30 avril 2010

La représentation de la mort de Madame Bovary au cinéma: Chabrol vs Minnelli

Madame Bovary est un roman de Gustave Flaubert paru en 1857. Celui-ci commence le roman en 1851 et y travaille pendant cinq ans, jusqu’en 1856. À partir d’octobre, le texte est publié dans la Revue de Paris sous la forme de feuilleton jusqu’au 15 décembre suivant. En février 1857, le gérant de la revue, l’imprimeur et Gustave Flaubert sont jugés pour « outrage à la morale publique et religieuse et aux bonnes mœurs ». Gustave Flaubert sera finalement acquitté. Le roman connaîtra un important succès en librairie.

En 1991, Claude Chabrol s’inspire du roman et réalise un film. Cette version est absolument fidèle à l’œuvre de Flaubert, le rôle d’Emma Bovary est attribué à Isabelle Huppert, Charles Bovary à Jean-François Balmer et Homais, le pharmacien est joué par Jean Yanne.

 L’extrait de texte étudié est la mort d’Emma Bovary : «  Elle était rentrée […] – Mais sauvez-la ! exclamait Bovary. »

Constituant une version fidèle de l’œuvre de Claude Chabrol, on peut identifier des passages du texte à des passages du film. Les dialogues sont exactement les mêmes, les passages de description sont traduits par les mouvements des personnages dans le film. De plus, il y a un narrateur faisant partie de la distribution du film, François Périer qui cite des extraits de texte. En voici un exemple : 6min27 de la quatorzième partie.


Mais on peut aussi observer que certains passages, présents dans le roman, sont supprimés dans le film, voici un exemple : 16 sec. de la quinzième partie. Dans le texte : « elle avait les membres crispés, […] Mais sauvez-la ! exclamait Bovary. » est remplacé par une phrase dite par Charles Bovary : « c’est la faute de la fatalité » .

Lien vers la quinzième partie : http://www.youtube.com/watch?v=zWWjh9eZwaI&feature=related

 

D'autres films ont été inspirés par le roman, il y a une version de Jean Renoir en 1933, et une autre notamment de Vincente Minnelli en 1949.

 

La version de Minnelli est différente car elle n'est pas fidèle, contrairement à celle de Claude Chabrol. Vincente Minnelli embellit la mort d'Emma,incarnée par Jennifer Jones. elle ne représente en rien le corps grotesque. La musique, l'éclairage, la dimension religieuse, les dialogues moralisants rendent le personnage sublime dans la mort. On est davantage ici dans l'esthétisme et le mélodrame hollywoodien que la réalité brutale d'un empoisonnement par l'arsenic décrite par Flaubert.

 

"Pour moi, Emma  est un personnage extrêmement complexe : elle vivait constamment dans un monde imaginaire, elle voulait que tout soit beau, et cependant autour d'elle, c'était le bourbier. Elle refusait cette situation et vivait au-delà d'elle-même, au-delà de ses moyens, Jennifer jones voyait le personnage comme moi et fut excellente, parce qu'elle est elle-même une Emma Bovary, pleine de contradictions, très romantiques."

 Citation extraite de Vincente Minnelli, de Marion Vidal, Seghers, 1973.

 

D'après sa citation, Vincente Minnelli dit explicitement que

 


 

D'autres films ont été inspirés par le roman notamment une version de Jean Renoir en 1933, et une autre de Vincente Minnelli en 1949.

 

La version de Minnelli est différente car elle n'est pas fidèle, contrairement à celle de Claude Chabrol. Vincente Minnelli embellit la mort d'Emma. L'actrice qui l'incarne n'est, pendant le moment de sa mort, représentée en rien comme le corps grotesque généralement présent lors d'un texte réaliste. La musique, l'éclairage, la dimension religieuse, les dialogues moralisants rendent le personnage sublime dans la mort. On est davantage ici dans l'esthétisme et le mélodrame hollywoodien que la réalité brutale d'un empoisonnement par l'arsenic décrite par Flaubert.