A la manière de Valentine Goby : Eunice L.
Par profpoquelin78 le 10 janvier 2013, 12:45 - Seconde 3 - Lycée Jean-Baptiste Poquelin - Lien permanent
Le photographe.
Un après-midi de 1945, en Avril, dans la rue Léon Blum, tout est calme, silencieux, monotone. Les gens sont chez eux, les volets et les rideaux ouverts, des passants debout sur la place. J'aperçois des femmes debout derrière leurs fenêtres, les rideaux à moitié ouverts. Moi, je suis là au milieu, avec mon appareil photo sans trop savoir ce qui va se passer, dans l'impasse. Je ne sais pas ce que je fais là, j'attends comme tous les autres. Tout à coup, j’aperçois au loin un homme qui arrive déterminé, avec une démarche dynamique, il tient à la main une tondeuse. Je n'arrive pas très bien à lire son expression sur son visage. Il arrive sur la place, monte les escaliers d'une cathédrale, reste debout pendant quelques minutes, lève sa main avec la tondeuse.
Et à ce moment précis tout m'a semblé aller si vite, les gens sortent de chez eux en vitesse, courent, se bousculent pour arriver sur la place et occuper le premier rang. Ils commencent à hurler et là, une femme apparaît au milieu de la place, les mains derrière le dos, maintenu par des mains, celles de cet homme à la tondeuse. Devant toute cette foule, elle baisse la tête, sans doute intimidée. J'ai essayé de lire sur son visage ce qu'elle ressentait à ce moment précis, mais je n'y arrive pas. Ensuite elle s'assoit et l'homme lui tond les cheveux petit à petit. Je les vois qui tombent sur ses genoux, sur le sol , puis ils effleurent ses mains frêles posées sur ses cuisses, mais son expression reste imperceptible. Soudain, elle approche ses mains de ses cheveux, les touchent, les caressent, prend le temps de les savourer, de leur faire un dernier adieu .
A la fin de la tonte, les hommes la saisissent. Ils m'interpellent, un homme me fait signe de venir la photographier. Je suis là, face à elle toujours le visage baissé. Les hommes me font signe de la prendre en vitesse. Je ne suis pas encore prêt mais mes mains deviennent moites. Elles glissent. Je sens la sueur couler le long de mon front, je tremble. Tout se mélange dans ma tête, je réfléchis en même temps et me décide. Ils lui lèvent la tête face à moi. Et je finis par découvrir enfin son visage, le regard paniqué, triste, avec les épaules bien droites, avec une fière allure. Ses lèvres tremblent et des sanglots, au fond de son cœur qui bat à toute vitesses, sont retenus. Elle laisse couler une larme, elle pleure maintenant. J'ai l'impression qu'elle s'adresse à moi, à ce moment j'appuie sur le déclencheur.
Aujourd'hui je suis fière de ma photo, fière de montrer ce que ces gens ont fait à cette femme, que son cœur n'a pas pu empêcher d'aimer.
Eunice L.
Un après-midi de 1945, en Avril, dans la rue Léon Blum, tout est calme, silencieux, monotone. Les gens sont chez eux, les volets et les rideaux ouverts, des passants debout sur la place. J'aperçois des femmes debout derrière leurs fenêtres, les rideaux à moitié ouverts. Moi, je suis là au milieu, avec mon appareil photo sans trop savoir ce qui va se passer, dans l'impasse. Je ne sais pas ce que je fais là, j'attends comme tous les autres. Tout à coup, j’aperçois au loin un homme qui arrive déterminé, avec une démarche dynamique, il tient à la main une tondeuse. Je n'arrive pas très bien à lire son expression sur son visage. Il arrive sur la place, monte les escaliers d'une cathédrale, reste debout pendant quelques minutes, lève sa main avec la tondeuse.
Et à ce moment précis tout m'a semblé aller si vite, les gens sortent de chez eux en vitesse, courent, se bousculent pour arriver sur la place et occuper le premier rang. Ils commencent à hurler et là, une femme apparaît au milieu de la place, les mains derrière le dos, maintenu par des mains, celles de cet homme à la tondeuse. Devant toute cette foule, elle baisse la tête, sans doute intimidée. J'ai essayé de lire sur son visage ce qu'elle ressentait à ce moment précis, mais je n'y arrive pas. Ensuite elle s'assoit et l'homme lui tond les cheveux petit à petit. Je les vois qui tombent sur ses genoux, sur le sol , puis ils effleurent ses mains frêles posées sur ses cuisses, mais son expression reste imperceptible. Soudain, elle approche ses mains de ses cheveux, les touchent, les caressent, prend le temps de les savourer, de leur faire un dernier adieu .
A la fin de la tonte, les hommes la saisissent. Ils m'interpellent, un homme me fait signe de venir la photographier. Je suis là, face à elle toujours le visage baissé. Les hommes me font signe de la prendre en vitesse. Je ne suis pas encore prêt mais mes mains deviennent moites. Elles glissent. Je sens la sueur couler le long de mon front, je tremble. Tout se mélange dans ma tête, je réfléchis en même temps et me décide. Ils lui lèvent la tête face à moi. Et je finis par découvrir enfin son visage, le regard paniqué, triste, avec les épaules bien droites, avec une fière allure. Ses lèvres tremblent et des sanglots, au fond de son cœur qui bat à toute vitesses, sont retenus. Elle laisse couler une larme, elle pleure maintenant. J'ai l'impression qu'elle s'adresse à moi, à ce moment j'appuie sur le déclencheur.
Aujourd'hui je suis fière de ma photo, fière de montrer ce que ces gens ont fait à cette femme, que son cœur n'a pas pu empêcher d'aimer.
Eunice L.