23 mai 2017
C'était mon oncle, par FELLOUS Noa, MAAREK Léa et AOUIZERATE Margo 1ES
Par Catherine Guillaume-Lemius ORT, Villiers-le-Bel (95) le 23 mai 2017, 23:32
23 mai 2017
Par Catherine Guillaume-Lemius ORT, Villiers-le-Bel (95) le 23 mai 2017, 23:32
Par Catherine Guillaume-Lemius ORT, Villiers-le-Bel (95) le 23 mai 2017, 23:00
Si j’avais 16 ans en 1944
Si j’avais 16 ans en 1944 en tant que juive polonaise,
Je n'aurais sans doute pas été dans une école juive
Ou tout simplement dans une école.
Ce ne serait pas un sac que je porterais sur mes épaules,
Mais une étoile jaune.
Le train qui me conduit à l'école tous les matins,
Serait probablement celui qui me mènerait vers les camps au climat incertain.
Je n'aurais pas pu me promener dans la rue paisiblement
Sans penser que mon peuple engendre partout la haine.
Une haine de mes origines
Cette haine qui me destinerait à une mort d’usine.
Ou seul un maître mot régnerait ; la peine.
L'ignorance et le mépris des nazis rythmeraient nos journées.
Je n'aurais peut-être pas connu l'amour
Et le vrai.
Je n’aurais peut-être pas eu mes proches à mes côtés qui m’entourent.
On me réduirait au statut d’objet, inéluctablement
Les gens ne se plaindraient pas pour des problèmes futiles, superficiels et insignifiants.
Par ailleurs, le nazisme serait entièrement responsable de mon désarroi,
Un nazisme, qui aurait son symbole sur tous les drapeaux de l’Europe.
Sans que l’on sache véritablement pourquoi.
Si j'avais été dans un camp ;
Mon aspect serait tout d’abord devenu répugnant.
Mes cheveux serviraient à de simples tissus
Ou conservés dans un musée 50 ans plus tard.
Notre foi religieuse aurait sans doute disparu,
Au profit de haine survenue tôt ou tard.
Je n’aurais pas été la même,
Dans un contexte qui n'aurait pas été le même.
Je n'aurais pas non plus eu l'assurance d'un pays juif où je me sentirais totalement en sécurité.
Ou tout simplement un pays qui m’accepterait.
Je n'aurais pas vu un film d’horreur banal au cinéma,
Mais je l'aurais vécu face à moi.
Je n’aurais par ailleurs peut-être pas survécu à l'animosité nazie.
En effet, cela aurait été ma vie.
La Shoah c’est tout cela ; la tristesse, la haine, la peur et également l’espoir,
Mais avant tout une preuve d’inhumanité et à la fois de l’humanité de l’Homme.
Alors, aujourd'hui, j'aimerais pour le peuple juif et l’humanité,
Ne jamais oublier ce qu’il s'est passé.
If I was 16 in 1944
If I was 16 in 1944 as a Polish Jew,
I probably would not have been in a Jewish school
Or simply in a school.
It would not be a bag that I would carry on my shoulders,
But a yellow star.
The train that takes me to school every morning,
Would probably be the one that would lead me to camp with uncertain climate.
I could not walk in the street peacefully
Without thinking that my people everywhere generates hatred.
A hatred of my origins
This hatred that would make me die for a factory.
Or only a master word would rule; The penalty.
The ignorance and contempt of the Nazis would pace our days.
I might not have known love
And the truth.
I might not have had my relatives by my side around me.
I would be reduced to the status of the object, inevitably
People would not complain about futile, superficial and insignificant problems.
Moreover, Nazism would be entirely responsible for my disarray,
A Nazism, which would have its symbol on all the flags of Europe.
Without really knowing why.
If I had been in a camp;
My appearance would first become disgusting.
My hair would be used for simple tissues
Or kept in a museum 50 years later.
Our religious faith would no doubt have disappeared,
For the benefit of hatred sooner or later.
I would not have been the same,
In a context that would not have been the same.
I also would not have had the assurance of a Jewish country where I would feel totally safe.
Or simply a country that would accept me.
I would not have seen a film of ordinary horror at the movies,
But I would have lived it before me.
I might not have survived the Nazi animosity.
Indeed, it would have been my life.
The Shoah is all that; Sadness, hatred, fear and also hope,
But above all a proof of inhumanity and at the same time of the humanity of Man.
So today, I would like for the Jewish people and humanity,
Never forget what happened.
21 mai 2017
Par Catherine Guillaume-Lemius ORT, Villiers-le-Bel (95) le 21 mai 2017, 11:50
Il ouvre, j’entre.
La famille est au complet,
Elle ne se doute pas de ce qu’il va lui arriver.
Ils sont Juifs, je dois les prendre.
Ce grand monsieur a l’air si méchant
J’ai peur et je regarde maman.
Elle me dit que c’est un jeu, calmement
Je l’écoute tout simplement.
Un objectif, les éliminer.
« Heil Hitler! » nous sommes prêts à tirer.
Autour de ces grandes fosses : c’est l’hécatombe.
Un à un ces rats tombent.
Je vois Albert et Simon arriver,
Eux aussi semblent jouer.
Maman m’explique que le gagnant
Est celui qui reste debout le plus longtemps.
Ce petit youpin a l’air malin,
Il me fait penser au mien.
Non, je ne dois pas écouter mon cœur,
Cette horreur fera mon honneur.
Maman et Papa sont tombés,
Ils n’ont plus l’air de jouer.
J’entends les cris tout autour.
Le monsieur me fixe toujours : c’est mon tour.
Réfléchir n’est pas la solution.
Je ne dois plus penser.
Je dois l’achever.
C’est fait, j’ai accompli ma mission.
C’est si calme maintenant.
Nos voix se sont éteintes doucement.
J’ai compris, à regret,
J’ai ouvert, il est entré.
15 mai 2017
Par Catherine Guillaume-Lemius ORT, Villiers-le-Bel (95) le 15 mai 2017, 15:58
La voie de l’horreur
On la voyait.
Cette voie ferrée qui les emmenait.
En face de nous, Auschwitz.
Ils ne savaient pas encore où ils allaient.
Pour eux, ce n’était qu’un voyage parmi tant d’autres.
Comme dans les ghettos.
De loin, on le regardait.
Ce chemin de fer.
Et on pensait à eux.
Dans un silence le plus total.
En avançant, on se rendait compte de l’horreur.
Une horreur causée par les Nazis.
Cela en raison d’une idéologie nauséabonde
Ils ont commis ce massacre.
Dans ces baraquements autour de nous, on pleurait.
Par Catherine Guillaume-Lemius ORT, Villiers-le-Bel (95) le 15 mai 2017, 15:58
Les fosses de Tarnow
Le vent froid de Pologne,
Soufflait dans les feuilles mortes,
Et la foule d’élèves atone
Se glissait vers les fosses de Tarnow
Là où sont morts des milliers de rires d’enfants,
Pleins de vie,
Et innocents.
Sous nos pieds étaient mortes des âmes si naïves,
A qui on avait tout dérobé
Alors qu’elles n’avaient rien.
Le silence pesant dominait les sous-bois,
Et on sentait la mort se glisser près de nous.
Ces âmes si heureuses autrefois,
Condamnées à demeurer là dessous.
Tout semblait s’être arrêté,
Le temps paraissait s’être figé.
L’atmosphère pesante nous engourdissait
Notre groupe se recueillait.
Mais alors comment expliquer,
Ces enfants qui non loin jouaient
Dans les jardins alentour
Et dont le rire raisonnait
Jusqu'au fond de cette forêt ?
Comme pour narguer ces enfants sous terre,
Ses innocentes victimes de guerre.
Pour eux, la vie continuait,
A l’extérieur de la forêt.
Mais ici,
Tout est silencieux.
Comme pour cacher ce secret.
Cacher cette infamie.
Dénuée de sens,
Inhumaine.
Soudain,
De la foule figée jaillit un murmure
Un murmure lointain
Qui brisa le silence et fendit l’armure.
C’était un hymne en l’honneur de ces petits bouts de vie,
Qui faisait frémir de honte les arbres témoins.
Il bouleversa le ciel qui déversa ses larmes de pluie,
Et dont l’écho raisonnait encore au loin.
Petit à petit le murmure s’amplifia en un chant intense,
Du silence s’élevèrent des centaines de voix en harmonie.
La foule solidaire fut portée par la cadence
Et créa une envoûtante mélodie.
Une mélodie pour blâmer cet acte accablant
Et pour bercer une dernière fois ces âmes d’enfants.
Par Catherine Guillaume-Lemius ORT, Villiers-le-Bel (95) le 15 mai 2017, 15:56
Treblinka
La veille, nous étions à Auschwitz Birkenau.
Là-bas, tout était intact.
Trop intact.
Nous avons tout vu.
Véritablement tout.
Des baraquements aux chambres à gaz…
Alors le choc fut immense en arrivant à Treblinka.
Car il n’y avait rien.
Absolument rien.
Les nazis ont brûlé toutes les preuves de l’existence de ce camp.
Mais notre imagination est terrifiante.
Je voyais encore les cadavres brûlés.
Je ressentais des émotions troublantes, bouleversantes.
D’abord la tristesse, évidemment.
Mais très vite, la colère s’est emparée de moi.
Ils n’ont même pas laissé de preuves de ce massacre.
Ce camp lacunaire est pour moi le plus complet.
La présence de tombes par centaines était impressionnante.
En seulement deux jours, nous sommes passés du « trop » au « rien ».
À Auschwitz, les informations abondaient constamment.
C’était insupportable.
Ce que l’on n’a pas pu voir à Treblinka, je l’ai imaginé.
Et j’aurais probablement préféré que les SS ne brûlent rien.
Car cette imagination est plus horrible que tout.
Par Catherine Guillaume-Lemius ORT, Villiers-le-Bel (95) le 15 mai 2017, 15:56
Ghetto
C’était des êtres aux destins banals qui devinrent extra-ordinaires
C’était une ville aux murs banals qui devinrent extra-ordinaires
Le ghetto de Varsovie :
Deux mots et pourtant des milliers de vies inachevées.
Ils étaient dix, cent, mille
Comme un nid de fourmis
Où chacun mène sa vie face à une immense tragédie.
Il ne reste plus rien, qu’un mur gris
Face à tant de mépris
Impossible de décrire son ressenti,
S’imaginer ces enfants jouer, courir et rigoler
Alors que les allemands les emprisonnaient
Je marche à présent sur leur pas
Avec ma propre vie et mon propre destin
Alors qu’eux, suivaient leur voie et leur chemin
Pour espérer un bout de pain
Sans se douter qu’il n’y avait plus rien.
Ils, ils, ils, (…)
Ce mot qui signifie tant de souffrance
Ce mot qui signifie tant de supplice
Résonne dans ma tête tel un sonnet
Seulement deux ghettos visités mais des milliers d’émotions exprimées
Par Catherine Guillaume-Lemius ORT, Villiers-le-Bel (95) le 15 mai 2017, 15:53
La Forêt des enfants
Une simple forêt devenue un lieu d’exécution.
Où près de 800 enfants ont perdu la vie,
Assassinés lâchement, à bout portant.
Des petites filles et des petits garçons,
Qui n’ont pas eu la chance d’avoir une enfance.
Une enfance comme nous la vivons de nos jours.
Cette enfance leur a été ôtée parce que nés juifs.
La religion devient alors un prétexte pour tuer des enfants,
Des adultes ou des vieillards.
Une sensation étrange nous envahis lorsque nous y pénétrons,
Comme si l’âme de chacun d’eux était à nos côtés.
Au milieu de ces arbres nous pouvons alors imaginer,
Imaginer l’horreur qui s’est produite ici.
Les cris des parents voyant leurs enfants mourir,
Les pleurs des enfants ne comprenant pas ce qui leur arrive.
En ce jour du 20 mars nous étions tous unis.
Unis pour rendre hommage à ces 800 enfants qui ont péris dans cette forêt.
Lorsque nous avons commencé à chanter et à nous tenir par la main,
Le soleil est apparu, comme si les enfants étaient présents,
Dans cette forêt, à côté de cette fosse où leur cœur s’est arrêté de battre.
Comme pour nous montrer qu’ils sont heureux,
Heureux de notre présence, heureux du fait que nous leur rendions hommage.
Kolot, le nom de la chanson écoutée.
Les voix, les voix de ces enfants.
Ces enfants pour lesquels chacun de nous a allumé une bougie.
C’est alors avec une énorme tristesse que nous avons quitté les lieux,
Car c’était comme si nous les abandonnions, et nous ne le voulions pas.
Le retour s’est fait dans le plus grand des silences et en se retournant constamment.
Ce fut sans aucun doute le plus beau moment de ce voyage,
Ce voyage qui restera sans aucun doute le plus beau de ma vie.
02 mai 2017
Par Catherine Guillaume-Lemius ORT, Villiers-le-Bel (95) le 02 mai 2017, 09:39
Auschwitz, 22 Mars 2017
Arrivés à Auschwitz.
La peur montait.
Arrivés devant ce grand portail
Celui que nous pouvions voir dans les films.
Il était là, devant nous.
Je fus d’abord surprise par l’étendue du lieu
Un lieu que j’imaginais plus petit.
A cet instant, je pris davantage conscience de la tragédie.
A ce moment, dès l’entrée, je réalisais où je me trouvais.
Où j’étais.
Le guide nous le répétait : « nous allons en ressortir ».
Tout me parut sombre.
En marchant, une sensation étrange me vint.
Les barbelés nous encerclaient.
Comme si nous étions enfermés, prisonniers.
Premier lieu : un baraquement.
Un baraquement de taille moyenne, différent des autres.
Les personnes y faisaient leurs besoins.
Dans les latrines, privées de leur pudeur. Déshumanisées.
Tous exposés au regard les uns des autres.
En sortant, nous avons marché. Encore et encore.
A côté de nous, se trouvaient des rails.
Les rails des wagons de déportation.
C’est comme si elles nous suivaient.
Ou plutôt, c’est comme si nous les suivions.
Comme pour arriver au bout de notre chemin.
A une destination inconnue.
Arrivés dans les chambres à gaz.
J’éprouvai une angoisse,
Une angoisse que je n’avais, je crois, jamais ressentie.
L’impression d’être prise au piège.
Entre toutes ces griffures sur les murs.
Ces murs si étroits. Nous étions comme compressés.
A présent, nous savons. Nous pouvons nous rendre compte.
Le vécu des déportés… Cette angoisse… Cette peur...
Constamment présentes.
Les camps de la mort. Ils y étaient. Ils s’y trouvaient.
Malheureusement ils y restèrent pour la plupart.
Nous en sommes ressortis.
Sans aucun mot. Marchant en silence. Tous ensembles.
Heurtés par cette terreur réelle.
Cet endroit qui a existé.
Un tel lieu qui a pu exister.
Puis, je fus extrêmement surprise.
Surprise qu’il y ait des maisons autour du camp.
Autour d’un lieu aussi symbolique.
Et où nous savons qu’il y a eu une extermination.
Des gens qui y vivent. Joyeux. Sans aucun ressenti. Sans aucun scrupule.
Sans aucune gêne.
Comment peuvent-ils vivre ainsi ? Trop proches de ce lieu ?
Ce voyage est et restera, je pense, inoubliable.
Il restera gravé en moi.
A jamais.
Par Catherine Guillaume-Lemius ORT, Villiers-le-Bel (95) le 02 mai 2017, 09:34
Des enfants.
Voilà ceux qui sont enterrés à cet endroit précis.
Une fosse immense entourée d'un petit grillage bleu.
Quand nous nous approchons en silence,
Nos mains tremblent et nos yeux piquent.
Nous sommes figés.
Tandis que les guides commencent à nous raconter l'histoire de cet endroit,
Mes yeux ne cessent d'explorer les jouets et les bougies.
Comment peut-on être aussi cruel?
Je ne peux m'empêcher de retenir mon souffle en entendant le guide nous énumérer quelques noms et leurs histoires.
Un garçon de 6 ans. Une petite fille de 3 ans.
Ils avaient toute la vie devant eux et les voilà aujourd'hui sous terre, entourés du silence.
Ce silence se brise. Une chanson retentit.
« Kolot ». Cela signifie « Les voix ».
Cette chanson est magnifique. Elle nous émeut tous.
Un autre groupe de jeunes nous rejoint autour de la fosse. Nous chantons.
Nous chantons pour eux. Pour qu'ils nous entendent.
Nous ne connaissions aucun de ces jeunes venus d'Israël et pourtant ce moment devint magique.
Nous nous tenions tous et nos voix résonnaient en cœur.
Il était à présent temps de partir.
Partir, ça voulait dire les laisser et c'était la chose la plus difficile à faire durant tout ce voyage.
Je marchai en silence à côté de mes amis en me répétant qu'une seule chose: Je ne les abandonne pas. Je les laisse reposer en paix.
C'est plus simple de penser ainsi.
« billets précédents - page 1 de 2