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"Le feu de la vengeance" par Naïm SHILI

Quand Bill et Tom veulent jouer les détectives pour découvrir la cause d’un incendie, ils ne se doutent pas que cet incendie va prendre une tournure beaucoup plus dramatique.
Auteur : Naïm Shili nait en 1997 à Versailles ; plein de talents, aimant lire des polars, il écrit sa première nouvelle avec les encouragements des critiques.
C’était vers 22 heures. Je venais chercher mon ami Tom qui travaille au Chicago News, même s’il préfère les énigmes et les meurtres, (il vient tout juste d’avoir son diplôme de criminologie). Alors que nous allions boire un coup, nous vîmes des camions de pompiers arriver au siège de la World Entreprise. Nous étions en train d’observer les pompiers monter tout en haut de la tour et ouvrir la fenêtre, puis pénétrer dans l’immeuble. Nous attendîmes plusieurs minutes avant de voir un pompier ressortir et crier « on a trouvé un cadavre ! ». Il fallut moins d’une minute avant que la police n'arrive. Soudain, j’entendis Tom me dire « Viens Bill, suis-moi ». Nous nous dirigeâmes vers l’entrée du gratte-ciel, et nous nous faufilâmes à l’intérieur. Pendant que nous montions jusqu’au dernier étage, je lui demandai :
« Tu es fou, qu’est-ce que tu veux faire ?
- Je veux en savoir plus, ne suis-je donc pas détective ?
- D’accord, mais moi je ne le suis pas.
- Si on te pose des questions, tu diras que tu es mon adjoint. En plus ça ne te plairait pas d’enquêter sur la cause de ce regrettable accident ? »
Tout de suite emballé, je le suivis pour découvrir la cause de ce « regrettable accident » qui allait prendre une tournure dramatique. Arrivé tout en haut de la tour, je remarquai que les pompiers étaient coincés dehors et essayaient de défoncer la porte à coups de hache car elle était verrouillée par un système de sécurité. Ils y arrivèrent quand nous arrivâmes à leur hauteur. En même temps que les pompiers, Tom et moi entrèrent dans ce qui restait du bureau du patron de la World Entreprise qui quant à lui n’était plus qu’un cadavre calciné. C’est alors qu’un homme moustachu à l’air sévère et au regard perçant, vêtu d’un trench, nous interpella :
« Qui êtes-vous et que faites vous ici ?
- Je suis l’inspecteur Lafilature et voici mon adjoint le commissaire Jaitrouvé, répondit Tom.
- Drôles de noms… Montrez-moi vos plaques et…
- Voici ma plaque, le coupa Tom en montrant rapidement une carte de métro, et si nous sommes ici c’est pour trouver la cause de l’accident, mon cher. A qui ai-je affaire ?
- Au détective Allentown. »
Une fois ces présentations terminées, Tom partit à la recherche d’indices.
Je le vis soudainement se pencher et demander :
« Est-ce qu’il fumait ?
- Oui, répondit une voix féminine, il fumait beaucoup.
- Qui êtes-vous Madame ?
- Je suis la secrétaire de Mr Kroc », répondit la nouvelle arrivante.
Celle-ci était élégante, avait de courts cheveux noirs avec de grands yeux tristes. Elle regardait autour d’elle d’un air ébahi.
« Et bien Madame, votre patron est mort, brûlé vif » reprit Tom, en désignant le brancard sur lequel partait le cadavre.
Je vis qu’elle retenait ses larmes avant d’éclater en sanglots. Alors que toutes les personnes dans la pièce allaient la réconforter, Tom, lui, était toujours penché par terre. Je le rejoignis.
« Que regardes-tu ainsi ?
- Je cherche ce qui aurait causé cet incendie. »
Pendant un moment je balayai le sol du regard pour savoir ce qui pouvait capter son attention.
« Et c’est en regardant un cendrier que tu sauras ce qui a déclenché cet incendie ?
- Peut-être », me répondit Tom.
C’est alors que vint le deuxième individu, l’air stressé, qui ne cessait de remettre ses lunettes en place. Une montre en or brillait à son poignet, témoignant d’un salaire non négligeable…
« Mais enfin, que s’est-il passé ici ?
- Et vous qui êtes vous ?
- Je suis Mr Wilson, le vice-président de la World Entreprise, dit-il d’un ton orgueilleux, j’était venu chercher un dossier que j’avais oublié.
- Et bien votre patron est mort dans l’incendie de son bureau. »
Mr Wilson en resta bouche bée.  On aurait cru qu’il s’était évanoui tout en restant debout.
« Dites-moi, demanda Tom en se tournant vers la secrétaire, Mr Kroc avait-il l’habitude de s’enfermer dans son bureau ?
- Non, il laissait toujours sa porte ouverte.
- Y a-t-il un moyen spécifique d’ouvrir et de fermer cette porte.
- Oui, seul un pass permet d’ouvrir et de fermer cette porte.
- Qui possède ce pass ?
- Moi, Mr Wilson et Mr Kroc. »
Il y eut un blanc dans la salle. Le détective Allentown, Tom et moi partagions sûrement la même idée mais aucun de nous ne voulait l’avouer.
« Euh Mr Allentown, le labo nous informe qu’on a retrouvé des traces d’éther sur la cigarette dont nous pensions qu’elle était la source de l’incendie. »
Ce que nous pensions se confirmait : nous avions affaire à un meurtre.
« Mme la secrétaire, quel est votre nom s’il vous plait ?
- Melle Stoner, répondit-elle.
- Très bien, Melle Stoner, Mr Wilson, j’ai quelques questions à vous poser. J’aimerais savoir si le pass que vous possédez peut ouvrir la porte de l’intérieur demanda le détective.
- Oui il le peut, lui répondit Mr Wilson.
- Donc j’en conclue qu’à moins que Mr Kroc ait voulu se suicider, ce qui m’étonnerait étant donnée la fortune colossale qu’il possédait, l’un de vous deux lui a volé son pass. Melle Stoner, j’aimerais faire un tour à votre domicile, vous m’accompagnez ?
- D’accord. »
Nous arrivâmes chez Melle Stoner. Pendant que les policiers et moi-même complimentions la décoration intérieure de la maison, Tom fouillait de fond en comble le domicile de la secrétaire. Une fois son inspection finie, mon ami interrogea la suspecte :
« Mademoiselle, que faisiez-vous ce soir à l’heure du crime ?
- Je regardais un reportage sur la faim dans le monde sur NBC répondit-elle.
- Merci. Je crois que nous pouvons aller voir chez Mr Wilson maintenant. »
Au domicile du président adjoint, ce fut le même scénario.
 « Mr Wilson, que faisiez-vous aux alentours de 22h ce soir ? demanda Tom.
- Je regardais un match de football.
- Très bien, merci. »
Nous retournâmes au siège de la World Entreprise, toujours accompagnés de Melle Stoner et de Mr Wilson et je demandais à Tom :
« Cette inspection t’as donné une idée de l’identité du coupable ?
- J’ai bien ma petite idée mais il reste encore un point à éclaircir. »
Le détective Allentown vint alors nous voir :
« Là je sèche, je n’ai aucune idée du coupable.
- Et si on regardait sur la pointeuse pour savoir qui a quitté en dernier le siège ? , proposa Tom.
- C’est justement ce que j’allais proposer », répondit Mr Allentown.
Nous nous rendîmes à la pointeuse. Quand elle afficha le nom de la dernière personne ayant quitté le siège, Tom lut le résultat silencieusement avant de demander :
« Melle Stoner à quelle heure êtes-vous sortie ?
- Vers 19h.
- Et vous Mr Wilson ?
- Dans les environs de 20heures.
- VOUS MENTEZ !! Il y a écrit que vous avez quitté le travail à 22h03, peu avant la mort de Mr Kroc. Je vais dons vous demandez de me suivre dans son bureau ».
 
Pendant que nous montions les escaliers menant au bureau du PDG de World Entreprise, les deux suspects, la police et Mr Allentown derrière nous, je me demandais ce que mon ami pouvait bien encore nous dire, alors que nous connaissions déjà le nom du coupable.
« Si je vous ait demandé de venir ici c’est pour vous révéler la véritable identité de l’assassin de Mr Kroc,  annonça Tom.
- Mais enfin ! Nous le connaissons déjà ! C’est Mr Wilson qui est sorti en dernier de l’immeuble ! 
- SILENCE ! Écoutez-moi ; nous aurions pu croire à un accident mais cet incendie a été provoqué volontairement. Evidement quand son bureau a pris feu, la victime a certainement voulu s’enfuir, mais elle n’avait pas son pass, sûrement volé par l’assassin pour l’empêcher de se sauver. Son second réflexe a sans doute été de vouloir téléphoner pour appeler quelqu’un à l’aide, mais l’un des deux suspects, l’assassin donc, prévenant son geste l’a sûrement dérobé également. Donc pour le moment, rien ne nous indique qui est le coupable, jusqu’à ce qu’on apprenne que Monsieur le vice président a quitté le siège de la World Entreprise le dernier. Sauf que le coupable a oublié quelque chose de primordial : il faut être idiot pour laisser un indice aussi évident que l’heure de son départ. C’EST VOUS Melle Stoner qui avez voulu faire accuser Mr Wilson en indiquant qu’il était revenu de 21h30 à 22h03 alors qu’aucun meurtrier censé ne ferait ça !
- Vous n’avez aucune preuve ! s’écria l’accusée.
- En effet. Vous nous avez raconté que vous regardiez un documentaire sur la faim dans le monde sur NBC, répondit mon ami.
- Exactement !
- Vous pouvez alors nous confirmer qu’entre 21h50 et 21h55, il y a eu une coupure d’électricité dans votre quartier, qui a donc interrompu le  documentaire ? poursuivit-il.
- Oui ! J’étais chez moi et j’ai même allumé des bougies pour y voir plus clair !
- Vraiment ? Cela semble assez étrange. Voyez-vous Mademoiselle, il n’y a eu aucune coupure de courant dans votre quartier durant la soirée.
- Co…comment ?
- Eh oui ! Et comme seconde preuve de votre culpabilité, j’ai ceci ! »
Tom brandit un sac plastique dans lequel se trouvait un téléphone portable.
« J’ai trouvé ce téléphone en fouillant chez vous. Je le croyais être le vôtre, mais j’ai remarqué qu’il contenait un message que vous aviez envoyé, annonça-t-il. Comment expliquez-vous la présence du téléphone portable de votre patron à votre domicile ? »
La secrétaire resta muette, les yeux rivés au sol, les poings serrés.
« Simplement parce que vous le lui avez volé ! Pour qu’il ne puisse appeler personne au secours ! Vous l’avez tué en mettant un peu d’éther dans son cendrier, un produit extrêmement inflammable. Je l’ai compris quand j’ai retrouvé chez vous la présence d’un mouchoir imbibé de ce produit dans une de vos poubelles.
Au contact de la cigarette incandescente, le cendrier s’est vivement enflammé, ce qui a provoqué l’incendie. Quelles sont les raisons de votre acte ? Je l’ignore. Mais vous allez nous le dire.
- Oui… C’est moi qui ait tué ce monstre. Et si j’ai fait ça, c’est parce qu’il a poussé mon père au suicide ! Mon père était un employé exemplaire de Mr Kroc dans le passé. Mais du jour au lendemain, il l’a licencié sans raison ! Mon père, si attaché à son travail, ne put le supporter longtemps. Un moi après, il mit fin à ses jours en se pendant dans le garage.  
 
10 ans plus tôt
 « Papa ! Je suis rentrée ! Je suis allée faire des courses et je t’ai acheté un gâteau au citron comme tu les adores pour ton anniversaire !
- …
- Papa ? Papa ?! Où es-tu ? »
N’entendant pas de réponse, je devinai qu’il était sûrement dans le garage. Il y réparait inlassablement une vieille voiture depuis qu’il avait été viré. Je n’aurais jamais pu imaginer ce qui m’attendait.
 « - Papa ? Tu es dans le garage ? »
J’ouvris la porte.
« - Papa…PAPA !!! »
 Je le retrouvais mort. Pendu. J’éclatai en sanglots.
« La seule raison qui m’a poussée à venir travailler à la World Entreprise était la vengeance de mon père ».
 
Naïm Shili