Alors d’abord deux chiffres pour planter le paysage.  

Les entreprises françaises ont 1623 milliards d’euros de dettes. Cet endettement a augmenté de 5,5% en un an – la Banque de France a publié le chiffre hier.  Ce n’est pas un boom, mais ce n’est pas négligeable. 

Surtout quand on regarde ce qui se passe ailleurs : non seulement les entreprises françaises sont les plus endettées de tous les grands pays avancés, mais en plus elles continuent d’emprunter alors que ce n’est pas le cas ailleurs.

Les entreprises ont-elles raison de s’endetter ?

Oui bien sûr, si cet endettement leur permet d’acheter de nouvelles machines pour produire davantage, ou pour être plus efficaces. Mais ce n’est pas forcément le cas.  Quand l’Insee interroge les industriels pour leur demander pourquoi ils investissent, ils répondent le plus souvent que c’est pour remplacer du vieux matériel. Et si les entreprises françaises empruntent plus que leurs concurrentes étrangères, ce n’est pas parce qu’elles ont plus de projets, mais parce qu’elles font moins de marge. Elles compensent une profitabilité inférieure par un endettement supérieur.

Cela peut-il finir par devenir dangereux ?

Aujourd’hui, tout va bien. 

Les entreprises empruntent à un misérable taux d’intérêt d’à peine plus de 1%, et elles font assez de ventes pour dégager de quoi rembourser. Mais ça pourrait devenir plus compliqué au prochain retournement à la baisse de l’activité. 

Le Haut Comité de la stabilité financière, qui regroupe toutes les autorités publiques en la matière, a d’ailleurs imposé début juillet des limites aux banques pour leurs prêts aux firmes les plus endettées. C’est une mesure frileuse, mais le pilotage du crédit pour éviter les excès douloureux est sans doute l’une des activités les plus compliquées au monde. 

date:14 août 2018

sources:https://www.franceinter.fr