Pouvez-vous définir précisément votre métier ?

Il s'agit d'animer des spectacles pyrotechniques. Des feux pour des événements tout au long de l'année aussi bien le 14 juillet que des commémorations de la Guerre Mondiale. Dans certains cas, la conception se prépare à l'ordinateur on peut procéder ainsi à des simulations.

Le spectacle est pensé à partir d'un thème (classique, rock...). Les feux peuvent être « secs » ou avec de la musique, des effets, des durées, des couleurs, du gaz, des lasers... En fonction de la taille du spectacle, on peut opposer l'"événementiel" aux « petits feux ».


L'entreprise reçoit un carton dans lequel y a les artifices. Le principe consiste à envoyer des bombes munies d'une mèche et d'un retardateur à partir d'un mortier(1).


 Pour un spectacle, il existe différents types de produits selon les hauteurs visées:

  • les bombes sont employées dans  les "tableaux",  de calibre 75mm pour une hauteur de 75-80 mètres , (voire calibre 300mm pour 300 mètres!) : 

  • les packs sont utilisés pour les "intermèdes"  pour une hauteur de 40 à 50 mètres.

  • les chandelles permettent des "jongleries", on jongle avec des angles pour une hauteur moyenne de 15 à 20 mètres :  

  • les feux de Bengale, restent au niveau du sol : 



Quelles sont les études ou la formation requises pour y parvenir ?

Très passionné. Pour être agréé, il faut passer un stage de formation  :


  • le C4-T2-Niveau 1, pour celles inférieures à 105 mm.((catégorie 4, niveau 1, anciennement K3 : Klass 3 en allemand)
  • le C4-T2-Niveau 2 (catégorie 4, niveau 2, anciennement K4) pour les bombes de plus de 105mm  le plus haut niveau. 
Cela peut se faire auprès de sociétés d'artifices comme BREZAC ou RUGGIERI, une formation payante. On peut également le passer en candidat libre c'est-à-dire que l'on s'est formé seul. La validation s'effectue auprès d'une Commission préfectorale à laquelle participent des pompiers, la police, des artificiers professionnels, des membres de la préfecture...).

Depuis peu, 3 ans d'expérience ou deux feux sur 3 ans sont nécessaires avant de passer la qualification K4 artificier. Le milieu est très fermé. Autrefois, la qualification était à vie, maintenant l'artificier a l'obligation d'animer deux feux sur trois ans : c'est la société pour laquelle il travaille qui le déclare régulièrement à la préfecture.

Les réglementations sont plus sévères à cause des incidents et des accidents qui se sont multipliés à cause de l'emploi de feux d'artifices par des personnes non qualifiées.

Des connaissances en chimie sont utiles pour mieux comprendre les produits qu'on manipule.


Combien de temps y consacrez-vous ? / Quels sont les horaires ?

La plupart des feux sont la nuit, mais il existe aussi des feux de jour. Pour un feu, le temps est très variable cela peut demander par exemple une semaine de préparation. Cela change en fonction de la quantité de produits, du type d'installation,  du matériel,  des systèmes d'éjection...



Quelles sont les principales contraintes selon vous ?

Le temps ! On peut être embêté, même s'il n'a plu que la veille. La pluie n'empêche pas le spectacle, car les systèmes électriques(2) voire commandés par ordinateur sont prévus pour. En revanche, c'est moins confortable les artificiers et bien sûr pour le public.

Officiellement en présence d'un un vent de 44km/h minimum, on interdit les feux.

L'orage provoque des problèmes d' électricité statique, des choses peuvent démarrer toutes seules quand on utilise des systèmes radio-commandés.


Quels sont les plaisirs ?

Tout ! C'est une passion.


Quels sont les principaux métiers associés à votre profession ?

Toutes les personnes associées sont reçues par un chef de tir qui donne l'autorisation de rentrer dans le périmètre de tir. Considéré comme une partie du spectacle vivant, on travaille avec  l'audio-visuel  : 

  • des ingénieurs du son et des  lumières (pour les lasers, par exemple).

  • des pompiers uniquement pour la sécurité,

  • gendarmes ou policiers pour l'ordre.



Quels conseils donneriez-vous à un jeune qui voudrait faire ce métier ?

C'est rarement son seul métier, on ne fait pas de spectacle tous les jours. Il faut donc être passionné.



Pouvez-vous raconter un bon souvenir ?

Mon premier feu seul à Aincourt, c'était une très grosse responsabilité. On s'inquiète beaucoup avant. J'étais très fier que tout ait fonctionné.



Un mauvais souvenir ?

Un feu prévu pour quatre artificiers alors qu'on était seulement deux. Il y avait eu du mauvais temps, le camion était en bascule enlisé dans la boue. Le terrain n'était pas celui prévu au départ, pas approprié. On avait fini de monter le feu fini peu avant le tir, on ne sentait pas pas prêt, on cavalait, le public attendait. Le feu était raté et on reste  jusqu'à 4 h du matin pour tout ranger...



Vous pourrez trouver des informations complémentaires sur le site  :


http://www.la-belle-bleue.com/

Je remercie chaleureusement M. BUYSE d'avoir pris le temps de présenter sa profession. Pour que le plaisir des feux d'artifice reste entier, laissons le soin aux professionnels de les présenter. Les conditions de sécurité doivent toujours être respectées.

Para ailleurs, la place du feu dans l'art est développée dans la thématique DÉPEINDRE LES QUATRE ÉLÉMENTS 3/4 : Tout feu tout flamme,  a. Le feu souterrain et b. Le feu céleste.

NOTES :

1 : Le mortier est un cylindre dans le matériau adapté qui permet de lancer des bombes. Quand ils sont regroupés selon leur calibre, on parle alors de batterie.

2 : Les artificiers peuvent procéder à un allumage électrique du spectacle grâce à des postes reliés par des câbles. L'inflammateur fait le lien entre l'électricité et la poudre.




N. THIMON