Voici une réécriture du texte de René, de Chateaubriand, que vous pouvez lire en suivant ce lien :
Mais comment exprimer cette foule de sensations fugitives, que j'éprouvais dans mes promenades ? J'étais à pied au bord de ces champs en Languedoc-Roussillon, ternis par l'arrivée de la saison d'hiver. Je marchais sur la route consacrée habituellement aux véhicules. C'est que j'aime marcher sur la route quand il n'y a pas de voitures, l'esprit léger. Un de mes petits plaisirs de la vie. J'étais dans le Languedoc, destination annuelle des vacances d'été depuis trois ans. Les champs avaient perdu leur éclat de l'été mais pas leur beauté.
Une beauté naturelle, non artificielle. J'aurais voulu, des heures et des heures voire des jours et des jours, rester là, à m'asseoir sur l'herbe verte, ou m'allonger sur cette herbe verte, le corps en forme d'étoile, un énorme sourire sur la visage ou plutôt dans la tête, pleurant devant la beauté de la nature. Avec un grain de tristesse, cependant. La nature est si sage. Bien plus que nous, Hommes. Si pure, si honnête. Si généreuse.
Dans ma tête, je m'évadais. J'étais parfois la fille aux cheveux coupés courts style années vingts, à la robe jaune beige à pois rouge orange type Mathilde dans "Un Long Dimanche de Fiançailles" de Jean-Pierre Jeunet, parfois la fille au t-shirt "Guns N' Roses" dans cet angle du couloir du lycée et parfois la fille dans ses bras, à Lui. L'image qui revenait le plus souvent et qui revient le plus souvent, c'était cette fille dans ses bras à Lui. Cette fille qui versaient des larmes silencieuses, invisibles dans ses yeux mais visibles dans son regard. Cette fille dont, la pensée, le soir, avant de dormir, allait pour lui. Se morfondant, le coeur brisé sous la couette. Cette fille qui, même le matin en se réveillant, pensait à lui, si ce ne fut déjà fait. Je pleurais, je pleurais, mais je ne voulais pas passer à autre chose, je ne voulais pas l'oublier.
C'était des larmes lentes et silencieuses. Une mort lente et silencieuse.
Il devait être dans les environs de dix-huit heures. Je levai les yeux vers le cime des arbres nus, vers le ciel ombragé. Il se mit à pleuvoir. L'eau salée me trempait le visage petit à petit. J'avais l'impression que le ciel pleurait avec moi. Je pensai à quitter et rentrer. Mais je ne puis. A ce moment précis, une sensation que je n'avais encore jamais ressentie me parcourut le corps, de la tête aux pieds. Comme une vague et ses va-et-vient. Ce va-et-vient ne se fit sentir qu'une seule fois. Quelle était donc cette foule de sensations fugitives, que j'éprouvais à cet instant précis ? De la peur, de la frustration ? Ou devais-je parler de mélancolie ? Je ressentais une sorte d'apaisement, pourtant. Egalement. Je pensais, à cet instant précis, que cette foule de sensations fugitives allait jouer un rôle important dans la suite.