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La source lumineuse - 2e9

   Ling arriva dans l’atelier de son maître Wang-Fô. Vu de l’extérieur, le bâtiment paraissait vraiment petit, mais une fois la porte en bambou passée, une grande salle vitrée donnait sur un jardin magnifique qu’une petite source remplie de poissons aux multiples couleurs dominait. Sur le côté droit, des portes en papier séparaient une petite pièce plus renfermée qui servait au maître de Ling lorsqu’il voulait se reposer. Ling était disciple de Wang-Fô ; depuis quand ? Il ne savait plus, mais à chaque fois qu’il rentrait en ce lieu il était émerveillé, et restait béat devant tant de beauté.

   Un homme, vieux, avec une longue moustache blanche et des cheveux dont la croissance avait cessé aux épaules entra dans la pièce, il avait un air grave et strict, ses habits traditionnels et son comportement montraient qu’il était un sage. Ling et Wang-Fô se saluèrent. Wang-Fô ordonna de peindre, alors on peignit.                                                                                                                                                                                                                                                                                                Ling pris un pinceau souple, installa une toile vierge sur un chevalet, et traça une ligne ; fluide ; propre ; puis une autre, et encore une. Une heure plus tard, Wang-Fô qui était resté derrière lui avec un air stoïque, commença  à froncer ses sourcils, laissant apparaître des plis de front et du nez marqués, les  pointes  de ses longs sourcils se relevaient petit à petit tandis que leurs têtes descendaient progressivement vers l’avant. Il se leva d’un coup, arracha l’outil des mains de Ling et lui demanda  ce qu’il lui avait appris. Ling, confus, voyant que son maître n’était pas satisfait, le regarda d’un air désolé.

   Wang-Fô lui parla d’une voix claire et lui dit qu’il fallait faire rêver le spectateur d’une œuvre. Il se mit à peindre. D’un mouvement impeccable. Face au jardin. Où étaient-ils ? La source se transforma en un immense océan surplombé d’une gigantesque  colline. Une péninsule de  terre zinzolin s’engouffrait sous le vert-d ‘eau de la mer. Ils étaient sur l’eau.

   Une buée d’or s’éleva et se déploya sur la mer. Enfin la barque vira autour d’un rocher qui fermait l’entrée du large ; l’ombre d’une falaise tomba sur elle ; le sillage s’effaça de la surface déserte, et le peintre Wong-Fû et son disciple Ling disparurent à jamais sur cette mer de Jade bleu que Wong-Fû venait d’inventer.

 E.A