Les Académies et les artistes à Rome au XVIIe siècle

Les artistes étrangers sont très nombreux à Rome, attirés par les promesses de carrière offertes par le premier marché de l’art en Europe, par les chefs d’œuvre de la Renaissance et de l’Antiquité et par les paysages romains. Les artistes goûtent également à une certaine liberté dans leur travail même s’ils travaillent souvent durement. Néanmoins les artistes sont encadrés notamment par des Académies.

Plan de la ville de Rome en 1638 par Matthaeus Merian, 1638, cliquez sur l'image pour accéder à un plan en haute résolution et visiter Rome au XVIIe siècle

Les informations et les citations sont extraites de l’ouvrage de BOLLARD Laurent, Des Peintres en Italie au XVIIe siècle, 2012, Les Belles Lettres.

I. L’Academia di San Luca

            L’Académie de Saint-Luc (patron des peintres) est créée en 1592 sous l’impulsion des papes qui entendent encadrer le travail des artistes. Les membres de l’Académie devaient enseigner le dessin aux jeunes peintres, sculpteurs et architectes de toutes origines et conditions. L’Académie était placée sous la protection de hauts personnages. Adhérer à l’Académia si San Luca n’était pas une obligation mais être membre de l’Académie conférait un statut avantageux dans les milieux artistiques et ouvrait bien des portes, et s’opposer à l’Académie sans en être membre comportait quelques risques.

L’Académie était dirigée par un Président (le principat) et deux recteurs ; les présidents furent presque tous des artistes italiens mais quelques-uns furent des étrangers tels le Français Simon Vouet.

Le voyage en Italie du peintre VOUET Simon (1590-1649) > Faire des recherches (voir fiche de travail)

II. La Shildersbent ou Bentvueghel

                L’omnipotence de l’Académie de Saint-Luc suscita des oppositions. « Parmi elles, la plus virulente et la plus puissante était la Shildersbent (…) la Bent, qui réunissait des artistes nordiques dont le nombre à Rome faisait la force. (…) Il ne s’agissait pas à proprement parler d’une académie (…) mais plutôt d’une association informelle fondée en 1623 (…) et dissoute en 1720 par décret pontifical en raison des désordres qu’elle provoquait. (…) La Bent avait été créée dans le dessein d’aider les artistes des Pays-Bas arrivant à Rome  à s’installer et à travailler, et de subvenir aux besoins des artistes nécessiteux. » Elle accueillait des peintres, des sculpteurs, des architectes, des orfèvres et des imprimeurs qui travaillaient ensemble. Les fondateurs de la Bent avait placé leur association sous le patronage de grands mécènes italiens. La réputation de la Bent était sulfureuse : les réunions des membres de l’association étaient l’occasion de boire, manger et de s’amuser bruyamment dans la tradition carnavalesque flamande. Les membres de la Bent recevaient un surnom lors de leur entrée, l’un d’eux est passé à la postérité : il s’agit de Pieter van Laer surnommé Bomboche (Bamboccio qui signifie poupée de chiffon, marionnette, pantin, surnom donné à cause de son apparence physique). Ce surnom fut appliqué aux artistes qui imiteront son art, les Bamboccianti.

Le voyage en Italie du peintre Pieter van Laer (1599-1642) > Faire des recherches (voir fiche de travail)

III. L’Académie de France à Rome

            « O combien plus sérieuse et ne concernant cette fois que les seuls Français : L’Académie de France à Rome. Annexe de l’Académie royale de peinture et de sculpture, elle fut fondée en 1666 à l’instigation de Colbert qui tenait à avoir la haute main sur les artistes français séjournant dans la Ville Eternelle. Il considérait en outre l’Académie comme un instrument de propagande en faveur de la monarchie de Louis XIV ». Le but de l’Académie de France à Rome est de former les artistes et de faire la promotion de l’art français qui s’autonomisait des références italiennes. La plus recherchée des récompenses était le célèbre prix de Rome « qui permettait au lauréat de décrocher une bourse lui offrant l’opportunité de vivre quatre ans dans la cité pontificale ». A la tête de l’Académie était un Président et les résidents étaient des pensionnaires. Avant la création de l’Académie le roi de France pensionnait déjà des artistes à Rome comme Simon Vouet par exemple. Charles Le Brun, « premier peintre » de Louis XIV participa à la fondation de l’Académie qui existe toujours et qui occupe la villa Medicis.

Le voyage en Italie du peintre Charles le Brun (1619-1690) > Faire des recherches (voir fiche de travail)

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