Mot-clé - culture sonore

Fil des billets

26 janvier 2017

Jonathan Sterne, Une histoire de la modernité sonore, La découverte/Philharmonie de Paris, « Culture sonore », traduction par Maxime Boidy, Paris, 2015 Lu par Pierre Arnoux

Jonathan Sterne, Une histoire de la modernité sonore, La découverte/Philharmonie de Paris, « Culture sonore », traduction par Maxime Boidy, Paris, 2015 Lu par Pierre Arnoux

http://extranet.editis.com/it-yonixweb/IMAGES/DEC/P3/9782707185839.jpg

L’Histoire de la modernité sonore est considéré comme l’un des ouvrages fondateurs des sound studies1 études interdisciplinaires faisant du champ sonore à la fois leur objet et « une voie d’accès alternative à des problématiques centrales qui animent la réflexion en sciences humaines et sociales »2.

Son auteur, Jonathan Sterne, professeur à l’Université McGill de Montréal, se propose ainsi de comprendre « l’altération de la nature, de la signification et des pratiques sonores à la fin du XIXe siècle » (p. 5) en procédant à une histoire des technologies sonores, abordée « du point de vue archéologique », (p. 15) explicitement référé à la généalogie nietzschéenne et sa reprise foucaldienne (p. 39). Il s’agit de restituer le processus d’« extériorisation » du son, c’est-à-dire sa constitution comme entité autonome et objective, telle qu’elle a accompagné le développement des technologies de reproduction sonore, sans pour autant être unilatéralement déterminée par lui. Loin des approches « d’ordre mécanique », déterministes et s’appuyant sur la seule histoire des techniques, Sterne veut donc se pencher sur « les univers culturels et sociaux dans lesquels [les technologies de reproduction sonore] ont éclos »3 et qu’elles ont transformé en retour. En ce sens, comme le résume l’auteur, « Une histoire de la modernité explore la possibilité de reproduire le son [et] la façon dont ces technologies ont favorisé des mouvements culturels plus vastes encore. » (p. 6).

A ce titre, l’autre enjeu explicite de l’Histoire est la compréhension de la part qu’a prise le sonore dans la constitution de la modernité, et plus précisément encore dans « les formes modernes de la connaissance, de la culture et de l’organisation sociale » (p. 7). Le rôle du son et des pratiques sonores a en effet, selon l’auteur, été en grande partie masqué par le modèle visuel, prépondérant depuis les Lumières dans la manière dont l’Occident pense son évolution. En témoigne ce que Sterne nomme « litanie audiovisuelle », répartition binaire et simpliste de différentes qualités attribuées aux objets de la vision et de l’audition, qui parcourt les sciences humaines et qu’il entend invalider.

 

 

 

 

Lire la suite...