Arts décoratifs et design : Charlotte PERRIAND, une artiste moderne

Comment Charlotte Perriand, formée aux Arts décoratifs, rejoint-elle le courant des avant-gardes modernes dès 1927 ?

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Le bar sous le toit, 1927
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Salle à manger, 1927

Le Bar sous le toit et la salle à manger ont été aménagées par Charlotte Perriand pour son atelier-appartement de la place Saint-Sulpice à Paris en 1927

Ecoutez Charlotte Perriand parler de cette période (entretien n°1, 10' à 13'30")

Qu’est-ce que le design ?

            Produire des objets du quotidien a toujours été, avant les temps industriels, le métier des artisans. La très grande majorité de la population n’avait accès qu’à un artisanat sobre et simple, voire frustre, mais dont la fonction répondait aux besoins sans ornement ; les « riches » (princes, nobles, bourgeois aisés) avaient accès à un artisanat de luxe dont l’esthétique répondait à des modes, des goûts qui dépassaient la simple fonction de l’objet (exemples de style de la Renaissance à l’Empire). Le développement de la bourgeoisie aux XVIIIe-XIXe siècles introduit de plus en plus d’objets dans les intérieurs et on parle alors d’arts décoratifs pour qualifier la fabrication artisanale de meubles et d’objets souvent avec ajouts d’ornements destinés à une clientèle aisée (mais le terme « arts décoratifs » reste flou car il peut qualifier tout objet du quotidien sans ornement).

            Puis l’industrialisation introduit des nouveaux matériaux ainsi que de nouvelles techniques de fabrication (exemple de la Ford T) et les arts décoratifs vont en subir l’influence ; de plus les débuts de la démocratisation de la consommation augmentent la demande d’objets du quotidien à laquelle l’industrie peut répondre. C’est le début du design mais celui-ci n’est pas « un sous-produit de l’industrialisation » car les artistes décorateurs mènent des recherches « selon deux attitudes (…) parallèles et complémentaires. D’un côté, au service de pratiques et de consommations immédiates, on élabore et on modernise le patrimoine traditionnel des langages figuratifs. De l’autre, leur originalité expressive est l’objet d’expérimentations pour les avant-gardes artistiques qui, en en explorant leurs possibilités formelles, construisent des codes narratifs d’une nouvelle objectivité abstraite. Dans le cas du design, ce schéma coïncide avec une parfaite division géographique, qui voit l’Amérique développer les potentialités des produits et l’Europe – l’Allemagne en particulier – explorer les projets d’une nouvelle objectivité ». En d’autres termes le design permet à la fois de produire des objets en série répondant à des codes esthétiques qui s’accordent aux goûts du public mais le design est aussi utilisé par les avant-gardes artistiques afin de produire une nouvelle esthétique des objets fondée sur une nouvelle manière de concevoir le rapport entre l’objet, sa forme et son usage : « la forme est la fonction, le beau est l’utile ».

Présentation d'oeuvres :
- Les origines du design et les prémisses de la modernité
- La naissance et l’affirmation du modernisme
- L’Art déco, art moderne ?
- Charlotte Perriand, une artiste moderne ?
- Mobilier moderne en France dans les années 1920-1930

Exercice : Pourquoi peut-on affirmer que l’aménagement en 1927 de l’Atelier de la rue Saint-Sulpice fait entrer Charlotte Perriand dans le cercle des créateurs modernes ?

Vous pouvez consulter une histoire du design en ligne
Vous pouvez aussi lire l'article "design" sur l'Encyclopédie Universalis en ligne