Léonie

Et elle est partit, tenant sa fille dans ses bras à la recherche, folle mais désespérée, d’un simple jouet d’enfant, d’une toute petite poupée en chiffon, dans ce monde cruel et obscur qu’était la guerre.

Entre les bruits sourds des bombardements et sa fille en train de pleurer elle ne savait plus où donner de la tête. Elle ne voulait qu'une seule chose: faire cesser les pleurs de sa fille et lui redonner le sourire en retrouvant sa poupée préférée, la seule à pouvoir lui remonter le moral. Mais plus le temps passait, plus la mère s’inquiétait des bruits des obus qui se rapprochaient. Elles regardaient dans les moindres recoins, elles repassèrent dans le chemin qu'elles avaient emprunté pour rentrer chez elles.

Après une heure de recherches, la mère commençait à désespérer. Elle regarda sa fille toujours là à pleurer. Elle reprit ses esprits et se remit à chercher de plus belle. Elles croisaient ça et là des éclats d'obus, des animaux sans leurs maîtres qui semblaient déroutés. Elles entendaient des personnes parler à d'autres de leurs malheurs.

C’est alors qu'elles virent qu'elles n’étaient pas seules à la recherche de quelque chose. En réalité, presque tout le village était réuni sur la grande place. L’un cherchant ses parents, l’autre des objets de sa maison partie en cendres. Lorsqu’une vieille dame qui connaissait la mère et la fille s’approcha et leur tendit quelque chose, la petite se mit à s’agiter car ce petit bout de tissus, elle le reconnaissait. C’était en effet sa petite poupée de chiffon.

La mère l’attrapa et remercia mille fois la nourrice de son enfant. Elle était là, devant elle, et elle souriait, contente d’avoir redonné la joie de vivre à cette fillette quelle considérait comme sa propre petite fille. La petite avait de nouveau l’air joyeuse comme si la guerre s’était arrêtée. Pour elle, tout cela n’avait guère d’importance. Sa poupée retrouvée, tout était rentré dans l’ordre. Elle voulut donc rentrer chez elle mais sa mère lui répondit :

 « Mais ma chérie il n’y a plus de chez nous ! »

A cet instant le klaxon d'une voiture arrivée près d'elles retentit, la vitre s'abaissa et la mère reconnut quelqu'un qui lui semblait fort familier, la petite fille se mit à crier :

« Papi !... »

Le vieil homme au volant paraissait vraiment exténué mais ravi d'avoir retrouvé sa fille et sa petite fille en bonne santé. Il trouva quand même la force de se jeter dans les bras de sa fille en s'exclamant :

« Vous êtes vivantes ! »

Après avoir longuement expliqué qu'il les avait cherchés partout, il leur proposa de les amener chez lui, à la campagne, là où elles seraient en sécurité. Il ne fallut pas longtemps à la mère pour se laisser convaincre, plus rien ne la retenait ici.

Mais, au moment de partir, la fillette voulut absolument faire monter dans la voiture sa nourrice, la vieille femme qui venait de retrouver sa poupée de chiffon tant adorée. Ils repartirent donc à quatre en laissant derrière eux la guerre.

Dans les bras de sa nourrice, sa poupée de chiffon tombée à ses pieds, la petite fille avait retrouvé la sécurité et l'espoir d'un avenir meilleur.