Botticelli, La naissance de Vénus, vers 1485. peinture sur toile, Galerie des Offices, Florence
NASCITA DI VENERE
Botticelli
Vénus, debout sur le plus beau des coquillages
Aborde nue, au moins sauvage des rivages,
Ne cachant de son corps avec ses longs cheveux
Que juste ce qu’il faut pour qu’y dardent nos vœux
Une nymphe, éployant un clair manteau, s’empresse
A vêtir en impératrice la déesse ;
Et deux vents accourus, beaux éphèbes ailés,
Des cuisses et des bras l’un à l’autre mêlés,
De qui l’un est Zéphire et dont l’autre est Borée,
Soufflent l'amour divin et la haine sacrée
Le visage est suavement indifférent
Comme attendant le culte à venir que lui rend
Toute herbe et toute chair depuis cette naissance,
Et se pare d’une inquiétante innocence.
Paul Verlaine, Epigrammes, oct. 1894, Ed. de La Plume