Les critiques d'Imane

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2017 juin 1

Voici venir les rêveurs

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Cette histoire se passe au cœur de New-York. Jende Jonga, sa femme Neni et leur fils, Liomi sont des migrants venant du Cameroun. Après une intégration difficile aux États-Unis, Jende fait la rencontre de M. Clark, un grand banquier par le biais de son cousin Wilson. Il devient donc chauffeur de cette famille riche qui malgré les apparences n'est pas très heureuse...

Nous sommes plongés entre deux cultures parallèles. Le caractère trempé de Neni et l'humour de Jende nous transportent tout au long de l'histoire, et nous ne manquons pas de nous attacher à ces personnages.

Entre bons et mauvais moments, Imbolo Mbue a su nous délivrer la réalité de ces « rêveurs » idéalisant la vie américaine.

A travers ce roman, l'auteure nous a transmis la culture et les coutumes de son propre pays car elle est elle-même originaire de Limbé, le village de Jende. A cette touche personnelle s'ajoute une très belle plume. Je ne voulais pas que le livre se finisse tellement je l'ai trouvé génial même si j'aurais voulu une fin un peu plus détaillée et prononcée.

19/20

Tropique de la violence

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C'est une histoire au cœur de Mayotte, loin de tous les clichés idylliques et merveilleux de l'île au sable fin et à l'eau bleue turquoise. Ici, nous sommes transportés dans un récit aux mots violents et aux personnages percutants qui nous révèlent la véritable vie d'une jeunesse livrée à elle-même faisant la loi dans un quartier dépourvu d'autorité. On jongle entre plusieurs répliques des personnages. Chaque personnage explique son point de vue sur la violence vécue au quotidien, et les choix terribles qu'ils ont du faire. Moïse, abandonné par sa mère à la naissance car il a les yeux de couleurs différentes, est considéré comme un démon et est adopté par Marie. Il se retrouvera dans la vie noire et ténébreuse de Mayotte alors qu'il avait été habitué à un confort paisible précédemment.

Ceci est loin d'être un roman à la belle histoire où tout est rose. La particularité de ce roman est son écriture noire et crue.

Après avoir publié un autre roman, Natacha Appanah a décidé d'écrire, après son séjour à Mayotte, sur la jeunesse à la dérive. Je n'ai pas l'habitude de lire des romans aussi prenants et il est vrai qu'il ne faut pas être sensible pour lire l'histoire en entier. Très bonne expérience pour moi, même si les hauts de cœur étaient parfois présents.


14/20

Station eleven

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Lors d'une représentation théâtrale, Arthur Leander qui incarne le roi Lear meurt sur scène.

Après ce décès, une pandémie se répand ce qui causera la perte de la quasi-totalité de la population mondiale. Les quelques survivants forment une troupe nomade, voyageant aux États-Unis et essayant de survivre en composant, en jouant de la musique et en s'inspirant de Shakespeare. Dans cette histoire complexe, nous découvrons que chaque personnage est lié d'une certaine manière à Arthur Leander. L'espoir et l'art sont les mots clés de cette nouvelle civilisation qui tente de revivre après cette apocalypse.

C'est une histoire très originale car elle mêle science-fiction et art. L'intrigue est étonnante. Les personnages sont attachants et sensibles.

En mêlant passé et présent, Emily St-John Mendel s'est lancé dans un récit très complexe mais elle a réussi à tout relier et à créer une suite logique avec une histoire hors du commun ; ce qui donne du plaisir à lire et à comprendre le dénouement de l'histoire. Je ne suis pas une amatrice de science-fiction. J'ai fait quelques efforts pour m'accrocher, et je ne regrette pas ma lecture.

12/20

Phalène fantôme

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Nous sommes en 1969 en Irlande au moment d'une guerre civile entre catholique et protestant. En une journée ensoleillée, Katherine, ses enfants et son mari George se rendent à la plage. Lors de la baignade, Katherine rencontre un phoque qui va la paniquer et lui faire remonter des souvenirs datant de 1949... Cette scène est étonnement bien décrite et nous avons l'impression d'être au cœur de l'histoire en détresse avec le personnage dans cette terrible situation. 

C'est à travers cette mésaventure que l'auteur nous emmène vers le passé des personnages et vers les choix que Katherine a été amenée à faire dans sa vie vingt-ans plutôt notamment en se remémorant sont histoire d'amour avec son tailleur Tom. Au fil du roman, on comprend que le personnage de Katherine essaie en quelque sorte de « soulager sa conscience »  en tentant d'être en accord avec elle-même sur son passé pour que celui-ci n'ait pas d'impacts négatifs sur sa vie actuelle.

Cette histoire est touchante et bouleversante et j'ai trouvé les personnages empathiques et attachants mêlés à une sensibilité palpable. Elle m'a fait pensé à la notion du « dilemme cornélien » car elle propose une grande réflexion sur l'importance de nos choix en fonction du cœur ou de la raison.

Dans ce premier roman, Michèle Forbes a su créer une histoire et des personnages subtiles et attachants avec une très belle plume à la fois légère et poétique.

Cela donne énormément de teneur et de charme au livre que j'ai trouvé très bien écrit. J'ai bien aimé les sujets : l'intolérance religieuse, l'histoire d'amour tragique et le mélange des deux époques.

Un roman atypique qui a été pour moi un véritable coup de cœur.

17/20

Chanson douce

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Myriam a fait des études de droit mais à cause de l'arrivée précipitée de ses enfants, elle n'a jamais pu exercer. Installée dans une routine constante et qui lui pèse de plus en plus, elle rêve d'une carrière d'avocate pleine d'ambition de responsabilités. Par l'intermédiaire d'un ancien ami, elle parvient à trouver du travail dans un cabinet d'avocat, pour ça, elle et son mari doivent trouver une nounou pour garder les enfants.

Après plusieurs rencontres, ils s'arrêtent sur Louise qui a tout d'une nounou parfaite. Elle semble avoir le contact facile avec les enfants, elle est douce et amusante.

Très vite, Louise est indispensable au sein de ce couple débordé de travail, elle est considérée comme l'ange de la famille en accomplissant les tâches parfaitement. Mais les beaux jours se voilent peu à peu. Louise devient gênante. Le couple essaie de mettre une limite à l'intrusion de la nounou dans leur vie personnelle. Louise, au caractère paranoïaque tout au long de l'histoire, se fond petit à petit dans un comportement morbide et soucieux, ce qui ne tardera pas à lui faire perdre toute raison. Elle se rendra compte que bientôt, elle ne sera plus d'aucune utilité pour la famille.

C'est un roman froid et triste, où Leila Slimani met en avant dès la première page que le bébé est mort, ce que je trouve dommage. J'aurai préféré une chute à la fin de l'histoire plutôt que d'avoir la clé de l'intrigue au début. Dans cette histoire, la vie de Louise permet d'expliquer ce geste impardonnable. L'auteure a su me transporter même si je m'attendais tout de même à la fin à des réponses...

16/20

Au commencement du septième jour

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C'est l'histoire de la famille Texier, aux apparences normales, qui va subir un déséquilibre à cause d'un mystérieux accident de voiture de Camille la femme de Thomas. Ce dernier va tenter entre culpabilité et incompréhension de résoudre le problème de cet accident à un endroit où Camille n'aurait pas du se trouver surtout à une heure si tardive... A force de fouiller, Thomas va se trouver confronter à d'anciens secrets de famille, à des personnes qu'il n'aurait jamais cru connaître et à des révélations saisissantes qui mènent à croire que cet accident était une bombe à retardement.

Dans ce roman, l'auteur nous apporte une certaine réflexion et beaucoup de suspens ce qui est positif. Néanmoins, je n'ai pas réussi à finir le livre qui, je trouve, est très difficile à lire et le choix du style d'écriture de Luc Lang est très technique et assez particulier. De plus, l'utilisation d'un narrateur externe est lassant et nous prive en quelque sortes d'être totalement absorbé par le roman car il donne l'impression d'être à l'écart de l'histoire et de ne pas en faire partie, ce que je trouve dommage en tant que lectrice. Les détails et les descriptions sont aussi parfois inutiles et le suspens n'est plus saisissant au fur et à mesure du livre.

Dans ce dernier livre, Luc Lang a su établir une histoire intéressante et construite, ce qui a provoqué beaucoup de succès de ce roman qui reste tout de même bon dans l'ensemble. Je ne regrette pas d'avoir commencé à le lire même si je suis un peu déçue.

10/20

2017 janv. 12

Abraham et fils de Martin Winckler

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Abraham Farkas est un médecin juif venu d'Algérie. Un jour, lui et son fils débarquent dans une petite ville de province nommée Tilliers. Nous découvrons l'incroyable sensibilité de Franz son petit garçon. C'est un garçon solitaire qui se réfugie dans la lecture à la recherche de réponses aux questions. Il veut connaître son passé, celui d'avant, celui d'avant son amnésie, d'avant son accident. Le passé les rattrape. C'est avec plaisir que nous suivons au fil du roman les anecdotes et les histoires du petit Franz, que nous apprécions la générosité touchante de son père qui se dévoue pour son métier et fait tout pour son fils. Une histoire en parallèle s'entremêle, celle liée à la maison...

Un roman avec des personnages attachants. Néanmoins,il ne faut pas perdre le fil car l'auteur a quand même choisi d'écrire quelques passages « inutiles » qui rendent l'histoire parfois ennuyeuse. Martin Winckler, écrivain et essayiste a l'habitude de critiquer le système médical français dans ses livres. Dans Abraham et Fils, Tilliers est Pithiviers ; le père de Franz vient d'Algérie comme son père. On peut dire qu'il se voit en eux. Imane

12/20

 

Le chagrin des vivants d'Anna Hope

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Cette histoire tourne autour de trois femmes qui vont vivre les cinq jours précédents la commémoration du soldat inconnu en novembre 1920 à leur manière. Evelyn, Ada et Hettie sont les preuves que la guerre a laissé de nombreuses cicatrices tant du côté des soldats que du côté des familles. Le choix de personnages féminins rend l'histoire plus sensible et touchante. Ce livre est une vraie leçon de vie. L'auteur veut à la fois exprimer l'horreur de la guerre mais aussi la difficulté de se reconstruire, et d'affronter l'avenir face à des changements si brutaux.

L'angoisse et justement « le chagrin des vivants » nous poussent à suivre cette histoire avec intérêt et empathie. J'ai tout de même eu du mal à m'y plonger au début et je ne cache pas, j'ai eu énormément de mal à finir ce livre. Peut-être parce que finalement,la tristesse se ressent à travers la lecture et que les émotions prennent le dessus. Ce livre reste un hommage à tous les soldats morts sur le front et à toutes les femmes, veuves, orphelines ou ayant perdu un proche.

Le chagrin des vivants est le premier roman d'Anna Hope. Elle a su s'approprier un sujet aussi sensible que la guerre. Cet auteur a beaucoup de talent. Cependant, je pense, que ce livre n'est pas approprié à un public adolescent. Un adulte n'aura sûrement pas le même avis que moi. Imane

12/20

 

Le dernier des nôtres d'Adélaïde Clermont-Tonnerre

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Werner Zilch a été adopté. De caractère prétentieux et orgueilleux, il a l'habitude depuis son plus jeune âge de multiplier les conquêtes. Jusqu'au jour où dans un restaurant, il croise le regard de la belle Rebecca qui le fait tomber éperdument amoureux.. Au fil de leur relation , on découvre les liens qui les attachent réellement. Nous avons des réponses à nos questions . Nous plongeons dans deux récits parallèles, à deux époques, l'un dans les années1960-1970 aux États-Unis et l'autre dans les années 1944-1945 en Allemagne pendant la guerre.

Nous sommes transportés dans une histoire d'amour forte et passionnante et dans un monde fait de réalités tristes et moroses, le monde de la guerre. Les personnages sont particulièrement attachants avec chacun un fort caractère. Nous sommes confrontés à différents sentiments : l'incompréhension, le désir, la tristesse et l'amour. Nous pouvons dire que Adélaïde de Clermont-Tonnerre, a une belle plume, son premier livre Fourrure a été publié en 2010, il y a presque 7 ans. C'est un écrivain nouveau qui ne manque pas d'imagination et qui nous fait découvrir une belle histoire que nous ne regrettons pas d'avoir lu ! Imane

16/20