Tina Modotti : Etude de documents

Pour synthétiser tout ce qui a été travaillé sur Tina Modotti et pour s'entraîner à l'épreuve de l'étude de document voici le sujet ci-dessous :

Formalisme, objectivité et engagement politique : les photographies modernistes de Tina Modotti

En guise de correction consultez l'excellent travail de Sam.

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1. Fils télégraphiques, 1925,
tirage platine-palladium,
22.8 x 16.1 cm, MOMA

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2. Yank and Police Marionette, 1926,
épreuve gélatino-argentique, 
24.1 x 19  cm, MOMA

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3. Marteau, faucille et sombrero et Mains de travailleurs, 1927,
photographies publiées en couverture de New Masses (octobre et décembre1928),
magazine marxiste publié aux Etats-Unis.
D’autres photographies de Tina Modotti font également la couverture du magazine : juin 1929 (homme portant une poutre) et septembre 1929 (femme au drapeau)

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4. Untitled, 1927-1928,
épreuve gelatino-argentique.
7.62 x 10 cm, SFMOMA

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5. Femme de Tehuantepec, 1929,
épreuve gélatino-argentique, 
23.3 x 18.4 cm, MOMA

Document 6. « Sur la photographie » de Tina Modotti.

« Chaque fois que l'on utilise les mots "art" ou "artiste" par rapport à mes travaux de photo, j'en retire une impression désagréable, due incontestablement au mauvais usage que l'on fait de ces termes. Je me considère comme une photographe, et rien d'autre ; et si mes photos se différencient de celles que l'on produit généralement, c'est que j'essaie de faire, non de l'art, mais de bonnes photos, sans truquage ni manipulation, alors que la plupart des photographes cherchent des "effets artistiques" ou imitent les autres disciplines de l'expression graphique. Il en résulte un produit hybride qui ne donne pas à l'œuvre l'aspect significatif qu'elle devrait avoir : la qualité photographique. (…) nous avons l'approbation de ceux qui reconnaissent que la photo a de multiples fonctions et considèrent qu'elle est le moyen le plus éloquent et le plus direct pour fixer ou enregistrer l'époque actuelle. (…) La photographie, par le fait même qu'elle peut être produite seulement dans le présent et qu'elle se fonde sur ce qui existe objectivement en face de l'appareil photo, s'impose comme le moyen le plus satisfaisant pour enregistrer la vie objective dans toutes ses manifestations. De là sa valeur documentaire. Et si l'on ajoute à cela la sensibilité et la compréhension de l'argument, et surtout une idée claire de la place qu'elle doit occuper dans le déroulement de l'histoire, je crois que le résultat est digne de jouer un rôle dans la révolution sociale à laquelle nous devons tous contribuer. »

Tina Modotti, « Sur la photographie », Mexican Flokways, vol. 5, n° 4, Mexique, octobre-décembre 1929, p.196-198 (traduction inédite, service éducatif, Jeu de Paume). Ce texte est paru lors de la dernière exposition de T. Modotti à Mexico en 1929.

 

Document 7. L’analyse d’un historien de l’art.

« Pour apprécier l'art de Tina Modotti, il faut se souvenir qu'elle n'est pas passée par les écoles, mais qu'elle doit toute sa formation à E. Weston qui a toujours mis l'accent, dans ses photographies, sur les valeurs formelles qui imposent leur trame à tous ses documents. Tina a réussi rapidement à trouver un langage personnel, sans doute parce que, très vite, elle a été séduite par un idéal politique qui est resté étranger à Weston et qui l'a préservée d'un culte exclusif de la forme. En fait, la tension entre l'idéologie communiste, à laquelle l'a conduite son expérience de la pauvreté et de l'émigration, et le respect des contraintes constructives, rend peut-être le mieux compte des tendances contradictoires de son art. (…)

On comprend dès lors que, arrivant en Allemagne en 1931, Tina n'ait pas repris son activité artistique : dans les milieux du mouvement ouvrier marxiste qu'elle fréquente, on pratique une photographie documentaire réaliste et un photo-journalisme en rupture complète avec les principes qu'elle avait reçus en héritage de Weston et incompatibles avec son tempérament qui reste imprégné de la grande tradition artistique italienne. L'activisme humanitaire auquel elle se consacre pendant la guerre d'Espagne, l'éloigne définitivement d'une vocation de photographe qui ne survivra pas à son départ du Mexique. L'Europe tourmentée des années trente est la négation du fragile compromis entre l'ambition esthétique et l'idéal politique, qui avait pu s'épanouir pendant sept ans au Mexique. »

Edouard Pommier, http://www.unilat.org/virtualemuseum/datas/expositions/modotti/etudes/indexfr.htm