A la manière de Valentine Goby : Carole P.

La jeune femme tondue.

Le 22 avril 1945, alors que je traverse cette foule pour aller à la tonte, je commence à avoir une boule dans le ventre. Une fois la foule traversée, je vais donc m'asseoir sur cette chaise pour que la tonte commence. À ce moment précis je sens tous les regards fixés sur moi. Je me sens donc humiliée et gênée.
Tout d'abord je me sens humiliée d'être là devant plein de gens qui sont heureux qu'on nous tonde. Ensuite je me sens gênée car tout le monde se moque de nous, les unes après les autres.  Ensuite, quand la tonte est enfin fini, tout le monde s' approche de moi, me touche comme si j'étais un objet. Ce moment restera toujours dans ma tête. Jamais je ne pourrais l'oublier.

J'ai aimé un homme et ça, jamais je ne le regretterai malgré ce qui vient de m'arriver.  Je ne sortirais plus, je me cacherais, j'ai honte d'eux. J'espère qu'un jour ils regretteront ce qu' ils nous ont fait endurer.
Carole P.