- Écoutez-le ici :
I L’œuvre
Les Planètes (The Planets 1914-1917) est une œuvre pour grand orchestre symphonique de Gustav HOLST (1874-1934). C'est en grande partie à cette pièce que le compositeur doit sa notoriété. Il a ainsi étudié sept planètes du système solaire et leur a donné à chacune une couleur sonore propre : Mars qui apporte la guerre, Venus qui apporte la paix, Mercure le messager ailé, Jupiter qui apporte la joie, Saturne qui apporte la vieillesse, Uranus le magicien et Neptune le mystique.
II Le compositeur
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Compositeur anglais d'origine suédoise, il commence l'apprentissage de la musique avec son père organiste et sa mère professeur de piano, puis s'inscrit au Royal College of Music, où il enseignera plus tard.
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Dirige les activités musicales de l'armée britannique à Salonique et à Istanbul pendant la première guerre mondiale, mais sa mauvaise santé le conduit, à la fin de sa vie, à la solitude.
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Auteur de plusieurs opéras (Sävitri, The Perfect Fool, The Wandering Scholar...), de ballets et de très nombreuses partitions de musique de chambre et de musique vocale.
III Contexte historique
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Début de la première guerre mondiale.
IV Contexte musical
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1913 : échec de The Cloud Messenger (pièce inspirée d'un poème indien),
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1914 : Mars (premier mouvement) composé juste avant le début de la première guerre mondiale,
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1916 : Mercure (troisième mouvement), composé en dernier et dicté en grande partie à des proches collègues, à cause d'une névrite au bras droit,
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1918 : création à Londres sous la direction d'Adrian Boult.
V Analyse
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Le caractère : après un début inquiétant et mystérieux où le son semble venir de loin, ce dernier s’amplifie et se rapproche. Le caractère devient alors de plus en plus énergique, triomphal, dynamique, belliqueux. On dirait une armée allant au combat.
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Le genre : suite symphonique en sept parties.
Le premier mouvement ressemble à une marche guerrière céleste. La marche rythmique renvoie très nettement à la guerre (Mars étant le dieu romain de la guerre).
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La formation instrumentale : orchestre symphonique.
Le compositeur privilégie les cuivres et les percussions (trombones, trompettes, cors) pour leur aspect militaire. Par ailleurs, il emploie les cordes (violons, contrebasses...) des bois (flûtes, hautbois, clarinettes...), des percussions (timbales, grosses caisses...) et des claviers (orgue, celesta)
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Les nuances : l' intensité de la pièce augmente au fur et à mesure. Après le début pianissimo, le son va s’amplifier peu à peu (crescendo) pour finir fortissississimo (ffff).
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Le tempo : allegro.
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La tessiture : on démarre dans le grave puis la mélodie monte par quinte ascendante vers le registre aigu. L’ ambitus est donc très large.
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Le rythme : la pièce est écrite sur une mesure asymétrique à cinq temps. Un ostinato rythmique est joué par les timbales, les harpes et les violons frappant les cordes col legno.
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Les thèmes :
Le premier motif est introduit par les trois bassons, le contrebasson et les cors.
Après un crescendo de tout l'orchestre, le deuxième thème est introduit aux trombones puis aux cors.
Un troisième thème est alors joué, principalement par les cuivres, telle une armée sonnant la charge.
VI La représentation de la guerre
On peut utiliser deux moyens en musique afin d'évoquer la guerre :
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Par l’écriture musicale, l’orchestration :
Gustav HOLST donne ainsi un caractère militaire grâce aux procédés suivants :
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les nuances crescendo / decrescendo évoquant les mouvements de l’avancée des troupes (la menace se rapproche ou s'éloigne),
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la mise en avant de la famille des cuivres (trombone, trompette, cor) et des percussions (timbales, caisse claire),
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l'ostinato rythmique évoquant la fatalité de la marche vers la guerre,
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le registre grave de l' orgue accentuant la lourdeur de la marche.
Autres exemples :
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Karl JENKINS : « Charge ! » (The Armed Man), un morceau dont le rythme des percussions reprennent la dimension militaire
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John WILLIAMS, compositeur de musiques de films : « Imperial March » (Star Wars) où vous vous verrez le maléfique Empereur et son disciple Darth Vader avancer au milieu de leurs troupes
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Symphony X : groupe de Metal symphonique : The Divine Wings of Tragedy, quelques minutes de ce morceau fleuve de 20 minutes sont des citations du morceau de HOLST, jouées à la guitare électrique.
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Par les paroles d’une chanson :
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Jean FERRAT : « Nuit et brouillard », chant poétique à la mémoire des déportés de la Seconde Guerre Mondiale
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I AM : « L’empire du coté obscur » , morceau phare du groupe de hip-hop qui imite l'univers de Star Wars.
Écoute comparée |
Holst / Mars |
I AM / L’empire du coté obscur |
Orchestration |
Orchestre symphonique |
Deux voix Batterie Basse Synthé (cordes graves) Bande son |
Intensité |
Crescendo |
Mezzo forte |
Ostinato |
Ostinato rythmique |
Boucles (4 mesures à 4 temps) |
Évocation de la guerre |
Marche Cuivres / percussions Crescendo |
Texte (références à Star Wars) Bruitages futuristes (lasers ...) |
Gustav HOLST a su ainsi créer un morceau intemporel. Un siècle après sa composition, il continue d'être une source d'inspiration. Rien n'altère la puissante fascination qu'il exerce dans nos esprits. Pour découvrir d'autres représentations artistiques de Mars, lisez : SCIENCE ET FICTION 2/5 Univers lointains : a.En avant Mars !,
P. NEUMANN
N. THIMON