Vendredi, la journée a été consacrée à la musique en terminale histoire des arts ...
Tout d’abord, dans l’après midi, un membre du Chœur de Radio France est venu pour parler
du ballet de Bartok, le Mandarin
Merveilleux, composé en 1919.
L’occasion d’écouter la pièce en entier, et de nous préparer au concert qui
avait lieu le soir …
La classe d'histoire des arts en train d'écouter le ballet en présence d'un membre du cheour de Radio France
C'était l’occasion aussi de prendre connaissance de l’histoire que nous résume Odile :
« il s’agit d’une œuvre sur la prostitution ; cette pièce raconte comment une
jeune fille est forcée par des brigands à séduire depuis sa fenêtre les hommes
qui passeraient en bas. Ainsi les malfaiteurs pouvaient les dépouiller. Mais le
troisième homme, le « mandarin merveilleux » n’est pas comme les
autres. Il est obnubilé par la jeune femme si bien que malgré le fait qu’il
soit étouffé ou pendu, le mandarin reste toujours en vie et il meurt après
avoir eu la fille ».
Sur le plan
instrumental, nous avons compris, comme nous l’explique là encore Odile,
que chaque instrument et chaque mélodie incarne un moment particulier de
l’histoire : ainsi, « la clarinette va représenter la jeune fille et
les cuivres ou le trombone le mandarin et les autres hommes. Les moments de
luttes sont mis en musiques par le fait que les instruments jouent tous en même
temps de plus en plus fort. Les trois jeux de séductions sont comparables par
leur déroulement musical. La musique commence avec les violons qui jouent d’une
façon rapide qui donne l’idée d’une course effrénée (une nuée d’abeille), on
commence dans le vif du sujet on peut imaginer les brigands qui cherchent de
l’argent en vain. On remarque clairement les moments de séductions entre la
jeune fille et le premier homme ou le deuxième avec le rythme à trois temps de
la valse qui est la danse de l’amour. Lorsque le mandarin fixe la fille on
entend une note tenue dans l’aigue qui peut nous faire penser au regard qui
reste fixe. La musique finie sur le dernier souffle du mandarin. »
Pour Marie, « le fait d'avoir décortiqué
le ballet, m'a permis de comprendre pourquoi certaines notes étaient utilisées
pour leur intensité, leurs rapidité et ainsi de
découvrir l'effet produit sur le spectateur. »
Ensuite, le soir, concert au théâtre du Chatelet de l'orchestre philharmonique de Radio
France, mené par Susanna Mällki. Oriane nous raconte : « la
soirée s'est déroulée en quatre parties. Le premier morceau joué a été The
End de Oscar Strasnoy. Ce fut un morceau assez surprenant car différent des
auteurs que l'on avait pu écouter
l'après midi même. J'ai trouvé ce morceau assez frustrant, car à certains
moments au lieu de partir dans une mélodie classique, j'ai eu l'impression que
les musicien se retenait en quelque sorte et donc au lieu d'être un morceau
mélodieux, il était assez saccadé. Cependant, je l'ai apprécié car j'ai eu
l'impression d'un dialogue entre les violons de droites et ce de gauche. Et ceci
a été accentué par le mouvement apporté par les archets.
Le
second morceau fut le Chemin V (pour guitare et ensemble instrumental)
de Luciano Berio. Dans ce morceau, le gutariste occupait une
place très importante, qui était symbolisée par sa chemise rouge et l’estrade
sur laquelle il était installé. Ce morceau
fut assez surprenant car la guitare n'a pas été utilisée de manière
conventionnelle. Cependant, on retrouvait des influences hispaniques dans la
façon d'en jouer. Le fait de la taper rappelle le flamenco et le rythme parfois
très rapide, les musiques tziganes.
Le
troisième morceau était un second morceau de Oscar Strasnoy, nommé Y. Je
trouve ce morceau est plus « agréable » que les précédents, car il y
a une plus grande harmonie dans l'orchestre.
Et enfin la
dernière œuvre était Le Mandarin merveilleux (1919)de Béla
Bartok, que l'on avait « préécouté » l'après midi. Le fait de
l'avoir étudié m’a permis de reconnaître des passages, notamment les trois
étapes de séduction, et donc mieux comprendre le morceau contrairement aux
morceaux précédent. En effet les indications que nous avait fourni
l'intervenante de Radio France comme le fait que lors du premier jeu de
séduction la musique décrit l'attitude de l'homme (à travers cela le
compositeur se moque du personnage) ou encore les vents en rythme accéléré qui
caractérisent l'intervention des vagabonds. Le fait donc d'avoir déjà écouté
l'œuvre ne m'a pas gâché le plaisir de la découvrir en concert, au contraire.
Le morceau est beaucoup plus intense grâce à l'acoustique et aux mouvements
musiciens qui donnent du dynamisme. Ce qui m'a
également beaucoup marquée, c'est le choeur qui n'a fait pas une intervention
très longue, mais elle fut forte et j'ai donc mieux pu ressentir le chant
funèbre que lors de l'écoute du CD.
A la sortie du concert, certains d’entre
vous étaient un peu déçus car ils s’attendaient à voir un ballet … Alors d'écouter un ballet sans voir la chorégraphie .... Et bien ça fait travailler l'imagination ! En plus, grâce aux explications que nous avions eu l’après midi, nous avons pu
nous repérer dans la musique et imaginer la danse et le décor qui lui auraient
pu lui correspondre … comme le dit très bien là encore Odile : « chacun
peut en avoir une interprétation différente. Les lieux imaginés peuvent varier
par exemple. Mais nous nous nous retrouvons tous sur une sensation commune :
ainsi lorsque la musique est forte et emballée, nous imaginons une scène
d’action et lorsque la musique se fait plus douce, on l’associe généralement au
calme et à la tranquillité. » Rt puis ça permet aussi les associations d'idées : pour certains d’entre
vous, cette musique a fait surgir des images très précises : ainsi, Eugène
a associé cette musique (mais laquelle, il y avait trois compositeurs très
différents les uns des autres ?) au film Parade, de Tati, sorti en 1974 … A l’écoute des premières mesures
du Mandarin Merveilleux, dans l’après
midi, certains d’entre vous ont pensé au bourdonnement des abeilles ; d'autres ont évoqué la scène où Blanche Neige est dans la
forêt …
Voici le dessin de cette séquence où Blanche Neige s'enfuit et où les arbres prennent figure humaine (scène dessinée par Gustave Tengren, qui s'est lui-même inspiré de G.Doré).
Pour l’une de nos intervenantes, on pouvait associer cette musique au tableau futuriste ci-dessous, , celui deà cause de la décomposition du mouvement, et donc l’introduction d’une dimension temporelle dans la peinture, qu’elle retrouve dans cette musique.
Russolo, 1912-1913, intitulé Dynamismo de un'automobil, 104X140, musée national d'art moderne, centre Georges Pompidou.
Moi-même, je l’associerai à la peinture expressionniste : le Cri de Munch ou encore Pragerstrasse d’Otto Dix, à cause de cette scène urbaine, qui se déroule sur un trottoir, et dans laquelle on voit une femme s’éloigner, peut-être une prostituée … Le tableau date d’ailleurs de la même époque que le ballet, 1920 … Le Cri lui est très antérieur (1893) …
Le Cri de Munch, 1893
Pragerstrasse, Otto Dix, 1920
Et les chorégraphes eux, comment ont-ils interprétés cette musique ??
Il a fallu attendre 1926 pour que le Mandarin Merveilleux soit chorégraphié pour la première fois ... il faut dire que le thème de la prostitution choque, et que le ballet est qualifié d'oeuvre pornographique ... Sur Wikipédia, 11 chorégraphies successives sont recensées ... Parmi elles, Roland Petit en 1980, ou Maurice Béjart en 1992 ...
Voici par exemple ci-dessous comment Maurice Béjart a interprété le ballet :
et voici un lien vers une vidéo en ligne où on voit un extrait du ballet joué à Nantes en 2008 ...
Et pour conclure ... je vous conseille aussi de réécouter le sacre du Printemps dont la musique a été écrite par Stravinsky et dont nous avons écouté quelques notes en classe. Le sacre du Printemps a été chorégraphié par Diaghilev, et a été joué pour la première fois en 1913 ... au théâtre du Chatelet, où il avait fait scandale !
Il ne nous reste plus la prochaine fois qu'à aller voir la chorégraphie du Mandarin Merveilleux ... je crois qu'on y est à présent bien préparés !