s'exprimer, partager, créer, échanger...au lycée Marie Curie de Versailles

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

rime travail

Un flot continu de personnes sort de la bouche de métro telle une large bouche vomissant une masse grouillante. Le métro se situe exactement en dessous du quartier d'affaire de Londres, de telle sorte qu'à la pose du déjeuner, les rues se retrouvent engorgées de tous ces petits employés de bureau, les ouvriers provenant du chantier de la ville, les grands patrons qui sortent de leur bureau et les petits touristes qui se perdent dans cette masse humaine. Au centre de cette activité se trouve le Sainsbury's, supermarché local qui reçoit chaque jour tout ce petit monde. Les travailleurs prennent sur le pouce leur déjeuner. On y croise toute sorte d'accoutrements, des tenues de chantier orange, au costume cravate, à la jupe crayon et brushing. Les londoniens n'ont pas de temps à consacrer à leur repas du midi. Le temps est consacré à la bourse qui change sans arrêt, instable, aux travaux de construction, aux appels téléphoniques, à gérer les finances, les malades, la loi. On s'assure que demain utilise autant de temps que le jour même. Les gens passent leur vie en boucle, chaque journée répétant les mêmes gestes, mêmes habitudes afin de garder un équilibre constant. Les actions se font en répétition, créant dans la tête comme une migraine effroyable à laquelle on finit par s’habituer pour pouvoir toucher à la fin du mois de quoi manger pour le mois à suivre. Le grand patron n'est rien sans ses petits ouvriers et les ouvriers ne sont rien sans leur grand patron, telle une fourmilière où chaque personne est destinée à une tâche afin de faire tenir la pyramide en place. Travailler, grimper les échelons, se nourrir, dormir. Et toutes ces petites fourmis, on les retrouve à l'heure du midi. Il suffit de s'asseoir, s'installer, prendre un bon bouquin et du café puis attendre. On pourrait mettre une sonnerie à l'heure de pause et voir ce flot de fourmis qui débouche dans la rue. Les voitures klaxonnent d'impatience pendant que le passage piéton est envahi. Le taux de pollution atteint un pic anormal à ce moment de la journée, les taxis noirs se fraient un chemin entre les personnes, les pressés donnent des coups de coudes, les touristes se laissent bousculer ; impressionnés par la fourmilière. Voilà le passe-temps favori de certains vieux londoniens pour qui la vie n'a plus autant d’attrait qu'autrefois, comme par exemple moi-même. Me voilà, le petit moustachu installé sur un banc tout aussi vieux que moi, qui observe l’œil frétillant et la moustache recourbée tel un héros de roman belge.