La Chapelle du Rosaire

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La Chapelle du Rosaire, à Vence, dans les Alpes-Maritimes, a été réalisé par Matisse pour les Soeurs dominicaines.

Discrète à l'extérieur et s'intégrant parfaitement dans l'environnement souvent ensoleillé de Vence, on ne remarque la chapelle Matisse que par son toit de tuiles blanches et bleues et par sa croix de fer forgé haute de treize mètres, portant des croissants de lunes et des flammes dorées.

Composés de trois couleurs (le jaune, le vert et le bleu), les grands vitraux inondent de lumière les murs blanchis à la chaux et les 3 grands tableaux en traits noirs sur céramiques blanches qui évoquent saint Dominique, la Nativité et le chemin de croix.

« J’ai toujours essayé de dissimuler mes efforts, j’ai toujours souhaité que mes œuvres aient la légèreté et la gaité du printemps qui ne laisse jamais soupçonner le travail qu’il a coûté. » H. Matisse 1948.

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La Chapelle du Rosaire de Matisse

Grâce à la Sœur Jacques-Marie, qui est son infirmière à partir de 1941 jusqu'à son entrée au couvent et qui l'introduit auprès de sa congrégation, Henri Matisse crée l'aménagement de la Chapelle du Rosaire (Alpes-maritimes) destinée aux sœurs dominicaines de Vence.

L'ensemble est conçu comme une recherche d'équilibre entre les couleurs et la ligne, au sein d'une architecture entièrement blanchie à la chaux, qui symbolise la réunion de toutes les couleurs mais rappelle aussi l’habitat méditerranéen traditionnel.

Le toit bleu et blanc du clocher, les vitraux sobrement colorés, réalisés à partir de gouaches découpées, sont contrebalancés par les lignes noires du clocher et des trois fresques intérieures sur fond blanc, représentant le Chemin de croix, une Vierge à l'enfant et un Saint-Dominique.

Les dessins des fresques réalisés sur céramique ont été tracés très rapidement, en quelques heures chacun, mais après de longues séances d'études et d'entraînement, « comme une prière qu'on redit de mieux en mieux ».

Les vitraux « qui vont du sol jusqu'au plafond et qui expriment, dans des formes voisines, une idée de feuillage toujours de même origine venant d'un arbre caractéristique de la région », ont nécessité trois maquettes successives.

Après un premier essai autour du thème de la Jérusalem céleste que Matisse juge trop austère, la seconde maquette multicolore néglige les impératifs de la structure métallique qui soutient les vitraux.

Dans le modèle définitif, réalisé en quelques mois sur le thème de l'arbre de vie, les couleurs sont finalement réduites à un jaune translucide, un bleu outre-mer et un vert bouteille transparents.

La simplicité recherchée, visant « à donner, avec une surface très limitée, l'idée d'immensité », répond au sentiment religieux et suscite « l'allègement d'esprit » que Matisse souhaitait favoriser

 

Pour cette œuvre qui participe au renouveau de l'art sacré, Matisse a collaboré avec le frère Rayssiguier qui en a conçu les plans avec l'architecte Auguste Perret, et le père Couturier, commanditaire du couvent des Tourettes réalisé par Le Corbusier.

Il s'agit d'une oeuvre d'art total, puisque Matisse réalise aussi bien le dessin de la croix à l'extérieur que les chasubles des prêtres, les vitraux, le décor intérieur, les dessins à trait noir sur les céramiques blanches, et jusqu'aux objets sacrés.

 

 

 

 

 

 

 

Historique 

1941: À Nice, Matisse, rétabli après une lourde opération, a le sentiment de vivre une seconde vie.

En janvier Matisse subit une grave opération à Lyon, à l’âge de 72 ans. Hospitalisation pendant trois mois, puis longue convalescence.

En mai Matisse retourne à Nice dans son appartement du Régina à Cimiez où il habite depuis deux ans.

S’étant rétabli comme par miracle, Matisse a le sentiment de vivre un rabiot. « Il me semble être dans une seconde vie » écrit-il à Marquet.


1942: Monique Bourgeois, infirmière de Matisse, devient aussi un de ses modèles.

 

Monique Bourgeois étudiante infirmière est embauchée comme infirmière de nuit chez Henri Matisse à Nice. Accueillie par Lydia Delectorskaya, secrétaire de l’artiste, elle prend soin de Matisse, lui fait la lecture et partage avec lui de longues discussions. Peu à peu s’établit entre eux une relation amicale empreinte de simplicité, de franchise et d’humour.

 

Matisse propose à Monique Bourgeois de poser comme modèle. Plusieurs dessins seront réalisés ainsi que quatre peintures : Monique et L’Idole en décembre 1942 ; La Robe verte et les oranges en janvier 1943 et Tabac royal en mars 1943.


1943: Matisse s’installe à Vence, Villa Le Rêve.

Matisse, redoutant une évacuation de Nice, s’installe à Vence à la Villa « Le Rêve ». A l’automne Monique Bourgeois, de santé fragile, s’installe comme pensionnaire chez les sœurs dominicaines de Vence qui recevaient des convalescentes. Matisse loge juste en face. Elle assure chez l’artiste quelques gardes de nuit, des gardes de jour et des séances de poses pour quelques dessins.

La vocation religieuse de Monique Bourgeois s’affirme. Un père dominicain l’oriente vers les dominicaines de Monteils (Aveyron), congrégation dont dépendent les dominicaines de Vence où elle réside.


1944: Monique Bourgeois entre au couvent et devient sœur Jacques-Marie.

En février Monique Bourgeois décide d’entrer chez les dominicaines de Monteils. Elle fait ses adieux à Matisse, désemparé par sa décision.

En septembre elle entre au noviciat, prend l’habit des dominicaines et reçoit le nom de Sœur Jacques-Marie.


 

1945: Début d’une correspondance entre la sœur et l’artiste.

Sœur Jacques-Marie reçoit une longue lettre de Matisse qui accepte désormais de voir son modèle au couvent. Apaisé, il forme des vœux pour la réalisation de son idéal.


1946: Matisse et sœur Jacques-Marie se revoient à Vence.

Sœur Jacques-Marie prononce ses premiers vœux religieux le 8 septembre puis revient à Vence et reprend son activité d’infirmière. Matisse est très ému de la revoir en religieuse.


1947: Les sœurs dominicaines de Vence projettent de construire une chapelle. Sœur Jacques-Marie propose un vitrail.

A Vence les sœurs dominicaines ne disposaient que d’un ancien garage en guise de chapelle. Il était dans un grand état de délabrement. Les sœurs envisageaient de construire une chapelle. Sœur Jacques-Marie dessine en août un projet de vitrail représentant l’Assomption. Elle le montre à Matisse qui l’encourage à faire réaliser ce dessin en vitrail.

Matisse : « Je vais construire votre chapelle et je me charge des vitraux ! »

Fin 1947, un jeune frère dominicain, le frère Rayssiguier, visite les sœurs de Vence. Apprenant que Matisse habite à proximité il souhaite le rencontrer. Les sœurs le présentent comme étant l’architecte de leur future chapelle. C’est au cours de cette première entrevue que Matisse et le frère Rayssiguier élaborent l’essentiel du projet de la chapelle. Matisse dira le lendemain à la sœur : « Je vais construire votre chapelle et je me charge des vitraux ! »


1948: Début de quatre années d’un travail exclusif de Matisse pour la chapelle, en lien avec les sœurs et les frères Couturier et Rayssiguier, dominicains.

En janvier les plans de la chapelle sont définitivement conçus. La construction est confiée à l’architecte Louis Milon de Peillon sous la haute autorité d’Auguste Perret. Quatre années de travail assidu et exclusif seront consacrées par Matisse à la conception et la réalisation de la chapelle, conçue comme une œuvre d’art total.

A la demande de Matisse, sœur Jacques-Marie réalise en contreplaqué une maquette au dixième de la chapelle d’après les plans du frère. La maquette est installée chez Matisse.

Matisse travaille, au moyen de ses papiers gouachés découpés, au premier projet de vitraux : le grand vitrail double du chœur, La Jérusalem céleste et ceux de la nef, Les Abeilles.

En juin, Matisse part quelques mois à Paris. Il reçoit la visite du père Couturier, dominicain, qui se charge d’intervenir auprès de la mère Agnès, Supérieure générale des dominicaines de Monteils, afin de la convaincre de donner son accord pour que Matisse réalise la chapelle de Vence. Sœur Jacques-Marie reçoit la responsabilité tacite de cette réalisation.

Matisse commence à réaliser de nombreuses esquisses pour la Vierge à l’Enfant et le Chemin de croix.


 

1949: Matisse poursuit assiduement son travail préparatoire pour les grands dessins sur céramique et les vitraux.

En janvier Matisse quitte la villa « Le Rêve » pour s’installer dans son appartement du Régina à Nice, dont les grands volumes se rapprochent des dimensions de la chapelle pour travailler sur les maquettes des panneaux et des vitraux à l’échelle.

Matisse travaille sur une nouvelle version de vitraux autour du thème de l’Arbre de Vie.

Il réalise de nombreux dessins préparatoires pour les panneaux de Saint Dominique, la Vierge à l’Enfant et le Chemin de croix.

Le 12 décembre, cérémonie de la pose de la première pierre par l’évêque de Nice.


1950: La première pierre posée, la construction commence et dure un an.

La construction débute et dure un an. Matisse peint sur des carreaux de céramique les panneaux du Chemin de croix, de la Vierge à l’Enfant et de Saint Dominique.

Pose de la flèche sur le toit et pose des vitraux par le maître-verrier Paul Bony, en présence du père Couturier. Matisse réalise le tondo en céramique de la Vierge à l’Enfant placé à l’extérieur au-dessus du vitrail double du chœur.

1951: La Chapelle du Rosaire est bénie le 25 juin.

Matisse conçoit l’ensemble des vêtements liturgiques.

Le 25 juin, cérémonie de la bénédiction de chapelle par Mgr Rémond, évêque de Nice.


1954: Matisse décède à Nice le 3 novembre. Il est enterré dans le cimetière de Cimiez. Décès du père Couturier à Paris.


2005: Décès de Sœur Jacques-Marie en septembre. Elle est enterrée à Vence.