Tu es arrivé parmi des milliers. J’ai donné de mon amour à beaucoup d’entre eux  mais toi, toi tu étais tellement différent. Pendant que les autres pleuraient, toi tu riais, tu étais heureux, l’absence de tes parents ne semblait pas te toucher. Mais toute cette innocence m’a brisé le jour où je t’ai accompagné avec d’autres au départ du train. Ta main était au creux de la mienne, je l’ai serré aussi fort que j’ai pu, mais il a fallu que je la lâche, je n’ai même pas eu le temps de te dire un mot, la porte du wagon s’est refermée. Les enfants se sont mis à pleurer, j’ai essayé de te voir à travers les barreaux mais rien… puis soudain, une main, cette toute petite main qui quand le train a démarré s’est mise à trembler. C’est le dernier souvenir que j’ai, le seul qui me hantera jusqu'à la fin, cette petite main tremblante qui part au loin.     

Maruejol juliette