01 mai 2010

La mort de Madame Bovary

La mort de Madame Bovary

Elle sortit. Les murs tremblaient, le plafond l'écrasait ; et elle repassa par la longue allée, en trébuchant contre les tas de feuilles mortes que le vent dispersait. Enfin elle arriva au saut-de-loup devant la grille ; elle se cassa les ongles contre la serrure, tant elle se dépêchait pour l'ouvrir. Puis, cent pas plus loin, essoufflée, près de tomber, elle s'arrêta. Et alors, se détournant, elle aperçut encore une fois l'impassible château, avec le parc, les jardins, les trois cours, et toutes les fenêtres de la façade.

Elle resta perdue de stupeur, et n'ayant plus conscience d'elle-même que par le battement de ses artères, qu'elle croyait entendre s'échapper comme une assourdissante musique qui emplissait la campagne. Le sol sous ses pieds était plus mou qu'une onde, et les sillons luiparurent d'immenses vagues brunes, qui déferlaient. Tout ce qu'il y avait dans sa tête de réminiscences, d'idées, s'échappait à la fois, d'un seul bond, comme les mille pièces d'un feud'artifice. Elle vit son père, le cabinet de Lheureux, leur chambre là bas ,un autre paysage. La folie la prenait, elle eut peur, et parvint à se ressaisir, d'une manière confuse, il est vrai; car elle ne se rappelait point la cause de son horrible état, c'est-à-dire la question d'argent. Elle ne souffrait que de son amour, et sentait son âme l'abandonner par ce souvenir, comme les blessés, en agonisant, sentent l'existence qui s'en va par leur plaie qui saigne.

La nuit tombait, des corneilles volaient.

Il lui sembla tout à coup que des globules couleur de feu éclataient dans l'air comme des balles fulminantes en s'aplatissant, et tournaient, tournaient, pour aller se fondre sur la neige, entre les branches des arbres. Au milieu de chacun d'eux, la figure de Rodolphe apparaissait. Ils se multiplièrent, et ils se rapprochaient, la pénétraient ; tout disparut. Elle reconnut les lumières des maisons, qui rayonnaient de loin dans le brouillard.

Alors sa situation, telle qu'un abîme, se représenta. Elle haletait à se rompre la poitrine. Puis, dans un transport d'héroïsme qui la rendait presque joyeuse, elle descendit la côte en courant, traversa la planche aux vaches, le sentier, l'allée, les halles, et arriva devant la boutique du pharmacien.

Il n'y avait personne. Elle allait entrer ; mais, au bruit de la sonnette, on pouvait venir ; et, se glissant par la barrière, retenant son haleine, tâtant les murs, elle s'avança jusqu'au seuil de la cuisine, où brûlait une chandelle posée sur le fourneau. Justin, en manches de chemise, emportait un plat.

- Ah ! ils dînent. Attendons.

Il revint. Elle frappa contre la vitre. Il sortit.

- La clef ! celle d'en haut, où sont les...

- Comment ?

Et il la regardait, tout étonné par la pâleur de son visage, qui tranchait en blanc sur le fond noir de la nuit. Elle lui apparut extraordinairement belle, et majestueuse comme un fantôme ; sans comprendre ce qu'elle voulait, il pressentait quelque chose de terrible.

Mais elle reprit vivement, à voix basse, d'une voix douce, dissolvante :

- Je la veux ! donne-la-moi.

Comme la cloison était mince, on entendait le cliquetis des fourchettes sur les assiettes dans la salle à manger.

Elle prétendit avoir besoin de tuer les rats qui l'empêchaient de dormir.

- Il faudrait que j'avertisse monsieur.

- Non ! reste !

Puis, d'un air indifférent :

- Eh ! ce n'est pas la peine, je lui dirai tantôt. Allons, éclaire.moi !

Elle entra dans le corridor ou s'ouvrait la porte du laboratoire. Il y avait contre la muraille une clef étiquetée capharnaüm..

- Justin ! cria l'apothicaire, qui s'impatientait.

- Montons !

Et il la suivit.

La clef tourna dans la serrure, et elle alla droit vers la troisième tablette, tant son souvenir la guidait bien, saisit le bocal bleu, en arracha le bouchon, y fourra sa main, et, la retirant pleine d'une poudre blanche, elle se mit à manger à même.

- Arrêtez ! s'écria-t-il en se jetant sur elle.

- Tais-toi ! on viendrait...

Il se désespérait, voulait appeler.

- N'en dis rien, tout retomberait sur ton maître !

Puis elle s'en retourna subitement apaisée, et presque dans la sérénité d'un devoir accompli.

 

Quand Charles, bouleversé par la nouvelle de la saisie, était rentré à la maison, Emma venait d'en sortir. Il cria, pleura, s'évanouit, mais elle ne revint pas. Où pouvait-elle être ? Il envoya Félicité chez Homais, chez M. Tuvache, chez Lheureux, au Lion d'or, partout ; et, dans les intermittences de son angoisse, il voyait sa considération anéantie, leur fortune perdue, l'avenir de Berthe brisé ! Par quelle cause ?... pas un mot ! Il attendit jusqu'à six heures du soir. Enfin, n'y pouvant plus tenir, et imaginant qu'elle était partie pour Rouen, il alla sur la grande route, fit une demi-lieue, ne rencontra personne, attendit encore et s'en revint.

Elle était rentrée.

- Qu'y avait-il ?... Pourquoi ?... Explique-moi !...

Elle s'assit à son secrétaire, et écrivit une lettre qu'elle cacheta lentement, ajoutant la date du jour et l'heure. Puis elle dit d'un ton solennel :

- Tu la lires demain ; d'ici là, je t'en prie, ne m'adresse pas une seule question !... Non, pas une !

- Mais...

- Oh! laisse-moi !

Et elle se coucha tout du long sur son lit.

Une saveur âcre qu'elle sentait dans sa bouche la réveilla. Elle entrevit Charles et referma les yeux.

Elle s'épiait curieusement, pour discerner si elle ne soufrait pas. Mais non rien encore. Elle entendait le battement de la pendule, le bruit du feu, et Charles, debout près de sa couche, qui respirait.

- Ah ! c'est bien peu de chose, la mort ! pensait-elle ; je vais m'endormir, et tout sera fini !

Elle but une gorgée d'eau et se tourna vers la muraille.

Cet affreux goût d'encre continuait.

- J'ai soif !... oh ! j'ai bien soif ! soupira-t-elle.

- Qu'as-tu donc ? dit Charles, qui lui tendit un verre.

- Ce n'est rien!... Ouvre la fenêtre..., j'étouffe !

Et elle fut prise d'une nausée si soudaine, qu'elle eut à peine le temps de saisir son mouchoir sous l'oreiller.

- Enlève-le ! dit-elle vivement ; jette-le !

Il la questionna ; elle ne répondit pas. Elle se tenait immobile, de peur que la moindre émotion ne la fit vomir. Cependant, elle sentait un froid de glace qui lui montait des pieds jusqu'au coeur.

- Ah ! voilà que ça commence ! murmura-t-elle.

- Que dis-tu ?

Elle roulait sa tête avec un geste doux pleine d'angoisse, et tout en ouvrant continuellement les mâchoires, comme si elle eût porté sur sa langue quelque chose de très lourd. A huit heures, les vomissements reparurent.

Charles observa qu'il y avait au fond de la cuvette une sorte de gravier blanc, attaché aux parois de la porcelaine.

- C'est extraordinaire ! c'est singulier ! répéta-t-il.

Mais elle dit d'une voix forte :

- Non, tu te trompes !

Alors, délicatement et presque en la caressant, il lui passa la main sur l'estomac. Elle jeta un cri aigu. Il se recula tout effrayé.

Puis elle se mit à geindre, faiblement d'abord. Un grand frisson lui secouait les épaules, et elle devenait plus pâle que le drap où s'enfonçaient ses doigts crispés. Son pouls inégal était presque insensible maintenant.

Des gouttes suintaient sur sa figure bleuâtre, qui semblait comme figée dans l'exhalaison d'une vapeur métallique. Ses dents claquaient, ses yeux agrandis regardaient vaguement autour d'elle, et à toutes les questions elle ne répondait qu'en hochant la tête; même elle sourit deux ou trois fois. Peu à peu, ses gémissements furent plus forts. Un hurlement sourd lui échappa ; elle prétendit qu'elle allait mieux et qu'elle se lèverait tout à l'heure. Mais les convulsions la saisirent ; elle s'écria :

- Ah! c'est atroce, mon Dieu !

Il se jeta à genoux contre son lit.

- Parle ! qu'as-tu mangé ? Réponds, au nom du ciel!

Et il la regardait avec des yeux d'une tendresse comme elle n'en avait jamais vu.

- Eh bien, là..., là !... dit-elle d'une voix défaillante.

Il bondit au secrétaire, brisa le cachet et lut tout haut : Qu'on n'accuse personne... Il s'arrêta, se passa la main sur les yeux, et relut encore.

- Comment!... Au secours ! à moi!

Et il ne pouvait que répéter ce mot: « Empoisonnée ! empoisonnée ! » Félicité courut chez Homais, qui l'exclama sur la place ; Mme Lefrançois l'entendit au Lion d'or; quelques-uns se levèrent pour l'apprendre à leurs voisins, et toute la nuit le village fut en éveil.

Éperdu, balbutiant, près de tomber, Charles tournait dans la chambre. Il se heurtait aux meubles, s'arrachait les cheveux, et jamais le pharmacien n'avait cru qu'il pût y avoir de si épouvantable spectacle.

Il revint chez lui pour écrire à M. Canivet et au docteur Larivière. Il perdait la tête ; il fit plus de quinze brouillons. Hippolyte partit à Neufchâtel, et Justin talonna si fort le cheval de Bovary, qu'il le laissa dans la côte du bois Guillaume, fourbu et aux trois quarts crevé.

Charles voulut feuilleter son dictionnaire de médecine ; il n'y voyait pas, les lignes dansaient.

- Du calme ! dit l'apothicaire. Il s'agit seulement d'administrer quelque puissant antidote. Quel est le poison ?

Charles montra la lettre. C'était de l'arsenic.

- Eh bien, reprit Homais, il faudrait en faire l'analyse.

Car il savait qu'il faut, dans tous les empoisonnements, faire une analyse ; et l'autre, qui ne comprenait pas, répondit :

- Ah! faites ! faites ! sauvez-la...

Puis, revenu près d'elle, il s'affaissa par terre sur le tapis, et il restait la tête appuyée contre le bord de sa couche, à sangloter.

- Ne pleure pas ! lui dit-elle. Bientôt je ne te tourmenterai plus !

- Pourquoi ? Qui t'a forcée?

Elle répliqua :

- Il le fallait, mon ami.

- N'étais-tu pas heureuse ? Est-ce ma faute ? J'ai fait tout ce que j'ai pu pourtant !

- Oui..., c'est ainsi..., tu es bon, toi !

Et elle lui passait la main dans les cheveux, lentement. La douceur de cette sensation surchargeait sa tristesse ; il sentait tout son être s'écrouler de désespoir à l'idée qu'il fallait la perdre, quand, au contraire, elle avouait pour lui plus d'amour que jamais ; et il ne trouvait rien ; il ne savait pas, il n'osait, l'urgence d'une résolution immédiate achevant de le bouleverser.

Elle en avait fini, songeait-elle, avec toutes les trahisons, les bassesses et les innombrables convoitises qui la torturaient. Elle ne haïssait personne, maintenant ; une confusion de crépuscule s'abattait en sa pensée, et de tous les bruits de la terre Emma n'entendait plus que l'intermittente lamentation de ce pauvre coeur, douce et indistincte, comme le dernier écho d'une symphonie qui s'éloigne.

- Amenez-moi la petite, dit-elle en se soulevant du coude.

- Tu n'es pas plus mal, n'est-ce pas ? demanda Charles.

- Non ! non !

L'enfant arriva sur le bras de sa bonne, dans sa longue chemise de nuit, d'où sortirent ses pieds nus, sérieuse et presque rêvant encore. Elle considérait avec étonnement la chambre tout en désordre, et clignait des yeux, éblouie par les flambeaux qui brûlaient sur les meubles. Ils lui rappelaient sans doute les matins du jour de l'an ou de la mi-carême, quand, ainsi réveillée de bonne heure à la clarté des bougies, elle venait dans le lit de sa mère pour y recevoir ses étrennes, car elle se mit à dire :

- Où est-ce donc, maman ?

Et comme tout le monde se taisait :

- Mais je ne vois pas mon petit soulier !

Félicité la penchait vers le lit, tandis qu'elle regardait toujours du côté de la cheminée.

- Est-ce nourrice qui l'aurait pris ? demanda-t-elle.

Et, à ce nom, qui la reportait dans le souvenir de ses adultères et de ses calamités, Mme Bovary détourna sa tête, comme au dégoût d'un autre poison plus fort qui lui remontait à la bouche. Berthe, cependant, restait posée sur le lit.

- Oh ! comme tu as de grands yeux, maman ! comme tu es pâle, comme tu sues !...

Sa mère la regardait.

- J'ai peur ! dit la petite en se reculant.

Emma prit sa main pour la baiser; elle se débattait.

- Assez ! qu'on l'emmène, s'écria Charles, qui sanglotait dans l'alcôve.

Puis les symptômes s'arrêtèrent un moment ; elle paraissait moins agitée ; et, à chaque parole insignifiante, à chaque souffle de sa poitrine un peu plus calme, il reprenait espoir. Enfin, lorsque Canivet entra, il se jeta dans ses bras en pleurant.

- Ah ! c'est vous ! merci ! vous êtes béni mais tout va mieux. Tenez, regardez-la...

Le confrère ne fut nullement de cette opinion, et, n'y allant pas, comme il le disait lui-même, par quatre chemins, il prescrivit de l'émétique, afin de dégager complètement l'estomac.

Elle ne tarda pas à vomir du sang. Ses lèvres se serrèrent davantage. Elle avait les membres crispés, le corps couvert de taches brunes, et son pouls glissait sous les doigts comme un fil tendu, comme une corde de harpe près de se rompre.

Puis elle se mettait à crier, horriblement. Elle maudissait le poison, l'invectivait, le suppliait de se hâter, et repoussait de ses bras roidis tout ce que Charles, plus agonisant qu'elle, s'efforçait de lui faire boire. Il était debout, son mouchoir sur les lèvres, râlant, pleurant, et suffoqué par des sanglots qui le secouaient jusqu'aux talons ; Félicité courait ça et là dans la chambre ; Homais, immobile, poussait de gros soupirs, et M. Canivet, gardant toujours son aplomb, commençait néanmoins à se sentir troublé.

- Diable !... cependant... elle est purgée, et, du moment que la cause cesse...

- L'effet doit cesser, dit Homais ; c'est évident.

- Mais sauvez-la ! exclamait Bovary.

Aussi, sans écouter le pharmacien, qui hasardait encore cette hypothèse : « C'est peut-être un paroxysme salutaire », Canivet allait administrer de la thériaque, lorsqu'on entendit le claquement d'un fouet ; toutes les vitres frémirent, et une berline de poste qu'enlevaient à plein poitrail trois chevaux crottés jusqu'aux oreilles, débusqua d'un bond au coin des halles. C'était le docteur Larivière.

L'apparition d'un dieu n'eût pas causé plus d'émoi. Bovary leva les mains, Canivet s'arrêta court et Homais retira son bonnet grec bien avant que le docteur fût entré.

Il appartenait à la grande école chirurgicale sortie du tablier de Bichat, à cette génération, maintenant disparue, de praticiens philosophes qui, chérissant leur art d'un amour fanatique, l'exerçaient avec exaltation et sagacité ! Tout tremblait dans son hôpital quand il se mettait en colère, et ses élèves le vénéraient si bien, qu'ils s'efforçaient, à peine établis, de l'imiter le plus possible ; de sorte que l'on retrouvait sur eux, par les villes d'alentour, sa longue douillette de mérinos et son large habit noir, dont les parements déboutonnés couvraient un peu ses mains charnues, de fort belles mains, et qui n'avaient jamais de gants, comme pour être plus promptes à plonger dans les misères. Dédaigneux des croix, des titres et des académies, hospitalier, libéral, paternel avec les pauvres et pratiquant la vertu sans y croire, il eût presque passé pour un saint si la finesse de son esprit ne l'eût fait craindre comme un démon. Son regard, plus tranchant que ses bistouris, vous descendait droit dans l'âme et désarticulait tout mensonge à travers les allégations et les pudeurs. Et il allait ainsi, plein de cette majesté débonnaire que donnent la conscience d'un grand talent, de la fortune, et quarante ans d'une existence laborieuse et irréprochable.

Il fronça les sourcils dès la porte, en apercevant la face cadavéreuse d'Emma, étendue sur le dos, la bouche ouverte. Puis, tout en ayant l'air d'écouter Canivet, il se passait l'index sous les narines et répétait:

- C'est bien, c'est bien.

Mais il fit un geste lent des épaules. Bovary l'observa : ils se regardèrent ; et cet homme, si habitué pourtant à l'aspect des douleurs, ne put retenir une larme qui tomba sur son jabot.

Il voulut emmener Canivet dans la pièce voisine. Charles le suivit.

- Elle est bien mal, n'est-ce pas ? Si l'on posait des sinapismes ? je ne sais quoi ! Trouvez donc quelque chose, vous qui en avez tant sauvé !

Charles lui entourait le corps de ses deux bras, et il le contemplait d'une manière effarée, suppliante, à demi pâmé contre sa poitrine.

- Allons, mon pauvre garçon, du courage ! Il n'y a plus rien à faire.

Et le docteur Larivière se détourna.

- Vous partez ?

- Je vais revenir.

Il sortit comme pour donner un ordre au postillon, avec le sieur Canivet, qui ne se souciait pas non plus de voir Emma mourir entre ses mains.

Le pharmacien les rejoignit sur la place. Il ne pouvait, par tempérament, se séparer des gens célèbres. Aussi conjura-t-il M. Larivière de lui faire cet insigne honneur d'accepter à déjeuner.

On envoya bien vite prendre des pigeons au Lion d'or, tout ce qu'il y avait de côtelettes à la boucherie, de la crème chez Tuvache, des oeufs chez Lestiboudois, et l'apothicaire aidait lui-même aux préparatifs, tandis que Mme Homais disait, en tirant les cordons de sa camisole :

- Vous ferez excuse, monsieur ; car dans notre malheureux pays, du moment qu'on n'est pas prévenu la veille...

- Les verres à patte ! ! ! souffla Homais.

- Au moins, si nous étions à la ville, nous aurions la ressource des pieds farcis.

- Tais-toi !... A table, docteur ! Il jugea bon, après les premiers morceaux, de fournir quelques détails sur la catastrophe :

- Nous ayons eu d'abord un sentiment de siccité au pharynx, puis des douleurs intolérables à l'épigastre, superpurgation, coma.

- Comment s'est-elle donc empoisonnée ?

- Je l'ignore, docteur, et même je ne sais pas trop où elle a pu se procurer cet acide arsénieux.

Justin, qui apportait alors une pile d'assiettes, fut saisi d'un tremblement.

- Qu'as-tu ? dit le pharmacien.

Le jeune homme, à cette question, laissa tout tomber par terre, avec un grand fracas.

- Imbécile ! s'écria Homais, maladroit ! lourdaud ! fichu âne !

Mais, soudain, se maîtrisant:

- J'ai voulu, docteur, tenter une analyse, et primo, j'ai délicatement introduit dans un tube...

- Il aurait mieux valu, dit le chirurgien, lui introduire vos doigts dans la gorge.

Son confrère se taisait, ayant tout à l'heure reçu confidentiellement une forte semonce à propos de son émétique, de sorte que ce bon Canivet, si arrogant et verbeux lors du pied-bot, était très modeste aujourd'hui; il souriait sans discontinuer, d'une manière approbative.

Homais s'épanouissait dans son orgueil d'amphitryon, et l'affligeante idée de Bovary contribuait vaguement à son plaisir, par un retour égoïste qu'il faisait sur lui-même. Puis la présence du Docteur le transportait. Il étalait son érudition, il citait pèle-mêle les cantharides, l'upas, le mancenillier, la vipère.

- Et même j'ai lu que différentes personnes s'étaient trouvées intoxiquées, docteur, et comme foudroyées par des boudins qui avaient subi une trop véhémente fumigation ! Du moins, c'était dans un fort beau rapport, composé par une de nos sommités pharmaceutiques, un de nos maîtres, l'illustre Cadet de Gassicourt !

Mme Homais réapparut, portant une de ces vacillantes machines que l'on chauffe avec de l'esprit-de-vin ; car Homais tenait à faire son café sur la table, l'ayant d'ailleurs torréfié lui-même, porphyrisé lui-même, mixtionné lui-même.

- Saccharum, docteur, dit-il en offrant du sucre.

Puis il fit descendre tous ses enfants, curieux d'avoir l'avis du chirurgien sur leur constitution.

Enfin, M. Larivière allait partir, quand Mme Homais lui demanda une consultation pour son mari. Il s'épaississait le sang à s'endormir chaque soir après le dîner.

- Oh! ce n'est pas le sens qui le gêne.

Et, souriant un peu de ce calembour inaperçu, le docteur ouvrit la porte. Mais la pharmacie regorgeait de monde ; et il eut grand peine à pouvoir se débarrasser du sieur Tuvache, qui redoutait pour son épouse une fluxion de poitrine, parce qu'elle avait coutume de cracher dans les cendres ; puis de M. Binet, qui éprouvait parfois des fringales, et de Mme Caron, qui avait des picotements ; de Lheureux, qui avait des vertiges ; de Lestiboudois, qui avait un rhumatisme ; de Mme Lefrançois, qui avait des aigreurs. Enfin les trois chevaux détalèrent, et l'on trouva généralement qu'il n'avait point montré de complaisance.

L'attention publique fut distraite par l'approbation de M. Bournisien, qui passait sous les halles avec les saintes huiles.

Homais, comme il le devait à ses principes, compara les prêtres à des corbeaux qu'attire l'odeur des morts ; la vue d'un ecclésiastique lui était personnellement désagréable, car la soutane le faisait rêver au linceul, et il exécrait l'une un peu par épouvante de l'autre.

Néanmoins, ne reculant pas devant ce qu'il appelait sa mission, il retourna chez Bovary en compagnie de Canivet, que M. Larivière, avant de partir, avait engagé fortement à cette démarche ; et même, sans les représentations de sa femme, il eût emmené avec lui ses deux fils, afin de les accoutumer aux fortes circonstances, pour que ce fût une leçon, un exemple, un tableau solennel qui leur restât plus tard dans la tête.

La chambre, quand ils entrèrent, était toute pleine d'une solennité lugubre. Il y avait sur la table à ouvrage, recouverte d'une serviette blanche, cinq ou six petites boules de coton dans un plat d'argent, près d'un gros crucifix, entre deux chandeliers qui brûlaient. Emma, le menton contre sa poitrine, ouvrit démesurément les paupières ; et ses pauvres mains se traînaient sur les draps, avec ce geste hideux et doux des agonisants qui semblent vouloir déjà se recouvrir du suaire. Pâle comme une statue, et les yeux rouges comme des charbons, Charles, sans pleurer, se tenait en face d'elle, au pied du lit, tandis que le prêtre, appuyé sur un genou, marmottait des paroles basses.

Elle tourna sa figure lentement, et parut saisie de joie à voir tout à coup l'étole violette, sans doute retrouvant au milieu d'un apaisement extraordinaire la volupté perdue de ses premiers élancements mystiques, avec des visions de béatitude éternelle qui commençaient.

Le prêtre se releva pour prendre le crucifix ; alors elle allongea le cou comme quelqu'un qui a soif, et, collant ses lèvres sur le corps de l'Homme-Dieu, elle y déposa de toute sa force

expirante le plus grand baiser d'amour qu'elle eût jamais donné. Ensuite, il récita le Misereatur et l'Indulgentiam, trempa son pouce droit dans l'huile et commença les onctions : d'abord sur les yeux, qui avaient tant convoité toutes les somptuosités terrestres; puis sur les narines, friandes de brises tièdes et de senteurs amoureuses ; puis sur la bouche, qui s'était ouverte pour le mensonge, qui avait gémi d'orgueil et crié dans la luxure ; puis sur les mains, qui se délectaient aux contacts suaves, et enfin sur la plante des pieds, si rapides autrefois quand elle courait à l'assouvissance de ses désirs, et qui maintenant ne marcheraient plus.

Le curé s'essuya les doigts, jeta dans le feu les brins de coton trempés d'huile, et revint s'asseoir près de la moribonde pour lui dire qu'elle devait à présent joindre ses souffrances à celles de Jésus-Christ et s'abandonner à la miséricorde divine.

En finissant ses exhortations, il essaya de lui mettre dans la main un cierge bénit, symbole des gloires célestes dont elle allait tout à l'heure être environnée. Emma, trop faible, ne put fermer les doigts, et le cierge, sans M. Bournisien, serait tombé à terre.

Cependant elle n'était plus aussi pâle, et son visage avait une expression de sérénité, comme si le sacrement l'eut guérie.

Le prêtre ne manqua point d'en faire l'observation ; il expliqua même à Bovary que le Seigneur, quelquefois, prolongeait l'existence des personnes lorsqu'il le jugeait convenable pour leur salut ; et Charles se rappela un jour où, ainsi près de mourir, elle avait reçu la communion.

- Il ne fallait peut-être pas se désespérer, pensa-t-il.

En effet, elle regarda tout autour d'elle, lentement, comme quelqu'un qui se réveille d'un songe ; puis, d'une voix distincte, elle demanda son miroir, et elle resta penchée dessus quelque temps, jusqu'au moment où de grosses larmes lui découlèrent des yeux. Alors elle se renversa la tête en poussant un soupir et retomba sur l'oreiller.

Sa poitrine aussitôt se mit à haleter rapidement. La langue tout entière lui sortit hors de la bouche ; ses yeux, en roulant, pâlissaient comme deux globes de lampe qui s'éteignent, à la croire déjà morte, sans l'effrayante accélération de ses côtes, secouées par un souffle furieux comme si l'âme eût fait des bonds pour se détacher. Félicité s'agenouilla devant le crucifix, et le pharmacien lui-même fléchit un peu les jarrets, tandis que M. Canivet regardait vaguement sur la place. Bournisien s'était remis en prière, la figure inclinée contre le bord de la couche, avec sa longue soutane noire qui traînait derrière lui dans l'appartement. Charles était de l'autre côté, à genoux, les bras étendus vers Emma. Il avait pris ses mains et il les serrait, tressaillant à chaque battement de son coeur, comme au contrecoup d'une ruine qui tombe. A mesure que le râle devenait plus fort, l'ecclésiastique précipitait ses oraisons ; elles se mêlaient aux sanglots étouffés de Bovary, et quelquefois tout semblait disparaître dans le sourd murmure des syllabes latines, qui tintaient comme un glas de cloche.

Tout à coup, on entendit sur le trottoir un bruit de gros sabots, avec le frôlement d'un bâton ; et une voix s'éleva, une voix rauque, qui chantait :

Souvent la chaleur d'un beau jour
fait rêver fillette à l'amour.

Emma se releva comme un cadavre que l'on galvanise, les cheveux dénoués, la prunelle fixe, béante.

Pour amasser diligemment
Les épis que la faux moissonne
Ma Nanette va s'inclinant
Vers le sillon qui nous les donne.

- L'Aveugle ! s'écria-t-elle.

Et Emma se mit à rire, d'un rire atroce, frénétique, désespéré, croyant voir la face hideuse du misérable, qui se dressait dans les ténèbres éternelles comme un épouvantement.

Il souffla bien fort ce jour-là
Et le jupon court s'envola

Une convulsion la rabattit sur le matelas. Tous s'approchèrent. Elle n'existait plus.



Effet du poison sur Madame Bovary : texte en violet


30 avril 2010

La représentation de la mort de Madame Bovary au cinéma: Chabrol vs Minnelli

Madame Bovary est un roman de Gustave Flaubert paru en 1857. Celui-ci commence le roman en 1851 et y travaille pendant cinq ans, jusqu’en 1856. À partir d’octobre, le texte est publié dans la Revue de Paris sous la forme de feuilleton jusqu’au 15 décembre suivant. En février 1857, le gérant de la revue, l’imprimeur et Gustave Flaubert sont jugés pour « outrage à la morale publique et religieuse et aux bonnes mœurs ». Gustave Flaubert sera finalement acquitté. Le roman connaîtra un important succès en librairie.

En 1991, Claude Chabrol s’inspire du roman et réalise un film. Cette version est absolument fidèle à l’œuvre de Flaubert, le rôle d’Emma Bovary est attribué à Isabelle Huppert, Charles Bovary à Jean-François Balmer et Homais, le pharmacien est joué par Jean Yanne.

 L’extrait de texte étudié est la mort d’Emma Bovary : «  Elle était rentrée […] – Mais sauvez-la ! exclamait Bovary. »

Constituant une version fidèle de l’œuvre de Claude Chabrol, on peut identifier des passages du texte à des passages du film. Les dialogues sont exactement les mêmes, les passages de description sont traduits par les mouvements des personnages dans le film. De plus, il y a un narrateur faisant partie de la distribution du film, François Périer qui cite des extraits de texte. En voici un exemple : 6min27 de la quatorzième partie.


Mais on peut aussi observer que certains passages, présents dans le roman, sont supprimés dans le film, voici un exemple : 16 sec. de la quinzième partie. Dans le texte : « elle avait les membres crispés, […] Mais sauvez-la ! exclamait Bovary. » est remplacé par une phrase dite par Charles Bovary : « c’est la faute de la fatalité » .

Lien vers la quinzième partie : http://www.youtube.com/watch?v=zWWjh9eZwaI&feature=related

 

D'autres films ont été inspirés par le roman, il y a une version de Jean Renoir en 1933, et une autre notamment de Vincente Minnelli en 1949.

 

La version de Minnelli est différente car elle n'est pas fidèle, contrairement à celle de Claude Chabrol. Vincente Minnelli embellit la mort d'Emma,incarnée par Jennifer Jones. elle ne représente en rien le corps grotesque. La musique, l'éclairage, la dimension religieuse, les dialogues moralisants rendent le personnage sublime dans la mort. On est davantage ici dans l'esthétisme et le mélodrame hollywoodien que la réalité brutale d'un empoisonnement par l'arsenic décrite par Flaubert.

 

"Pour moi, Emma  est un personnage extrêmement complexe : elle vivait constamment dans un monde imaginaire, elle voulait que tout soit beau, et cependant autour d'elle, c'était le bourbier. Elle refusait cette situation et vivait au-delà d'elle-même, au-delà de ses moyens, Jennifer jones voyait le personnage comme moi et fut excellente, parce qu'elle est elle-même une Emma Bovary, pleine de contradictions, très romantiques."

 Citation extraite de Vincente Minnelli, de Marion Vidal, Seghers, 1973.

 

D'après sa citation, Vincente Minnelli dit explicitement que

 


 

D'autres films ont été inspirés par le roman notamment une version de Jean Renoir en 1933, et une autre de Vincente Minnelli en 1949.

 

La version de Minnelli est différente car elle n'est pas fidèle, contrairement à celle de Claude Chabrol. Vincente Minnelli embellit la mort d'Emma. L'actrice qui l'incarne n'est, pendant le moment de sa mort, représentée en rien comme le corps grotesque généralement présent lors d'un texte réaliste. La musique, l'éclairage, la dimension religieuse, les dialogues moralisants rendent le personnage sublime dans la mort. On est davantage ici dans l'esthétisme et le mélodrame hollywoodien que la réalité brutale d'un empoisonnement par l'arsenic décrite par Flaubert.

Les funérailles d'Atala par le peintre Girodet

Dans le tableau :

Girodet met en scène dans son tableau, la scène des funérailles d’Atala où Chactas et le père Aubry se lamentent sur son corps. Inspiré du roman « Atala » de Chateaubriand, il a utilisé des éléments du texte pour composer sa peinture.

L"ambiance" est contrastée : les deux premiers personnages paraissent plongés dans l'ombre, alors qu’Atala, placée au centre, baigne dans une lumière intense et blanche.

Atala est enveloppée d'un linceul blanc, un symbole de pureté et de virginité. Cette lumière émise par Atala éclaire les corps de Chactas et du Père Aubry.

Ainsi que la lumière de la lune symbolisant aussi la pureté est uniquement dirigée sur Atala.

Pour représenter une sainte, Girodet a peint une femme de type européen alors que celle-ci est  indienne dans le texte. Pour Girodet la sainte et l’esprit pur doivent être représentés par des personnes de type européen.

Puis la notion du céleste, de Dieu, est présente : elle tient un crucifix fermement dans ses mains et on peut également apercevoir une croix  dans la forêt éclairée par une lumière -celle de la lune-. 

 

Dans le texte :

La présence dans le texte du champ lexical du sommeil permet aussi d’embellir l’idée de la mort :

« J'étais assis en silence au chevet du lit funèbre de mon Atala. Que de fois, durant son sommeil, j'avais supporté sur mes genoux cette tête charmante ! Que de fois je m'étais penché sur elle pour entendre et pour respirer son souffle ! Mais à présent aucun bruit ne sortait de ce sein immobile, et c'était en vain que j'attendais le réveil de la beauté ! »

On constate que dans le tableau elle semble endormie.

Chateaubriand utilise aussi d’autres procédés pour embellir l’idée de mort :

La personnification : « La lune prêta son pâle flambeau à cette veillée funèbre », « Les éperviers criaient sur les rochers et les martres rentraient dans le creux des ormes », « la vieillesse et la mort ralentissaient également nos pas ».

 

La vie apparaît dans le texte et dans la peinture bien que les deux artistes décrivent tous les deux les funérailles d’Atala.

Cependant le thème de la mort, dans une ambiance religieuse est toujours présent : dans le tableau, on aperçoit dans l'ombre un objet fatal, la pelle, de même que la tombe est creusée. Ainsi dans le texte, le lexique religieux est employé : « Le religieux ne cessa de prier toute la nuit », « cette veillée funèbre », « un air antique . . .  poète nommé Job », « Le nom de Dieu ».

 

 

16 avril 2010

Le Laid et le Beau (référence au Parfum de Suskind)

Le Laid et le Beau

Le Laid

Tout d'abord, il faudrait bien comprendre cette notion du laid, ce terme peut-être physique (la morphologie d'une personne), ou moral (les faits et gestes, la façon de penser et d'agir d'un individu).
Dans le Parfum, le laid et fort présent:
  • Jean-Baptiste Grenouille, personnage aux traits su visage marqués par des cicatrices, au physique très vulgaire par sa laideur, sa saleté; Cet homme donne une première impression de peur et d'envie de fuite ...
  • Mais, il y a aussi la laideur dans les rues de Paris, la naissance fracassante de Jean-Baptiste Grenouille, la cruauté des mères qui bondonnent leurs nourrissons ou encore l'euphorie malsaine à la fin du roman. 

Le Beau

La notion du beau, est le contraste du charme et de la sensualité d'un corps ou la bonté, l'intelligence et l'ouverture d'esprit d'un individu.
Dans le Parfun, le beau est peu présent mais de valeur:
  • Tout d'abord, par l'incroyable sens de l'odorat du jeune homme, qui nous fait voyager dans son univers (merveilleux) à travers le monde.
  • Il y a aussi les grands parfumeurs dans la plus grande ville française (Paris) de l'époque, qui sont en "guerre" pour être le plus grand dans ce marcher.
  • Et enfin, on retrouve d'un des éléments majeur du roman: les FEMMES, avec toute leur sensualité corporelle, les traits fins et attirants de leur physique, et leur façon de se comporter dans la société (elles vraiment représenter comme des perles rares).
Le plus important à retenir, est que le beau est peu présent dans ce roman contrairement au laid mais il est très précieux.


Le beau et le laid avec Louis XIV

Louis XIV

Au fil du temps , son image se métamorphose

Tableaux travaillés :

        • Le Roi guerrier de Claude Lefèvre en 1669

        • Louis XIV en Majesté de Hyacinthe Rigaud en 1701

        • Louis sans fond de Antoine Benoist en 1706

Sur « Le Roi Guerrier » , on peut voir que Louis XIV est en tenue de guerre mais malgré cela il garde toute son élégance. Il est encore jeune et dynamique. C'est l'un des rares tableau où il est peint avec son armure.

Sur « Louis XIV en Majesté » on peut voir que Hyacinthe Rigaud a voulu mettre en valeur le Roi car il a parfaitement bien réalisé son tableau et il a représenté tout les objets importants du Roi , sa couronne et son sceptre qui représente son pouvoir , le Roi est certes bienveillant mais son épée rappelle qu'elle ne tient qu'a un fil et son manteau de fleur de lys nous montre qu'il est le Roi de France.

Pour nous ce tableau est particulièrement beau car le peintre a ait un travail magnifique sur ce tableau car en plus il a fait exprès de mettre plus de lumière sur le Roi car il était le Roi Soleil .

Sur « Louis sans fond » on peut voir un Louis sans maquillage ni toute autre chose , il est vieux , laid et proche de la mort mais il tient tout de même à se faire peindre et l'auteur veut nous montrer que Louis XIV est comme tout autre être humain , un homme qui vieillit et meurt .

Le laid et le beau dans le parfum de Süskind

Analyse : Le laid et le beau

Le tableau de Watteau « Nymphe et satyre » semble représenter le bien et le mal, le beau et le laid. C’est une sorte de contraste entre le beau et le laid. D’un coté la nymphe qui représente la beauté, la grâce, la lumière  tout simplement la vie et la joie de vivre. La nymphe est souvent représentée par une jeune femme qui exprime la bienfaisance. Et de l’autre coté le satyre qui représente la laideur, la mort, l’obscurité, la tristesse. Le satyre est représenté par un homme sombre avec des cornes.

Sur le tableau de Watteau, même le paysage semble être touché par la beauté et la laideur. Du côté gauche, côté de la nymphe, un paisible village avec un ciel bleu est peins alors que du côté droit, le côté du satyre, une forêt sombre et plutôt inquiétante est représenté. Dans cette scène, le satyre semble vouloir ôter la vie, en vouloir à la nymphe. Cette scène représente le « laid » voulant se venger du « beau ».

Le héros du roman Le Parfum de Süskind, Jean-Baptiste Grenouille est bien représenté par ce tableau. C’est en quelques sortes le représentant de la laideur qui veut prendre une revanche sur la beauté grâce au parfum, a son odorat extraordinaire.

Œuvres que j’apprécie

Jupiter et Antiope Carle Vanloo, 1753          Nymphe et Satyre Boucher, 1733

Ces deux œuvres représentent bien le fait que le satyre en veut à la nymphe.Donc le mal en veut au bien, une sorte de revanche, comme Jean-Baptiste Grenouille avec la vie.

Le beau et le laid dans le Parfum de Süskind

Le Beau et le Laid dans le Parfum

Chereau Anthony

La Couverture

Je pense que Süskind a choisi cette œuvre car je trouve pour ma part qu'elle représente bien le laid et le beau, l'opposition entre les deux. La nymphe et le satyre de Watteau nous montre le beau par cette jeune fille mise en valeur par le drap blanc et son éclairage plus important, elle ressort par rapport au cadre, c'est la première chose que l'on voit. À Jupiter et Antiope on peut comparer Jean Baptiste Grenouille et Laure Richis. Il nous inspire le laid tout au long du roman, le mépris et les filles qu'il convoite sont toute décrites de manière magnifique. Dans le décor, en arrière plan on peut voir le petit village avec le ciel bleu en opposition avec le ciel plus sombre présent au dessus du satyre, la terre en dessous accentue vraiment la beauté de cette jeune fille, innocente insouciante, on voit qu'elle dort paisiblement, elle ne se doute pas de ce qui se passe. Le satyre représente le vice, la sournoiserie la mesquinerie. Il essaye de découvrir le visage de cette femme que le peintre nous donne à voir, il l'attire vers elle tout comme Jean Baptiste veut attirer ces femmes et veut amener vers lui les jeunes filles innocentes et pures. On peut aussi imaginer le parfum de cette jeune fille entouré du parfum que l'on imagine nauséabond du mélange du satyre avec la terre, la foret. On voit qu'il désire quelque chose d'elle, ayant lu le livre on imagine qu'il convoite son parfum et que le village dans le fond pourrait être Grasse et la nymphe Laure Richis, c'est pourquoi cette œuvre représente bien le livre de Patrick Süskind.

Le Laid


Par définition le laid est ce qui, par sa forme, sa couleur, son aspect, son manque d'harmonie, est désagréable à voir et heurte l'idée que l'on se fait du beau. Ceci est pourtant très conforme à l'image que j'ai de Jean Baptiste Grenouille. Je l'imagine ainsi de par les descriptions faites; son manque d'harmonie est décrit tout au long du roman, dès sa naissance il provoque le rejet et est défini comme tout le contraire de beau. Cette définition n'est pas tout à fait celle que je pensais, je l'imaginais moins excessive, mois forte et profonde.

Le Beau

Par définition le beau est ce qui cause une vive impression capable de susciter l'admiration en raison de ses qualités supérieures dépassant la norme ou la moyenne, on le rencontre souvent dans le roman contrastant avec les fortes impressions de laid. Il est représenté dans le roman par toute les filles et les bonnes odeurs décrites et cette définition correspond exactement à ce que ma fait ressentir l'expression des odeurs des jeunes filles ou du parfum «  parfait » de Jean Baptiste à la fin, il «  suscite l'admiration » de toute la foule. Cette définition, je l'imaginais également moins excessive, le beau est ici quelque chose de très parfait, très idéaliste. Je pensais ceci plus commun.

Mon Œuvre choisie

J'ai été marqué par une œuvre en particulier, Jupiter et Antiope de Carle Vanloo; elle date d'environ 1753. Elle représente bien le satyre et la nymphe, le beau et le laid. On voit bien le coté mesquin, pervers de l'homme, c'est cette femme qu'il veut et non autre chose, sa barbe lui donne un coté vieilli, son nez crochu un air mauvais et son sourire une image sournoise. Il est assez apeurant et contraste profondément avec la nymphe. Elle paraît paisiblement endormie et par sa peau lisse on imagine son jeune age, elle paraît complètement pure et saine en opposition avec le coté méchant et mauvais du satyre. Elle est moins mise en valeur que dans le tableau de Watt eau qui, lui, la présente comme une sorte d'apparition dans son drap blanc. Ici, le drap blanc est froissé et presque à ses pieds, mais on vois bien sa pureté.
J'ai trouvé ce tableau à l'adresse suivante :
http://galatea.univ-tlse2.fr/pictura/UtpicturaServeur/GenerateurNotice.php?numnotice=A0933

Le beau & le laid dans le parfum de Süskind

Le Beau et le Laid : Le Parfum de P.Suskïnd.

  1. Définitions 

Le Beau c’est ce qui suscite l’attention de quelqu’un ou son admiration, ce qui plaît a l’œil ou qui impressionne en raison de qualités supérieures à la moyenne.

Au contraire le laid, c’est ce qui est inesthétique et provoque le dégoût ou le rejet. C’est désagréable et disgracieux.

  1. Le Beau et le Laid dans le roman

Ces deux thèmes sont omniprésents dans le roman.

Tout est tourné autour du BEAU et du LAID. Cela forme un contraste, une opposition, dans le récit.

Au début de l’histoire, le narrateur nous décrit la ville de Paris, ses paysages et ses odeurs. Tout cela se rapporte au champ lexical de la laideur.

Ce qui est aussi représentatif du «  Laid » c’est la naissance de Grenouille : « Cette chaire sanguinolente ne se distinguait guère des déchets de poissons qui gisaient au sol » (p-7).

Plus loin dans l’histoire, c’est une description de Grasse puis des jeunes filles que Grenouille tue. Les descriptions sont belles. Le narrateur nous raconte la beauté du paysage et de ses victimes. S’il les choisit c’est pour leur odeur tout d’abord. Mais on remarque aussi, qu’elles sont toutes jolies. Mais la seule, possédant la vrai beauté est la dernière des victimes de Jean Baptiste : Laure Richis, qui d’après le narrateur est la plus magnifique des jeunes filles de Grasse.  « Elle était encore là cette plante à l'incomparable beauté… ».

Dans le roman, on découvre parfois quelques odeurs qui semblent exquises au lecteur, on aimerait parfois les sentir mais faute de pouvoir surgir dans le roman, on les imagine grâce aux longues descriptions tout au long de l’histoire.

En opposition, les circonstances de sa Libération et de sa mort sont assez terribles. Mais on peut dire que c’est à ce moment que ces deux thèmes (le Beau et le Laid) se rapprochent. Car si Jean-Baptiste Grenouille est tué, c’est à cause de la « Beauté » de son odeur : « Il s'était aspergé des pieds à la tête avec le contenu de cette petite bouteille et était apparu tout d'un coup inondé de beauté comme d'un feu radieux » (p-278).

  1. Le Beau et le laid dans le tableau de Watteau

Le tableau choisit pour réaliser la couverture du Parfum est : « Nymphe et satyre » appelé aussi « Jupiter et Antiope » d’Antoine Watteau.

Il n’est pas représenté entièrement sur le livre, on voit seulement le Bras de l’homme (Jupiter), le fait de ne pas le voir en entier est sûrement encore plus saisissant. C’est à nous de l’interpréter et pour chaque personne, l’interprétation et différente.

Ce tableau représente, à mon avis, très bien le roman, car il symbolise le beau et le laid, les deux thèmes principaux du livre.

  • Le beau est évoqué par la jeune femme, elle nous fait penser à toutes les victimes de Grenouille, mais en particulier à la dernière : Laure Richis.

«  Elle avait une peau d’une blancheur éclatante » (p-189).

« Chevelure rousse » (p-232)

« Elle avait des tâches de rousseur sur le visage, dans le coup, et sur les seins » (p-189).

Toutes ces caractéristiques évoquent la jeune femme du tableau.

  • Le laid estdésigné par l’homme. Il parait plus âgé que la femme.

Il peut faire penser à Grenouille physiquement. Mais c’est surtout les mouvements qu’il fait qui les rapprochent. Il enlève le drap de la femme endormie comme Jean-Baptiste le faisait sur ses victimes : «  Il déploya le linge d’enfleurage » (p-189)

Le tableau représente normalement Jupiter métamorphosé en satyre qui découvre la nudité de la nymphe (Antiope). Beaucoup d’autres tableaux ont été peints sur le même thème, comme par exemple : Jupiter et Antiope de Berthélémy.

14 avril 2010

La Cousine Bette, un texte réaliste à la dimension hyperbolique

La Cousine Bette, Honoré de Balzac, 1842 

- Monsieur, dit Victorin à Bianchon, espérez-vous sauver M. et Mme Crevel ?

- Je l’espère sans le croire, répondit Bianchon. Le fait est inexplicable pour moi... Cette maladie est une maladie propre aux nègres et aux peuplades américaines, dont le système cutané diffère de celui des races blanches. Or, je ne peux établir aucune communication entre les noirs, les cuivrés, les métis et M. ou Mme Crevel. Si c’est d’ailleurs une maladie fort belle pour nous, elle est affreuse pour tout le monde. La pauvre créature, qui, dit-on, était jolie, est bien punie par où elle a péché, car elle est aujourd’hui d’une ignoble laideur, si toutefois elle est quelque chose !... Ses dents et ses cheveux tombent, elle a l’aspect des lépreux, elle se fait horreur à elle-même ; ses mains, épouvantables à voir, sont enflées et couvertes de pustules verdâtres ; les ongles déchaussés restent dans les plaies qu’elle gratte ; enfin, toutes les extrémités se détruisent dans la sanie qui les ronge.

- Mais la cause de ces désordres ? demanda l’avocat.

- Oh ! dit Bianchon, la cause est dans une altération rapide du sang, il se décompose avec une effrayante rapidité. J’espère attaquer le sang, je l’ai fait analyser : je rentre prendre chez moi le résultat du travail de mon ami le professeur Duval, le fameux chimiste, pour entreprendre un de ces coups désespérés que nous jouons quelquefois contre la mort.

- Le doigt de Dieu est là! dit la baronne d’une voix profondément émue. Quoique cette femme m’ait causé des maux qui m’ont fait appeler, dans des moments de folie, la justice divine sur sa tête, je souhaite, mon Dieu ! que vous réussissiez, monsieur le docteur. [...]

Lisbeth resta pétrifiée à trois pas du lit où mourait Valérie, en voyant un vicaire de Saint-Thomas-d’Aquin au chevet de son amie, et une sœur de charité la soignant. La religion trouvait une âme à sauver dans un amas de pourriture qui, des cinq sens de créature, n’avait gardé que la vue. La sœur de charité, qui seule avait accepté la tâche de garder Valérie, se tenait à distance. Ainsi l’Eglise catholique, ce corps divin, toujours animé par l’inspiration du sacrifice en toute chose, assistait, sous sa double forme d’esprit et de chair, cette infâme et infecte moribonde en lui prodiguant sa mansuétude infinie et ses inépuisables trésors de miséricorde.

Les domestiques, épouvantés, refusaient d’entrer dans la chambre de monsieur ou de madame ; ils ne songeaient qu’à eux et trouvaient leurs maîtres justement frappés. L’infection était si grande, que, malgré les fenêtres ouvertes et les plus puissants parfums, personne ne pouvait rester longtemps dans la chambre de Valérie. La religion seule y veillait. Comment une femme d’un esprit aussi supérieur que Valérie ne se serait-elle pas demandé quel intérêt faisait rester là ces deux représentants de l’Eglise ? Aussi la mourante avait-elle écouté la voix du prêtre. Le repentir avait entamé cette âme perverse en proportion des ravages que la dévorante maladie faisait à la beauté. La délicate Valérie avait offert à la maladie beaucoup moins de résistance que Crevel, et elle devait mourir la première, ayant d’ailleurs été la première attaquée.

- Si je n’avais pas été malade, je serais venue te soigner, dit enfin Lisbeth, après avoir échangé un regard avec les yeux abattus de son amie. Voici quinze ou vingt jours que je garde la chambre ; mais, en apprenant ta situation par le docteur, je suis accourue.

- Pauvre Lisbeth, tu m’aimes encore, toi ! je le vois, dit Valérie. Ecoute ! je n’ai plus qu’un jour ou deux à penser, car je ne puis pas dire vivre. Tu le vois, je n’ai plus de corps, je suis un tas de boue... On ne me permet pas de me regarder dans un miroir... Je n’ai que ce que je mérite. Ah ! je voudrais, pour être reçue à merci, réparer tout le mal que j’ai fait.

- Oh ! dit Lisbeth, si tu parles ainsi, tu es bien morte !

- N’empêchez pas cette femme de se repentir, laissez-la dans ses pensées chrétiennes, dit le prêtre.

- Plus rien ! se dit Lisbeth épouvantée. Je ne reconnais ni ses yeux ni sa bouche ! Il ne reste pas un seul trait d’elle ! Et l’esprit a déménagé! Oh ! c’est effrayant !...

- Tu ne sais pas, reprit Valérie, ce que c’est que la mort, ce que c’est que de penser forcément au lendemain de son dernier jour, à ce que l’on doit trouver dans le cercueil : des vers pour le corps, mais quoi pour l’âme ?... Ah ! Lisbeth, je sens qu’il y a une autre vie !... et je suis toute à une terreur qui m’empêche de sentir les douleurs de ma chair décomposée !... Moi qui disais en riant à Crevel, en me moquant d’une sainte, que la vengeance de Dieu prenait toutes les formes du malheur... Eh bien, j’étais prophète !... Ne joue pas avec les choses sacrées, Lisbeth ! Si tu m’aimes, imite-moi, repens-toi !

                           Extrait de La Cousine Bette (accessible depuis Wikisource)

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13 avril 2010

Analyse de la mort de Nana (Zola)

ALTERNATE ENDING - NANA JEAN RENOIR 1922

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