Cette semaine, vous pourrez, au choix :
- Ajouter de nouveaux arguments qui prouvent que les extraits choisis par vos camarades sont bien emblématiques des Lumières (un argument pour chacun des 4 extraits).
OU
- Proposer un nouveau texte qui vous semble emblématique des Lumières (attention : on n'a pas le droit de proposer un passage qui a déjà été proposé. Il conviendra de couper-coller le passage choisi dans votre commentaire, puis d'expliquer votre choix).
Dans un cas comme dans l'autre, vous posterez un commentaire.
Bon travail !
POUR MÉMOIRE : VOICI UNE SYNTHÈSE SUR LES LUMIÈRES
CI-DESSOUS, LES EXTRAITS CHOISIS ET COMMENTÉS PAR CERTAINS ÉLÈVES DE LA CLASSE
EXTRAIT 1
CHAPITRE VI : Comment on fit un bel auto-da-fé pour empêcher les tremblements de terre, et comment Candide fut fessé
"Après le tremblement de terre qui avait détruit les trois quarts de Lisbonne, les sages du pays n’avaient pas trouvé un moyen plus efficace pour prévenir une ruine totale que de donner au peuple un bel auto-da-fé[1] ; il était décidé par l’université de Coïmbre que le spectacle de quelques personnes brûlées à petit feu, en grande cérémonie, est un secret infaillible pour empêcher la terre de trembler.
On avait en conséquence saisi un Biscayen convaincu d’avoir épousé sa commère, et deux Portugais qui en mangeant un poulet en avaient arraché le lard : on vint lier après le dîner le docteur Pangloss et son disciple Candide, l’un pour avoir parlé, et l’autre pour l’avoir écouté avec un air d’approbation : tous deux furent menés séparément dans des appartements d’une extrême fraîcheur, dans lesquels on n’était jamais incommodé du soleil : huit jours après ils furent tous deux revêtus d’un san-benito, et on orna leurs têtes de mitres de papier : la mitre et le san-benito de Candide étaient peints de flammes renversées, et de diables qui n’avaient ni queues ni griffes ; mais les diables de Pangloss portaient griffes et queues, et les flammes étaient droites. Ils marchèrent en procession ainsi vêtus, et entendirent un sermon très-pathétique, suivi d’une belle musique en faux-bourdon. Candide fut fessé en cadence, pendant qu’on chantait ; le Biscayen et les deux hommes qui n’avaient point voulu manger de lard furent brûlés, et Pangloss fut pendu, quoique ce ne soit pas la coutume[2]. Le même jour la terre trembla de nouveau avec un fracas épouvantable[3]."
COMMENTAIRE D'ÉLÈVE :
Voltaire, sans remettre en question l'existence d'une entité supérieure, prône une "religion de tout le monde", tolérante. Tout au long du récit, il critique indirectement le clergé et les institutions religieuses en faisant ressortir leur absurdité et leur intolérance au moyen de l'ironie comme par exemple à la page que j'ai choisie : « Après le tremblement de terre qui avait détruit les trois quarts de Lisbonne, les sages du pays n'avaient pas trouvé un moyen plus efficace pour prévenir un ruine totale que de donner au peuple un bel auto-da-fé ; il était décidé par l'université de Coïmbre que le spectacle de quelques personnes brûlées à petit feu, en grande cérémonie, est un secret infaillible pour empêcher la terre de trembler. (...) Le même jour, la terre trembla de nouveau avec un fracas épouvantable. » Ce passage dénonce la superstition du peuple, gardé dans l'ignorance par l'Eglise. C'est cette démarche que dénoncent les Lumières qui prônent la diffusion du savoir afin de sortir le peuple de cet abrutissement, ce même peuple qui encourage des démarches aussi ridicules que des sacrifices humains pour éviter les catastrophes naturelles. Il est bien montré que la décision vient d'une institution religieuse car l'établissement de Coïmbre est une université religieuse.
EXTRAIT 2
CHAPITRE XI : Histoire de la Vieille
"Nous nous embarquâmes sur une galère du pays, dorée comme l’autel de Saint-Pierre de Rome. Voilà qu’un corsaire de Salé fond sur nous et nous aborde ; nos soldats se défendirent comme des soldats du pape : ils se mirent tous à genoux en jetant leurs armes, et en demandant au corsaire une absolution in articulo mortis.
« Aussitôt on les dépouilla nus comme des singes, et ma mère aussi, nos filles d’honneur aussi, et moi aussi. C’est une chose admirable que la diligence avec laquelle ces messieurs déshabillent le monde ; mais ce qui me surprit davantage, c’est qu’ils nous mirent à tous le doigt dans un endroit où nous autres femmes nous ne nous laissons mettre d’ordinaire que des canules. Cette cérémonie me paraissait bien étrange : voilà comme on juge de tout quand on n’est pas sorti de son pays. J’appris bientôt que c’était pour voir si nous n’avions pas caché là quelques diamants : c’est un usage établi de temps immémorial parmi les nations policées qui courent sur mer. J’ai su que messieurs les religieux chevaliers de Malte n’y manquent jamais quand ils prennent des Turcs et des Turques ; c’est une loi du droit des gens à laquelle on n’a jamais dérogé.
« Je ne vous dirai point combien il est dur pour une jeune princesse d’être menée esclave à Maroc avec sa mère : vous concevez assez tout ce que nous eûmes à souffrir dans le vaisseau corsaire. Ma mère était encore très-belle : nos filles d’honneur, nos simples femmes de chambre avaient plus de charmes qu’on n’en peut trouver dans toute l’Afrique ; pour moi, j’étais ravissante, j’étais la beauté, la grâce même, et j’étais pucelle ; je ne le fus pas longtemps : cette fleur, qui avait été réservée pour le beau prince de Massa-Carrara, me fut ravie par le capitaine corsaire ; c’était un nègre abominable, qui croyait encore me faire beaucoup d’honneur. Certes il fallait que Mme la princesse de Palestrine et moi fussions bien fortes pour résister à tout ce que nous éprouvâmes jusqu’à notre arrivée à Maroc ! Mais, passons ; ce sont des choses si communes qu’elles ne valent pas la peine qu’on en parle.
« Maroc nageait dans le sang quand nous arrivâmes. Cinquante fils de l’empereur Mulei-Ismael[3] avaient chacun leur parti : ce qui produisait en effet cinquante guerres civiles, de noirs contre noirs, de noirs contre basanés, de basanés contre basanés, de mulâtres contre mulâtres : c’était un carnage continuel dans toute l’étendue de l’empire.
« À peine fûmes-nous débarquées que des noirs d’une faction ennemie de celle de mon corsaire se présentèrent pour lui enlever son butin. Nous étions, après les diamants et l’or, ce qu’il avait de plus précieux. Je fus témoin d’un combat tel que vous n’en voyez jamais dans vos climats d’Europe. Les peuples septentrionaux n’ont pas le sang assez ardent ; ils n’ont pas la rage des femmes au point où elle est commune en Afrique. Il semble que vos Européans aient du lait dans les veines ; c’est du vitriol, c’est du feu qui coule dans celles des habitants du mont Atlas et des pays voisins. On combattit avec la fureur des lions, des tigres, et des serpents de la contrée, pour savoir qui nous aurait. Un Maure saisit ma mère par le bras droit, le lieutenant de mon capitaine la retint par le bras gauche ; un soldat maure la prit par une jambe, un de nos pirates la tenait par l’autre. Nos filles se trouvèrent presque toutes en un moment tirées ainsi à quatre soldats. Mon capitaine me tenait cachée derrière lui."
COMMENTAIRE D'ÉLÈVE :
Je trouve que ce texte est emblématique de la pensée des Lumières car il aborde le sujet de la dénonciation des abus. En effet, on peut voir comme Voltaire a dénoncé l'abus de pouvoir sur les personnes plus faibles et fragiles avec l'exemple de la vieille, qui était une princesse d'un très grand château, élevée dans le luxe, dans la richesse et qui incarnait la beauté, et qui malgré cela a tout perdu suite à l'attaque d'un corsaire de Salé. Ce corsaire lui a tout arraché, sa famille et ses familiers, sa virginité et son sentiment de pouvoir royal qui a été inutile face à cette agression. De plus, elle a vu sa mère se faire tirer par les quatre coins par quatre corsaires qui se battaient à savoir qui l'aurait.
Ce texte aborde également le sujet de la guerre de façon assez dure comme on peut le voir ligne 75 : " Maroc nageait dans le sang quand nous arrivâmes. Cinquante fils de L'empereur Muley-Ismael avaient chacun leur parti : ce qui produisait en effet cinquante guerres civiles, de noirs contre noirs, de noirs contre basanés, de basanés contre basanés, de mulâtres contre mulâtres : c'était un carnage continuel dans toute l'étendue de l'empire. " Ce passage nous montre la violence de la guerre que veut justement dénoncer Voltaire et qui correspond à l'idéologie des Lumières.
On pourrait également interpréter ce qu'il se passe dans ce texte comme une incitation à la raison de sorte à sensibiliser les lecteurs par rapport à ce genre de violences. On pourrait penser que le message passé à travers ces pages est le fait d'inciter à la non-violence pour garder un climat de paix à travers le monde et éviter des guerres civiles ou à plus grande échelle qui ne serait d'aucune utilité.
EXTRAIT 3
Chapitre XIV : Comment Candide et Cacambo furent reçus chez les jésuites du Paraguai
"Tu as donc été déjà dans le Paraguai ? dit Candide. Eh vraiment oui ! dit Cacambo ; j’ai été cuistre dans le collège de l’Assomption, et je connais le gouvernement de los padres comme je connais les rues de Cadix. C’est une chose admirable que ce gouvernement. Le royaume a déjà plus de trois cents lieues de diamètre ; il est divisé en trente provinces. Los padres y ont tout, et les peuples rien ; c’est le chef-d’œuvre de la raison et de la justice. Pour moi, je ne vois rien de si divin que los padres, qui font ici la guerre au roi d’Espagne et au roi de Portugal, et qui en Europe confessent ces rois ; qui tuent ici des Espagnols, et qui à Madrid les envoient au ciel ; cela me ravit ; avançons : vous allez être le plus heureux de tous les hommes. Quel plaisir auront los padres, quand ils sauront qu’il leur vient un capitaine qui sait l’exercice bulgare !
COMMENTAIRE D'ÉLÈVE :
Ce passage est très ironique. En effet, il dénonce une inégalité et une forte injustice. Ici, une inégalité sociale est clairement remise en cause : "Los Padres y ont tout, et les peuples rien ; c'est le chef-d'oeuvre et de la raison et de la justice". Le début de cette phrase est totalement immoral. On constate que la fin de la phrase est très ironique, puisque le fait que Los Padres ont tout et les peuples rien est la définition même de l'injustice et non de la raison. Ce texte est emblématique de la pensée des Lumière car les Lumières sont favorables à une justice et à l'égalité des hommes au sein d'une société.
De plus, les Lumières critiquent souvent la société, c'est-à-dire qu'ils effectuent une satire. Ici, une sorte de satire est faite.
Enfin, comme le dit la synthèse sur les Lumières, ceux-ci dénoncent certains abus, de façon ouverte, et c'est ce que fait Voltaire ici. En effet, il souhaite éclairer le lecteur et particulièrement à travers cette phrase :"Los Padres y ont tout, et les peuples rien ; c'est le chef-d'oeuvre et de la raison et de la justice".
EXTRAIT 4
CHAPITRE XVI : Ce qui advint aux deux voyageurs avec deux filles, deux singes, et les sauvages nommés oreillons
« Messieurs, dit Cacambo, vous comptez donc manger aujourd'hui un jésuite ? c'est très bien fait ; rien n'est plus juste que de traiter ainsi ses ennemis. En effet le droit naturel nous enseigne à tuer notre prochain, et c'est ainsi qu'on en agit dans toute la terre. Si nous n'usons pas du droit de le manger, c'est que nous avons d'ailleurs de quoi faire bonne chère ; mais vous n'avez pas les mêmes ressources que nous : certainement il vaut mieux manger ses ennemis que d'abandonner aux corbeaux et aux corneilles le fruit de sa victoire. Mais, messieurs, vous ne voudriez pas manger vos amis. Vous croyez aller mettre un jésuite en broche, et c'est votre défenseur, c'est l'ennemi de vos ennemis que vous allez rôtir. Pour moi, je suis né dans votre pays ; monsieur que vous voyez est mon maître, et bien loin d'être jésuite, il vient de tuer un jésuite, il en porte les dépouilles ; voilà le sujet de votre méprise. Pour vérifier ce que je vous dis, prenez sa robe, portez-la à la première barrière du royaume de los padres ; informez-vous si mon maître n'a pas tué un officier jésuite. Il vous faudra peu de temps ; vous pourrez toujours nous manger, si vous trouvez que je vous ai menti. Mais, si je vous ai dit la vérité, vous connaissez trop les principes du droit public, les mœurs et les lois, pour ne nous pas faire grâce. »
Les Oreillons trouvèrent ce discours très raisonnable ; ils députèrent deux notables pour aller en diligence s'informer de la vérité ; les deux députés s'acquittèrent de leur commission en gens d'esprit, et revinrent bientôt apporter de bonnes nouvelles. Les Oreillons délièrent leurs deux prisonniers, leur firent toutes sortes de civilités, leur offrirent des filles, leur donnèrent des rafraîchissements, et les reconduisirent jusqu'aux confins de leurs États, en criant avec allégresse : « Il n'est point jésuite, il n'est point jésuite ! »
COMMENTAIRE D'ÉLÈVE :
Tout d’abord, le passage que j’ai choisi est extrait du chapitre seizième. Pour résumER brièvement, après avoir pris la direction du Nord, Candide et Cacombo se retrouvèrent dans une belle prairie. Candide aperçut au loin deux jeune femmes poursuivies par des singes poussant de drôle de cris. Candide crut que ces femmes étaient en danger et décida d’abattre les singes. Cacombo répliqua qu’il venait là de tuer les amants des deux femmes. Par la suite les Oreillons (habitants du pays où ils avaient atterri) décidèrent de faire tuer Candide et Cacombo à cause de ce drame. Cacombo prit la parole et réussit convaincre les Oreillons de leurs laisser la vie sauve.
Ici, un des engagements et devise des lumières est : développer la raison. En effet, Voltaire, à travers le discours persuadant de Cacambo livre un message qui est : “ À quoi bon tuer un des siens”. Les Oreillons doivent alors faire une réflexion sur leur manière de vivre. Ce qui amène à développer leur raison. Un autre des engagements et devise des Lumières représenté dans ce texte est : refuser l’ignorance. Quand Cacambo prend la parole pour défendre lui et son ami, il fait refuser l’ignorance aux Oreillons, car ils sont obligés d’écouter ce qu’a à dire Cacambo et ils finissent par être persuadés. De plus, cet extrait représente un des buts fondamentaux des Lumières qui est : ”transmettre à ceux qui viendront après nous” car Voltaire veut transmettre par le fait que les Oreillons soient convaincus du discours de Cacambo la tolérance puisque en écoutant le discours de Cacambo et en leur laissant la vie sauve à lui et son ami, les Oreillons font preuve de tolérance. Pour finir, rappelle une phrase du mouvement des lumières qui avait été écrite par Emanuel Kant en 1784 qui est : “ Aie le courage de te servir de ton intelligence”. Par là on peut en déduire que le fait que Cacambo ait osé prendre la parole et se défendre afin de sauver sa vie et celle de son ami est une preuve de courage car il s’est servi de son intelligence afin de raisonner les Oreillons.