Classes › Seconde 3 - Lycée Jean-Baptiste Poquelin




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08 février 2013

A la manière de Valentine Goby : Matthieu A.

Le pinceau.

Je suis ce pinceau. Je vois une femme ou un homme, je ne sais pas, en tout cas cela a les cheveux courts.

Je me rapproche toujours, dans les mains de mon artiste. Maintenant je vois mieux, c’est une femme, je ne comprends pas pourquoi elle est tondue. Elle semble triste, mal à l’aise et perturbée. Il me trempe dans de l’encre, je ne sais pas pourquoi d’ailleurs, je ne vois plus rien, la seule image qui m’apparaît est celle de cette femme, qui est triste, mais qu’a-t-elle fait ? Pourquoi cette foule ?

Je sens qu’on m’applique sur une surface, au fur et à mesure que l’encre se retire de ma tête, j’aperçois cette femme, mais son expression à changer, elle n’est plus triste, elle est effrayée, et alors je vois cette croix gammée … Je vois alors cette femme disparaître dans la foule.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                             Matthieu A.

10 janvier 2013

A la manière de Valentine Goby : Sarah D.

La jeune femme tondue.

" Je suis là, je ne dis rien. Je suis tellement choquée, j'ai tellement honte, je me sens tellement humiliée que je ne dis rien. Je suis assise, devant tout le monde, sentant cette multitude de parfums. Tout le monde me regarde, se moque de moi. Il y en a même un qui me tient le menton, j'ai juste envie de lui sauter dessus. Un autre montre la tondeuse avec laquelle on m'a enlevé tous les cheveux, ces cheveux auxquels je tenais, j'en prenais soin !
Ces cheveux que je coiffais tous les matins, comme lorsque ma mère les coiffait, elle aussi, tous les matins, comme ma mère les coiffait quand j'étais jeune ; les nombreuses colorations que j'ai fait à ces cheveux, les nombreux lissages... Je ne pensais vraiment pas perdre mes cheveux comme ça.
Et voilà on m'humilie en me rasant juste parce que j'ai aimé un Allemand. Aimer un Allemand, ce que je ne voulais pas à la base mais malheureusement je ne contrôle pas mes sentiments et à cause d'eux me voilà ici en ce moment même, au milieu d'eux. Je ne ressens plus rien, j'ai peur. "

Sarah D.

A la manière de Valentine Goby : Camille B.


Le tondeur

 

        Pendant que je tonds les cheveux de cette traîtresse, ma peine et ma rage de vengeance commencent tout doucement à être comblées mais je soupçonne que ces sentiments ne disparaîtront jamais. Je fait quelques entailles dans sa chair, du sang apparait et je ne ressens aucun regret. Trop de sang a déjà coulé ; même si quelques gouttes de plus ne rendront pas la vie à ceux qui sont tombés. Quand je pense à ma famille, à mes amis... et je ne sais même pas dans quels camps les survivants ont été envoyés. Mes proches les plus chers ont péri à cause des Allemands, pendant que ces trainées s’octroyaient les faveurs de nos ennemis.

J’en ai entendu jurer leurs grands dieux qu’elles étaient amoureuses ou que c’était le seul moyen qu’elles avaient pour nourrir leurs familles, mais cela n’empêche pas qu’elles sont souillées, que par procuration, elles sont devenues l’ennemi. Quant aux autres, celles qui ont eu des enfants avec l’envahisseur, je ne trouve pas les mots pour décrire le dégoût qu'elles m’inspirent et quand un photographe s’approche, je me mets à sourire en brandissant la tondeuse d’un air victorieux, tout en criant dans ma tête une litanie d’injures à cette pute.

Camille B.

A la manière de Valentine Goby : Eunice L.

Le photographe.

Un après-midi de 1945, en Avril, dans la rue Léon Blum, tout est calme, silencieux, monotone. Les gens sont chez eux, les volets et les rideaux ouverts, des passants debout sur la place. J'aperçois des femmes debout derrière leurs fenêtres, les rideaux à moitié ouverts. Moi, je suis là au milieu, avec mon appareil photo sans trop savoir ce qui va se passer, dans l'impasse. Je ne sais pas ce que je fais là, j'attends comme tous les autres. Tout à coup, j’aperçois au loin un homme qui arrive déterminé, avec une démarche dynamique, il tient à la main une tondeuse. Je n'arrive pas très bien à lire son expression sur son visage. Il arrive sur la place, monte les escaliers d'une cathédrale, reste debout pendant quelques minutes, lève sa main avec la tondeuse.
Et à ce moment précis tout m'a semblé aller si vite, les gens sortent de chez eux en vitesse, courent, se bousculent pour arriver sur la place et occuper le premier rang. Ils commencent à hurler et là, une femme apparaît au milieu de la place, les mains derrière le dos, maintenu par des mains, celles de cet homme à la tondeuse. Devant toute cette foule, elle baisse la tête, sans doute intimidée. J'ai essayé de lire sur son visage ce qu'elle ressentait à ce moment précis, mais je n'y arrive pas. Ensuite elle s'assoit et l'homme lui tond les cheveux petit à petit. Je les vois qui tombent sur ses genoux, sur le sol , puis ils effleurent ses mains frêles posées sur ses cuisses, mais son expression reste imperceptible. Soudain, elle approche ses mains de ses cheveux, les touchent, les caressent, prend le temps de les savourer, de leur faire un dernier adieu .
A la fin de la tonte, les hommes la saisissent. Ils m'interpellent, un homme me fait signe de venir la photographier. Je suis là, face à elle toujours le visage baissé. Les hommes me font signe de la prendre en vitesse. Je ne suis pas encore prêt mais mes mains deviennent moites. Elles glissent. Je sens la sueur couler le long de mon front, je tremble. Tout se mélange dans ma tête, je réfléchis en même temps et me décide. Ils lui lèvent la tête face à moi. Et je finis par découvrir enfin son visage, le regard paniqué, triste, avec les épaules bien droites, avec une fière allure. Ses lèvres tremblent et des sanglots, au fond de son cœur qui bat à toute vitesses, sont retenus. Elle laisse couler une larme, elle pleure maintenant. J'ai l'impression qu'elle s'adresse à moi, à ce moment j'appuie sur le déclencheur.

Aujourd'hui je suis fière de ma photo, fière de montrer ce que ces gens ont fait à cette femme, que son cœur n'a pas pu empêcher d'aimer.

Eunice L.

A la manière de Valentine Goby : Justine M.

Les cheveux.

        Cela faisait treize ans que nous étions accrochés à Marine. Mes camarades cheveux et moi-même entendons un bruit assourdissant, répétitif, qui s’approche de plus en plus. J’angoisse. Je croyais que ces sons terrifiants avaient cessé ! Je voIs mes camarades tomber petit à petit. Puis mon  voisin disparait à son tour. Puis vint le mien, je me sens impuissant, nu et léger à la fois. Je tombe devant le visage terrifié de cette jeune fille, je ne l’avais jamais vu de face. Je me faufile sur sa poitrine, puis sur ses genoux jusqu’à ses genoux.

Vu d’en bas, tout se précipite, tout est brutale mais glorieux à la fois. Je ne sais pas quel événement ou quelle victoire se célèbre. Je vois une main s’agripper à la tête de mon ancienne propriétaire. C’est une main poilue avec une poigne féroce, C’est sans aucun doute une main d’homme.  Au même moment, je vois un pinceau s’approcher du front de Marine. Qu’allait-il lui faire ? Qu’a fait cette jeune fille de seulement treize ans pour mériter une telle agressivité ? Décidément, je suis très loin de tout savoir.

Justine M.

A la manière de Valentine Goby : Tiphaine B.

Une passante.


Je passe comme tous les jours devant cette grande place. Mais aujourd'hui il y a un attroupement. Je ne comprend pas, il y a tant de monde... Ils ont l'air heureux, joyeux, presque émerveillé par ce qui se passe. Alors je m'avance et vois une femme assise sur une chaise, à coté d'elle se tient un homme avec une tondeuse à la main.

Autour d'eux il y a foule. Elle est constituée d'hommes et de quatre ou cinq femmes. La femme assise a l'air très triste. Elle est forcée de regarder le photographe pour la photo mais son regard est vide. L'homme lui rase les cheveux et il est joyeux alors qu'il humilie cette femme. Je n'imagine même pas la honte et la colère qu'elle ressent. J'aimerais que ces hommes soient à sa place, pour comprendre la douleur qu'elle ressent à l’intérieur d'elle-même. Mais au lieu de cela, ils se réjouissent de ce qu'ils lui font subir et sont contents de leurs actes.

 

A la manière de Valentine Goby : Mélanie S.

Le pavé au sol.

 

“ C’est la première fois! La première fois que je sens autant de jambes aussi flageolantes!

Mais le plus bizarre, c’est qu’il n'y a qu’une seule paire de jambes qui tremble, toutes les

autres sautent, se dandinent, courent, mais celle-ci est différente. J’essaye de regarder mais

je ne vois que des jambes et encore des jambes, il n’y a que ça!! Je calcule mais cela ne

correspond pas, ce n’est pas le jour du marché. Je réfléchis encore pendant quelques minutes

mais je ne trouve rien qui correspond. Le plus curieux c’est qu’il y a beaucoup de mèches de

cheveux par terre!! Curieux ! Puis je me rappelle comment j’ai été réveillé : "Tondons-les !

Elle nous ont trahis !!”

Je commence à me faire une idée, peut-être que :

- Ils répètent une scène de film.

Non en fait, je ne sais pas trop...

Mais attends! Imagine que ce soit vrai!? Mais oui, tout s’explique :

- les jambes qui tremblent

- les mèches de cheveux

- les petites gouttelettes... je pense que c’est de la sueur car il n’y en a pas assez pour

que ce soit de la pluie.

Mais c’est quand même étrange qu’il fasse subir cela à une femme ! C’EST HORRIBLE!!!

NON, NON je ne peux pas croire que les humains puissent faire preuve d’une telle cruauté !!

Personne n’oserait faire ça!!!!! Cela me brise le cœur!!”

 

Mélanie S.

A la manière de Valentine Goby : Carole P.

La jeune femme tondue.

Le 22 avril 1945, alors que je traverse cette foule pour aller à la tonte, je commence à avoir une boule dans le ventre. Une fois la foule traversée, je vais donc m'asseoir sur cette chaise pour que la tonte commence. À ce moment précis je sens tous les regards fixés sur moi. Je me sens donc humiliée et gênée.
Tout d'abord je me sens humiliée d'être là devant plein de gens qui sont heureux qu'on nous tonde. Ensuite je me sens gênée car tout le monde se moque de nous, les unes après les autres.  Ensuite, quand la tonte est enfin fini, tout le monde s' approche de moi, me touche comme si j'étais un objet. Ce moment restera toujours dans ma tête. Jamais je ne pourrais l'oublier.

J'ai aimé un homme et ça, jamais je ne le regretterai malgré ce qui vient de m'arriver.  Je ne sortirais plus, je me cacherais, j'ai honte d'eux. J'espère qu'un jour ils regretteront ce qu' ils nous ont fait endurer.
Carole P.

07 janvier 2013

A la manière de Valentine Goby : Nicolas D.S.

Une passante.

Encore un rassemblement sur la place publique. Pourquoi suis-je la seule à me sentir exclue ? Encore des femmes... bientôt tondues. On peut voir la tristesse dans leurs yeux, tout se mal commis sur des femmes qui n'ont rien demandé. Tous ces hommes sont heureux. Ils font du mal et en sont conscients. Je pense qu'ils le font de leurs plein gré ou pour suivre les autres peut-être... Personne ne les y oblige. Pourquoi ? Vengent-ils la mort d'un frère, d'un père, d'amis, de fils sur ces femmes qui ont eu le malheur de tomber amoureuse de l'ennemi, des soldats ALLEMANDS.

Moi-même je suis tombée amoureuse d'un officier qui faisait des rondes près de mon petit commerce. Chaque matin, il venait me commander un café et un croissant. Il prétendait qu'il n'avait jamais bu de café aussi bon en Allemagne. Il restait 5-10minutes à me parler avec quelques difficultés de langage. Mais j'arrivais toujours à le comprendre. Il était blond aux yeux bleu. En Allemagne il était chasseur. Mais bien sûr, il ne sait jamais rien passé entre nous car je savais qu'au moindre faux pas, je serais à la place de cette femme, victime de l'amour, ce sentiment si agréable mais si dévastateur.

Cette jeune fille ne doit même pas avoir 16 ans et elle devra se cacher le reste de sa misérable vie. Elle semble dévorer par le remord, le remord d'avoir écouter son cœur, ce cœur qui deviendra à jamais dur comme une pierre. Plus jamais elle ne sourira, et pourtant, toute cette joie mélangée à toute cette haine qui s'exerce autour d'elle, ce photographe qui immortalise ce moment, ce moment qui sera à jamais gravé dans sa mémoire, et cet homme ! Je le reconnais, c'est le barbier ! Sa boutique est en face de la mienne ! Je le pensai honnête, mais il ne vaut pas mieux que les autres, il est même pire ! Il a comme violé l'intimité de cette jeune fille sans défense contre tous ! Ce n'est qu'une enfant avec, déjà, des problèmes d'adultes.

Je ne comprends pas, dans le public, il y a aussi des femmes qui pourraient être leurs mères ! Si elles étaient leurs filles, leurs propre chair, seraient-elles dans un tel état d'euphorie ? Elles acclament cet homme qui va certainement lui dessiner une croix gammée sur son front si frêle, une marque indélébile à ses yeux.

Nicolas D.S.

29 novembre 2012

Les élèves de Poquelin ont écrit... à la manière de Valentine Goby...

Valentine Goby, auteur du roman L'échappée, est venue parler de son travail d'écrivain, lundi 12 novembre, aux élèves de Seconde 3, séduits par cette jeune femme vive et enthousiaste.

Puis, à l'occasion de deux ateliers, elle les a fait entrer en écriture. Ils ont pu écrire un texte à partir de la photographie qui a inspiré son roman L'échappée : une jeune femme, au crâne tondu, est exhibée par une foule en liesse. La scène se situe en 1944, en France, à la Libération.

Les élèves ont adopté le point de vue d'un personnage de cette scène et écrit à la manière de Valentine Goby : écrire à la première personne, au présent, en utilisant ses cinq sens.

En exemple, le texte de Sullivan Vimont.

"Mes pieds tremblent sur les pavés bruyants de ma rue. Mes yeux se baladaient quand la violence m'est apparue : des hommes manifestant inconsciemment leur vengeance, se défoulent sur ce qu'ils pensent être, le symbole de leur souffrance. Au milieu d'eux, une femme traitée comme un mouton, sa fourrure lui est enlevée pour faire des pulls à ses patrons.On peut lire sur son visage, son appel au secours, la tristesse d'une fille sage, que les convictions secouent. Elle a peur, elle tremble, se fait manger par son assiette, ne croyant plus en rien. La joie des autres a endormi la sienne mais elle ne regrette rien, elle a vécu de sa vie, sa plus belle année. On lui met du sang sur les mains, mais son plus grand crime c'est d'avoir aimé."

Sullivan Vimont

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