Les artistes modernes en Italie

Les informations et citations sur les impressionnistes et post impressionnistes sont tirées de l’ouvrage Fascinante Italie, De Manet à Picasso 1853-1917, Catalogue de l’exposition au Musée des Beaux-arts de Nantes 2009-2010, Gallimard.

 

Sous Napoléon III, la formation en Italie des artistes fut à nouveau encouragée et retrouva de son intérêt après le rejet par le romantisme : par exemple Delacroix n’alla pas en Italie, il préféra la lumière de l’Orient.

Pourquoi des artistes modernes, peu intéressés par le voyage académique en Italie, firent-ils des séjours en Italie ?

 

Edouard Manet (1832-1883).

Edouard Manet , précurseur de l’art moderne, s’affranchit de l’académisme et fait 3 voyages en Italie :

- 1853, il passe un mois à Venise avec son frère.

- 1857, voyage à Florence où il copie 140 œuvres des maîtres anciens et s’enthousiasme pour les fresque d’Andrea del Sarto. Il voit et copie la Venus d’Urbin du Titien aux Offices.

- 1874, il séjourne à Venise durant l’hiver. A cette date la carrière de Manet est plutôt florissante et son départ est rendu possible grâce à la vente d’une toile. Il voyage avec sa femme. Il peint des lieux isolés, sur une gondole. Il peint également les gondoles, image quelque peu stéréotypée d’une Venise qui est gagnée par un tourisme en plein essor. Manet n’aima pas cette ambiance. Il ne reste aujourd’hui que deux tableaux de Manet, des vues avec des gondoles sur le Grand Canal.

Une des grandes influences de Manet fut l’Espagne (Vélasquez, Goya, Murillo) mais Le rôle de l’influence italienne dans la peinture de Manet fut mise en valeur lors d’une exposition à Venise en 2013.


Comparaison entre Le Concert champêtre de Titien (1509) et Le Déjeuner sur l'herbe de Manet (1862-1863)
 

Auguste Renoir (1841-1919)

Ci-contre A. Renoir, Baie de Salerne (ou paysage du midi), 1881
Renoir voyage en Italie entre novembre 1881 et janvier 1882. Renoir écrit au soir de sa vie "L'inconvénient de l'Italie, [...], c'est que c'est trop beau". Il visite Venise, Florence, Rome ( ?), Naples, Capri, Palerme et il qualifie son voyage de "grande date dans [son] évolution". Si l’Italie semble occuper une place déterminante dans la carrière du peintre, Renoir fait néanmoins un voyage un peu superficiel, quelque peu commercial puisqu’il s’agit de trouver de nouveaux sujets afin de se renouveler et de satisfaire un public. Il veut aussi se « parer d’un vernis classique ». Il étudie attentivement des fresques : Raphaël à Rome, Véronèse et Tiepolo à Venise, les peintres antiques à Naples ; cet intérêt est motivé par des commandes de fresques qui lui ont été faites en France. Renoir écrit « je suis en train d’avaler mon Italie ». Son voyage ne constitue pas un voyage de formation, il peint des sujets « faciles » : le Palais des Doges à Venise, la baie de Naples… et il finit par se moquer de lui car finalement il est plus fasciné par la Calabre sans touristes.

            « Le véritable acquis du séjour en Italie est l’expérience d’une éblouissante lumière naturelle et de la manière dont on peut la restituer sur la toile », Renoir « cherche à approfondir la technique du plein air et la construction chromatique du tableau » grâce au soleil, à la lumière méridionale. A son retour ces tableaux sont exposés à Paris en mars 1882 chez le marchand Durand-Ruel mais l’accueil n’est pas enthousiaste.

 

Claude Monet (1840-1926)

Ci-contre, C. Monet, Les villas à Bodihera, 1884

Monet se rend avec Renoir en Italie en décembre 1883. Puis il décide de résider non loin de la frontière française à Bordighera où il peint des vues de paysage avec végétation. Il écrit à Durand-Ruel « ici je vais m’attacher aux palmiers et aux aspects un peu exotiques » dans une tradition orientaliste. Monet, comme Renoir, cherche le soleil, la lumière, les couleurs en Italie.

 

 

Post-impressionnistes

Ci-contre, P. Signac, Entrée du Grand canal à Venise, 1905

Paul Signac (1863-1935) se rend sur la côte méditerranéenne et il travaille également sur les couleurs, le soleil, la lumière. Au début du XXe s. des artistes modernes se rendent en Italie, à Venise notamment, dans le but d’étudier le patrimoine artistique de l’Italie (Monet, Signac, Matisse, Denis). Les Primitifs italiens (comme Giotto, XIVe s.) ont du succès auprès de ces peintres modernes qui veulent rompre avec l’académisme inspiré de Raphaël.

 

Auguste Rodin (1840-1917)

Ci-contre, A. Rodin, Les portes de l'Enfer

« À partir de 1876, Rodin effectue plusieurs voyages en Italie. Il y découvre les chefs-d’œuvre de la Renaissance italienne dans les villes de Florence, Turin, Venise, Rome, … Rodin s’inspire tout particulièrement des sculptures et des peintures de Michel-Ange. Il lui emprunte l’attitude expressive des corps et la technique du non finito qui consiste à créer un contraste entre des surfaces polies et d’autres laissées brutes. ». (grandpalais.fr) Rodin admire également le poète italien Dante (1265-1321) dont l’œuvre La Divine Comédie inspire la Porte de l’Enfer du sculpteur. Donatello (1368-1466), le célèbre sculpteur du Quattrocento, inspire également Rodin.
Site web du Musée Rodin

 

 

Les photographes et l’Italie

Ci-contre, J. Ruskin, Venise, palazzo Ducale avec soldats, entre 1845-1852

Le 19 août 1839, lors d’une séance officielle à l’Institut de France, Louis-Jacques-Mandé Daguerre (1787-1851), décorateur de théâtre parisien, divulgua le premier procédé photographique qu’il était parvenu à mettre au point en tirant parti des recherches de son associé, Nicéphore Niépce.

Surnommé « daguerréotype », ce procédé consistait à fixer l’image positive obtenue dans la camera obscura sur une plaque de cuivre enduite d’une émulsion d’argent et développée aux vapeurs d’iode. Permettant d’obtenir pour la première fois une reproduction directe et précise de la réalité, cette invention fut immédiatement saluée par l’ensemble de la communauté scientifique et franchit les frontières dès septembre 1839, rencontrant un grand succès à l’étranger. (grandpalais.fr)

En 2009, une exposition au Musée d’Orsay intitulée « Voir l’Italie et mourir. Photographie et peinture dans l’Italie du XIXe s. » montre comment l’Italie a inspiré les photographes.