s'exprimer, partager, créer, échanger...au lycée Marie Curie de Versailles

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travail Mélodie

En Inde les enfants ouvriers représentent presque la totalité des habitants de  France.

 

Une alarme retentit dans l’usine, c’est la pause déjeuner. Mes copains et moi sortons en courant jusqu’à l’entrepôt qui nous sert de réfectoire. Nous n’avons que quinze minutes pour manger, c’est sûrement le temps d’un café et d’une cigarette en France.  Je ne parle pas durant le repas, personne ne parle vraiment de toute façon. De quoi voulez-vous que l’on discute? De l’école ? Personne ici n’y est allé. De notre pays ? En Inde, nous sommes soixante millions d’enfants à travailler. De notre dernier vélo ? Nos parents n’ont même pas les moyens de subvenir à nos besoins. Les miens m’ont vendu à mes quatre ans pour travailler ici dans cette usine de tapisserie.

De retour près de ma machine, j’enchaine les mouvements répétitifs depuis maintenant trois ans. Ce rythme est presque impossible à suivre, nous travaillons à la même cadence que les adultes. Malheureusement j’ai besoin de ce travail pour survivre avec ces quelques sous par heure. Je suis ici depuis six heures du matin pour y rester jusqu’à vingt-deux heures et cela tous les jours. Je ne parle même pas des heures supplémentaires de nuit.

« Amar, dans mon bureau immédiatement ! »

Tous les regards des ouvriers sont tournés vers moi, car ils savent aussi bien que moi ce qui m’attend là-bas.

Devant la porte, le stress et la peur m’envahissent mais à peine rentré ma colère reprend très vite le dessus en voyant cet homme qui nous exploite. L’homme me regarde perversement et m’ordonne de m’assoir. J’obéis. C’est ensuite qu’il commence à m’écharper. J’ai cassé une machine sans le vouloir ce qui m’attire la colère de mon supérieur. Il ne cesse de me rappeler que je ne suis qu’un enfant-ouvrier parmi tant d’autres et que je ne sers qu’à travailler. Je ne peux rien répliquer car je sais qu’il a entièrement raison. La dernière phrase de son monologue me terrifie.

Il se lève, ferme la porte à clé et s’approche de moi en déboutonnant sa chemise. Je déglutis en sachant pertinemment ce qui m’est destiné.