Blog de Français de la seconde 3

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Le crépitement léger de la pellicule peut être plaisant - par Christine

      Sunrise: A Song of two humans du cinéaste Friedrich Wilhelm Murnau est né à l'aurore de l'histoire du cinéma. George O'Brien, Janet Gaynor et Margaret Livingstone incarnent respectivement l'homme, la femme et la femme de la ville. Cette dernière noue (impropre) une dangereuse relation amoureuse avec le fermier qui, lui, est incité à quitter sa femme et son enfant pour la nouvelle venue. En 1927, le cinéma est en noir et blanc et muet, ce qui incite le spectateur à se pencher de plus près sur le contraste entre le cinéma noir et blanc et muet, et le cinéma de nos jours.


      La gestuelle des acteurs et des actrices y est emphatique. Ce jeu pourrait même sans doute être plus expressif que celui des comédiens et des comédiennes de notre époque. "On sent vraiment bien les émotions", pouvons-nous entendre à la sortie de la salle de cinéma (oubli de mot: qui est peu habitué ?) peu habituée au noir et blanc.

      Par ailleurs, le muet laisse place à des scènes de sous-titres. C'est ainsi que la phrase : "Couldn't she get drowned ?" , en français "Ne pourrait-on pas la noyer ?" apparaît vers le début du film, lorsque la femme de la ville tente de persuader l'homme de répudier sa femme. Le cinéaste ne considère pas ces apparitions de sous-titres comme un inconvénient. Au contraire, il joue avec et les intègre dans l'esthétique de l'oeuvre. De cette manière, la phrase en question apparaît "standardisée" puis prend une image sous forme de vagues, reflet de la noyade. La forme se coordonne donc au fond.



Cinémix fait par Radiomentale.

      Puis, la présence seule du noir et du blanc n'est pas non plus à être considérée comme un handicap à la réalisation du film. Par exemple, sur la barque, le mari est vêtu de noir et la femme de blanc. Le noir connote ici le démoniaque et le blanc l'angélique. Inutile donc de vouloir apporter de la couleur puisque les couleurs monochromes illustrent déjà bien le contraste.

      Quant au registre, il y est tragique, provoquant une crainte à l'égard de l'union du fermier et de la fermière face à la tentation de l'homme devant la femme de la ville, et une compassion pour la fermière. Ce registre est accentué par la présence de paysages sombres au clair de lune sur le marais, baignant le spectateur dans une eau romantique du couple marié et sombre du triangle amoureux(sens ?). Le tragique provoque une sensation agréable à l'égard du couple marié mais une sensation péjorative à l'égard de l'homme trompant sa femme.

      Enfin, Sunrise, le titre donné au film peut être compris dans le sens (syntaxe) où l'amour toujours triomphe. La dernière séquence en est le témoin. La femme, rescapée du naufrage, est allongée dans son lit. A ses côtés, son époux. Et ils s'embrassent, avantl'image d'un soleil resplendissant à l'aurore marquant The End.

      Sunrise: A Song of two humans s'est vu attitrée le prix du meilleur film artistique, de la meilleure image et de la meilleure actrice pour Janet Gaynor, aux Oscars de 1929.

Sources: www.lesiteducinephile.com & www.encinematheque.net