Classe 3e 2 › Concours Etonnants Voyageurs

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02 avril 2014

Antoine

Et elle partit, tenant sa fille dans ses bras à la recherche, folle mais pas désespérée, d'un simple jouet d'enfant, d'une toute petite poupée en chiffon, dans ce monde cruel et obscur qu'était la guerre.

 

La seule raison pour laquelle la mère accepta d'aller chercher cette poupée c'était que entre sa fille et la poupée il y avait un lien, un lien particulier qui paraissait presque magique, Quand la fille était plus petite, elle avait trouvé cette poupée dans un parc mais n'avait jamais voulu dire comment elle l'avait eu, pour la mère cette poupée était ordinaire, juste une ''amie'' de sa fille. Elles commencèrent les recherches, la mère se laissait guider par la petite fille, d'ailleurs, elle avait l'air de savoir où elle allait, la mère regardait les obus tomber, par miracle aucun ne les avait atteinte pour l'instant, imaginait la mère …

 

La mère était dans un état second, ce n’est pas tous les jours qu'on doit affronter une  guerre et quand elle revint à elle, elle se trouvait dans le parc où la petite aurait laissée sa poupée, le parc était a moitié dévasté. La fille s’activait en quête de sa poupée, la mère, elle ne cherchait déjà plus à lutter ou à survivre elle savait qu à un moment ou à un autre, elles finiraient par être tuées donc elle se laissait guider et regardait les obus tomber un peu partout.

Une demi-heure plus tard, aucune trace de la poupée mais la petite fille avait l'air confiante et continuait de chercher pendant que la mère regardait les obus dévaster la ville.

La mère rêvait, rêvait que sa famille était au complet autour d'une table pour un bon repas de famille avec sa fille et son mari qui était parti au front. Lorsque  sa fille cria : ''MAMAN'' la mère sortit tout de suite de ses pensées. Elle se retourna et vit sa fille devant elle, les bras croisés et le regard noir, elle était assise en réalité sur la poupée depuis le début. La mère s'excusa et lui demanda en quoi cette poupée pourrait bien lui servir. La mère s'attendait à une réponse du genre : ''pour me rassurer'' mais non la petite fille la regarda avec un sourire dans le coin des lèvres.  La mère venait juste d’obtenir sa réponse que déjà la petite fille partait en sautillant avec sa poupée dans les bras, la mère commença  à marcher pour la suivre mais  à peine le premier pas fait la mère cria. Un obus fonçait droit sur sa fille qui c'était justement  retourner pour dire à sa mère d'aller plus vite, la mère commençait a pleurer car elle avait laissé sa fille toute seule. Mais la petite fille leva la tête en souriant et regarda  l'obus lui tomber dessus, une mystérieuse boule bleu se forma instantanément autour de la petite fille et l'obus disparut à l'impact. La mère qui pensait avoir perdu sa fille était à genoux et ne savait plus quoi faire jusqu'à ce que sa fille lui dise de se dépêcher. La mère estomaquait lui demanda comment c'était possible, la fille lui répondit que sa poupée avait le pouvoir de supprimer tout ce qui était dangereux pour le détenteur de cette poupée. Et la fille continua sa route en sautillant joyeusement, la mère n'avait ni l’envie ni la force de la suivre et elle expliqua a sa fille qu'elle resterait là. La petite fille reprit sont chemin après avoir dit au revoir à sa mère épuisée. La fille avait l'air de se balader dans ce champ d'obus, elle était littéralement invincible, elle se permit même d'aller rencontrer les soldats au front et  de les saluer, ceux-ci estomaqués, pensaient que c'était une illusion. La fille n'avait plus de temps à perdre et elle se dirigea vers une sorte de tour mystique, tout le monde pensait cette tour hantée. La fille commença l'ascension de la tour qui était remplie de bibliothèques, de toiles d'araignées et de vieux livres éparpillés par terre. Une fois arrivée  en haut de la tour une inscription sur une vielle pierre l'intrigua, malheureusement, la petite fille ne savait pas lire, il était écrit ''Une fois la poupée ancestrale de la guerre posait sur son trône le dernier détenteur meurt''. La petite fille vit en dessous de cette inscription une sorte de chaise qui collait parfaitement à la taille de sa poupée. La fille posa la poupée sur ce trône et instantanément mourut sans aucune souffrance.

 

 

Puis d'un coup, une énorme onde de choc se forma et toutes les personnes de ce monde reçurent un dessin ineffaçable de la poupée sur leur ventre, ce qui mit fin à la guerre. Personne ne pouvait plus se battre, ils étaient tous sous la protection de la poupée.

Soudain, la petite fille apparut dans l'espace et elle souriait en regardant la terre. Elle savait ce qu'elle venait d'accomplir car en fait c'était une alien qui avait pris le corps de la vraie petite fille pour mettre fin à cette guerre qui l'empêchait de dormir (et oui les aliens ont l'ouïe fine)…

 

Retrouvailles inespérées (Sabine)

Retrouvailles inespérées


Et elle partit, tenant sa fille dans ses bras à la recherche, folle mais pas désespérée, d’un simple jouet d’enfant, d’une toute petite poupée en chiffon, dans ce monde cruel et obscur qu’était la guerre.


    Arrivée au tournant, elle chercha. Elle ne trouva pas et se mit à regarder autour d’elle. Une maison en feu, de nombreuses ruines, des débris qui volaient au loin ; elle ne reconnut rien de ce qu’elle voyait et paniqua. Elles étaient seules au milieu d’une ville qui lui semblait maintenant tellement étrangère et inconnue. La chaleur et la douce voix de son enfant la rassurait tant bien que mal et lui permettait de ne pas sombrer. Elle courait sans se rendre compte que le poids de sa fille et sa fatigante folie la ralentissaient énormément. De temps en temps, on pouvait entendre un obus exploser. La mère poussait alors un cri et changeait de direction puis, sans savoir où aller, elle se remettait à courir. Sa protégée, blottie dans ses bras, lui parlait doucement :

    -Ma poupée, elle est où, maman ? Ma poupée... MAMAN REGARDE !

    La jeune femme sursauta, surprise et vit l’escalier que la petite pointait. A quelques mètres d’elles, celui-ci descendait sous un épais parquet et pouvait former un abri sûr. Ne pensant plus qu’à protéger sa petite fille, elle s’y précipita sans voir les flaques de sang sur les marches. Arrivant en bas, elle découvrit un corps baigné de sang : celui de l’homme qu’elle aimait et dans sa main, une petite  poupée couverte de poussière et de charbon.

Sa tête le faisait énormément souffrir et il n'arrivait pas à ouvrir les yeux. Au loin, il entendait des cris, d'hommes, de femmes et d'enfants. Ces cris se rapprochaient lentement de lui. Il retenta d'ouvrir les yeux et vit des silhouettes danser devant lui. Elles étaient de plus en plus nettes ; jusqu'à ce qu'il se rende compte de ce qui se passait autour de lui : des gens couraient et criaient autour des ruines.

Il se leva péniblement et s'étonna de ne se rappeler de rien. Il ne savait pas pourquoi ni comment il était arrivé là. Il fut effrayé de l’agitation qui régnait et voulut sortir de cette ville qui explosait et brûlait sous les obus. Il suivit la direction que prenaient les gens affolés, pensant qu’ils le mèneraient vers la sortie. Au bout de plusieurs minutes, il remarqua que les maisons étaient moins présentes et, au loin, il vit qu’un champ de cendres s’étendait. Il était enfin arrivé aux limites de la commune. Des coups de feu résonnèrent, nombreux. Il distingua, à l’horizon, des tranchées et des hommes armés. Il sut qu’aucune fuite n’était possible et il se sentait à présent enfermé, abandonné à la mort.  Pris d’une forte panique, il fit demi-tour, déterminé à survivre ; quand quelque chose attira son attention.

Plus loin, il aperçut une sorte de chiffon couvert de poussière. Cet objet lui était familier mais il ne rappelait pas pourquoi. Curieux, il  s'en approcha et le ramassa. C'est alors que, voyant nettement le visage d'une poupée, il se rappela de sa femme et  de sa fille qu'il cherchait déjà depuis plusieurs jours dans ces décombres ; avec comme seul soutien son espoir de les retrouver.

Une douleur, comme il n'en avait jamais connu, lui transperça la poitrine alors qu’une détonation retentit. Il roula par terre, la douleur toujours plus forte, et tomba brutalement dans l’escalier de sa maison en ruines ; mais il fit tout pour ne pas lâcher la poupée à laquelle il tenait tant. Il se sentit défaillir lorsqu'il entendit des pas. Sa vue commençait à se flouter. Il crut donc rêver quand deux visages lui apparurent : celui de sa fille et de la femme qu'il aimait tant. Une étincelle s'alluma dans ses yeux bleus avant que ceux-ci ne s'éteignent à jamais.

31 mars 2014

Un terrible oublie (Telma)

Un terrible oubli.

Et elle partit, tenant sa fille dans ses bras à la recherche, folle mais pas désespérée, d'un simple jouet d'enfant, d'une toute petite poupée en chiffon, dans ce monde cruel et obscur qu'était la guerre.

Elle souleva un tas de débris mais il n’y avait rien, juste un corps, un corps inanimé, sans vie. Elle cacha les yeux de sa fille, il était  impossible que celle-ci voit cette horreur ! Mais elle ne perdit pas espoir, elle continua, pour son enfant.

<< - Où elle est ma poupée maman? demanda la petite fille.

-Là-bas, elle est là-bas. >> répondit la mère.

Les larmes coulaient sur les joues de la femme : cela lui faisait mal, très mal de mentir à sa fille.

Tout à coup, un coup de feu retentit ; la jeune femme se jeta à terre protégeant son enfant. Une fois que les coups cessèrent, elle se releva. Quelle fut son horreur en voyant que sous elle un enfant, râlant, soupirant, mourait sous ses yeux! Mais que pouvait-elle faire? L'emmener et avoir un autre enfant à porter? Avoir une autre poupée à chercher? Non, il n'en était pas question!

Alors, regardant derrière elle, elle avança, continua sa quête.

<< - Un chiffon, ce n'est pourtant pas compliqué à trouver! >> s’obstinait-elle.

Ses larmes coulaient toujours. Elle s'abaissa, se releva, souleva des panneaux, des tuiles de toits, allant même parfois chercher dans les poubelles.

<< - Une poupée, une poupée>>, se répétait-elle.

Mais aucune poupée aux alentours! Elle avait soif, très soif mais l'amour qu'elle portait à sa fille était plus important.

L'épouvante, la terreur, l'effroi, la frayeur, tous ces sentiments éprouvés en même temps!À chaque cri strident, un frisson lui parcourait le corps, la laissant de marbre, la glaçait, la figeait.

Mais la poupée, cette fameuse poupée Joséphine, où était-elle?

Elle tourna en rond, marchait sans vraiment savoir où elle allait ; juste à la recherche de ce petit bout de bois habillé de tissu en guise de robe, offerte à sa fille en cadeau.

Cette poupée était importante avec la promesse que Sarah avait faite en l'offrant à sa fille.

<< - Tant que tu garderas Joséphine près de toi, il n'arrivera rien à papa >>.

Cela faisait maintenant plusieurs heures qu'elle cherchait, en vain. La petite fille ne demandait plus rien :

<< - Elle doit sûrement dormir >> pensa-t-elle.

Un peu plus tard, Sarah alla se reposer sur un rocher. Elle regarda, examina, pleura. Il faisait froid, un froid glacial, les vitres étaient brisées et les mères criaient la mort de leur enfant.

Sarah était exténuée, épuisée mais le plus important était la poupée Joséphine.

Alors elle reprit sa quête mais s'écroula par terre, ses jambes ne pouvaient plus supporter le poids qu'elle leur infligeait.

Un homme vint, la releva et lui dit :

<< - Que faites-vous ici?

-Je cherche la poupée de ma fille, sanglota-t-elle.

-Mais quelle fille?

-Ma fille dans mes bras, là... Où est-elle? Ma fille! >>

La femme cria. Comme hypnotisée par la poupée, elle avait oublié de reprendre sa fille après les coups de feu! Dans cette atmosphère pesante et terrible, elle avait perdu ses repères et ses sensations habituelles et avait laissé l’enfant sans s’en rendre compte…

Elle pleura de douleur, cette douleur, la pire qu'une mère puisse éprouver.

L'homme l'aida à se relever et l'emmena chercher sa fille.

En route, l'homme trouva l’enfant étendue à terre, les bras, les jambes et la tête tachés de sang : la poupée Joséphine était blottie contre elle! La petite fille l’avait certainement aperçue non loin et était partie la chercher lorsque sa mère l’avait protégée en la posant à terre…

Sarah s'écroula et à cet instant, un obus éclata et la projeta violemment contre un rocher. L'homme la regarda et ne put que constater qu’elle était morte sur le coup.

 

 

 

 

27 mars 2014

Léonie

Et elle est partit, tenant sa fille dans ses bras à la recherche, folle mais désespérée, d’un simple jouet d’enfant, d’une toute petite poupée en chiffon, dans ce monde cruel et obscur qu’était la guerre.

Entre les bruits sourds des bombardements et sa fille en train de pleurer elle ne savait plus où donner de la tête. Elle ne voulait qu'une seule chose: faire cesser les pleurs de sa fille et lui redonner le sourire en retrouvant sa poupée préférée, la seule à pouvoir lui remonter le moral. Mais plus le temps passait, plus la mère s’inquiétait des bruits des obus qui se rapprochaient. Elles regardaient dans les moindres recoins, elles repassèrent dans le chemin qu'elles avaient emprunté pour rentrer chez elles.

Après une heure de recherches, la mère commençait à désespérer. Elle regarda sa fille toujours là à pleurer. Elle reprit ses esprits et se remit à chercher de plus belle. Elles croisaient ça et là des éclats d'obus, des animaux sans leurs maîtres qui semblaient déroutés. Elles entendaient des personnes parler à d'autres de leurs malheurs.

C’est alors qu'elles virent qu'elles n’étaient pas seules à la recherche de quelque chose. En réalité, presque tout le village était réuni sur la grande place. L’un cherchant ses parents, l’autre des objets de sa maison partie en cendres. Lorsqu’une vieille dame qui connaissait la mère et la fille s’approcha et leur tendit quelque chose, la petite se mit à s’agiter car ce petit bout de tissus, elle le reconnaissait. C’était en effet sa petite poupée de chiffon.

La mère l’attrapa et remercia mille fois la nourrice de son enfant. Elle était là, devant elle, et elle souriait, contente d’avoir redonné la joie de vivre à cette fillette quelle considérait comme sa propre petite fille. La petite avait de nouveau l’air joyeuse comme si la guerre s’était arrêtée. Pour elle, tout cela n’avait guère d’importance. Sa poupée retrouvée, tout était rentré dans l’ordre. Elle voulut donc rentrer chez elle mais sa mère lui répondit :

 « Mais ma chérie il n’y a plus de chez nous ! »

A cet instant le klaxon d'une voiture arrivée près d'elles retentit, la vitre s'abaissa et la mère reconnut quelqu'un qui lui semblait fort familier, la petite fille se mit à crier :

« Papi !... »

Le vieil homme au volant paraissait vraiment exténué mais ravi d'avoir retrouvé sa fille et sa petite fille en bonne santé. Il trouva quand même la force de se jeter dans les bras de sa fille en s'exclamant :

« Vous êtes vivantes ! »

Après avoir longuement expliqué qu'il les avait cherchés partout, il leur proposa de les amener chez lui, à la campagne, là où elles seraient en sécurité. Il ne fallut pas longtemps à la mère pour se laisser convaincre, plus rien ne la retenait ici.

Mais, au moment de partir, la fillette voulut absolument faire monter dans la voiture sa nourrice, la vieille femme qui venait de retrouver sa poupée de chiffon tant adorée. Ils repartirent donc à quatre en laissant derrière eux la guerre.

Dans les bras de sa nourrice, sa poupée de chiffon tombée à ses pieds, la petite fille avait retrouvé la sécurité et l'espoir d'un avenir meilleur.

         

26 mars 2014

Un grand homme (Caroline)

Un grand homme

 

Et elle partit, tenant sa fille dans ses bras à la recherche, folle mais pas désespérée, d’un simple jouet d’enfant, d’une toute petite poupée en chiffon, danse ce monde cruel et obscur qu’était la guerre.

La ville était remplie de tas de cendres et de flammes, l’enfer était tombé sur Verdun. La petite soulevait tout débris susceptible de cacher sa poupée.

L’atmosphère était calme et morbide. Les habitants étaient semblables à des morts-vivants : ni tout à fait l’un ni tout à fait l’autre, coincés entre deux mondes. En revanche, la ville était détruite et elle était aussi victime de cette guerre.

 

La guerre… respectueuse d’aucune population, les soldats victimes de la monstruosité des combats, les villes englouties par cet ogre des temps nouveaux. Que resterait-il de cette horreur ?

Soudain elle se réveilla de ses pensées lorsque l’enfant dit : «  Je crois qu’elle est morte. »                                                                                                        

Sa mère lui rétorqua : «  Mais non on va la retrouver ! »                                                          

« Mais non maman dit-elle en pleurant, la dame là elle est morte ! »                                                     

La mère aperçut la femme dont il était question, son ventre bombé telle une charpente déformée par le feu ne laissait aucun doute ; elle était enceinte, de déjà quelques mois. Devant cette scène atroce, la mère terrorisée emporta sa fille et courût le plus loin possible.

Elles se réfugièrent dans une partie de maison encore intacte.                                                             

« On ne les retrouvera jamais n’est-ce pas ? » dit l’enfant.                                                  

« Qui donc ? » réplique sa mère.                                                                                            

« Toutes les personnes qu’on aime, papa et ma poupée. »                                                      

La femme eut un moment de réflexion…

Foutue guerre se dit-elle, une petite aussi jeune plongée dans l’atrocité de l’humanité. Elle aurait dû avoir une vie meilleure…

 

Un bruit assourdissant interrompit ses pensées. La ville agonisait, victime suprême des bombardements massifs et de la folie des Hommes.

Puis soudain, des bruits de bottes cadencés. Une nouvelle armée arriva en ville, se dirigeant vers les tranchées de la Triple Entente.                                                                                  

« 23ème compagnie ! Halte ! » dit une voix d’un ton autoritaire. La 23ème compagnie… « Albert » s’écria la mère, « Albert ! Albert ! »                                                    Elle courut, tenant sa fille par la main et aperçut la 23ème compagnie. Elle scanda le nom de son mari à maintes reprises : « Albert Morin ! »                                                   

« -Mort » lui répondit une voix, l’homme lui montra la médaille militaire de son mari. « Je l’ai récupérée sur son cadavre » rétorqua t-il, les yeux dans le vague.      La femme submergée par un flot de larmes s’effondra. La 23ème compagnie reprît marche.

Le silence retomba…ce silence qui règne sur le champ de bataille après l’assaut quand les morts regardent le ciel sans le voir.                                                                 Veuve se répéta la mère.                                                                                                                 

Abandonnée se répéta la petite.

Plus les jours passaient et plus le chagrin les noyait. La douleur de la perte du mari et du père constituait une double peine, omniprésente et tenaillait l’esprit de la femme et de sa fille.

Comment leur serait-il  possible d’être à nouveau heureuses un jour après avoir perdu un être aussi cher ?

Quelques fois dans la journée, on entendait des tirs et des hurlements. C’était les pelotons d’exécution que l’armée organisait afin de punir les soldats déserteurs qui n’en pouvaient plus de mourir dans leurs épouvantables tranchées. Ces braves gars avaient au moins eu un moment de révolte et de remise en question quant à leur sort.

Un matin, la mère et la fille se levèrent, dans un désespoir analogue à celui de la veille. Elles partirent à nouveau à la recherche de la poupée de chiffons. Tout à coup, Lena, prise d’une folie sans douté désespérée se mit à courir en hurlant : « Papa ! »

La mère, lasse de simplement vivre encore, la suivit en la raisonnant : « Ma chérie, papa n’est pas… » Sa phrase demeura en suspens, comme le Monde autour d’elle ; elle se sentit défaillir. Avant de perdre conscience elle aperçut une silhouette fantomatique dans la fumée des incendies survivants.

Lorsqu’elle se réveilla, son mati était auprès d’elle. Il lui fallut un long moment pour comprendre que ce n’était pas un rêve, qu’il était bien vivant auprès d’elle, un être de chair dont le cœur faisait battre le sien à l’unisson.

Il lui expliqua que l’un de ses camarades avait obtenu une permission pour voir son fils qui venait de naître, là-bas en Provence, loin des combats. La veille de son départ, le jeune avait littéralement été déchiqueté par un tir d’artillerie ennemie. Il ne restait d’Edouard Daladier que des lambeaux d’os, de chair et de tissu bleu horizon maculé de boue. Horrifié, déterminé à en finir avec cette abomination du quotidien, Albert Morin avait arraché sa plaque militaire et l’avait jetée sur les misérables restes de ce qui avait était jadis un homme et avait ainsi échangé son identité en s’appropriant la plaque couverte de sang de son malheureux compatriote. Il avait déserté l’armée mais retrouvé sa vie.

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