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Si La Fontaine m'était joué Le Savetier et le Financier

Scène 1

Rue campagnarde, nuit

Le financier sort de chez lui, avec un air en colère.

Le Financier

Il chante encore à cette heure !

La lune est déjà haute dans le ciel, quand cela va-t-il s’arrêter ?

J’ai besoin de dormir pour être un bon travailleur,

Je ne peux plus supporter ce petit cordonnier.

L’homme frappe violemment à la porte du savetier. Personne ne vient ouvrir.

Le Financier

Il chante si fort qu’il n’entend personne d’autre que lui !

Quel malotru, réveiller les gens en pleine nuit !

Il faut que cela cesse.

Demain, dès le lever du jour, j’irai me plaindre en vitesse !

Il tourne les talons, et entre vite dans sa maison.

Scène 2

Le matin, au lever du soleil

Le financier sort de chez lui. Il frappe à la porte du savetier. Ce dernier lui ouvre après quelques minutes.

Le Savetier

Cher voisin !

Quel bonheur de vous voir de si bon matin !

Mais vous semblez empli de haine.

Dites-moi ce qui vous amène.

 

Le Financier

Ce qui m’amène, j’entends ?

Cela devrait vous paraître évident !

Je crains de ne pas comprendre,

Ce que mon voisin me demande.

Le Savetier

Vous arrivez chez moi et me réveillez,

Savoir pourquoi est mon souhait.

Le Financier

Vous réveillez ? N’est-ce pas ce que vous avez fait ?

Des nuits durant je n’ai pas pu trouver le sommeil, à cause de votre vacarme tonitruant.

Le Savetier

Tonitruant ? Quel mal y a-t-il à chanter souvent ?

Vous devriez essayez si vous trouvez le temps,

C'’est un passe-temps bien décontractant.

Le Financier

Dormir aussi me décontracte. Si vous chantez la nuit et dormez le jour,

Combien gagnez-vous par an, pour bien vivre aux alentours ?

Le Savetier

Ce n'est point ma manière de compter de la sorte, et je n'entasse guère.

Et je suis heureux si j’ai déjà assez pour chauffer ma chaumière,

Et avoir chaque jour une miche de pain,

Et pouvoir de temps en temps, tout simplement prendre un bain.

Le Financier

Si vous voulez de l’argent, prenez ces cents écus,

Et taisez-vous rapidement.

Il lui tend une bourse bien remplie. Le Savetier fort surpris, prend la bourse et le regarde suspicieusement.

Le Savetier

Si vous vraiment voulez me payer, afin que je me taise,

Je prends les écus,mais sans que cela me plaise.

Sachez-le, cher voisin, je me tairai la nuit, mais le jour je chanterai,

car c’est vraiment ce qui me plait.

Le Financier

Enfin, je vais avoir la paix.

La journée je travaillerai, sans pouvoir vous entendre,

Et la nuit, je dormirai,

Et vous pourrez apprendre.

Il laisse le garçon seul, étonné, les cent écus à la main.

Le jeune homme se retourne d’un coup, ouvre la trappe de la cave, et descend y cacher la bourse.

Scène 3

La nuit, de nouveau

On entend une cavalcade dans les escaliers, et le Savetier sort de chez lui.

Le Savetier

J’ai entendu un bruit,cela ne fait aucun doute,

Serait-ce un voleur venu voler mes richesses ?

Je n’ai pas pu chanter, inquiet pour mon secret,

Et voilà maintenant,

Qu’on vient pour le voler.

Montrez-vous, brigand,

Que je puisse de ce pas vous arrêter.

Un chat sort de l’ombre et se frotte aux chevilles du jeune homme.

Le Savetier

Je ne suis pas très malin,

 A crier au loup juste pour un félin.

Mais ce n'est pas la seule raison de mon ressenti, car pour avoir été acheté,

Je me suis inquiété et, de toute la journée, je n’ai pas pu chanter.

Au moindre Ré que je voulais pousser,

Ma gorge se nouait à cause d’un trésor qui aurait pu être volé.

Je dois mon aphonie à mon vilain voisin, qui pour me faire taire, 

Et dans son propre intérêt,m’a volé ma voix,me donnant ce trésor

Qui m’a noué la gorge toute la journée.

Il va chercher la petite bourse dans sa cave, et se dirige d’un pas décidé vers la maison du Financier. Il frappe durement à la porte. L’homme ouvre cette dernière d’un air endormi.

Le Financier

Eh là, qui vient frapper à cette heure.

Moi qui croyais enfin pouvoir dormir, je me suis bien trompé,

C’est le cas de le dire.

Voisin ? Qu’est-ce qui vous amène,

Alors que vous ayant payé,

Je pensais soulager ma peine ?

 

Le Savetier, en colère

Vous croyiez me faire un cadeau,

Avec ce présent empoisonné qui m’ôte les mots ?

Si vous n’êtes pas heureux,

Reprenez vos écus, et servez-en vous mieux,

Pour par exemple, si en cet endroit vous n’êtes pas comblé,

Les utiliser pour déménager.

Sur ce, bonne nuit cher voisin,

Je m’en vais, n’espérant plus vous voir demain.

 

Noémie A.