : Les néo-conservateurs au pouvoir, vision morale de la responsabilité des EU // du monde =► idée wilsonienne apporter démocratie et liberté (cf. 14 points en 1918) (et même plus anciennement idée de la « destinée manifeste » des EU).
3 idées principales pour les années Bush (2000-2008 mais surtout à partir de 2001) :
- interventionnisme en Asie centrale
- guerre globale contre le terrorisme
- reconstruction politique du MO (démocratisation)
Forme de néo-impérialisme en fait.

* Les guerres en Afghanistan et en Irak (seconde guerre d'Irak) voir p. 67
Accusation d'être responsable des attentats aux EU : Etats terroristes (Corée du Nord, Iran, Afghanistan, Irak). Afghanistan envahit une semaine après 911 WTC objectif chasser les Talibans et empêcher Al-Qaïda (et Oussama Ben Laden) d'y trouver une sorte de sanctuaire (Talibans = mouvement politico-religieux occupant ds régions entières en Afghanistan après le retrait soviétique de 1989). Pour Irak G.W Bush et Colin Powell accusent Irak de détenir des armes de destruction massive (2003). Intervention US pour éliminer S. Hussein.

3) L'essor d'une contestation anti-américaine
Notamment au Proche et Moyen-Orient car échec de la politique de Bush. Nouveaux régimes installés par les EU corrompus et peu efficaces (d'où DAECH) + tortures et exactions us Abou Ghraib (révélation en décembre 2003) et Guantanamo. Opinion publique mondiale choquée par ces révélations « la démonstration de puissance s'est ainsi muée en révélation de la perte d'efficacité de la force dans une ère de mondialisation post-coloniale » (Philip Golub, historien spécialiste des EU).

C) Les EU entre rupture et repli sur soi (années 2000 - 2016)

1) les échecs en Afghanistan et en Irak entraîne un certain repli des EU
Stratégie d'élimination des Talibans (mouvement politico-religieux occupant ds régions entières en Afghanistan après le retrait soviétique de 1989) peu efficace . Chaos politique en Irak après l'élimination de Saddam Hussein (condamné et exécuté en par pendaison en 2006).

2) les années Obama : rupture ou continuité ?
► Obama « était en quelque sorte le candidat du monde et des Américains pour qui le monde importe » (Pap Ndiaye, historien spécialiste des EU).

Politique d'Obama passe d'abord par une forme de désengagement à l'étranger : Afghanistan 2011, intervention en soutien des Européens en Libye en 2011 (et notamment derrière la France de Sarkozy pour éliminer Khadafi),

Mais aussi par le maintien d'un budget militaire conséquent (le plus important au monde soit 768 Mds $ en 2011, Chine 119 Mds $ Russie 58 Mds $) et des frappes à distance des ennemis de l'Amérique (utilisation intensifiée des drones + de 300 frappes au MO depuis janvier 2009 Pakistan, Somalie, Yemen).

► Tentation aussi d'un certain délaissement de l'aire Atlantique au profit de l'aire Pacifique et notamment des relations avec les deux grandes puissances i.e la Chine et le Japon (mai 2016 première cérémonie de recueillement d'un pdt us à Hiroshima) (idée du « pivot »).

3) Trump ou Clinton : les tentations de l'Amérique post-moderne ?
Clinton très interventionniste (a voté l'intervention en Irak en 2003)
Trump dans la lignée de l'isolationnisme et partisan d'une redistribution des alliances (allié de Poutine?)

Conclusion : A rédiger et voir aussi Conférence de Pascal Boniface au Lycée St Exupéry le 19/10/2016 (fortement conseillée pour la préparation du Baccalauréat en Histoire) : https://www.youtube.com/watch?v=2zifjaClh8s

Conseils bibliographiques et cinématographiques :
Bibliographie
Philip Golub, une autre histoire de la puissance américaine,
Howard Zinn, Une histoire populaire des États-Unis. De 1492 à nos jours, Agone, 2002.
Georges-Henri Soutou, La Guerre de cinquante ans. Les relations Est-Ouest 1943-1990, Fayard, 2001,
Filmographie (très) succincte (source : Collections l'Histoire n°56) :
The third man, Carol Reed, 1949
Le déclin de l'empire américain, Denys Arcan, 1986
Johnny got his gun, Dalton Trumbo, 1971
Dr Strangelove, or : How I Learned to Stop Worrying and Love the Bomb, Stanley Kubrick, 1964 Apocalypse Now, Francis Ford Coppola, 1979
Rambo, first blood, Ted Kotcheff, 1982
Saving Private Ryan, Steven Spielberg, 1998
Fiche de révision à faire avec tableau manuel
Bien connaître frise chronologique p.53
Connaître par cœur le plan du cours
Connaître les documents étudiés en classe
Connaître définitions notions et acronymes

 


Chapitre 1 L'historien et les mémoires de la GM2 en France

dans la catégorie TS Histoire

Thème 1. Le rapport des sociétés à leur passé

Chapitre 1. L'historien et les mémoires de la GM2 en France

Analyse du sujet :

Mémoires :
Quoi ? Souvenirs. Mémoire sujet à caution : se perd s'efface et se reconstitue, mémoire est subjective par nature. Mémoires = groupe humain ex ?
► Mémoires est aussi une source historique (surtout quand elle est plurielle) donc un objet d'Histoire au même titre que les archives, les documents divers de l'historien...
donc mémoires sont partielles et plurielles. Groupes porteurs de mémoires : résistants, déportés PG, juifs, STO, « malgré-nous »...etc.


GM2 en France :
Pkoi étude centrée sur GM2 ? pourquoi France ds 2eme GM ? Qu’est ce qui est singulier dans l'Histoire de la France pendant cette période? Rappel contexte : envahie en Mai 1940, nation coupée entre deux visions : Pétain et De Gaulle et donc deux Frances : régime de vichy ou Etat Français qui collabore, De Gaulle et France Libre qui résiste. De cette dualité qui n'est pas spécifique à la France (cf. Italie, Grèce, Serbie-Croatie...) naît une « forme de malaise français » qui remonte à d'autres épisodes historiques mais qui sont saillants à cause du traumatisme lié à la Défaite, à l'Occupation et à la Libération.
« Vichy, un passé qui ne passe pas » (Henry Rousso)

Historien : « Historien est un « trouble-mémoire » » Pierre Laborie. ??
Sc. Explication et recherche de la vérité ► construction d'un récit véridique donc une reconstruction du passé très différente de celle faite par la mémoire d'où dialectique entre les deux Histoire et mémoire(s).

Introduction :

Accroche :
« les peuples qui ne réfléchissent pas sur leur passé sont condamnés à le revivre » (George Santayana)

Pb : Comment l'historien peut-il expliquer que l'immédiat après-guerre n'ait pas permis l'émergence de toutes les mémoires ?

Comment les mémoires de la Seconde Guerre mondiale ont-elles évolué depuis 1945 ?

Une écriture plus sereine de l’histoire du conflit est-elle aujourd’hui possible ?

Plan détaillé :
Introduction
I. L'après-guerre et la recherche de l'unanimité mémorielle (1944/années 60)
A) Des mémoires plurielles dans un contexte difficile
1) Des mémoires collectives éclatées
2) Un objectif de réconciliation nationale

B) Une mémoire officielle consensuelle.
1) Une réconciliation nationale encouragée par l'Etat républicain...
2) ...et favorisée par les historiens

II. Un renouvellement historiographique majeur (années 60/années 80-90)
A) La fin du consensus mémoriel
1) Un contexte social propice
2) Le rôle primordial du « témoin »

B) Le Négationnisme et la nécessaire élaboration du devoir de mémoire
1) La réécriture négationniste : un défi mémoriel et historiographique
2) Les principaux procès et leurs conséquences

III. Une mémoire apaisée, une Histoire maîtrisée ? (depuis les années 80-90)
A) Un nouveau travail de mémoire

1) Une reconnaissance tardive par l'Etat français
2) L'ère de la repentance et du devoir de mémoire

B) Une inflation mémorielle, une Histoire en chantier.
1) Une inflation des lieux de mémoire et des commémorations ?
2) Histoire maîtrisée, Histoire canalisée ?

Conclusion

I. L'après-guerre et la recherche de l'unanimité mémorielle (1944/années 60)

A) Des mémoires plurielles dans un contexte difficile

1) Des mémoires collectives éclatées

* Affiche du PCF n°2 p.20 Hachette Diaporama
Analyse orale : révision sur l'analyse de document(s) au Bac

TE :
Contexte immédiat après guerre : traumatisme de la guerre à cause statut France pendant guerre , donc malaise ds population, entretenu par :

► Epuration spontanée sur collabos ( environ 7000 exécutions sommaires), femmes tondues pour collab° horizontale ( 20000 ) . Puis épuration organisée par le nouvel état et procès des chefs de guerre ( sur 160000 procès, 7000 condamnations à mort mais en fait 767 exécutions, peines transformées . Procès de Petain et Laval pdt été 45 : condamnations à morts, Pétain gracié par DG, Laval exécuté ). DG emploie formule «  vichy nul et non avenu » = pour lui Vichy fut une parenthèse qui s’achève avec les procès.

► L'ambiguïté du terme « déportés » : Retour déportés ( hotel Lutecia à Paris ), résistants, raciaux, retour les travailleurs ( STO ), cas des «  malgré nous » ( 130 000 alsaciens enroles ds armée allemande ). Le terme de « déportés » est un terme flou, évasif qui concerne certes les victimes de la déportation nazie, mais sans autre précision. On ne fait pas de difference !! ( cf doc 2 p 14 / il y avait un ministère des prisonniers, déportés, réfugiés : Henry Frenay ). Or, il existe une différence majeure et fondamentale entre les déportés politiques et résistants d’une part, déportés et éliminés pour ce qu’ils pensent et ce qu’ils font, et les déportés Juifs, éliminés pour ce qu’ils sont. Le terme même de « Juif » n’apparaît pas après guerre, en 1948.

► Dès début, mémoires collectives diverses se développent qd même avec plus ou moins d’écho. Elles sont qualifiées de « mémoires désunies » par historien Olivier Wieviorka en 2010.

Elles s’expriment ds associations, par témoignages, publications .

* Mémoire Juive par témoignages ( auteurs comme Primo Levi «  si c’est un homme » paru en 1947, ou Robert Antelme « l’espèce humaine » 1947 ) et constitution d’associations ( amicale d’Auschwitz , 1947 ) mais peu de portée ( on veut oublier, on ne veut pas croire) . Lire extrait des mémoires de Simone Weil ( manuel Belin 2012 ).

Mais svt assimilation aux autres déportés avec création la FNDIRP ( Fédération nationale des déportés et internes résistants et patriotes ), qui obtient que l’histoire de la déportation soit enseignée à l’ecole en 1963.

* Mémoire communiste : parti communiste se présente comme le parti martyr de la résistance «  le parti des 75000 Fusillés » ; pour faire oublier non engagement en début de guerre à cause du pacte germano-soviétique !! ( même si résistants individuels bien sûr ). En fait slt 35000 français fusillés par allemands et pas tous communistes !!

* Mémoire résistante : différentes assos : le réseau du souvenir,

* Mémoire des soldats faits prisonniers : associations de PG

* Il y a même les nostalgiques de Pétain qui après sa mort en 1951 fondent une asso à la gloire du maréchal, homme de guerre qui s’est sacrifié pour la France pdt 2 guerres : association pour défendre la mémoire du Maréchal Pétain, elle réclame la révision de son procès et transfert de ses cendres à l’Ossuaire de Douaumont ( monument commémoratif du site de la bataille de Verdun de 1916. ).

Il y a peu de monuments aux morts pour la GM2//à la 1ère GM car sa mémoire reste fragmentée

2) Un objectif de réconciliation nationale

* Discours DG 25 août 1944 (audio)

TE : Question de la place de la France au côté des vainqueurs implique l'oubli de la Collaboration. Parti pris imposé par DG dès son discours de l'Hôtel de Ville en août 1944.
mais volonté de refonder l’unité nationale va permettre l’émergence d’une seule mémoire, celle de la Résistance.

Au sortir de la guerre l’idée d’union doit prévaloir et les différentes groupes doivent en fait se fondre sous une bannière patriotique, qu’ils soient prisonniers politiques, résistants, requis du STO en Allemagne, prisonniers de guerre. La seule raison à l’origine de leur souffrance qui est alors retenue est le patriotisme et nulle autre ne saurait exister…

► La mémoire spécifique des prisonniers de guerre 1 850 000 hommes en 1940 est effacée puisque c’est la preuve vivante de la plus grande défaite qu’elle ait jamais connue de son histoire : c’est la condamnation à l’oubli.

► La mémoire spécifique des déportés dans les camps dérange : l’opinion n’est pas prête à comprendre ce qui parait inimaginable et est pourtant réel, le génocide et la barbarie : c’est le refoulement pur et simple dans l’inconscient collectif

► Cette volonté d’associer dans un même culte du souvenir toutes les victimes du conflit a de ce fait conduit à occulter totalement les souffrances spécifiques endurées par certains :

Les déportés raciaux, juifs ou tziganes,

Les déportés du travail

Les homosexuels ou témoins de Jéhovah

Les Alsaciens Lorrains enrôlés de force dans la Wehrmacht (les « malgré-nous »)

B) Une mémoire officielle consensuelle.

1) Une réconciliation nationale encouragée par l'Etat républicain...

* Lois d'amnistie 1946 à 1953 (tx)
(amnésie = amnistie ?)


TE :
► Un objectif de réconciliation nationale :
L
ois d’amnistie 1946 à 1953


Exemples :

Loi du 5 janvier 1951

Sont amnistiés les faits ayant entraîné une condamnation à la dégradation nationale à titre principal, lorsque la durée de la peine, compte tenu des grâces intervenues n’excède pas 15 ans.

Loi du 6 août 1953

(…) C’est dans la fidélité à l’esprit de la Résistance qu’elle (la République) entend que soit aujourd’hui dispensée la clémence.

► Paul Touvier ( ancien chef de la Milice ) gracié par POMPIDOU en 1972 :

« Allons-nous éternellement entretenir saignantes les plaies de nos désaccords nationaux ? »

D'autre part certaines personnalités politiques ayant appartenu au régime de Vichy reviennent au pv : Antoine Pinay, qui a voté pleins pvs à Pétain, a été nommé mbre du Conseil National de Vichy : président du conseil en 1952.

► Un objectif d'apaisement et de compensation

8 Mai devient jour de fête nationale en 1951 et jour férié en 1953 ( rétabli en 1981 par Miterrand ).

Instauration de la journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la déportation instaurée en 1954 ( dernier dimanche d’Avril ). ( initiative de l’association d’anciens déportés résistants : Le réseau du souvenir. )

Le mythe d'une France unie dans la Résistance : le résistancialisme (notion très importante forgée par l'historien Henry Rousso dans son ouvragte Le syndrome de Vichy en...1987).
Présence DG au pouvoir de 1944 à 1946, puis de 1958 à 1969. mémoire gaullienne = mémoire d'Etat officielle = unanimité ds la Résistance et négation du rôle majeur des Alliés anglo-américains. Occultation du rôle de Vichy dans la Collaboration.
Par ex. Création de lieux de mémoire,développement des commémorations officielles et concours national de la Résistance // jeunesse (1961). apogée du résistancialisme avec transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon en 1964 (discours de J. Malraux).


2) ...et favorisée par les historiens

* Extrait Histoire de Vichy R. Aron 1954 (tx) n°1 p.22 Hachette

TE : Un contexte difficile pour les historiens car impossibilité d'accès aux sources et archives (pas ouvertes). Historiens travaillant sur la Collaboration peu nombreux voire inexistants. Un ouvrage domine : La théorie du double jeu en 1954 de Robert Aron facilite cette réconciliation : « histoire de Vichy » = tentative de réhabilitation de Pétain.

Pétain aurait assuré la protection «  bouclier » de la France tandis que de Gaulle était « l’épée »

Ce mythe , répandu à la mort de Pétain (1951) tente de désolidariser Vichy et la collabo: Pétain aurait préparé le travail des Alliés en endormant la méfiance de l’Allemagne  , il aurait résisté aux pressions des nazis et sauvé l’indépendance de l’appareil d’Etat. Pendant que De Gaulle tenait le rôle de « l’épée » de la France pour ensuite reprendre le pouvoir et permettre à la France d’etre du coté des vainqueurs après guerre. Par contre la collaboration incomberait à Laval, président du conseil de Pétain.

3) ...entretenue par le cinéma et la littérature

Films qui mettent en avant les héros de la Résistance : La Bataille du rail, de René Clément en 1946 ( doc 5 p 15 Hatier ). Mise en avant des cheminots résistants, donc oubli que chemins de fer ont participé aussi à la déportation.

Mais certains films dérangent : Nuit et Brouillard, d’Alain Resnais en 1956 , film documentaire sur les camps est censure : fait disparaître les képis des gendarmes !! ( cf photo Gendarme à Drancy ), et ne sépare les différents types de camps, donc ne montre pas spécificité génocide des Juifs, montre horreur des actes pas images fortes.

II. Un renouvellement historiographique majeur (années 60/années 80-90)

A) La fin du consensus mémoriel

1) Un contexte social propice

TE : A la fin des années 60, on assiste à un changement de contexte : contestation sociale (qui aboutit en France à la crise de Mai 68), remise en cause de l'autorité et notamment du caractère archaïque du pouvoir gaullien puis départ de DG en 1969. De + renouvellement générationnel = arrivée à l'âge adulte de personnes n'ayant pas connu la guerre. Des associations portent plainte contre d'anciens collabos = relance du processus de judiciarisation de la Collaboration.

2) Le rôle primordial du « témoin »

TE : 2 œuvres cinématographiques peuvent illustrer ce changement de vision des années noires et le renouvellement historiographique en cours : retour de la primauté du témoignage (et donc des mémoires) et croisement avec les sources (ouverture d'archives). Sensibilité plus forte de la société aux aspects occultés après-guerre.

Le chagrin et la pitié, portrait d'une ville, M. Ophüls, 1969 (sortie en salle en 1971).

Il s'agit d'une chronique de la vie quotidienne sous l'Occupation à Clermont-Ferrand. Ce film est construit à l'aide de témoignages, de bandes d'actualités et d'archives des « années noires ». On comprend vit que l'essentiel de la population est plutôt attentiste et préoccupée par les difficultés de la vie quotidienne plus que par le fait de résister. On y découvre aussi la part d'antisémitisme et les tentations collaborationnistes qui règnent à l'époque. Ce film déconstruit donc le mythe résistancialiste. On y voit par exemple une visite du Maréchal Pétain qui est acclamé par la foule, un grand nombre de personnes faisant même le salut nazi.

Le film fait scandale quand il sort et n'est pas programmé à la télévision publique qui l'a pourtant financé. Il faudra attendre 1985 et les téléspectateurs seront par ailleurs très nombreux (15 millions). On pourrait parlé d'une censure résistancialiste tant il est vrai que la France de l'époque a beaucoup de mal à élucider son passé. L'expression d'Henry Rousso (« Vichy, un passé qui ne passe pas ») trouve ici toute sa justification.


► Shoah, Claude Lanzmann, 1985.

Né dans un contexte différent, l'oeuvre de Claude Lanzmann est une sorte de manifeste ou de guide de compréhension du génocide juif. C'est ainsi que Lanzmann le présente : un film qui n'est pas une fiction mais qui n'est pas non plus un reportage classique.
C'est un film qui enquête sur le passé mais sans chercher à reconstituer les faits de manière chronologique. Le réalisateur interroge lui-même les témoins sur leur vécu, sur leur martyr, et fait l'aller-retour entre les lieux (les traces) de l'extermination et leur témoignage (donc leur mémoire, c'est-à-dire aussi une forme de trace). Les victimes interrogées ont été déportées à Auschwitz-Birkenau, Chelmno ou encore Treblinka (camps d'extermination). Les bourreaux, anciens SS, sont aussi amenés à témoigner.
Le but de Lanzmann n'est pas le jugement moral mais plutôt reconstruction minutieuse des rouages de la Shoah (terme qui s'est imposé dans le discours public et historiographique après ce film d'ailleurs. En
hébreu : שואה, « catastrophe »).

Enfin c'est un film d'une durée inhabituelle : plus de 10h.
Il a été tourné entre 1976 et 1985 aux Etats-Unis, en Israël, en Pologne...etc. Il semble que le réalisateur ait voulu aussi faire ressurgir une mémoire enfouie avant que les protagonistes ne disparaissent à leur tour.

On peut dire que cette œuvre inclassable a véritablement révolutionné la vision qu'on pouvait avoir du génocide juif.
Elle l'a replacé au centre du débat mémoriel. Depuis, la Shoah occupe une place prépondérante dans les mémoires de la GM2.


B) Le Négationnisme et la nécessaire élaboration du devoir de mémoire

1) La réécriture négationniste : un défi mémoriel et historiographique

* Voir texte de P. Vidal-Naquet n°5 p.23 Les assassins de la mémoire

TE : Il est difficile de dire si le réveil des mémoires juives de la GM2 a suscité en retour une volonté de négation de la part des bourreaux ou de leurs collaborateurs. Cependant, il est clair que dans les années 70-80, pour des raisons liées à la haine contre la politique de l'état d'Israël mais aussi par résurgence du vieux fonds antisémite européen, le négationnisme* (terme forgé par Henry Rousso) se développe et, fait nouveau, rencontre un écho dans les médias.

Ainsi, Louis Darquier de Pellepoix, ancien commissaire aux questions juives de mai 1942 à février 1944, exilé en Espagne, nie l’existence de chambres à gaz lors d’une interview à
L’Express en 1978 la solution finale serait « une invention juive ».

Robert Faurisson, universitaire nie la volonté de destruction systématique des juifs, par les nazis. Ses thèses sont publiées notamment dans Le Monde en 1979 : «  Le problème des chambres à gaz ou la rumeur d’Auschwitz ». il est condamné pour thèses négationnistes. 

En 1987, un historien de l'Antiquité, Pierre Vidal-Naquet prend position pour dénoncer ce négationnisme dans son ouvrage, les assassins de la mémoire. Ce livre, recueil de 5 articles, démontrent quels sont les procédés du négationnisme pour aboutir au mensonge et à la négation en utilisant des méthodes qui se veulent scientifiques (mais qui ne le sont pas).

De nos jours ce discours est particulièrement présent : discours suivi par des hommes politiques d’extrême droite comme J-M Le Pen qui affirme en 1987 que les chambres à gaz sont un « point de détail de l’histoire de la GM2 » (propos réitérés en 2009 au parlement euro).
Enfin, plus récemment, le polémiste Dieudonné se présente aux élections européennes (2009) en compagnie d'un antisémite notoire, Alain Soral, et utilise allègrement les sentiments troubles vis-à-vis d'Israël dans une partie de la population française pour réaffirmer un antisémitisme nauséabond.

Voir l'article : http://www.liberation.fr/societe/2014/07/22/dieudonne-l-antisemitisme-mot-a-mot_1068493
2) Les principaux procès

TE : Les procès sont possibles car les crimes contre l’humanité sont imprescriptibles en vertu de la loi de 1964 . L'expression « crimes contre l'humanité » a émergé dans les statuts du tribunal militaire de Nuremberg en 1945, chargé de juger hauts dignitaires nazis.

Il faut souligner le rôle pionnier de Serge et Beate Klarsfeld. Serge Klarsfeld créé Mémorial de la déportation des Juifs de France ( 1978 ) : publication de la liste , par convois, de tous les déportés juifs de France. Serge Klasfeld, Vichy-Auschwitz, 1983-1985.

Ils dénoncent également la responsabilité directe de Vichy dans le génocide :

- Le 1er statut des Juifs en France date d’Octobre 1940 et anticipe la demande d’Hitler

- Sans la police française, il n’est pas sûr qu’Hitler aurait osé ni qu’il aurait pu engager les forces allemandes dans la déportation des Juifs en France . En 2010, le brouillon du texte portant sur le statut des juifs est offert au mémorial de la Shoah, il est annoté de la main de Pétain. Ce statut fut promulgué le 3 Oct 1940.
La FFDJF créé en 1979 (Fils et Filles de Déportés Juifs en France) a pour but de
mettre fin à l’impunité dont jouissent les responsables français et allemands du génocide, traque des nazis dans le monde entier comme Klaus Barbie en Bolivie. Suivent de nombreux dépôts de plaintes pour crimes contre l’humanité.

Enfin les Klarsfeld ont aussi un but pédagogique : rendre publiques les responsabilités françaises dans la déportation des Juifs.

► Quelques exemples de grands procès voir tableau (extrait du Hatier 2014)

 

 


3) L'Histoire en chantier

► Influence de la recherche anglo-saxonne (R. Hillberg, la destruction des juifs d'Europe, 1961 puis réédité fréquemment) ou encore R.O Paxton La France de Vichy, 1999.

En 1973, la première édition de l'ouvrage de R. Paxton, La France de Vichy, paraît. Il s'agit d'un travail sur les archives allemandes qui montre que la Collaboration est bien une initiative du gouvernement de Vichy et que sans l'aide française, les allemands n'auraient pu déporter 76000 juifs. On peut prendre aussi l'exmple de l'historien Pierre Laborie qui travaille sur le comportement français pendant la guerre. Enfin, une grande contribution aussi à l'histoire des mémoires sur Vichy avec Henry Rousso et son ouvrage, Le syndrome de Vichy, en 1987 (déjà mentionné dans le cours). On assiste donc à une véritable ré-élaboration et reconstruction mémorielle donc avec les changements opérés dans les années 70-80. On peut dire que les historiens y ont eu un rôle majeur (mais aussi les témoins).

III. Des mémoires apaisées, une Histoire maîtrisée ? (depuis les années 80-90)


A) Un nouveau travail de mémoire

1) Une reconnaissance tardive par l'Etat français

TE : L'Etat français a donc tardé à reconnaître sa responsabilité dans la Collaboration.

Reconnaître la responsabilité de l'Etat c'est aussi ouvrir la voie à des réparations et des

compensations financières. La thèse, longtemps défendu par ex. par F. Mitterrand (1981-1995),

est que Vichy ce n'était pas la France.

* La position ambigüe de
François Mitterrand (fonctionnaire de Vichy, puis résistant) :

  • Il favorise la diffusion du film « le chagrin et la pitié » en 1981à la TV ;

  • Il consent à instituer une journée nationale du souvenir des « persécutions racistes et antisémites». Il est le premier chef d’état à assister à la cérémonie commémorant la grande rafle du Vel d’Hiv «  et les persecutions racistes et antisémites » le 16 juillet 92, il inaugure aussi le musée mémorial d’Izieu dédié au souvenir des enfants juifs déportés.

  • Mais il refuse catégoriquement d’assumer la responsabilité de la République et de l’Etat dans la Shoah, dans une démarche en quelque sorte très proche du résistancialisme et une attitude paradoxalement gaullienne...

  • Il fait parallèlement fleurir chaque année la tombe du maréchal Pétain, ce qui n’est pas sans susciter le scandale

La Loi Gayssot votée en 1990 marque une étape fondamentale dans la prise de conscience de la spécificité de la France dans l'Histoire de la GM2 et permet aussi un certain apaisement des mémoires. Il existait déjà la loi Pleven du 1er Juillet 1972 sanctionnant les propos et actes racistes mais celle de 1990 va plus loin. Elle tend à « réprimer tout acte raciste, antisémite ou xénophobe » et le législateur ajoute notamment dans son article 9 la qualification de délit pour toute contestation de l'existence des crimes contre l'humanité. C'est donc une loi dirigée implicitement contre toute forme de négationnisme.


2) L'ère de la repentance et du devoir de mémoire


* Discours J. Chirac 1995 (audio ou video)
TE : C'est une rupture très importante et définitive avec les thèses précédentes de l'état français. En effet, reconnaître sa responsabilité c'est aussi laisser la possibilité du pardon (mais non de l'oubli). Ce discours est aussi un hommage aux « Justes » (notion de « justes parmi les nations » de Yad-Vashem en Israël) prenant en compte d'ailleurs les travaux les plus récents des historiens. L’Eglise fait ensuite elle-même « repentance » et d’autres institutions demandent pardon, comme la SNCF en 2011.

B) Une inflation mémorielle : quelle place pour l'Histoire ?

1) Une inflation des lieux de mémoire et des commémorations ?

 

Nicolas Sarkozy (président de 2007 à 2012) fait lire la lettre de Guy Môquet* à sa mère avant sa mort, le 22 Octobre dans les écoles ( jour de sa mort , fusillé par allemands en 1941 pas parce que résistant mais parce que communiste, il distribuait des tracts ). Depuis 2007, Sarkozy se rend tous les ans sur plateau de Glières où sont morts 130 jeunes maquisards en 1944.

En 2014 ; Hollande annonce entrée au Panthéon de 4 Résistants ( 2 femmes et 2 Hommes ).

► Ces deux exemples d'appropriation affichée ou déguisée des mémoires de la GM2 posent question : Faut-il laisser les politiques et donc l'Etat français s'emparer des mémoires ? Un état peut-il décréter ce qui doit être rappeler et donc...ce qui doit être oublié ?
Qu'en est-il des historiens ? Restent-ils maîtres de la résurgence mémorielle ou sont-ils eux aussi victimes d'une concurrence mémorielle ?

 

2) Histoire maîtrisée, Histoire canalisée ?

► Les nouveaux champs de la recherche sont ouverts grâce à cet relatif apaisement des mémoires et aussi à l'éloignement chronologique. On peut penser que les historiens sont plus à même maintenant d'écrire une Histoire « libérée » ou maîtrisée même si les tentatives d'instrumentalisation existent toujours que ce soit de la part de l'extrême-droite ou de la part des groupes antisémites de toute provenance...
* Quels champs ?
- Génocide contre les Tziganes (mauvaises victimes ? Expression de l'historien Emmanuel Filhol).
- « Malgré-nous » 2010 officiellement reconnus victimes du nazisme,
- « Malgré-elles » incorporées de force dans des organismes nazis entre 1942 et 1945. 2013 mémorial d'Alsace-Moselle,
- Enfants nés de l'ennemi (mémoires honteuses et oubliées) (historien Fabrice Virgili).

► Quels dangers pour l'Histoire ? On en revient à la question déjà évoquée :
Inflation mémorielle et glorification de la victime en tant que symbole (ex. Sarkozy et Guy Môquet). Pétition 2005 Liberté pour l'Histoire « Dans un état libre, il n'appartient ni au Parlement ni à l'autorité judiciaire de définir la vérité historique ».
Débat ? L'Etat doit-il définir une vérité historique ? Ex. ? Arguments ?

Conclusion : Voir schéma cours