Vacances 1 : Lire Corniche Kennedy

Pour ceux qui démarrent seulement la lecture du roman de Maylis de Kerangal, vous pourrez commencer par :

1. La première étape.

2. La deuxième étape.

Voici la troisième étape :

  • Vous poursuivrez la lecture du roman, de la page 86 (édition Folio), "Personne sauf un inconnu au bout de ses jumelles", jusqu'à la page 133, "insolents comme les valets du bourreau, et c'est cela qu'il faut châtier."

  • Pour poursuivre notre discussion sur le roman, vous direz dans un commentaire quel est pour vous le passage le plus marquant dans les pages lues cette semaine. Vous pourrez citer quelques lignes du passage en question et expliquer les raisons de votre choix.

  • Si vous aimez le même passage que l'un(e) de vos camarades, vous pourrez aussi l'évoquer, mais en citant d'autres lignes, en donnant d'autres raisons pour expliquer votre choix, etc.

Bonne lecture !

Commentaires

1. Le 11 avril 2020, 11:04 par Myriam

Personnellement, je trouve que la suite des évènements est devenue encore plus intéressante qu’elle ne le paraissait déjà, néanmoins je suis un peu déçu de ne pas savoir plus en détail comment les relations entre Suzanne, Eddy et Mario ont évolué, car c’était la parte de l’histoire qui me paraissait la plus intéressante.

Cependant, deux passages m’ont marqués :

Les pages de 120 à 125 où Sylvestre se montre empathique et protecteur envers Mario, ce dernier étant un peu indiscret mais engageant la conversation à sa manière ; j’avais l’impression qu’ils entretenaient durant ce cours passage, une relations père-fils particulière et touchante. Je trouve d’ailleurs adorable le fait que Sylvestre prenne la peine de se comporter de cette façon, car il savait que l’enfant ne possédait pas un père très présent dans sa vie (ou un père mort on ne sait pas) ; en effet on peut le constater p 118 lorsque Mario dit : « Ah. Mon père… » En laissant un silence avant que Sylvestre le coupe.

Il y a également les pages de 126 à 133, où ils décrivent les courses poursuites entre les adolescents de la Corniche et la police ! J’ai trouvé ce passage amusant car cette scène ressemblait à un jeu d’épervier que jouait la police contre la bande ! Le fait même « qu’une journaliste élabora un comptage de points » rendait la situation encore plus drôle et ridicule qu’elle ne l’était déjà !!

2. Le 11 avril 2020, 23:10 par Myriam

Voici les passage que j'avais en tête quand je rédigeais ce commentaire, afin d'être plus précise dans mes propos et de respecter la consigne:

Premier passage, entre les pages 120 et 125 : "Sylvestre reprend la voix posée: tu vois une assistante sociale? Mario tressaille, ouais, elle veut me placer cette grasse conne, force un rire mâle qui ne trompe personne. Pas la peine de parler comme ça coupe Sylvestre, qui lui aussi se trouve bien avec ce môme et lance bon, on se fait un McDrive et je te ramène après? Sourire pouilleux et portant splendide de Mario (...)" p123
(j'aime ce passage car il montre l'humanité et la tendresse de Sylvestre, qui paraissait au début froid, distant et autoritaire; de plus on en apprend beaucoup plus sur le passé de Mario, pour qui on éprouve de la peine maintenant);

Deuxième passage, entre les pages 126 et 133 : "La nouvelle d'une grande partie se répandit à toute vitesse dans la cité, aussitôt relayée par les quotidiens locaux, les sites Web et blogs de toutes sortes, lesquels s'amusaient de la mutinerie des gosses, les excitaient, n'hésitaient pas à leur suggérer des plongeoirs sauvages laissés sans surveillance, de nouvelles figures à essayer sur le mode du t'es cap/t'es pas cap, des combinaisons de plus en plus dangereuses; (...) Une journaliste, qui se passionnait pour l'affaire, élabora un comptage de points qu'elle proposa sur al toile au matin du quinze août (...)" p129
(ce passage m'a amusé car il montre que la compétition entre la bande de la Corniche et les policiers est tellement ridicule, que celle-ci s'est littéralement transformée en un jeu entre ces derniers)

3. Le 12 avril 2020, 18:00 par Axelle

Pour moi, le passage le plus marquant dans les pages lues cette semaine a été à la page 104, lorsque Mario, Suzanne et Eddy sont face à la mer, côte à côte et qu’une femme vient les interrompre. En effet, voici le passage :
« Dix enjambées stables plus avant, elle se poste devant Mario, Suzanne et Eddy, allongés côte à côte et face a la mer, clope au bec, un magazine people ouvert sous leurs trois menton réunis en bouquet, s’approche si près de que ses chaussures à brides mordent le journal, pris par surprise ils se redressent d’un coup, s’asseyent mais ne se lèvent pas, et alors la femme parle la Suzanne. C’est elle qu’elle regarde, c’est à elle qu’elle adresse un ordre bref que Sylvestre devine, bien qu’il ne sache pas lire sur les lèvres, trois mots articulés, quelque chose comme remonte, remonte immédiatement. » p.104.
J’ai plus aimé ce passage que les autres car je trouve que l’arrivée de la femme que l’on comprend être la mère de Suzanne, est une sorte d’éléments perturbateurs qui vient désaxé l’histoire. De plus, puisque dans ce roman il n’y a pas beaucoup d’action, je trouve que cet élément vient rendre l’histoire plus approchante. Par ailleurs, même si Sylvestre ne participe pas à l’action, il est là. Je trouve que peu importe les situations où se trouvent les enfants, le policier est là pour les surveiller.

4. Le 13 avril 2020, 22:39 par Cléa

Personnellement, j’ai préféré lire ces dernières pages que les précédentes. En effet, de la page 85 à 133, il y a plus d’actions qu’il y a eu depuis le début du roman. Il y a des conflits qui marquent le début du sujet principal du roman : les conflits entre policiers et la bande de la corniche. Le passage que j’ai préféré est celui page 123. Dans ce passage-ci, les parents de Mario ne s’étant précédemment pas présenter au poste de police, Opéra ayant « de la peine » décide de ramener le jeune chez lui (page 121). Ce passage se passe alors dans la voiture, les lecteurs peuvent alors constater un moment de « complicité » entre les deux hommes. En effet, Sylvestre s’intéresse particulièrement au dirigeant de la bande. Il lui pose des questions sur sa vie, lui demande notamment si il a une assistante sociale et s’inquiète même pour Mario. On remarque qu’il l’apprécie dans la phrase : «Sylvestre, qui lui aussi se trouve bien avec ce môme ». Il se montre extrêmement gentil avec ce dernier et lui propose même d’aller manger ensemble. Cela créé un lien de « complicité » et de confiance entre les deux protagonistes. De plus, par la suite Mario se préoccupe aussi de la vie personnel du policer, il lui demande notamment en le tutoyant « t’as une femme », ce qui peut ainsi montrer un lien amical ou un lien père-fils comme la précédemment dit Myriam. Nous les lecteurs pouvons même supposer un lien de jalousie entre le policier et le jeune : Opéra aimerait peut être avoir une vie pleine de liberté et d’insouciance et de jeunesse de Mario. Ce passage entre les deux hommes ayant des personnalités complètement opposées est alors touchant et a pour objectif de s’attacher à ces deux personnages principaux.
Le passage concerné est celui-ci : « Plus tard, Sylvestre reprend, la voix posée : tu vois une assistante sociale ? Mario tressaille, ouais, elle veut me placer cette grosse conne, force un rire mâle qui ne trompe personne. Pas la peine de parler comme ça coupe Sylvestre, qui lui aussi se trouve bien avec ce môme et lance bon, on se fait un McDrive et je te ramène après ? Sourire pouilleux et pourtant splendide de Mario qui enclenche illico un copilotage de compétition puisqu’il connaît les quartiers comme sa poche, sait les sens uniques, les raccourcies, les culs-de-sac. ... T’as une femme ? Mario a déchiré la boite de hamburger et maintenant presse les tubes de sauces un à un."

5. Le 14 avril 2020, 12:09 par professeure

Merci pour ces premiers commentaires très pertinents.
On attend les suivants, sans redites / répétitions.

6. Le 14 avril 2020, 18:16 par Apolline

Le passage qui m’a le plus marqué des pages que nous venons de lire est dans les pages 118-122 lorsque certains parents viennent chercher leurs enfants dans l’immeuble de la sécurité littorale après qu’ils aient été attrapés par les policiers et qu’ils aient reçu une amande de soixante-huit euros. En effet, on peut observer plusieurs comportements de parents différents. Premièrement, il ne reste plus que Eddy, Suzanne et Mario. Les autres enfants sont déjà repartis avec un de leurs parents (qui est donc arrivé assez rapidement, ce qui prouve que le parent n’était pas débordé et qu’il se souciait de son enfant). Puis, le père de Eddy arrive après son service, il dégage une impression aggressive, nerveuse (il secoue les clés de sa Mercedes) et à l’air d’être un homme violent (il donne des coups de pied à Eddy en repartant: “lui jetant à chaque enjambée un coup de pied au cul”) et aussi, il a autorisé le commissaire à “corriger” son fils “faudrait les corriger, commissaire, et à la trique s’il le faut, vous avez ma bénédiction pour ça” p.119. Ensuite, c’est à la mère de Suzanne d’arriver à son tour, bien apprêtée “strass aux oreilles(...)robe moirée bronze(...)elle resplendit” p.120, aimable, calme et ne se soucie pas de sa fille “Sans même jeter un œil sur le banc” p.120. Je pense que cette expression d’indifférence est en raison de l’affrontement qu’elles ont eu peu de temps auparavant à la plage et de plus, en temps que mère de “bonne famille” elle doit avoir honte de sa fille. Et pour finir, les parents de Mario ne se montrent pas, il finit pas rentrer avec Opéra. Mario informe Sylvestre par la suit que c’est lui qui fait tout à la maison et que lorsque sa mère est là, elle dort. Ce passage nous montre donc qu’au sein d’un groupe d’ami, il y a des environnements familiaux différents, plus ou moins faciles à vivre avec.

7. Le 16 avril 2020, 10:22 par Professeure

L'évocation de la chasse aux plongeurs par la police m'évoque un poème de Prévert :

Chasse à l’enfant

Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Au-dessus de l'île on voit des oiseaux
Tout autour de l'île il y a de l'eau

Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Qu'est-ce que c'est que ces hurlements

Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
C'est la meute des honnêtes gens
Qui fait la chasse à l'enfant

Il avait dit j'en ai assez de la maison de redressement
Et les gardiens à coup de clefs lui avaient brisé les dents
Et puis ils l'avaient laissé étendu sur le ciment

Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Maintenant il s'est levé
Et comme une bête traquée
Il galope dans la nuit
Et tous galopent après lui
Les gendarmes les touristes les rentiers les artistes

Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
C'est la meute des honnêtes gens
Qui fait la chasse à l'enfant

Pour chasser l'enfant, pas besoin de permis
Tous les braves gens s'y sont mis
Qu'est-ce qui nage dans la nuit
Quels sont ces éclairs ces bruits
C'est un enfant qui s'enfuit
On tire sur lui à coups de fusil

Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Tous ces messieurs sur le rivage
Sont bredouilles et verts de rage

Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Rejoindras-tu le continent rejoindras-tu le continent !

Au-dessus de l'île on voit des oiseaux
Tout autour de l'île il y a de l'eau
                                 Jacques Prévert, Paroles, 1946

 

A Belle-Île-en-Mer, de 1880 à 1977, on enfermait les mineurs délinquants dans une maison d'éducation surveillée, dans des conditions parfois violentes.
Ce poème de Jacques Prévert évoque la mutinerie d'août 1934 : après qu’un enfant a été violenté par les moniteurs, les jeunes détenus se sont soulevés et enfuis. Une prime de 20 francs a été offerte à quiconque capturerait un fugitif.
Cette mutinerie a déclenché une campagne de presse demandant la fermeture des bagnes d'enfants.

8. Le 17 avril 2020, 13:48 par Juliette B

"Pris de court par la démesure de l'offensive, les voltigeurs de la corniche se faisaient aisément ramasser, mais il ne leur fallut que quelques jours pour se prendre au jeu, frondeurs, et alors ce fut le grand cache-cache. Une partie géante, une partie à l'échelle de la corniche, autrement dit à échelle un, à taille réelle. On s'en paie une tranche et on se paie leur gueule, voilà qui leur tenait lieu de programme et de mot d'ordre, diffusé tout le jour, en ricochet, d'une plateforme à l'autre, d'un promontoire au suivant, et cela tout au long du littoral. Déli-délo. Epervier. Parents contre enfants. Cow-boys contre Indiens. Gendarmes contre plongeurs." p.128. Ce passage m'a marqué car je trouve qu'il sort du lot. Il décrit la chasse à l'homme qui commence entre les policiers et les jeunes de la corniche d'une façon très amusante et cela donne un peu de gaieté à ce roman. On voit aussi comme les jeunes de la Plate se fichent de tous et prennent ce jeu très à la rigolade, leur insouciance est typique de la période qu'est l'adolescence. Ce qui est marrant dans ce passage est que on voit après que toute la ville se prend au jeu, la course poursuite est suivit par tout le monde et il y a même un comptage de points. Le roman prend une tournure plus comique et cela m'a beaucoup étonné, je ne m'attendais pas à cette suite mais au contraire à quelque chose de plus dramatique.

9. Le 20 avril 2020, 13:04 par Wendy

Bien que je trouve qu’il n’y a pas vraiment de passages qui m’aient marqués ou que j’ai apprécié ,je retiens les moments où Tania est décrite ,où l’action est autour d’elle. En effet, il s’agit d’une prostitué ,néanmoins le vocabulaire employé ,et comme bien souvent depuis longtemps ,est trop irrespectueux avec les femmes .Les femmes et Tania ici sont décrites comme utilisés et « appréciées » par les hommes uniquement par leurs physiques .On le remarque justement, par exemple, à la page 90 : « pourvu qu’elle soit gentille, pourvu qu’elle se laisse faire ,qu’elle les suce gentiment et baisse sa culotte, pourvu qu’elle leur présente ce cul qu’elle a doux et blanc, ce cul extralucide. ».

10. Le 20 avril 2020, 21:08 par Professeure

En effet, ce sont des mots crus et très rabaissants. Ici, la narratrice rapporte au discours indirect libre les paroles ou pensées de certains hommes, "ceux qui tournent lentement dans la cité au volant de BMW maquillées achetées cash sur des parkings en Pologne."

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