Artiste peintre, "le plaisir d'inventer, de créer et de gagner en liberté"

Pouvez-vous définir précisément votre métier ?

Le « métier », la passion de l'artiste tourne autour de trois étapes :

recherche et inspiration
réalisation, création de l'œuvre
commercialisation et expositions des œuvres.

Quelles sont les études ou la formation requises pour y parvenir ?

Dès le jeune âge il faut prendre des cours ou suivre des activités artistiques périscolaires, plus tard il faut suivre l'option arts visuels ou arts plastiques au lycée. Après le lycée il faut s'inscrire à l'université (UFR arts plastiques) ou passer un concours pour entrer dans une école artistique : école des Beaux-arts , l'école des Arts Décoratifs ou autres écoles. On peut aussi être autodidacte¹, mais le chemin est plus long.

Combien de temps y consacrez-vous ? / Quels sont les horaires ?

J'ai envie de répondre : toute ma vie, tout mon temps. En fait toute ma vie tourne autour de l'art et la création depuis très jeune. Parfois je peux passer toute la nuit dans l'atelier pour finir une œuvre, il n'y a pas vraiment des horaires, mais je préfère commencer tôt le matin et finir tard dans la nuit.

Quelles sont les principales contraintes selon vous ?

Elles peuvent être de natures différentes, parfois elles sont liées à la création.Souvent, pendant la création, on a des moments « clefs » : élaboration d'une nouvelle technique ou expérimentation d'un nouveau concept et là, ça peut devenir contraignant par ce que l'œuvre n'arrive pas apparaître comme on souhaite, c'est un combat. Mais la plus grande contrainte du métier de l'artiste à notre époque est économique Aujourd'hui, le métier de l'artiste tel qu'on le conçoit n'existe pas. C'est-à-dire on fait des études de médecine et à la fin on devient médecin avec un salaire tous les mois, ce n'est pas le cas en art. Effectivement avant le XVIIIe siècle, les jeunes talents entraient dans les ateliers des artistes reconnus et à la fin de leur formation dans ces ateliers les jeunes artistes étaient assistés, aidés et recommandés par leur pairs. Il pouvait eux-mêmes par la suite ouvrir un atelier et avoir des commandes.

Aujourd'hui l'artiste est livré à lui-même. Aujourd'hui, dans le monde de l'art, s'ajoute un autre problème, qui est celui du manque d'une charte de qualité. Cette absence de charte de qualité trouble notre regard, on ne sait plus ce qui est bon ou mauvais, c'est très dérangeant pour l'émergence des jeunes artistes talentueux.

Quels sont les plaisirs ?

Le plaisir d'inventer, de créer et de gagner en liberté. L'art fait partie des trois axes d'approche de la vérité et de l'absolu, avec la religion et la philosophie selon Hegel². Sans entrer dans le mysticisme, quand on réussi une œuvre on a l'impression de faire vraiment partie de la « chair » du monde et on sent que le temps ne coule pas à la même vitesse.

Le plaisir de connaitre des gens, des milieux différents.

Le plaisir de voyager, d'enrichir sa perception du monde et de cultiver son esprit.

Quels sont les principaux métiers associés à votre profession ?

Il existe aujourd'hui beaucoup de métiers associés au métier de l'artiste, on peut être artiste et enseigner l'art, on peut travailler dans l'infographie, dans le cinéma (story-boarder), dans le théâtre (scénographie et décoration), travailler dans le stylisme et la publicité, agent culturel des mairies et des centres culturels d'art contemporain, dessinateur de presse et plein d'autres.

Quels conseils donneriez-vous à un jeune qui voudrait faire ce métier ?

Il faut être passionné, curieux et participer à des expositions le plus tôt possible et le plus souvent possible. Connaître bien l'histoire de l'art et travailler tous les jours. Et aussi, comme je le disais plus haut il faut prévoir l'aspect économique. L'artiste comme tout le monde a besoin de se nourrir, de s'habiller et dormir et acheter son matériel. L'artiste maudit n'a jamais existé, ce n'est qu'un mythe, car même Van Gogh avait une pension de la part de son frère Théo de 300-400 francs qui correspond aujourd'hui à 3500-4000 euros par mois, ce qui est très bien pour un artiste seul. Donc les jeunes artistes pensez à vos arrières.

Pouvez-vous raconter un bon souvenir ?

C'est très difficile de faire le choix, mais j'en ai un lié à l'art. Un bon souvenir qui m'a beaucoup marqué est quand des jeunes de 16-18 ans de Pontoise, après avoir vu mon exposition, m'ont écrit et offert des poésies sur mon œuvre.

Un mauvais souvenir ?

Durant une exposition, deux vielles dames s'approchent en me disant « - Ah, si c'était moi j'aurais mis du rose à la place du mauve et du rouge à la place du vert » et d'autres remarques « béotiennes »³.

Vous trouverez ci-dessous un exemple du travail de Julian Tauland, Miam Miam :