Pouvez-vous définir précisément votre métier ?
Nous sommes cinq costumier(e)s à travailler au sein de l'atelier. Notre activité consiste à créer des costumes pour tous types de projets. Cela peut être pour du cinéma, du théâtre, des événements publicitaires mais aussi des jeux de rôle grandeur nature, des mariages à thèmes ou des soirées costumées. Nous réalisons tout, de A à Z, et sommes parfois présents sur les tournages ou les représentations afin d'habiller les acteurs ou comédiens.
Nous travaillons beaucoup le tissu mais aussi le cuir, pour réaliser par exemple des pièces d'armure.
Nous faisons également de la location de costumes et organisons des stages de couture, un week-end par mois, afin d'aider les personnes désireuses d'apprendre.
Quelles sont les études ou la formation requises pour y parvenir ?
L'obtention d'un DMA (Diplôme des Métiers d'Art) Costumier-Réalisateur est un bon bagage pour commencer ce métier. Cette formation permet d’acquérir de bonnes bases de couture mais aussi d'histoire de l'art. Parfois, une MANAA (Mise A Niveau en Art Appliqué), ou un bac STI Art Appliqué, sont conseillés avant le DMA. Par la suite, il existe d'autres formations complémentaires plus spécifiques comme des modules de coupe, de conception, mais aussi des formations au tailleur ou à la corseterie.
Combien de temps y consacrez-vous ? / Quels sont les horaires ?
Beaucoup... c'est un investissement permanent ! Nous avons choisi de ne pas être intermittents et sommes tous associés/salariés de l'entreprise. Nous avons beaucoup de mal à compter nos heures. C'est le problème des métiers/passions mais aussi des métiers manuels. Sur certains projets, nous sommes capables de passer de nombreuses nuits blanches d'affilée. Mais en règle générale, nous travaillons de 150 à 200 heures par mois.
Quelles sont les principales contraintes selon vous ?
Parfois il faut faire beaucoup avec peu de moyens, mais cela nous oblige à faire preuve d'ingéniosité.
Le démarchage de nouveaux projets peut également être difficile. Lorsque le bouche à oreille ne suffit plus, il faut savoir se vendre.
Les horaires peuvent être aussi contraignants.
Quels sont les plaisirs ?
Incontestablement, le travail d'équipe ! Nous avons la chance d'être à la fois collègues et amis. Souvent l'ambiance à l'atelier est animée, nous travaillons beaucoup en musique.
Le fait de travailler sur des projets très différents est également un des plaisirs du métier. On ne s'ennuie jamais. Nous sommes toujours à chercher de nouvelles façons de faire, de nouveaux matériaux à tester. Chaque projet est un nouveau défi. Il est aussi très amusant de voir à l'atelier des robes XVIIIème siècle, à côté de costumes post-apocalyptiques, ou de répliques de jeu vidéo.
Quels sont les principaux métiers associés à votre profession ?
La plupart des costumiers sont intermittents du spectacle. Certains travaillent en atelier, par exemple à l'opéra. D'autres travaillent principalement pour le cinéma, et font de l'habillage sur les plateaux de tournage, ou réalisent les costumes en amont, dans des "ateliers volants", mis en place temporairement, seulement pour la durée d'une production.
Les principaux métiers associés sont les maquilleurs et les coiffeurs, mais aussi les tailleurs, les corsetiers, les bottiers, les perruquiers, les modistes, les plumassiers, les teinturiers... etc.
Quels conseils donneriez-vous à un jeune qui voudrait faire ce métier ?
Souvent, nous conseillons à nos stagiaires de multiplier leurs expériences professionnelles, afin d'avoir le maximum de cordes à leur arc et d'être les plus polyvalents possible ; aller voir comment cela se passe sur des tournages, comment fonctionne un atelier d'Opéra, mais aussi faire des stages auprès d'artisans d'art, ou tout autre professionnel qui pourrait leur apporter un point de vue différent.
Pouvez-vous raconter un bon souvenir ?
Il y en a beaucoup ! Lorsque le projet nous plait, nous passons des jours et des nuits entières à travailler d'arrache-pied. C'est difficile mais on se serre les coudes et lorsque le client est content, cela reste gravé comme de très bons souvenirs.
Par exemple, la première fois que nous avons travaillé pour Nintendo, nous avions 7 jours pour réaliser 3 costumes différents, (des répliques exactes) des personnages de Final Fantasy. Les délais étaient particulièrement courts, et les images références du jeu défiaient les lois de la gravité. Le jour de l'ouverture du salon du jeu vidéo, les responsables japonais sont venus nous remercier et féliciter en personne (et en japonais!). Nous étions épuisées mais ravies.
Un mauvais souvenir ?
La même situation, mais lorsque le client n'est pas satisfait. Cela est rarement arrivé, mais lorsque le cahier des charges est mal compris ou mal défini, les rapports sont plus difficiles. On entre alors dans des négociations, ou de longues explications liées à nos contraintes de fabrication, aux matériaux choisis ou aux délais... Ce n'est jamais agréable de travailler de longues heures pour, au final, ne pas être satisfait du résultat.
Les photos reproduites dans la galerie d'images vous donneront un aperçu varié des costumes réalisés. Elles ne sont pas libres de droit. Ce sont les œuvres de M. Stéphane CASALI, "Un jour dans le temps", reproduites avec l'aimable autorisation des Ateliers "Les Vertugadins" (1).
Pour en savoir plus, rendez-vous sur les sites suivants :
http://www.vertugadins.com
http://www.unjourdansletemps.com
Je remercie très chaleureusement Emilie MONCHOVET, Guënic PRADO, Quitterie LASSALLETTE, Yann BOULET, Clémentine ANGLADE qui ont pris le temps de présenter leur passionnant métier.
N. THIMON
NOTES :
1: Une exposition consacrée aux photos de costumes prises par Stéphane CASALI a lieu du 8 au 16 décembre 2014 à la boutique Temps d'Elégance.
Commentaires
J'ai trouvé ce reportage très intéressant et maintenant je suis intriguée par ce métier/passion ou des personnes font beaucoup avec rien.
Amélie FJe vous remercie aussi pour les liens en fin de page pour nous permettent d’approfondir nos connaissances sur le sujet.
@Amélie F :Bonsoir Amélie. Très heureux que l'interview t'ait plu. J'ai moi-même été très enthousiasmé par le travail des ateliers. Il fallait partager cela !
N.T.