
Lundi 12 novembre, les élèves de seconde 3 ont rencontré Valentine Goby pour un échange riche et passionnant sur son travail d'écrivain et sur son roman L'échappée.
A l'origine de ce roman, Valentine Goby avait envie de parler "du sentiment d'être étranger à soi, cette envie d'être ailleurs et pas là où l'on est". A partir d'une photographie représentant une jeune femme au crane tondu, entourée et exhibée par une foule en liesse, à la Libération en France en 1944, elle trouve son sujet car "cette femme est étrangère chez elle. Que lui est-il arrivé ? Amoureuse d'un Allemand, elle a transgressé les règles de cette époque où les Allemands occupaient la France. Elle a traversé la frontière entre le bien et le mal, fait quelque chose pour se sentir existé. Elle lâche le contrôle en n’obéissant plus à la Loi mais à son cœur."
Pour donner de la force à son roman, Valentine Goby a fait des recherches, pendant un an, sur la vie sous l'Occupation, sur les femmes tondues. Comme Emile Zola, elle "va sur le terrain", enquête, prend des notes, lit des archives, des témoignages... Elle tombe sur une photographie : c'est un choc. Son roman partira de cette photo.
Elle puise aussi son inspiration dans sa propre histoire. Non que dans sa famille, cette situation ait été vécue. Mais elle pense que "pour toucher les autres, il faut aller chercher dans ses histoires à soi." Ainsi, elle a ressenti l'envie d'être ailleurs. Enfant et adolescente, Valentine Goby a vécu à la campagne, loin de tout. Il était alors pour elle difficile de se sentir à sa place et elle rêvait d'un ailleurs. Elle appartient à une lignée de femmes qui ont fait des choix qui les engageaient indépendamment de la morale de leur époque. Elle leur rend hommage en dédicaçant L'échappée à son arrière-grand-mère, à sa grand-mère et à sa mère. "La littérature permet de défendre ce à quoi l'on croit."
Valentine Goby n'est pas née dans les livres. "Chez moi, on ne lisait pas. C'est l'ennui qui m'a fait lire." Avec les livres, elle rêve d'ailleurs, voyage sans bouger. Elle commence à lire à 13/14 ans ; son coup de cœur, Le grand Meaulnes d'Alain-Fournier. Elle se découvre une passion pour Zola. Aujourd'hui, la lecture la nourrit ainsi que son oeuvre : "les livres travaillent en moi sans que je le sache."
L'écriture a toujours fait partie de sa vie. Petite, elle écrivait dans sa tête et apprenait de petits poèmes. A 26 ans, elle envoie son premier roman à un éditeur. A l'époque, elle travaille comme professeur de Français dans un collège. Aujourd'hui, elle n'enseigne plus : sa vie est structurée autour de l'écriture. Pour gagner sa vie, elle fait des conférences, anime des rencontres et des ateliers d'écriture.

Après cette rencontre, les seconde 3 du lycée ont eu la chance de participer à l'un de ses ateliers d'écriture. Ils y ont expérimenté la technique d'écriture de Valentine Goby : entrer dans le personnage en empathie, trouver en soi ses sentiments et ses émotions, faire ressentir au lecteur ce que le personnage vit et ressent, pour en donner sens, en expliquer le comportement. En partant de la photographie qui l'a inspirée, elle demande à chaque élève d'adopter le point de vue de l'un des personnages ou objets de cette scène : le tondeur, la tondue, un personnage de la foule ou extérieur à cette foule, un oiseau, les cheveux, un pavé...

Ces textes seront bientôt disponibles sur ce blog.