expirante
le plus grand baiser d'amour qu'elle eût jamais donné. Ensuite, il récita le Misereatur
et l'Indulgentiam, trempa son pouce droit dans l'huile et commença les
onctions : d'abord sur les yeux, qui avaient tant convoité toutes les
somptuosités terrestres; puis sur les narines, friandes de brises tièdes et de
senteurs amoureuses ; puis sur la bouche, qui s'était ouverte pour le mensonge,
qui avait gémi d'orgueil et crié dans la luxure ; puis sur les mains, qui se
délectaient aux contacts suaves, et enfin sur la plante des pieds, si rapides
autrefois quand elle courait à l'assouvissance de ses désirs, et qui maintenant
ne marcheraient plus.
Le
curé s'essuya les doigts, jeta dans le feu les brins de coton trempés d'huile,
et revint s'asseoir près de la moribonde pour lui dire qu'elle devait à présent
joindre ses souffrances à celles de Jésus-Christ et s'abandonner à la
miséricorde divine.
En
finissant ses exhortations, il essaya de lui mettre dans la main un cierge
bénit, symbole des gloires célestes dont elle allait tout à l'heure être
environnée. Emma, trop faible, ne put fermer les doigts, et le cierge, sans M.
Bournisien, serait tombé à terre.
Cependant
elle n'était plus aussi pâle, et son visage avait une expression de sérénité,
comme si le sacrement l'eut guérie.
Le
prêtre ne manqua point d'en faire l'observation ; il expliqua même à Bovary que
le Seigneur, quelquefois, prolongeait l'existence des personnes lorsqu'il le
jugeait convenable pour leur salut ; et Charles se rappela un jour où, ainsi
près de mourir, elle avait reçu la communion.
-
Il ne fallait peut-être pas se désespérer, pensa-t-il.
En
effet, elle regarda tout autour d'elle, lentement, comme quelqu'un qui se
réveille d'un songe ; puis, d'une voix distincte, elle demanda son miroir, et
elle resta penchée dessus quelque temps, jusqu'au moment où de grosses larmes
lui découlèrent des yeux. Alors elle se renversa la tête en poussant un soupir
et retomba sur l'oreiller.
Sa poitrine aussitôt
se mit à haleter rapidement. La langue tout entière lui sortit hors de la
bouche ; ses yeux, en roulant, pâlissaient comme deux globes de lampe qui
s'éteignent, à la croire déjà morte, sans l'effrayante accélération de ses
côtes, secouées par un souffle furieux comme si l'âme eût fait des bonds pour
se détacher.
Félicité s'agenouilla devant le crucifix, et le pharmacien lui-même fléchit un
peu les jarrets, tandis que M. Canivet regardait vaguement sur la place. Bournisien
s'était remis en prière, la figure inclinée contre le bord de la couche, avec
sa longue soutane noire qui traînait derrière lui dans l'appartement. Charles
était de l'autre côté, à genoux, les bras étendus vers Emma. Il avait pris ses
mains et il les serrait, tressaillant à chaque battement de son coeur, comme au
contrecoup d'une ruine qui tombe. A mesure que le râle devenait plus fort,
l'ecclésiastique précipitait ses oraisons ; elles se mêlaient aux sanglots
étouffés de Bovary, et quelquefois tout semblait disparaître dans le sourd
murmure des syllabes latines, qui tintaient comme un glas de cloche.
Tout
à coup, on entendit sur le trottoir un bruit de gros sabots, avec le frôlement
d'un bâton ; et une voix s'éleva, une voix rauque, qui chantait :
Souvent la chaleur d'un beau jour
fait rêver fillette à l'amour.
Emma se releva comme
un cadavre que l'on galvanise, les cheveux dénoués, la prunelle fixe, béante.
Pour amasser diligemment
Les épis que la faux moissonne
Ma Nanette va s'inclinant
Vers le sillon qui nous les donne.
-
L'Aveugle ! s'écria-t-elle.
Et
Emma se mit à rire, d'un rire atroce, frénétique, désespéré, croyant voir la
face hideuse du misérable, qui se dressait dans les ténèbres éternelles comme
un épouvantement.
Il souffla bien fort ce jour-là
Et le jupon court s'envola
Une convulsion la
rabattit sur le matelas. Tous s'approchèrent. Elle n'existait plus.
Effet du poison sur Madame Bovary : texte en
violet
Madame Bovary est un roman de Gustave Flaubert paru en 1857. Celui-ci commence le roman en 1851 et y travaille pendant cinq ans, jusqu’en 1856. À partir d’octobre, le texte est publié dans la Revue de Paris sous la forme de feuilleton jusqu’au 15 décembre suivant. En février 1857, le gérant de la revue, l’imprimeur et Gustave Flaubert sont jugés pour « outrage à la morale publique et religieuse et aux bonnes mœurs ». Gustave Flaubert sera finalement acquitté. Le roman connaîtra un important succès en librairie.
En 1991, Claude Chabrol s’inspire du roman et réalise un film. Cette version est absolument fidèle à l’œuvre de Flaubert, le rôle d’Emma Bovary est attribué à Isabelle Huppert, Charles Bovary à Jean-François Balmer et Homais, le pharmacien est joué par Jean Yanne.
L’extrait de texte étudié est la mort d’Emma Bovary : « Elle était rentrée […] – Mais sauvez-la ! exclamait Bovary. »
Constituant une version fidèle de l’œuvre de Claude Chabrol, on peut identifier des passages du texte à des passages du film. Les dialogues sont exactement les mêmes, les passages de description sont traduits par les mouvements des personnages dans le film. De plus, il y a un narrateur faisant partie de la distribution du film, François Périer qui cite des extraits de texte. En voici un exemple : 6min27 de la quatorzième partie.
Mais on peut aussi observer que certains passages, présents dans le roman, sont supprimés dans le film, voici un exemple : 16 sec. de la quinzième partie. Dans le texte : « elle avait les membres crispés, […] Mais sauvez-la ! exclamait Bovary. » est remplacé par une phrase dite par Charles Bovary : « c’est la faute de la fatalité » .
D'autres films ont été inspirés par le roman, il y a une version de Jean Renoir en 1933, et une autre notamment de Vincente Minnelli en 1949.
La version de Minnelli est différente car elle n'est pas fidèle, contrairement à celle de Claude Chabrol. Vincente Minnelli embellit la mort d'Emma,incarnée par Jennifer Jones. elle ne représente en rien le corps grotesque. La musique, l'éclairage, la dimension religieuse, les dialogues moralisants rendent le personnage sublime dans la mort. On est davantage ici dans l'esthétisme et le mélodrame hollywoodien que la réalité brutale d'un empoisonnement par l'arsenic décrite par Flaubert.
"Pour moi, Emma est un personnage extrêmement complexe : elle vivait constamment dans un monde imaginaire, elle voulait que tout soit beau, et cependant autour d'elle, c'était le bourbier. Elle refusait cette situation et vivait au-delà d'elle-même, au-delà de ses moyens, Jennifer jones voyait le personnage comme moi et fut excellente, parce qu'elle est elle-même une Emma Bovary, pleine de contradictions, très romantiques."
Citation extraite de Vincente Minnelli, de Marion Vidal, Seghers, 1973.
D'après sa citation, Vincente Minnelli dit explicitement que
Girodet met en scène dans son tableau, la scène des funérailles d’Atala où Chactas et le père Aubry se lamentent sur son corps. Inspiré du roman « Atala » de Chateaubriand, il a utilisé des éléments du texte pour composer sa peinture.
L"ambiance" est contrastée : les deux premiers personnages paraissent plongés dans l'ombre, alors qu’Atala, placée au centre, baigne dans une lumière intense et blanche.
Atala est enveloppée d'un linceul blanc, un symbole de pureté et de virginité. Cette lumière émise par Atala éclaire les corps de Chactas et du Père Aubry.
Ainsi que la lumière de la lune symbolisant aussi la pureté est uniquement dirigée sur Atala.
Pour représenter une sainte, Girodet a peint une femme de type européen alors que celle-ci estindienne dans le texte. Pour Girodet la sainte et l’esprit pur doivent être représentés par des personnes de type européen.
Puis la notion du céleste, de Dieu, est présente : elle tient un crucifix fermement dans ses mains et on peut également apercevoir une croixdans la forêt éclairée par une lumière -celle de la lune-.
Dans le texte :
La présence dans le texte du champ lexical du sommeil permet aussi d’embellir l’idée de la mort :
« J'étais assis en silence au chevet du lit funèbre de mon Atala. Que de fois, durant son sommeil, j'avais supporté sur mes genoux cette tête charmante ! Que de fois je m'étais penché sur elle pour entendre et pour respirer son souffle ! Mais à présent aucun bruit ne sortait de ce sein immobile, et c'était en vain que j'attendais le réveil de la beauté ! »
On constate que dans le tableau elle semble endormie.
Chateaubriand utilise aussi d’autres procédés pour embellir l’idée de mort :
La personnification : « La lune prêta son pâle flambeau à cette veillée funèbre », « Les éperviers criaient sur les rochers et les martres rentraient dans le creux des ormes », « la vieillesse et la mort ralentissaient également nos pas ».
La vie apparaît dans le texte et dans la peinture bien que les deux artistes décrivent tous les deux les funérailles d’Atala.
Cependant le thème de la mort, dans une ambiance religieuse est toujours présent : dans le tableau, on aperçoit dans l'ombre un objet fatal, la pelle, de même que la tombe est creusée. Ainsi dans le texte, le lexique religieux est employé : « Le religieux ne cessa de prier toute la nuit », « cette veillée funèbre », « un air antique . . .poète nommé Job », « Le nom de Dieu ».
Tout d'abord, il faudrait bien comprendre cette notion du laid, ce terme peut-être physique (la morphologie d'une personne), ou moral (les faits et gestes, la façon de penser et d'agir d'un individu). Dans le Parfum, le laid et fort présent:
Jean-Baptiste Grenouille, personnage aux traits su visage marqués par des cicatrices, au physique très vulgaire par sa laideur, sa saleté; Cet homme donne une première impression de peur et d'envie de fuite ...
Mais, il y a aussi la laideur dans les rues de Paris, la naissance fracassante de Jean-Baptiste Grenouille, la cruauté des mères qui bondonnent leurs nourrissons ou encore l'euphorie malsaine à la fin du roman.
Le Beau
La notion du beau, est le contraste du charme et de la sensualité d'un corps ou la bonté, l'intelligence et l'ouverture d'esprit d'un individu. Dans le Parfun, le beau est peu présent mais de valeur:
Tout d'abord, par l'incroyable sens de l'odorat du jeune homme, qui nous fait voyager dans son univers (merveilleux) à travers le monde.
Il y a aussi les grands parfumeurs dans la plus grande ville française (Paris) de l'époque, qui sont en "guerre" pour être le plus grand dans ce marcher.
Et enfin, on retrouve d'un des éléments majeur du roman: les FEMMES, avec toute leur sensualité corporelle, les traits fins et attirants de leur physique, et leur façon de se comporter dans la société (elles vraiment représenter comme des perles rares).
Le plus important à retenir, est que le beau est peu présent dans ce roman contrairement au laid mais il est très précieux.
Sur « Le Roi Guerrier » , on peut voir que Louis XIV est en tenue de guerre mais malgré cela il garde toute son élégance. Il est encore jeune et dynamique. C'est l'un des rares tableau où il est peint avec son armure.
Sur « Louis XIV en Majesté » on peut voir que Hyacinthe Rigaud a voulu mettre en valeur le Roi car il a parfaitement bien réalisé son tableau et il a représenté tout les objets importants du Roi , sa couronne et son sceptre qui représente son pouvoir , le Roi est certes bienveillant mais son épée rappelle qu'elle ne tient qu'a un fil et son manteau de fleur de lys nous montre qu'il est le Roi de France.
Pour nous ce tableau est particulièrement beau car le peintre a ait un travail magnifique sur ce tableau car en plus il a fait exprès de mettre plus de lumière sur le Roi car il était le Roi Soleil .
Sur « Louis sans fond » on peut voir un Louis sans maquillage ni toute autre chose , il est vieux , laid et proche de la mort mais il tient tout de même à se faire peindre et l'auteur veut nous montrer que Louis XIV est comme tout autre être humain , un homme qui vieillit et meurt .
Le tableau de Watteau « Nymphe et satyre » semble représenter le bien et le mal, le beau et le laid. C’est une sorte de contraste entre le beau et le laid. D’un coté la nymphe qui représente la beauté, la grâce, la lumière tout simplement la vie et la joie de vivre. La nymphe est souvent représentée par une jeune femme qui exprime la bienfaisance. Et de l’autre coté le satyre qui représente la laideur, la mort, l’obscurité, la tristesse. Le satyre est représenté par un homme sombre avec des cornes.
Sur le tableau de Watteau, même le paysage semble être touché par la beauté et la laideur. Du côté gauche, côté de la nymphe, un paisible village avec un ciel bleu est peins alors que du côté droit, le côté du satyre, une forêt sombre et plutôt inquiétante est représenté. Dans cette scène, le satyre semble vouloir ôter la vie, en vouloir à la nymphe. Cette scène représente le « laid » voulant se venger du « beau ».
Le héros du roman Le Parfum de Süskind, Jean-Baptiste Grenouille est bien représenté par ce tableau. C’est en quelques sortes le représentant de la laideur qui veut prendre une revanche sur la beauté grâce au parfum, a son odorat extraordinaire.
Œuvres que j’apprécie
Jupiter et Antiope Carle Vanloo, 1753 Nymphe et Satyre Boucher, 1733
Ces deux œuvres représentent bien le fait que le satyre en veut à la nymphe.Donc le mal en veut au bien, une sorte de revanche, comme Jean-Baptiste Grenouille avec la vie.
Je pense que Süskind a choisi cette œuvre car je trouve pour ma part qu'elle représente bien le laid et le beau, l'opposition entre les deux. La nymphe et le satyre de Watteau nous montre le beau par cette jeune fille mise en valeur par le drap blanc et son éclairage plus important, elle ressort par rapport au cadre, c'est la première chose que l'on voit. À Jupiter et Antiope on peut comparer Jean Baptiste Grenouille et Laure Richis. Il nous inspire le laid tout au long du roman, le mépris et les filles qu'il convoite sont toute décrites de manière magnifique. Dans le décor, en arrière plan on peut voir le petit village avec le ciel bleu en opposition avec le ciel plus sombre présent au dessus du satyre, la terre en dessous accentue vraiment la beauté de cette jeune fille, innocente insouciante, on voit qu'elle dort paisiblement, elle ne se doute pas de ce qui se passe. Le satyre représente le vice, la sournoiserie la mesquinerie. Il essaye de découvrir le visage de cette femme que le peintre nous donne à voir, il l'attire vers elle tout comme Jean Baptiste veut attirer ces femmes et veut amener vers lui les jeunes filles innocentes et pures. On peut aussi imaginer le parfum de cette jeune fille entouré du parfum que l'on imagine nauséabond du mélange du satyre avec la terre, la foret. On voit qu'il désire quelque chose d'elle, ayant lu le livre on imagine qu'il convoite son parfum et que le village dans le fond pourrait être Grasse et la nymphe Laure Richis, c'est pourquoi cette œuvre représente bien le livre de Patrick Süskind.
Le Laid
Par définition le laid est ce qui, par sa forme, sa couleur, son aspect, son manque d'harmonie, est désagréable à voir et heurte l'idée que l'on se fait du beau. Ceci est pourtant très conforme à l'image que j'ai de Jean Baptiste Grenouille. Je l'imagine ainsi de par les descriptions faites; son manque d'harmonie est décrit tout au long du roman, dès sa naissance il provoque le rejet et est défini comme tout le contraire de beau. Cette définition n'est pas tout à fait celle que je pensais, je l'imaginais moins excessive, mois forte et profonde.
Le Beau
Par définition le beau est ce qui cause une vive impression capable de susciter l'admiration en raison de ses qualités supérieures dépassant la norme ou la moyenne, on le rencontre souvent dans le roman contrastant avec les fortes impressions de laid. Il est représenté dans le roman par toute les filles et les bonnes odeurs décrites et cette définition correspond exactement à ce que ma fait ressentir l'expression des odeurs des jeunes filles ou du parfum « parfait » de Jean Baptiste à la fin, il « suscite l'admiration » de toute la foule. Cette définition, je l'imaginais également moins excessive, le beau est ici quelque chose de très parfait, très idéaliste. Je pensais ceci plus commun.
Mon Œuvre choisie
J'ai été marqué par une œuvre en particulier, Jupiter et Antiope de Carle Vanloo; elle date d'environ 1753. Elle représente bien le satyre et la nymphe, le beau et le laid. On voit bien le coté mesquin, pervers de l'homme, c'est cette femme qu'il veut et non autre chose, sa barbe lui donne un coté vieilli, son nez crochu un air mauvais et son sourire une image sournoise. Il est assez apeurant et contraste profondément avec la nymphe. Elle paraît paisiblement endormie et par sa peau lisse on imagine son jeune age, elle paraît complètement pure et saine en opposition avec le coté méchant et mauvais du satyre. Elle est moins mise en valeur que dans le tableau de Watt eau qui, lui, la présente comme une sorte d'apparition dans son drap blanc. Ici, le drap blanc est froissé et presque à ses pieds, mais on vois bien sa pureté. J'ai trouvé ce tableau à l'adresse suivante : http://galatea.univ-tlse2.fr/pictura/UtpicturaServeur/GenerateurNotice.php?numnotice=A0933
Le Beau c’est ce qui suscite l’attention de quelqu’un ou son admiration, ce qui plaît a l’œil ou qui impressionne en raison de qualités supérieures à la moyenne.
Au contraire le laid, c’est ce qui est inesthétique et provoque le dégoût ou le rejet. C’est désagréable et disgracieux.
Le Beau et le Laid dans le roman
Ces deux thèmes sont omniprésents dans le roman.
Tout est tourné autour du BEAU et du LAID. Cela forme un contraste, une opposition, dans le récit.
Au début de l’histoire, le narrateur nous décrit la ville de Paris, ses paysages et ses odeurs. Tout cela se rapporte au champ lexical de la laideur.
Ce qui est aussi représentatif du « Laid » c’est la naissance de Grenouille : « Cette chaire sanguinolente ne se distinguait guère des déchets de poissons qui gisaient au sol » (p-7).
Plus loin dans l’histoire, c’est une description de Grasse puis des jeunes filles que Grenouille tue. Les descriptions sont belles. Le narrateur nous raconte la beauté du paysage et de ses victimes. S’il les choisit c’est pour leur odeur tout d’abord. Mais on remarque aussi, qu’elles sont toutes jolies. Mais la seule, possédant la vrai beauté est la dernière des victimes de Jean Baptiste : Laure Richis, qui d’après le narrateur est la plus magnifique des jeunes filles de Grasse. « Elle était encore là cette plante à l'incomparable beauté… ».
Dans le roman, on découvre parfois quelques odeurs qui semblent exquises au lecteur, on aimerait parfois les sentir mais faute de pouvoir surgir dans le roman, on les imagine grâce aux longues descriptions tout au long de l’histoire.
En opposition, les circonstances de sa Libération et de sa mort sont assez terribles. Mais on peut dire que c’est à ce moment que ces deux thèmes (le Beau et le Laid) se rapprochent. Car si Jean-Baptiste Grenouille est tué, c’est à cause de la « Beauté » de son odeur : « Il s'était aspergé des pieds à la tête avec le contenu de cette petite bouteille et était apparu tout d'un coup inondé de beauté comme d'un feu radieux » (p-278).
Le Beau et le laid dans le tableau de Watteau
Le tableau choisit pour réaliser la couverture du Parfum est : « Nymphe et satyre » appelé aussi « Jupiter et Antiope » d’Antoine Watteau.
Il n’est pas représenté entièrement sur le livre, on voit seulement le Bras de l’homme (Jupiter), le fait de ne pas le voir en entier est sûrement encore plus saisissant. C’est à nous de l’interpréter et pour chaque personne, l’interprétation et différente.
Ce tableau représente, à mon avis, très bien le roman, car il symbolise le beau et le laid, les deux thèmes principaux du livre.
Le beau est évoqué par la jeune femme, elle nous fait penser à toutes les victimes de Grenouille, mais en particulier à la dernière : Laure Richis.
« Elle avait une peau d’une blancheur éclatante » (p-189).
« Chevelure rousse » (p-232)
« Elle avait des tâches de rousseur sur le visage, dans le coup, et sur les seins » (p-189).
Toutes ces caractéristiques évoquent la jeune femme du tableau.
Le laid estdésigné par l’homme. Il parait plus âgé que la femme.
Il peut faire penser à Grenouille physiquement. Mais c’est surtout les mouvements qu’il fait qui les rapprochent. Il enlève le drap de la femme endormie comme Jean-Baptiste le faisait sur ses victimes : « Il déploya le linge d’enfleurage » (p-189)
Le tableau représente normalement Jupiter métamorphosé en satyre qui découvre la nudité de la nymphe (Antiope). Beaucoup d’autres tableaux ont été peints sur le même thème, comme par exemple : Jupiter et Antiope de Berthélémy.
- Monsieur, dit Victorin à Bianchon, espérez-vous
sauver M. et Mme Crevel ?
- Je l’espère sans le croire, répondit Bianchon.
Le fait est inexplicable pour moi... Cette maladie est une maladie
propre aux nègres et aux peuplades américaines, dont le système
cutané diffère de celui des races blanches. Or, je ne peux établir
aucune communication entre les noirs, les cuivrés, les métis et M.
ou Mme Crevel. Si c’est d’ailleurs une maladie fort belle pour
nous, elle est affreuse pour tout le monde. La pauvre créature, qui,
dit-on, était jolie, est bien punie par où elle a péché, car elle
est aujourd’hui d’une ignoble laideur, si toutefois elle est
quelque chose !... Ses dents et ses cheveux tombent, elle a
l’aspect des lépreux, elle se fait horreur à elle-même ;
ses mains, épouvantables à voir, sont enflées et couvertes de
pustules verdâtres ; les ongles déchaussés restent dans les
plaies qu’elle gratte ; enfin, toutes les extrémités se
détruisent dans la sanie qui les ronge.
- Mais la cause de ces désordres ? demanda
l’avocat.
- Oh ! dit Bianchon, la cause est dans une
altération rapide du sang, il se décompose avec une effrayante
rapidité. J’espère attaquer le sang, je l’ai fait analyser :
je rentre prendre chez moi le résultat du travail de mon ami le
professeur Duval, le fameux chimiste, pour entreprendre un de ces
coups désespérés que nous jouons quelquefois contre la mort.
- Le doigt de Dieu est là! dit la baronne d’une
voix profondément émue. Quoique cette femme m’ait causé des maux
qui m’ont fait appeler, dans des moments de folie, la justice
divine sur sa tête, je souhaite, mon Dieu ! que vous
réussissiez, monsieur le docteur. [...]
Lisbeth resta pétrifiée à trois pas du lit où
mourait Valérie, en voyant un vicaire de Saint-Thomas-d’Aquin au
chevet de son amie, et une sœur de charité la soignant. La religion
trouvait une âme à sauver dans un amas de pourriture qui, des cinq
sens de créature, n’avait gardé que la vue. La sœur de charité,
qui seule avait accepté la tâche de garder Valérie, se tenait à
distance. Ainsi l’Eglise catholique, ce corps divin, toujours animé
par l’inspiration du sacrifice en toute chose, assistait, sous sa
double forme d’esprit et de chair, cette infâme et infecte
moribonde en lui prodiguant sa mansuétude infinie et ses
inépuisables trésors de miséricorde.
Les domestiques, épouvantés, refusaient d’entrer
dans la chambre de monsieur ou de madame ; ils ne songeaient
qu’à eux et trouvaient leurs maîtres justement frappés.
L’infection était si grande, que, malgré les fenêtres ouvertes
et les plus puissants parfums, personne ne pouvait rester longtemps
dans la chambre de Valérie. La religion seule y veillait. Comment
une femme d’un esprit aussi supérieur que Valérie ne se
serait-elle pas demandé quel intérêt faisait rester là ces deux
représentants de l’Eglise ? Aussi la mourante avait-elle
écouté la voix du prêtre. Le repentir avait entamé cette âme
perverse en proportion des ravages que la dévorante maladie faisait
à la beauté. La délicate Valérie avait offert à la maladie
beaucoup moins de résistance que Crevel, et elle devait mourir la
première, ayant d’ailleurs été la première attaquée.
- Si je n’avais pas été malade, je serais venue
te soigner, dit enfin Lisbeth, après avoir échangé un regard avec
les yeux abattus de son amie. Voici quinze ou vingt jours que je
garde la chambre ; mais, en apprenant ta situation par le
docteur, je suis accourue.
- Pauvre Lisbeth, tu m’aimes encore, toi ! je
le vois, dit Valérie. Ecoute ! je n’ai plus qu’un jour ou
deux à penser, car je ne puis pas dire vivre. Tu le vois, je n’ai
plus de corps, je suis un tas de boue... On ne me permet pas de me
regarder dans un miroir... Je n’ai que ce que je mérite. Ah !
je voudrais, pour être reçue à merci, réparer tout le mal que
j’ai fait.
- Oh ! dit Lisbeth, si tu parles ainsi, tu es
bien morte !
- N’empêchez pas cette femme de se repentir,
laissez-la dans ses pensées chrétiennes, dit le prêtre.
- Plus rien ! se dit Lisbeth épouvantée. Je
ne reconnais ni ses yeux ni sa bouche ! Il ne reste pas un seul
trait d’elle ! Et l’esprit a déménagé! Oh ! c’est
effrayant !...
- Tu ne sais pas, reprit Valérie, ce que c’est
que la mort, ce que c’est que de penser forcément au lendemain de
son dernier jour, à ce que l’on doit trouver dans le cercueil :
des vers pour le corps, mais quoi pour l’âme ?... Ah !
Lisbeth, je sens qu’il y a une autre vie !... et je suis toute
à une terreur qui m’empêche de sentir les douleurs de ma chair
décomposée !... Moi qui disais en riant à Crevel, en me
moquant d’une sainte, que la vengeance de Dieu prenait toutes les
formes du malheur... Eh bien, j’étais prophète !... Ne joue
pas avec les choses sacrées, Lisbeth ! Si tu m’aimes,
imite-moi, repens-toi !
Extrait de La Cousine Bette (accessible depuis Wikisource)