Cette lettre peut être lue comme une confidence émouvante de madame de Tourvel à son amie madame de Rosemonde sur ses sentiments envers Valmont.

En effet, elle éprouve pour Mme. de Rosemonde des sentiments de vénération et voit en elle un guide. Elle l'exprime à la ligne 6 : "je m'écarte même des sentiments de vénération qui vous sont dus." Par ce terme fort de "vénération", Mme. de Tourvel indique qu'elle respecte son amie comme une femme plus âgée qu'elle et digne de respect par sa vertu. Cependant, elle doit "s'écarter" de ce sentiment seulement respectueux afin de pouvoir lui avouer ses fautes. Elle demande donc à Mme. de Rosemonde de la considérer comme son enfant: "Regardez-moi comme votre enfant"(ligne10) et lui demande d'avoir pour elle "les bontés maternelles" (ligne 11) ; cette demande s'explique par le fait que la bienveillance et l'amour d'une mère sont infinis; ainsi Mme. de Tourvel n'aura pas à avoir peur du jugement de Mme. de Rosemonde car elle sait que peu importe ses fautes, elles seront pardonnées.

Cependant, Madame de Tourvel est partie de chez Madame de Rosemonde sans la prévenir. Elle écrit cette lettre pour lui donner des explications et en profite pour lui avouer tout ce qu'elle a sur le cœur. Elle commence par la mettre en garde à la ligne 2, lorsqu'elle dit "votre surprise va redoubler encore quand vous saurez les raisons". Puis, elle justifie sa lettre en disant avoir "besoin d'épancher sa douleur dans le sein d'une amie" (ligne 8). Enfin, au troisième paragraphe, Madame de Tourvel décide de se lancer dans sa confession: "Que vous dirais-je enfin? J'aime, oui j'aime éperdument Hélas!" (ligne17). Nous pouvons noter l'emploi de phrases interrogatives et exclamatives qui montrent la confusion et la douleur de madame de Tourvel.De plus, la répétition du "j'aime" souligne sa difficulté à avouer et le courage dont elle fait preuve. L'hyperbole, "éperdument" traduit le désespoir que lui cause cette passion ; par ailleurs, on retrouve dans l'adverbe "éperdument" la racine de "perdre", ce qui peut faire référence à sa perte de repères et également à la perte de sa vertu. L'interjection "hélas", rejetée en fin de phrase, souligne ce que cet aveu a de douloureux pour la jeune femme.

Dans cette lettre, le lecteur peut être ému de voir Madame de Tourvel chercher à établir avec sa vieille amie, Madame de Rosemonde, une relation de confiance plus intime qui va lui permettre un aveu difficile des sentiments. Il peut aussi être touché par l'intensité du sentiment amoureux qu'elle exprime pour la première fois aussi librement.

(Kyky, Charlotte, Claire et Mégane)

Cette lettre est en effet un aveu d'amour dans lequel on a l'impression que madame de Tourvel laisse parler son coeur.  La Présidente nous touche par ses sentiments contradictoires face à sa décision de départ et par les transports d'amour qu'elle éprouve pour Valmont. Ainsi, elle utilise trois registres: le lyrisme, le pathétique et le tragique, pour nous les transmettre.

D'abord, dans cette lettre, la présidente ouvre son cœur à Mme de Rosemonde. En faisant cela, elle transforme une simple lettre d'adieu en une magnifique lettre d'amour débordante de lyrisme. Mme de Tourvel utilise de nombreuses hyperboles: "Je suis bien malheureuse" (paragraphe 2) "Ce mot si souvent demandé" (paragraphe 3), "Je lui dois bien plus que la vie" (paragraphe 5) qui nous montrent à quel point Valmont l'a "chamboulée". Le champs lexical des sentiments -et surtout celui de l'amour- ("J'aime", "coeur", "je souffre", "bonheur", "enivrée de plaisir") rend cette lettre particulièrement lyrique et nous démontre une fois de plus que la Présidente est en proie à des sentiments contradictoires.  L'emploi de la première personne du singulier ("j'aime", "j'y ai peut-être quelque droit", "je souffrirai", "je vais le fuir") et le fait qu'elle ne désigne pas directement Valmont en utilisant la 3ème personne du singulier ("Il va douter") et l'article défini "le") prouve qu'elle est émotionnellement impliquée et qu'elle essaie de se détacher du Vicomte. Rémi

Ensuite, cette lettre d'amour exprime également la souffrance amoureuse de Mme de Tourvel. Ainsi, le registre pathétique fait son apparition, notamment à partir du 3ème paragraphe. Tout d'abord, le champs lexical de la souffrance est abondant dans ce texte :"Je suis bien malheureuse!" l.22 (insistance grâce à l'hyperbole), "je souffre" l.24, "il a vu ma peine" l.42, "son malheur et le mien" l47. Ensuite, on peut remarquer la récurrence des phrases exclamatives et interrogatives qui traduit l'intensité de sa souffrance amoureuse, comme "Hé bien!" l.41, "Comment ne le chérirais-je pas?" l.42 ou encore "Vivre ainsi n'est-ce pas mourir mille fois?" l.50. Dans cette dernière expression, l'intensité de ses souffrances est renforcée par l 'antithèse entre vivre et mourir et par l'hyperbole "mourir mille fois".  Enfin, alors que Valmont est la cause de ses souffrances, Mme de Tourvel, étonnament, suppose qu'il souffre aussi de sa décision de départ ("je vais le fuir et l'affliger" l26). Elle culpabilise.

Enfin, dans le sixième paragraphe, la suite d'oppositions (de la ligne 26 à 33 puis de la ligne 46 à 50)  entre d'une part sa souffrance et d'autre part celle de Valmont renforce le pathétique mais dévoile un nouvel aspect: le tragique de cette lettre. (Cyprien) Madame de Tourvel a conscience des conséquences de son départ, ainsi elle anticipe et prévoit les réactions de Valmont. On peut donc relever des expressions appartenant au registre tragique telles que: "trouble mortel" l.14, "fatal voyage" l.16, "je paierai de ma vie" l.19, "vivre ainsi n'est-ce pas mourir mille fois?" l.50 qui montrent l'état d'esprit dans lequel est la Présidente, c'est à dire perdue. En effet, le mot " fatal", qui peut paraître hyperbolique, souligne le fait que  la Présidente se sent entraînée vers la mort par cette rencontre avec Valmont. Mais on peut aussi relever l'emploi du futur et notamment "Il va douter" l.21, et "Il croira avoir à s'en plaindre" l.22. Ce temps grammatical montre que la Présidente appréhende la réaction futre de Valmont mais souligne aussi le fait que sa décision de partir est irrévocable. Enfin, l'opposition "il vaut mieux mourir que de vivre coupable" l.34 traduit également l'état dans lequel se trouve la Présidente et la culpabilité qu'elle éprouve à l'idée que cet amour est une trahison de sa morale et de son mari. Victor & Martin

En conclusion, à travers cette lettre 104, la Présidente de Tourvel se confie à Madame de Rosemonde en lui avouant ses sentiments pour Valmont, dont elle affirme la puissance au moment même où elle les combat par son départ. Elle a néanmoins recours à un panel de plusieurs registres pour traduire son exaltation, sa souffrance, sa peur et le chagrin qu'elle éprouve à l'idée de blesser Valmont.  Cette lettre est donc une confession émouvante et sincère, que l'on peut comparer à la lettre 100 dans laquelle Valmont confie à la marquise ses sentiments furieux, et la haine qu'il éprouve contre la Présidente avec autant d'intensité que l'amour depuis qu'il a appris le départ de cette femme dont il croyait la possession certaine. Victor